Dans l’histoire militaire, les officiers généraux immensément populaires au sein de leurs Grandes unités restent une espèce rarissime ; la Seconde guerre mondiale en a pourtant produit quelques uns : Montgomery, Leclerc, Patton, MacArthur ou encore Rommel.
Cette emprise si particulière, qui fait d’un individu particulier le point de mire de milliers d’hommes, ne peut s’expliquer par des critères uniformes, applicables à l’ensemble. Tout au plus peut-on distinguer ça et là quelques traits précis : le regard d’aigle de MacArthur et son prophétique "Je reviendrai !", le Fingerspitzengefühl de Rommel et son omniprésence au plus fort des combats, par exemple.
Dans le cas du lieutenant-général George S. Patton, le propos cru, direct et imagé constitue toutefois un trait caractéristique de sa méthode pour le moins énergique de commandement. Cet aspect apparaît de manière particulièrement évidente dans le texte ci-dessous, prononcé devant plusieurs centaines de soldats de la Troisième armée peu avant le Débarquement en Normandie. Ce texte, qui a été repris avec quelques omissions dans le film consacré au général Patton et dont il fait d’ailleurs office d’ouverture, est disponible dans plusieurs versions ; seuls toutefois quelques détails diffèrent.
Quelque part en Angleterre, juin 1944
"Prenez place."
Messieurs, ces bruits qui courent à propos d’une Amérique voulant sortir de la guerre, refusant le combat, ne sont que des tas de conneries. Les Américains aiment se battre, par tradition. Tous les vrais Américains aiment l’éclat et le fracas de la bataille.
Vous êtes ici aujourd’hui pour trois raisons. Premièrement, vous êtes ici pour défendre vos foyers et ceux que vous aimez. Deuxièmement, vous êtes ici pour votre propre respect, parce que vous ne voudriez être nulle part ailleurs. Troisièmement, vous êtes ici parce que vous êtes des vrais mecs et que les vrais mecs aiment combattre. Lorsque vous ici, chacun d’entre vous, étiez enfants, vous admiriez tous le champion au jeu de billes, le coureur le plus rapide, le boxeur le plus dur, les joueurs de base-ball de la grande ligue et les joueurs de football du All-American. Les Américains aiment un vainqueur. Les Américains ne tolèrent pas un perdant. Les Américains méprisent les couards. Et ils jouent toujours pour gagner. Je ne pousserais même pas une huée pour un homme qui perd et rit. C’est pourquoi les Américains n’ont jamais perdu ni ne perdront jamais une guerre ; parce que la simple idée de perdre est odieuse à un Américain.
Vous n’allez pas tous mourir. Seuls deux pour-cent d’entre vous, ici aujourd’hui, vont mourir dans une bataille majeure. La mort ne doit pas être crainte. La mort, avec le temps, vient à tous les hommes. Oui, chaque homme est effrayé par sa première bataille. S’il dit qu’il ne l’est pas, c’est un menteur. Certains hommes sont des couards mais combattent de la même manière que des hommes braves, ou ils sentent l’enfer sortir d’eux en voyant combattre des hommes aussi effrayés qu’ils le sont. Le vrai héros est l’homme qui combat même s’il a peur. Certains hommes surmontent leur peur après une minute sous le feu. Pour d’autres, cela prend une heure. Pour certains, cela prend des jours. Mais un homme véritable ne laissera jamais sa peur de la mort prendre le pas sur son honneur, sur son sens du devoir à son pays, et sur son courage naturel. La bataille est la plus magnifique compétition à laquelle un être humain puisse s’adonner. Elle révèle ce qu’il y a de meilleur et efface ce qu’il y a de vil.
Souvenez-vous que l’ennemi est aussi effrayé que vous l’êtes, et probablement davantage. Ce ne sont pas des supermen. A travers vos carrières dans l’armée, vous avez tous râlé contre ce que vous appelez le "putain d’entraînement à la peur." Cela, comme n’importe quoi d’autre dans l’armée, a un objectif défini. Cet objectif est la vigilance. La vigilance doit être développée en chaque soldat. Je ne donne pas une bille pour un type qui n’est pas toujours sur ses gardes.
Vous êtes tous des vétérans ou vous ne seriez pas ici. Vous êtes prêts pour ce qui est à venir. Un homme doit être vigilant à chaque instant s’il s’attend à rester en vie. Si vous n’êtes pas vigilant, un beau jour, un fils de connasse de pute allemand va se faufiler derrière vous et vous frapper à mort avec un paquet de merde ! Il y a quatre-cent tombes alignées avec ordre quelque part en Sicile, toutes parce qu’un homme s’est laissé aller à dormir durant le boulot. Mais ce sont des tombes allemandes, parce que nous avons attrapé le salaud avant qu’ils ne le fassent.
Une armée est une équipe. Elle vit, dort, mange et combat comme une équipe. Ces histoires d’héroïsme individuel ne sont que de la merde de cheval. Les petits bâtards qui écrivent ce genre de foutaises pour le Saturday Evening Post n’en savent pas beaucoup plus sur combattre sous le feu que sur tirer un coup ! Nous avons la meilleure nourriture, le meilleur matériel, le meilleur moral et les meilleurs hommes du monde. C’est pourquoi, par Dieu, en fait j’ai pitié des pauvres fils de pute que l’on va affronter. Par Dieu, j’en ai pitié.
Mes hommes ne se rendent pas, et je ne veux pas entendre parler d’un soldat sous mon commandement capturé, à moins qu’il ait été touché. Et même si vous êtes touché, vous pouvez toujours répliquer. Ce ne sont pas des conneries. Le type d’homme que je veux commander est celui de ce lieutenant qui, en Libye, avec un Luger sur la poitrine, a arraché son casque, écarté le pistolet d’une main et envoyé le Boche en enfer avec son casque. Puis il a sauté sur le flingue, est sorti et a tué un autre Allemand avant qu’ils ne sachent ce qui leur tombait dessus. Et pendant tout ce temps cet homme avait une balle dans un poumon. Voilà un vrai mec !
Tous les vrais héros ne sont pas des combattants tirés des livres d’histoires. Chaque individu dans cette armée joue un rôle vital. Ne vous laissez jamais aller. Ne pensez jamais que votre boulot est sans importance. Chacun a un boulot à faire et il doit le faire. Chacun est un maillon vital dans la grande chaîne. Que se passerait-il si chaque chauffeur de camion décidait soudain de ne pas aimer le miaulement des balles au-dessus, de se retourner et de sauter tête la première dans le caniveau ? Le salaud de poltron pourrait dire, ’Putain, ils vont pas me rater, juste un homme parmi des milliers.’ Mais si chaque homme pensait ainsi ? Où diable serait-on aujourd’hui ? A quoi ressembleraient notre pays, nos familles, nos foyers et même le monde ?
Nom de Dieu, les Américains ne pensent pas ainsi. Chacun fait son boulot. Chacun sert l’ensemble. Chaque département, chaque unité est importante dans le vaste système de cette guerre. Les hommes de la logistique sont requis pour approvisionner les canons et la machine de guerre pour nous permettre de continuer à avancer. Le quartier-maître est requis pour apporter de la nourriture et des habits, parce que là où nous allons, il n’y en pas des masses à voler. Chaque dernier homme sur l’organigramme a un boulot à faire, même celui qui réchauffe notre flotte pour nous éviter la diarrhée du soldat.
Chaque homme ne doit pas seulement penser à lui-même, mais aussi au pote qui combat à ses côtés. Nous ne voulons pas de couards à foie jaune dans cette armée. Ils devraient être exterminés comme des rats. Sinon, ils rentreront chez eux après cette guerre et produiront d’autres couards. Les hommes braves produiront d’autres hommes braves. Eliminez ces putains de couards et nous aurons une nation d’hommes braves. L’un des types les plus braves que j’aie vu était un gars au sommet d’un poteau de télégraphe au beau milieu d’un furieux combat en Tunisie. Je me suis arrêté et lui ai demandé ce qu’il pouvait bien foutre là-haut à un instant pareil. Il a répondu, ’Je fixe le câble, Monsieur.’ Je lui ai demandé, ’N’est-ce un peu malsain juste maintenant ?’ Il a répondu, ’Oui, Monsieur, mais ce satané câble doit être fixé.’ Je lui ai alors demandé, ’Est-ce que ces avions qui mitraillent la route ne vous inquiètent pas ?’ Et il a répondu, ’Non, Monsieur, mais vous sûrement !’
Voilà un vrai mec. Un vrai soldat. C’était un homme qui a consacré tout ce qu’il avait à son devoir, quel que puisse apparaître insignifiant son devoir à l’instant, quelles que soient ses chances. Et vous auriez dû voir ces camions durant notre chevauchée en Tunisie. Ces chauffeurs étaient magnifiques. Durant toute la journée et toute la nuit ils roulaient sur ces putains de routes, sans jamais s’arrêter, sans jamais hésiter quant à l’itinéraire, avec des obus explosant tout autour en permanence. Nous sommes passés grâce au bon vieux cran américain.
Beaucoup de ces hommes ont conduit pendant plus de 40 heures consécutives. Ce n’étaient pas des combattants, mais des soldats avec un job à faire. Ils l’ont fait, et sacrément bien fait. Ils faisaient partie de l’équipe. Sans effort d’équipe, sans eux, le combat aurait été perdu. Quand tous les maillons de la chaîne sont ensemble, celle-ci devient incassable.
N’oubliez pas, vous ignorez tous que je suis là. Aucune mention de ce fait ne doit apparaître dans aucune lettre. Le monde n’est pas censé savoir ce qui diable a pu m’arriver. Je ne suis pas censé commander cette armée. Je ne suis même pas censé être ici, en Angleterre. Laissons ces maudits Allemands être les premiers salauds à le découvrir. Je veux les voir un beau jour se dresser sur leurs pattes arrières pleines de pisse et hurler, ’Jésus-Christ, c’est de nouveau cette satanée Troisième armée et ce fils de pute de Patton.’ Nous voulons leur amener l’enfer. Plus vite nous nettoierons ce foutu merdier, plus vite nous pourrons faire une petite balade contre ces pisse-violets de Japs et aussi nettoyer leur repaire. Avant que ces damnés Marines n’aient tous les honneurs.
Bien sûr, nous voulons rentrer chez nous. Nous voulons en finir avec cette guerre. Le moyen le plus rapide d’en finir est d’aller attraper les bâtards qui l’ont commencée. Plus vite ils seront balayés, plus vite nous pourrons rentrer. Le plus court chemin pour la maison passe par Berlin et Tokyo. Et quand nous atteindrons Berlin, je vais personnellement abattre ce gibier de potence de fils de pute de Hitler. Juste comme j’abattrais un serpent !
Lorsqu’un homme est couché dans un trou d’obus, s’il reste juste là toute la journée, un Allemand finira par l’avoir. Au diable une telle idée. Mes hommes ne creusent pas de trous de tirailleurs. Je ne veux pas qu’ils le fassent. Les trous de tirailleurs ne font que ralentir une offensive. Continuez à avancer. Et ne donnez pas non plus à l’ennemi le temps d’en creuser. Nous gagnerons cette guerre, mais nous la gagnerons seulement en nous battant et en montrant aux Allemands que nous avons plus de cran qu’ils en ont ; ou qu’ils en auront jamais. Nous n’allons pas juste abattre ces fils de pute, nous allons leur arracher leurs maudites tripes et les utiliser pour graisser les bandes de roulement de nos chars. Nous allons assassiner ces pouilleux de suceurs de queues de Huns à la pelle !
La guerre est une chose sanglante et meurtrière. Vous devez faire couler leur sang, ou ils feront couler le vôtre. Arrachez-leur le nombril. Tirez-leur dans les tripes. Lorsque les balles s’écrasent tout autour de vous, que vous essuyez la boue de votre visage et que vous réalisez qu’au lieu de boue il s’agit du sang et des tripes de ce qui était votre meilleur ami, vous saurez que faire !
Je ne veux pas recevoir de message disant, ’Je tiens ma position.’ Nous tenons pas le moindre foutu truc. Laissons les Allemands le faire. Nous avançons constamment et nous ne sommes pas intéressés à tenir quoi que ce soit, à part les couilles de l’ennemi. Nous allons lui tordre les couilles et lui botter les fesses en permanence. Notre plan d’opérations de base consiste à avancer et à continuer d’avancer, sans se soucier de devoir passer sur, sous ou à travers l’ennemi. Nous allons le traverser comme la fiente dans une oie ; comme de la merde dans un klaxon !
De temps en temps, il y aura quelques plaintes que nous poussons trop durement nos gens. Je me fous complètement de telles plaintes. Je crois en la vieille et saine règle qu’une once de sueur épargnera un gallon de sang. Plus fort nous pousserons, plus d’Allemands nous tuerons. Et plus nous tuerons d’Allemands, moins de nos hommes seront tués. Pousser signifie moins de pertes. Je veux que vous vous souveniez tous de cela.
Il y a une grande chose que vous serez capable de dire, quand cette guerre sera terminée et que vous serez de nouveau chez vous. Vous serez peut-être reconnaissants, lorsque dans vingt ans vous serez assis près de la cheminée avec votre petit-fils sur le genou et qu’il vous demandera ce que vous avez fait durant la grande Deuxième guerre mondiale, vous n’aurez pas à tousser, le poser sur l’autre genou et lui dire, ’Eh bien, ton grand-père a pelleté de la merde en Louisiane.’ Non, Monsieur, vous pourrez le regarder droit dans les yeux et lui dire, ’Fils, ton grand-père a chevauché avec la grande Troisième armée et un satané fils de pute nommé Georgie Patton !’ "C’est tout."
L’avertissement du General Patton
A la fin de la 2ème Guerre Mondiale, l’un des principaux chefs militaires américains évalua correctement le changement de l’équilibre des forces mondiales que cette guerre avait produit, et prévit l’énorme danger d’une agression communiste contre l’Occident. Seul parmi les chefs américains, il avertit que l’Amérique devait agir immédiatement, pendant que sa suprématie était incontestable, pour éliminer ce danger. Malheureusement, ses avertissements furent négligés, et il fut rapidement réduit au silence par un ’accident’ opportun qui lui coûta la vie.
Durant le terrible été de 1945, l’Armée américaine venait juste de terminer la destruction de l’Europe et avait mis en place un gouvernement d’occupation militaire au milieu des ruines, pour dominer les Allemands affamés et imposer aux vaincus la justice des vainqueurs. Le général George S. Patton, commandant la 3ème Armée américaine, devint le gouverneur militaire du plus grand secteur de la zone d’occupation américaine en Allemagne.
George S. Patton, Jr.Patton était considéré comme le général le plus « combatif » de toutes les forces alliées. Il était considérablement plus audacieux et agressif que la plupart des commandants, et sa férocité martiale peut très bien avoir été le facteur décisif qui conduisit à la victoire des Alliés. Il commanda personnellement ses forces dans plusieurs des batailles les plus acharnées et les plus décisives de la guerre : en Tunisie, en Sicile, dans la rupture de la ligne Siegfried, en repoussant l’avance allemande pendant la bataille du Bulge, dans les combats exceptionnellement sanglants autour de Bastogne en décembre 1944 et janvier 1945. [Image : George S. Patton, Jr. (1885-1945)]
Pendant la guerre, Patton avait respecté le courage et les qualités combattantes des Allemands — en particulier lorsqu’il les compara avec celles de certains des Alliés de l’Amérique — mais il avait aussi ingurgité toute la propagande guerrière haineuse diffusée par les maîtres étrangers des médias américains. Il croyait que l’Allemagne était une menace pour la liberté de l’Amérique et que le gouvernement de l’Allemagne nationale-socialiste était une institution particulièrement mauvaise. Agissant selon ces croyances, il parlait sans cesse de son désir de tuer autant d’Allemands que possible, et il exhortait ses troupes à avoir le même but. Ces exhortations sanguinaires lui valurent le surnom de « sang et tripes ».
Ce fut seulement dans les derniers jours de la guerre et pendant son mandat de gouverneur militaire en Allemagne — après qu’il ait appris à connaître à la fois les Allemands et les « vaillants Alliés soviétiques » de l’Amérique — que la compréhension de Patton grandit au sujet de la situation réelle, et que ses opinions changèrent. Dans son journal et dans de nombreuses lettres à sa famille, à des amis, à divers collègues militaires, et à des officiels du gouvernement, il exprima sa nouvelle compréhension et ses craintes pour l’avenir. Son journal et ses lettres furent publiées en 1974 par la Houghton Mifflin Company sous le titre de The Patton Papers.
Plusieurs mois avant la fin de la guerre, le général Patton avait reconnu l’effrayant danger que représentait l’Union Soviétique pour l’Occident, et s’était trouvé en violent désaccord avec les ordres qu’on lui avait donné, de retirer son armée et d’attendre que l’Armée Rouge occupe de vastes étendues des territoires allemands, tchèques, roumains, hongrois et yougoslaves, dont les Américains auraient pu s’emparer facilement.
Le 7 mai 1945, juste avant la capitulation allemande, Patton eut une conférence en Autriche avec le Secrétaire américain à la Guerre Robert Patterson. Patton était très préoccupé par le manquement des Soviets à respecter les lignes de démarcation séparant les zones d’occupation soviétique et américaine. Il était aussi alarmé par les plans de Washington pour la démobilisation partielle immédiate de l’US Army.
Patton dit à Patterson : « Gardons nos bottes cirées, nos baïonnettes aiguisées, et présentons à l’Armée Rouge une image de force et de fermeté. C’est le seul langage qu’ils comprennent et qu’ils respectent ».
Patterson répondit : « Oh, George, vous avez été si impliqué là-dedans si longtemps, vous avez perdu la vision d’ensemble ».
Patton répliqua : « Je comprend la situation. Leur système [soviétique] de ravitaillement est inadéquat pour les soutenir dans une action sérieuse telle que je pourrais la déclencher contre eux. Ils ont des poulets dans des cages et du bétail sur pied. Voilà leur système de ravitaillement. Ils pourraient probablement tenir le coup pendant cinq jours dans le type de combat que je pourrais leur livrer. Après cela, les millions d’hommes qu’ils ont ne feraient aucune différence, et si vous vouliez Moscou je pourrais vous la donner. Ils ont vécu sur le pays depuis leur arrivée. Il ne reste pas assez pour les ravitailler pendant le retour. Ne leur donnez pas le temps de construire leur système de ravitaillement. Si nous le leur laissons, alors ... nous aurons battu et désarmé les Allemands, mais nous aurons échoué à libérer l’Europe ; nous aurons perdu la guerre ! »
L’avis pressant et prophétique de Patton fut négligé par Patterson et par les autres politiciens, et servit seulement à faire connaître les sentiments de Patton aux conspirateurs étrangers derrière la scène à New York, Washington et Moscou.
Plus il en connaissait sur les Soviétiques, plus la conviction de Patton grandit, que la bonne manière d’agir était d’étouffer le communisme ici et maintenant, pendant que la chance existait. Plus tard en mai 1945, il assista à plusieurs réunions et rencontres amicales avec des officiers supérieurs de l’Armée Rouge, et il les observa sérieusement. Il nota dans son journal, le 14 mai : « Je n’ai jamais vu dans aucune armée à aucune époque, y compris dans l’Armée Impériale allemande de 1912, une discipline aussi sévère que celle qui existe dans l’armée russe. Les officiers, sauf quelques exceptions, ont l’apparence de bandits mongols récemment civilisés ».
Et l’adjoint de Patton, le général Hobart Gay, nota dans son propre journal, le 14 mai : « Tout ce qu’ils [les Russes] faisaient était animé par l’idée de virilité et de cruauté ».
Cependant, Patton savait que les Américains pouvaient battre les Rouges à ce moment-là — mais peut-être pas plus tard. Le 18 mai il nota dans son journal : « A mon avis, l’armée américaine telle qu’elle existe maintenant pourrait battre les Russes avec une grande facilité, parce que si les Russes ont une bonne infanterie, ils manquent d’artillerie, d’aviation, de chars, et de la connaissance de l’utilisation des armes combinées, alors que nous excellons dans les trois domaines à la fois. S’il était nécessaire de corriger les Russes, le plus tôt sera le mieux ».
Deux jours plus tard, il réitéra sa préoccupation en écrivant à sa femme : « Si nous devons les combattre, c’est le bon moment. A partir de maintenant, nous allons devenir plus faibles et eux plus forts ».
Ayant immédiatement reconnu le danger soviétique et appelé à une action qui aurait libéré toute l’Europe de l’Est du joug communiste en dépensant bien moins de sang américain qu’il n’en fut versé en Corée et au Vietnam, et qui aurait évité ces deux guerres, pour ne pas parler de la 3ème Guerre Mondiale — Patton en vint bientôt à comprendre pour quel peuple la 2ème Guerre Mondiale avait en réalité été menée : les Juifs.
La plupart des Juifs qui s’abattirent sur l’Allemagne immédiatement après la guerre venaient de Pologne et de Russie, et Patton trouva leur comportement très choquant et non-civilisé.
Il fut dégoûté par leur comportement dans les camps pour « personnes déplacées » (Displaced Persons ou « DPs ») que les Américains avaient établi, et encore plus dégoûté par la manière dont ils se comportaient lorsqu’ils étaient hébergés dans les hôpitaux allemands et les maisons privées. Il observa avec horreur que « ces gens ne comprennent pas l’usage des toilettes et refusent de les utiliser sauf comme entrepôt pour les boîtes de conserve et les poubelles ... Ils refusent, quand c’est possible, d’utiliser les latrines, préférant se soulager sur le plancher ».
Il décrivit dans son journal un camp de ’personnes déplacées’, « où, bien que la place ne manquait pas, les Juifs s’entassaient de manière épouvantable, et dans presque chaque pièce il y avait un tas d’ordures dans un coin qui était aussi utilisé comme latrines. Les Juifs furent obligés de renoncer à leur saleté et de nettoyer la salle seulement par la menace des crosses de fusils. Bien sûr, je connais l’expression « les tribus perdues d’Israël », appliquée aux tribus qui ont disparu — pas à la tribu de Judah dont ces fils de putes sont les descendants. Cependant à mon avis personnel celle-là aussi est une tribu perdue — perdue pour toute décence ».
Les impressions initiales de Patton sur les Juifs ne s’améliorèrent pas lorsqu’il assista à un service religieux juif, sur l’insistance d’Eisenhower. Son journal, à la date du 17 septembre 1945, dit entre autres : « Cela se trouvait être la fête du Yom Kippour, donc ils étaient tous rassemblés dans un grand bâtiment en bois, qu’ils appelaient une synagogue. Le général Eisenhower devait leur faire un discours. Nous entrâmes dans la synagogue, qui était remplie de la grappe humaine la plus puante que j’ai jamais vue. Lorsque nous arrivâmes à peu près au milieu, le rabbin principal, qui portait un chapeau de fourrure similaire à celui que portait Henri VIII d’Angleterre, et un surplis lourdement brodé et très sale, s’approcha et rencontra le général ... L’odeur était si terrible que je faillis m’évanouir et vraiment environ trois heures plus tard j’ai remis mon déjeuner rien qu’en m’en rappelant ».
Ces expériences et un grand nombre d’autres convainquirent fermement Patton que les Juifs étaient une espèce de créatures particulièrement répugnante et méritaient difficilement toute la sollicitude officielle que leur accordait le gouvernement américain. Une autre note du journal, en septembre, suite à une demande de Washington pour que davantage de maisons allemandes soient mises à la disposition des Juifs, résumait ses sentiments : « Manifestement le virus lancé par Morgenthau et Baruch, d’une revanche sémitique contre tous les Allemands, est encore à l’oeuvre. Harrison (un officiel du Département d’Etat américain) et ses associés indiquent qu’ils voudraient que les civils allemands soient chassés de leur maisons pour loger les ’personnes déplacées’. Il y a deux erreurs dans cette demande. D’abord, quand nous déplaçons un individu allemand, nous punissons un individu allemand, alors que la punition n’est pas destinée à un individu mais à une race. De plus, c’est contraire à ma conscience anglo-saxonne de chasser une personne d’une maison, ce qui est une punition en-dehors de toute procédure judiciaire. En second lieu, Harrison et sa bande croient qu’une ’personne déplacée’ est un être humain, ce qu’elle n’est pas, et cela s’applique particulièrement aux Juifs, qui sont plus bas que les animaux ».
L’un des facteurs les plus puissants qui rectifièrent l’opinion du général Patton sur les Allemands vaincus fut le comportement des médias américains envers eux. Lors d’une conférence de presse à Regensburg en Allemagne, le 8 mai 1945, immédiatement après la capitulation de l’Allemagne, on demanda à Patton s’il avait prévu de traiter les unités SS capturées différemment des autres prisonniers de guerre allemands. Sa réponse fut : « Non. SS ne signifie rien de plus en Allemagne qu’être Démocrate en Amérique — ne prenez pas note de cela. Je veux dire par là qu’initialement les SS étaient des fils de putes particuliers, mais avec le déroulement de la guerre, ils manquèrent de fils de putes et ensuite ils prirent n’importe qui. Certains des dirigeants SS seront traités comme des criminels, mais il n’y a pas de raison de faire ça à quelqu’un qui a été enrôlé dans cette bande ... »
En dépit de la demande de Patton que sa remarque ne soit pas notée, la presse s’en empara avidement, et les Juifs et leurs prête-noms en Amérique hurlèrent au scandale à cause de la comparaison de Patton entre les SS et le Parti Démocrate, ainsi qu’à cause de son intention annoncée de traiter humainement la plupart des prisonniers SS.
Cependant Patton refusa d’entendre les leçons de la presse, et son désaccord avec la politique américaine d’occupation, formulée à Washington, grandit. Plus tard en mai il dit à son beau-frère : « Je pense que cette non-fraternisation est très stupide. Si nous devons laisser des soldats américains dans un pays, ils doivent pouvoir parler à quelques civils. De plus, je pense que nous pourrions faire beaucoup pour les civils allemands en laissant nos soldats parler avec leurs jeunes ».
Plusieurs collègues de Patton tentèrent de lui faire comprendre clairement ce qui était attendu de lui. Un officier politiquement ambitieux, le brigadier-général Philip S. Gage, désireux de plaire au pouvoir en place, écrivit à Patton : « Bien sûr, je sais que même vos pouvoirs étendus sont très limités, mais j’espère que partout et dès que vous le pourrez, vous ferez ce que vous pourrez pour faire souffrir la populace allemande. Pour l’amour de Dieu, n’ayez aucun égard pour eux. Rien ne peut être trop dur pour eux ».
Mais Patton continua à faire ce qu’il pensait être juste, chaque fois qu’il le pût. Avec une grande répugnance, et seulement après des incitations répétées d’Eisenhower, il avait expulsé des familles allemandes de leurs maisons pour faire de la place pour plus d’un million de ’personnes déplacées’ juives — une partie des fameux « six millions » qui étaient supposés avoir été gazés — mais il rechigna lorsqu’il reçut l’ordre de commencer à faire sauter les usines allemandes, en accord avec l’infâme Plan Morgenthau pour détruire à jamais les bases économiques de l’Allemagne. Dans son journal, il écrivit : « Je doutais de l’utilité de faire sauter les usines, parce que le but pour lequel les usines devaient être détruites c’est-à-dire empêcher l’Allemagne de préparer une guerre peut être atteint aussi bien par la destruction de leurs machines, alors que les bâtiments peuvent être utilisés pour loger des milliers de personnes sans abris ».
De même, il exprima ses doutes à ses collègues militaires au sujet de l’insistance mise à persécuter tous les Allemands qui avaient été antérieurement membres du parti national-socialiste. Dans une lettre à sa femme le 14 septembre 1945, il dit : « Je suis franchement opposé à cette sottise criminelle. Ce n’est pas dans les règles et c’est [d’inspiration] sémitique. Je suis aussi opposé à l’envoi de prisonniers de guerre pour servir d’esclaves dans des pays étrangers, où beaucoup mourront par la famine ».
En dépit de son désaccord avec la politique officielle, Patton suivit les instructions imposées par Morgenthau et les autres à Washington, aussi sérieusement que sa conscience le lui permettait, mais il essaya d’en atténuer les effets, et cela l’entraîna dans un conflit croissant avec Eisenhower et les autres généraux qui avaient des ambitions politiques. Dans une autre lettre à sa femme, il commenta : « Je suis allé à Francfort pour une conférence du gouvernement civil. Si ce que nous faisons [aux Allemands] c’est ’la Liberté, et ensuite la mort’, je ne peux pas comprendre comment les Américains peuvent descendre si bas. C’est sémitique, et je suis certain de cela ».
Et dans son journal il nota : « Aujourd’hui nous avons reçu des ordres ... qui nous disent de donner aux Juifs des logements particuliers. Si on le fait pour les Juifs, pourquoi pas pour les Catholiques, les Mormons, etc ? ... Nous livrons aussi aux Français plusieurs centaines de milliers de prisonniers de guerre pour servir au travail forcé en France. Il est amusant de se rappeler que nous avons fait la Révolution pour défendre les droits de l’homme, et la Guerre Civile [la Guerre de Sécession] pour abolir l’esclavage, et que nous sommes maintenant revenus sur ces deux principes ».
Ses devoirs en tant que gouverneur militaire emmenèrent Patton dans toutes les parties de l’Allemagne et lui donnèrent une connaissance intime des Allemands et de leurs conditions de vie. Il ne pouvait pas les aider mais il les compara avec les Français, les Italiens, les Belges, et même les Britanniques. Cette comparaison l’amena progressivement à la conclusion que la 2ème Guerre Mondiale n’avait pas été menée contre le peuple qu’il fallait.
Après une visite dans Berlin en ruines, il écrivit à sa femme le 21 juillet 1945 : « Berlin m’a donné le blues. Nous avons détruit ce qui aurait pu être une bonne race, et nous sommes en train de les remplacer par des sauvages mongols. Et toute l’Europe sera communiste. On dit que la première semaine après qu’ils l’aient prise [la ville de Berlin], toutes les femmes qui couraient étaient tuées et celles qui ne couraient pas étaient violées. J’aurais pu la prendre si on m’avait laissé faire ».
Cette conviction, que les politiciens l’avaient utilisé, lui et l’Armée américaine, pour un objectif criminel, grandit dans les semaines qui suivirent. Durant un dîner avec le général français Alphonse Juin en août, Patton fut surpris de trouver le Français en accord avec lui. Son journal, à la date du 18 août, cite les paroles du général Juin : « Il est en effet malheureux, mon général, que les Anglais et les Américains aient détruit en Europe le seul pays sain — et je ne parle pas de la France. En conséquence, la route est à présent ouverte au communisme russe ».
Les notes suivantes du journal et les lettres à sa femme répètent la même conclusion. Le 31 août, il écrivit : « Vraiment, les Allemands sont le seul peuple décent qui reste en Europe. C’est un choix entre eux et les Russes. Je préfère les Allemands ». Et le 2 septembre : « Ce que nous faisons, c’est de détruire le seul Etat semi-moderne en Europe, pour que la Russie puisse avaler le tout ». A ce moment les partisans de Morgenthau et les propriétaires des médias avaient décidé que Patton était incorrigible et devait être discrédité. Ils commencèrent donc une chasse à courre ininterrompue dans la presse, à la manière du Watergate, l’accusant d’être « tendre avec les nazis », et rappelant sans cesse un incident dans lequel il avait giflé un tire-au-flanc deux ans plus tôt, pendant la campagne de Sicile. Un journal de New York publia l’information, complètement fausse, que quand il avait giflé le soldat qui était juif, il l’avait appelé « Juif à face jaune ».
Ensuite, lors d’une conférence de presse le 22 septembre, des reporters tramèrent un complot pour agacer Patton afin qu’il perde son sang-froid et qu’il fasse des affirmations qui pourraient être utilisées contre lui. Le complot fonctionna. La presse interpréta l’une des réponses de Patton à leurs questions insistantes sur le fait qu’il ne faisait pas la chasse aux nazis assez durement : « Le problème des nazis, c’est juste comme un combat entre les Démocrates et les Républicains ». Le New York Times publia cette citation en gros titre, et d’autres journaux en Amérique la reprirent.
La haine évidente qui avait été dirigée contre lui pendant cette conférence de presse ouvrit pleinement les yeux de Patton sur ce qui se tramait. Dans son journal il écrivit cette nuit-là : « Il y a une influence sémitique évidente dans la presse. Ils essayent de faire deux choses : d’abord, implanter le communisme, et deuxièmement chasser de leurs postes les hommes d’affaires allemands n’ayant pas d’ascendance juive. Ils ont complètement perdu la conception anglo-saxonne de la justice et ils sentent qu’un homme peut être foutu dehors parce que quelqu’un dit qu’il est un nazi. Ils étaient manifestement assez choqués quand je leur ai dit que je ne flanquerai personne dehors sans la preuve formelle de sa culpabilité devant une cour de justice ... Un autre point que la presse a rabâché est le fait que nous faisons trop pour les Allemands au détriment des ’personnes déplacées’, la plupart d’entre elles étant des Juifs. Je n’ai pas pu donner de réponse à cela, parce que la réponse est que, à mon avis et à celui de la plupart des officiers non-politisés, il est d’une nécessité vitale pour nous de reconstruire l’Allemagne maintenant, comme un Etat-tampon contre la Russie. En fait, je crains que nous n’ayons attendu trop longtemps ».
Et dans une lettre à sa femme, le même jour : « Je ferai probablement les gros titres avant que vous ne receviez ceci, car la presse essaye de me faire dire que je suis plus intéressé à restaurer l’ordre en Allemagne qu’à attraper des nazis. Je ne peux pas leur dire la vérité qui est que si nous ne restaurons pas l’Allemagne, nous assurerons le succès du communisme en Amérique ».
Eisenhower répondit immédiatement au tollé de la presse contre Patton, et prit la décision de le relever de ses fonctions de gouverneur militaire et de l’éloigner par une « promotion au rang supérieur », comme commandant de la 15ème Armée. Dans une lettre à sa femme le 29 septembre, Patton indiqua que d’une certaine manière il n’était pas mécontent de sa nouvelle fonction, parce que « je l’apprécierai bien plus que d’être une sorte de bourreau de la meilleure race d’Europe ».
Mais même ce changement de fonctions ne fit pas taire Patton. Dans sa note de journal du 1er octobre, nous trouvons cette observation : « En réfléchissant à la situation, je n’ai pu qu’être impressionné par le fait qu’en ce moment la réputation sans tache de l’Armée américaine non-politisée est en train de se perdre. Chacun semble être plus intéressé par les effets que ses actions auront sur son avenir politique, plutôt qu’appliquer la devise de l’Académie Militaire des Etats-Unis : « Devoir, Honneur, Patrie ». J’espère que quand l’actuelle bande d’ambitieux politiques sera partie, notre ancienne tradition sera restaurée ».
Et Patton continua à exprimer ses sentiments à ses amis — et à ceux qu’il pensait être ses amis. Le 22 octobre il écrivit une longue lettre au major-général James G. Harbord, qui était de retour aux Etats-Unis. Dans la lettre, Patton condamnait sévèrement la politique de Morgenthau ; le comportement pusillanime d’Eisenhower face aux demandes juives ; la forte tendance pro-soviétique dans la presse ; et la politisation, la corruption, la dégradation, et la démoralisation de l’Armée américaine qui en résultaient.
Il voyait la démoralisation de l’Armée comme un but délibéré des ennemis de l’Amérique : « J’ai été aussi furieux que vous à propos de la collection de mensonges que les éléments communistes et sémitiques de notre gouvernement ont soulevé contre moi et contre pratiquement tous les autres commandants ». A mon avis c’est une tentative délibérée pour aliéner aux commandants le vote des soldats, parce que les communistes savent que les soldats ne sont pas communistes, et ils redoutent l’influence de onze millions de votes [des vétérans démobilisés] ».
Sa dénonciation de la politisation de l’Armée était cinglante : « Tous les officiers généraux des plus hauts échelons reçoivent chaque matin du Ministère de la Guerre une pile de manchettes américaines [de journaux], et à la seule exception de moi-même, ils se comportent pendant la journée qui suit selon ce qu’ils ont lu dans les journaux ... »
Dans sa lettre à Harbord, Patton révélait aussi ses propres plans pour combattre ceux qui détruisaient la morale et l’intégrité de l’Armée, et mettaient l’avenir de l’Amérique en danger en ne s’opposant pas à la puissance soviétique grandissante : « C’est ma pensée actuelle ... que quand j’aurai terminé ce travail, ce qui sera fait vers le premier jour de l’année, je démissionnerai, je ne partirai pas à la retraite, parce que si je pars à la retraite, j’aurai encore un bâillon sur la bouche ... Je ne dois pas commencer une contre-attaque limitée, ce qui serait contraire à mes théories militaires, mais je dois attendre jusqu’à ce que je puisse commencer une contre-offensive générale ... »
Deux mois plus tard, le 23 décembre 1945, le général George S. Patton fut réduit au silence pour toujours.
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