Le Liban sur le qui-vive. Le Pays du Cèdre a récemment démantelé plusieurs réseaux d’espionnage à la solde d’Israël et plus de 70 Libanais ont été arrêtés depuis le début de l’année 2009, soupçonnés d’appartenir à une cellule du Mossad. Une guerre de l’ombre qui implique des responsables militaires et dont le but est de fournir une "banque de données" sur le Hezbollah.
Des chiffres sans précédents. Depuis le début de l’année 2009, les services de renseignements israéliens ont subi l’un des plus importants revers de leur histoire dans un pays arabe. Plus de 70 libanais ont été inculpés d’espionnage pour Israël ces derniers mois. Une quarantaine de suspects ont été placés en détention et une trentaine est encore activement recherchée par les autorités libanaises. Des données qui, sans surprise, n’ont pas été commentées par le Mossad. Face à cette vague d’arrestations, le Hezbollah est plus que jamais sur ses gardes. Samedi 3 octobre, la milice chiite a demandé à Ali Jarah, un Libanais soupçonné d’espionnage, de commettre un attentat-suicide contre l’ambassade israélienne à Rome. Comme il refuse, le Hezbollah décide de l’incriminer et de le remettre aux autorités judiciaires libanaises. Ce dernier affirme que le Fatah et le Hezbollah étaient au courant depuis des années de ses contacts avec Israël.
Réactivation des réseaux depuis la guerre de 2006
Les opérations de démantèlement auraient réellement commencé en avril. Les personnes appréhendées sont accusées d’avoir communiqué à Israël des renseignements sur des positions et des dirigeants du Hezbollah. L’une d’elles aurait cherché à obtenir des informations sur le lieu de résidence du chef du mouvement, Hassan Nasrallah, qui vit dans la clandestinité depuis la guerre de 2006.
Plus grave et pour la première fois dans l’histoire de l’armée libanaise, deux gradés en exercice ont été inculpés pour espionnage et placés en détention. Il s’agit de deux colonels qui sont poursuivis pour avoir donné des indications précises sur des positions civiles et militaires.
Selon les responsables de la sécurité libanaise, Israël a mis l’accent sur le renseignement humain depuis la guerre de 2006, qui avait montré la capacité du Hezbollah à dissimuler ses batteries de roquettes et missiles aux missions de reconnaissance aérienne israéliennes. Israël tenterait depuis de construire une "banque de données" sur le Hezbollah, afin d’être mieux préparé en cas de nouvelle guerre.
"Avant 2006, il y avait des cellules dormantes et des réseaux ayant une marge de manœuvre limitée", explique à l’AFP un responsable des services de sécurité sous le couvert de l’anonymat. Depuis le début de 2009, ces espions sont devenus plus actifs et ont laissé des traces, ce qui nous a permis de les démasquer".
Un "secret technique" à l’origine des arrestations
Si on ignore précisément comment ces réseaux ont été démantelés, le général Ashraf Rifi, commandant de la police libanaise, attribue ces arrestations à "un secret technique" qu’il a refusé de dévoiler. Un responsable de la sécurité libanaise a de son côté déclaré sous couvert de l’anonymat que les arrestations avaient été réalisées grâce à "un progrès technologique très important".
Ce secret technique aurait permis de repérer les cellules d’espionnages, un travail d’autant plus difficile que ces cellules ne sont généralement constituées que de deux à trois personnes, travaillent de façon autonome et cloisonnée et ne se connaissent pas entre elle.
Le général Rifi décrit les récentes arrestations comme un revers majeur aux efforts d’Israël pour collecter des renseignements au Liban, ajoutant qu’il se passera des années avant qu’un tel réseau puisse être reconstitué.
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Cécile Cailliez