Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mardi 27 octobre 2009

Les GIs sous scanner suisse

Le soldat Christopher Neiberger a été tué à Bagdad en 2007. Il venait juste de fêter son 22ème anniversaire. Aujourd'hui, sa sœur Ami travaille pour une fondation de soutien aux familles des GIs, morts au combat. « Quand un proche décède de la sorte, on se pose toujours la question : a-t-il souffert ? », confie Amie.

Pour obtenir des réponses, les familles disposent désormais d'une source sans équivoque: le rapport d'autopsie. Car pour la première fois de leur histoire, les forces armées américaines autopsient systématiquement tous les corps qui reviennent du front. Et ce n'est pas tout, elles le font grâce à une technique développée par un Suisse.

Docteur Michael Thali, directeur de l'institut de médecine légale de l'université de Berne a collaboré étroitement avec le gouvernement américain en 2001 et 2002. Il est l'un des fondateurs d'une technique mise au point ici même: l'autopsie virtuelle. Avec ce nouveau procédé, fini la table d'opération et les scalpels ensanglantés. Le corps du défunt passe dans un scanner pour en donner une image 3D détaillée. Un logiciel permet ensuite d'enlever les couches comme la peau et les muscles, pour voir tous les organes.

3000 GIs analysés
En gardant le corps intact, les médecins légistes évitent le risque de détruire de précieux indices. La technique est aussi plus précise et plus rapide qu'une autopsie traditionnelle. Mais ce ne sont pas les seuls avantage. « On peut envoyer les résultats de l'analyse sur un dvd à un expert n'importe où dans le monde pour une deuxième opinion. Avec un cadavre qui a été autopsié et remis dans sa tombe ou incinéré, cela est presque impossible », note le docteur Steffen Ross, chercheur à l'institut bernois.

Les corps d'environ 3000 Gis ont ainsi déjà été analysés. Et grâce aux informations livrée par les scanners, les spécialistes peuvent reconstituer précisément les circonstances de leur mort. « Les rapports d'autopsie présentent surtout des blessures par fragments de bombes, ou par balle, dans des endroits du corps qui n'étaient pas protégés par leurs gilets, explique le Dr Michael Thali. Toute ces recherches permettent d'améliorer les systèmes de protection ! »

Selon le docteur Thali les informations livrée permet aussi de répondre à la question principal des familles des victimes : mon proche a-t-il souffert ? « Sur la base des scans, vous pouvez déduire que s'il y avait une blessure à tel endroit, alors la personne n'a pas survécu longtemps. Elle a vite perdu connaissance et n'a pas ressenti grand chose avant de mourir. »

Presque toutes les familles demandent le rapport d'autopsie, même si elles ne le lisent pas forcément tout de suite. « Nous n'avions pas la capacité de faire d'autopsies systématiques avant les guerres en Irak et Afghanistan, explique Paul Stone, porte-parole du service des forces armées de médecine légale. Mais aujourd'hui grâce cette nouvelle technique, nous en avons les moyens, et pouvons répondre aux questions des familles.»



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Egger Ph.