Noblesse Oblige d’être toujours les Premiers, 1er des Régiments de France
Le 152eme régiment d’Infanterie héritier de la 152eme demi brigade (1794), qui s’illustra sur l’Elbe en 1813. Dissous il fut recréé en 1887. Dès le début de la grande guerre, il fut engagé dans les Vosges et s’y couvrit de gloire. Les combats de l’Hartmannswillerkopf, de la Somme, du chemin des Dames, de l’Ourcq lui ont valu le surnom de "Diables Rouges" et la fourragère aux couleurs de la Légion d’Honneur. Il se distingua encore en 1939-1945, puis en Algérie. En garnison à Colmar, il participe aux relèves de l’ONU en Yougoslavie.
Un Régiment, une Histoire
Créé en 1794 à LANDAU, la 152e demi-brigade prend part à nombre de campagnes du 1er Empire dont LOANO & HARBOURG.
Dissout en 1814, puis recréé en 1887 à Epinal, le Régiment participe à la Grande Guerre et se distingue en Alsace, sur la Somme, l’Aisne, l’Ourcq et lors de la prise de Roulers. Mais c’est en 1915, au Vieil Armand, la "Montagne Sacrée" du Régiment que le 15.2 fait preuve des plus hautes vertus militaires et donne toute sa mesure. C’est là que l’ennemi lui décerne le titre de "Régiment du Diable", d’où son glorieux insigne. Premier des Régiments à porter successivement la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre, de la médaille militaire et de la Légion d’Honneur, il mérite le titre prestigieux de "Premier des Régiments de France", témoignage de son attitude au cours du premier conflit mondial.
Dans la débâcle de 1939-1940 il reste, sous les ordres du général de Lattre, fidèle à son passé et à ses vaillantes traditions, en particulier lors des combats de RETHEL. Sa tenue au feu et sa brillante conduite lui valent d’être maintenu après l’armistice comme Régiment de tradition de l’Alsace. Dissout au moment de l’occupation de la zone sud, il se reforme dans le maquis d’AUVERGNE et participe aux combats de la Libération, de la Loire aux Vosges. Le 8 janvier, il rentre à COLMAR où le Général de Gaulle lui remet son glorieux drapeau.
Présent en Algérie au cours des opérations de maintien de l’ordre, il rejoint sa garnison en 1964. Il y reçoit un accueil inoubliable de la part de la population colmarienne.
Régiment mécanisé de la 6e DB en 1976, il est depuis 1984 le régiment d’infanterie motorisé de la 5e DB. Il redevient RI de corps d’armée (RICA) du 3e corps d’armée stationné à BADEN-BADEN, puis du 3e CA stationné à LILLE. Depuis décembre 1996, il est rattaché à la 7e DB de Besançon, dans le cadre de la professionnalisation de l’armée...
Un observatoire de premier ordre
Le 8 mars 1915, le 2e bataillon reçoit l’ordre de rejoindre le secteur du Hartmannswillerkopf (HWK) auprès de la 1e brigade de chasseurs (7e, 13e, 27e & 53e BCA). Pour la première fois, les fantassins du 15.2 montent en ligne sur cette montagne dont le nom sera à jamais lié à l’épopée des Diables Rouges.
Du sommet s’offre un panorama unique sur la plaine d’Alsace avec la forêt noire en toile de fond. De là, le feu de l’artillerie peut paralyser tout mouvement en plaine. Les particularités du terrain, très favorables à l’ennemi, imposent 6 heures en partant de la vallée par des sentiers étroits et accidentés pour ravitailler. Les Allemands, au contraire, abrités par la contre-pente, peuvent être approvisionnés sans encombres.
Les premiers combats
Le général détache le 25 décembre une compagnie du 28e BCA au col, le commandant d’unité envoie un groupe de 28 chasseurs occuper le sommet du HWK. Pendant 2 semaines, les Allemands lanceront de vaines offensives contre le fortin, qui, encerclé, devra à chaque nouvelle attaque repousser des soldats ennemis de plus en plus nombreux.
Le 20 janvier 1915, le détachement alpin résiste à l’attaque de 3 compagnies, alors que la tentative de rupture d’encerclement des 13e, 28e & 53e BCA échoue devant le front allemand tenu par 8 compagnies.
Le 21, les Allemands décident d’en finir et lancent 3 bataillons dans la bataille. La supériorité allemande est écrasante. Le HWK est désormais entre leurs mains. Le commandant français décide de reprendre l’offensive, car tant que les Allemands occupent la position, il est impossible de lancer une offensive sur Cernay. Cela malgré les gros problèmes que pose le terrain aux Français (difficulté d’accès, donc, d’approvisionnement). Par 3 fois (le 27 février, le 5 & le 7 mars) les Français n’arrivent pas à se maintenir dans les lignes allemandes fraîchement conquises, principalement à cause des blockhaus allemands (rochers fortifiés devenant de véritables nids de mitrailleuses).
L’assaut du 23 mars
Le 19 mars, les 1er & 2e bataillons s’installent dans les tranchées du HWK à la place du 13e BCA qui part au repos. Les alpins, malgré leur vif esprit de corps, reconnaissent la valeur de ces fantassins. Jamais ils n’ont reculé devant l’ennemi, qui les appelle "les renards de la montagne". Partout où il y a dans le secteur un choc à recevoir, un coup de boutoir à donner, on appelle le 152e. Le régiment reçoit la mission d’enlever les lignes de tranchées jusqu’au sommet du HWK. Le 23 mars, par un temps exceptionnellement clair, l’artillerie ouvre le feu sur les lignes allemandes. Les tirs précis écrasent les blockhaus, puis les tranchées de seconde ligne sont inondées de projectiles. L’attaque est lancée, la résistance ennemie est très vive. La progression s’effectue, le 1er bataillon n’est alors plus qu’à 200 mètres du sommet. Les Allemands ne tardent pas à réagir. Par 3 fois, leurs contre-attaque échouent devant le tir nourrit de nos mitrailleuses. Le 15.2 maintient solidement ses positions. L’aspirant MARTIN, qui a participé à l’attaque, raconte : "Je n’ai jamais vu un pareil charnier et durant les années suivantes, je ne verrais pas, même à Verdun, pareil entassement de cadavres dans un terrain aussi chaotique, sur un aussi petit espace". Les pertes du régiment s’élèvent à environ 60 tués, dont 5 officiers et 200 blessés ou disparus.
Le 25 mars, le régiment reçoit l’ordre d’achever la prise de la montagne. Le 26, comme le précise le capitaine GOES, historien allemand du Viel Armant : "Les Français ne s’étaient pas emparés du sommet du HWK, mais ils avaient déferlé bien au-delà". Les Français ont fait 140 prisonniers et récupéré d’importantes quantités d’armes et de munitions. Le 15.2 compte 67 tués et 170 blessés. Après ces 2 assauts successifs, près de 500 Diables Rouges sont hors de combat. Quelques jours plus tard, le 15.2 est proposé pour sa 3e citation à l’ordre de l’armée.
C’est dans les pages d’un simple journal de marche qu’un soldat allemand capturé quelques jours plus tard que le régiment puisera son plus beau titre de gloire : "Teuflerregiment", c’est à dire "le régiment du diable", nom prestigieux que l’ennemi, par respect et par crainte, attribuera au 15.2.
Le sursaut d’orgueil des Diables Rouges
Le 25 avril, après plusieurs jours de bombardements mortels (66 tués, 311 blessés), les Allemands, en nette supériorité numérique, attaquent. Le sommet est perdu et le bilan est lourd du côté français : 14 officiers et 811 soldats manquent à l’appel ; tués, blessés ou prisonniers, trois sections de mitrailleuses sont tombées aux mains de l’ennemi. Mais la réaction française est rapide. Le 26, malgré le faible nombre de pièces engagées, l’artillerie française parvient à bousculer les premières lignes que l’adversaire n’a pu aménager solidement durant la nuit. Les Diables Rouges progressent sans rencontrer de sérieuses résistances, le sommet est rapidement coiffé. Mais les Français se heurtent au-delà à un réseau barbelé intact qui stoppe leur progression. Tout de suite, les unités commencent à s’enterrer. Le 3 mai, les Diables Rouges sont relevés. Epuisé, le régiment regagne St-Amarin pour se reformer.
Le dernier assaut
Le 15.2 ne retrouve le front du HWK qu’en décembre. Une action de grande envergure est prévue afin d’obtenir le dégagement complet du massif et de ses abords inclus. La puissance de l’artillerie est formidable et le 15.2 se voit confier la prise du sommet. Il attaque le 21 décembre à la suite d’un bombardement d’une violence inouïe jusqu’ici inconnue des troupes qui le subissent. Les Diables Rouges dévalent la pente, la 1e compagnie s’empare de ses objectifs. Les 9e , 10e & 2e compagnies sont stoppées par les tirs croisés des mitrailleuses en position, la 11e a perdu tous ses chefs de section. La 8e compagnie éprouve de sérieuses difficultés pour déboucher en raison de tirs de barrages. Une certaine confusion s’établit dans la progression des compagnies, la mort de la plupart des officiers des 6e & 7e compagnies aggrave cette situation.
Mais les objectifs sont atteints. Les pertes, estimées à 400 hommes, sont sévères, certaines compagnies sont réduites à un effectif inférieur à 100 hommes, ainsi il ne reste plus que 47 hommes à la 7e compagnie. Beaucoup d’officiers ont été touchés : 7 sont morts et 15 sont blessés.
Le succès est éclatant (1348 prisonniers sont dirigés vers l’arrière dont 700 pour le seul 15.2) et le commandement entend bien le parachever en victoire dès le lendemain, mais c’est une tragédie qui attend les Français. La contre-attaque allemande est déclenchée. La 8e compagnie du 15.2 est éliminée. Deux sections allemandes, tout d’abord, pénètrent dans le bastion, puis 3 sections sont déployées derrière le 15.2 et 7 attaquent de front les Diables Rouges. Ces derniers sont submergés. La seule solution est le repli qui rapidement se transforme en hécatombe, les mitrailleuses hachant les hommes sur place. Seule une soixantaine d’hommes réussiront à regagner le sommet. A midi, le 15.2 n’existe plus. Le Hartmannswilllerkopf méritait bien son surnom de "Mangeur d’Hommes". La journée du 22 décembre s’achève sur un succès incontestable de l’ennemi.
Le soir de la bataille, le Lieutenant-Colonel SEMAIRE écrit dans le journal des marches et des opérations :
"Le 15.2 avait donné, le 21 décembre, un exemple magnifique d’élan et d’énergie. Il s’était montré digne de son passé et de sa réputation. L’évènement déplorable dont il devait être la victime le lendemain ne peut entacher en rien son honneur militaire. Il avait prouvé la veille, une fois de plus, son mépris du danger, son esprit d’offensive et remplit une mission de confiance, remportant un succès considérable. Il avait fait à l’ennemi 700 prisonniers. La perte est cruelle mais l’honneur est sauf."
Les éléments épars du 15.2 regagnent St-Amarin, le 25 décembre, puis s’établissent à Saulxures-sur-Moselotte (Vosges) pour se reconstituer. Commence alors une longue période d’instruction et de réorganisation. Pour tous ces hommes, le souvenir de leurs Anciens qui se sont sacrifiés par 3 fois sur la "Montagne Sacrée", les exhorte à se surpasser pour poursuivre la légende du "Régiment du Diable".
Présentation
Régiment d’infanterie mécanisée de la 7ème Brigade Blindée (état-major situé à Besançon), le 152ème Régiment d’Infanterie s’instruit et s’entraîne dans le cadre de la préparation au combat de haute intensité et participe aux missions de projection intérieure et extérieure.
Commandé par le Colonel Michel THOMAS, le 15.2 s’articule sur un mode quaternaire : 4 compagnies de combat à 4 sections (3 sections de combat et une de commandement), chaque section étant composée de 4 groupes (3 groupes de voltige, 1 groupe d’appui).
Avec la professionnalisation a été créée la 5ème Compagnie, unité de réserve des régiments professionnels, composée de cadres et militaires du rang issus de la réserve. La préparation opérationnelle de cette unité est centrée sur les missions et les modes d’action adaptés au cadre de la défense terrestre (anciennement défense opérationnelle du territoire).
Le régiment dispose également d’une CEA, compagnie d’éclairage et d’appuis, chargée d’apporter au chef de corps les feux, le renseignement et l’appui anti-char dans la profondeur. Cette compagnie est composée d’une section d’appui (PGM), d’une section anti-char et d’une section de reconnaissance régimentaire.
Le soutien opérationnel du régiment est assuré par la CCL, compagnie de commandement et de logistique, qui assure les missions de ravitaillement, d’alimentation, d’entretien et le suivi logistique des unités.
Enfin, les missions de sécurité, la formation initiale des engagés volontaires et le soutien apporté aux unités au quartier sont assurés par la CAS, compagnie d’administration et de soutien.
Le 15.2 et Colmar
A Colmar et partout en Alsace, le 15.2, plus connu sous le nom des "Diables Rouges", jouit d’une réputation et d’un crédit de sympathie hors normes, qui constituent un atout considérable. Véritable monument, le dernier régiment d’infanterie implanté en Alsace est bien intégré à Colmar.
Le 2 août 1919, le 15.2, commandé par le Colonel BARRARD, s’installe à Colmar où il occupe les quartiers Rapp, Malker (actuelle cité administrative) et Lacarre (actuelle Gendarmerie).
Du 5 au 25 Juin 1940, il rejoint la frontière belge avant de se replier vers le sud, dans le Massif Central.
Le 8 février 1945, six jours après la libération de Colmar, les Diables Rouges retrouvent leur garnison et, le 10 février, le Général de Gaulle remet au Colonel COLLIOU, chef de corps, le glorieux drapeau caché durant l’Occupation.
Après la guerre d’Algérie, durant laquelle le 15.2 s’installe dans la région de Zeralda, le régiment retrouve Colmar, occupant d’abord le quartier Bruat, puis le traditionnel quartier Rapp, avant de s’installer définitivement dans les murs actuels à l’automne 1976.
Régiment de tradition d’Alsace, le 152e Régiment d’Infanterie achève sans complexe une réorganisation sans précédent. Ses atouts, nombreux, lui permettent d’affronter aujourd’hui les difficultés à la mesure de sa légende, tout en remplissant ses missions grâce à une grande souplesse d’empoi et une étonnante faculté d’adaptation.
Rarement un régiment aura du changer autant de fois de matériel et de structure dans son histoire.
Pour plus de renseignements (recrutement...),
veuillez contacter le régiment à cette adresse :
152ème Régiment d’Infanterie,
Cellule Recrutement,
BP 446,
68020 Colmar Cedex
Téléphone : 03 89 21 88 24
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Egger Ph.