Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 9 septembre 2009

le mobile du détournement de "l'Arctic Sea" par le Mossad

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L'Institut des études de sécurité nationale de l'Université de Tel Aviv a publié dans sa revue hebdomadaire du 26 août 2009, bien avant que la thèse d'une cargaison de S-300 au sein du navire "Arctic Sea" ne soit connue, un article sur l'origine de l'accord secret entre la Russie et l'Iran concernant les missiles sol-air S-300 PMU-1.

L'article est éclairant à plus d'un titre. Non seulement parce qu'il est issu d'un institut universitaire lu au sein du gouvernement israélien, mais également parce qu'il donne le mobile de l'opération du Mossad contre "l'Arctic Sea", le 24 juillet dernier.

Tout d'abord, cet article dément l'anaylse proposée par nos médias (une opération conjointe israélo-russe contre le crime organisé) et renforce la nôtre (une opération israélienne contre la Russie). Il dévoile aussi une réalité méconnue, à savoir les différences d'opinion entre le gouvernement et certains cercles militaires en Russie sur la vente des S-300 à la République islamique.

Grâce à cette analyse, il est possible d'affiner notre analyse des intentions israéliennes : avec le détournement de "l'Arctic Sea", Jérusalem a cherché à renforcer le camp du président Medvedev contre ses critiques, et mettre un terme à la vente de missiles S-300 à l'Iran.

Surtout, le détournement de "l'Arctic Sea" montre que le gouverment israélien songe toujours à attaquer militairement les installations nucléaires iraniennes.


THE INSTITUTE OF NATIONAL SECURITY STUDIES
TEL AVIV UNIVERSITY

Insight no 126, AUG. 26, 2009, lien

L'establishment russe a un intérêt certain à organiser la vente de S-300, surtout par le prestige que cela lui attirerait. A l'opposé, des éléments politiques, au niveau de l'échelon présidentiel, du Ministère des Affaires Etrangères, et aussi, apparemment, du Conseil de Sécurité Nationale, sont plus modérés et prennent en compte les réalités internationales. Ces différences d'opinion, qui existaient par le passé, semblent toujours demeurer aujourd'hui.

Fournir des systèmes de défense S-300 à l'Iran est un sujet de conversation depuis longtemps, mais il a toujours échoué devant le scepticisme des Russes. Ces derniers savent que cette vente affectera la stabilité de la région. Ils savent aussi que cela jouera sur leurs relations avec Israël et les Etats-Unis, y compris au sujet des missiles américains en Europe de l'Est. (...)

Il n'y a pas eu d'accord définitif après la visite entre les présidents Peres et Medvedev. Le résultat d'un éventuel accord dépendra de la situation au Moyen Orient, et sur ce front, aussi bien les Etats-Unis que la Russie s'apprêtent à prendre de nouvelles initiatives politiques. Quoiqu'il en soit, si la vente de S-300 reste un sujet délicat, il est raisonnable de penser que toute concession russe s'accompagnera d'un prix politique.

Pour Israël, la question reste ouverte sur l'ampleur de la menace que représentent les S-300. Le système est essentiellement défensif, construit pour intercepter les jets, y compris les modèles avancés de défenses anti-missiles. Cela dit, il est clair qu'un système capable d'intercepter des avions à plus de 200km est également capable de menacer le trafic aérien au-delà de ses frontières. Israël n'autorisera l'Iran à posséder des S-300 que si [Jérusalem] a écarté tout idée d'une intervention militaire contre les sites nucléaires iraniens.
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drzz.info