Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 2 septembre 2009

La véritable fin d'Adolf Hitler

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Le 2 mai 1945, les ultimes défenseurs allemands de Berlin capitulent devant l’Armée rouge. Ayant reçu l’ordre de s’emparer du Führer mort ou vif, l’unité de reconnaissance des troupes de choc de la IIIe armée pénètre dans le bunker de la Chancellerie où Hitler s’est réfugié depuis le 17 janvier. Les soldats découvrent les corps calcinés de Goebbels, ministre de la Propagande, et de sa femme Magda. Leurs six jeunes enfants ont été empoisonnés. Et Hitler ? A un moment, on croit le tenir. Dans un bassin en béton débordant de cadavres, un corps sans vie à la moustache caractéristique lui ressemble étonnamment. En l’observant de près on se rend compte qu’il ne s’agit pas du dictateur. Fausse joie. Plus tard, les photos de ce mort seront brandies par ceux qui soutiennent que Hitler s’est évadé en éliminant son « sosie » dans les ruines pour accréditer sa propre mort. Une interprétation qui compliquera une affaire déjà passablement tortueuse...

Des hommes du Smersh - acronyme soviétique de Smiert Shpionam ! Mort aux espions ! service spécial créé par le général Abakoumov s’aperçoivent soudain qu’à trois mètres de la porte du bunker la terre a été retournée. Ils creusent et trouvent deux corps carbonisés. Mais comme ils ne coïncident pas avec les renseignements en leur possession, les Soviétiques les remettent en place. Jusqu’à ce qu’ils apprennent de la bouche de chefs nazis que Hitler a tenu à être brûlé avec sa compagne Eva Braun. Les corps sont à nouveau exhumés. Mais ce ne sont plus qu’un amas de chairs calcinées. On distingue avec peine une main, des dents, quelques os. Les hommes du Smersh les placent dans des caisses de munitions et les transportent en secret (concurrence entre services oblige) dans une clinique de Buch, en banlieue de Berlin, pour y faire effectuer une autopsie. Le 8 mai, jour de la victoire, cinq légistes de l’Armée rouge examinent clandestinement les restes. Ils remarquent qu’il manque une partie supérieure du crâne de l’homme. Puisqu’aucune blessure par arme n’est visible, les médecins estiment que celui-ci est mort empoisonné. Comme la femme retrouvée à ses côtés. Pour identification, un examen dentaire est requis. Le Smersh retrouve Kathe Heusermann, assistante du dentiste de Hitler, et l’interroge. Elle réalise un schéma de la denture du Führer qui correspond à la mâchoire du cadavre.

Leur mission accomplie, les agents soviétiques poursuivent leur progression avec la IIIe armée. Le soir, à chaque halte, ils enterrent les deux corps dans les bois ! Finalement, les agents arrivent à Magdebourg et enfouissent leur macabre butin dans la cour du QG du Smersh est-allemand.

Pourtant, la découverte et le transport du corps de Hitler ne font l’objet d’aucune publicité. Pourquoi ce secret ? Sans doute parce que l’autopsie n’a pas été réalisée dans les règles de l’art. Peut-être aussi parce que les « alliés » de l’URSS risqueraient de demander à vérifier la réalité de cette mort et que leur intrusion créerait des complications inutiles. Mais surtout parce que Beria, vice-Premier ministre de Staline, se demande sérieusement si son rival Abakoumov, patron du Smersh, n’est pas l’instigateur d’une fraude ! En février 1946, il ouvre une enquête secrète, l’opération Mythe, afin de regrouper des témoignages démontrant les mensonges de l’officier. Après tout, Hitler est peut-être en cavale et Abakoumov son complice. Beria fait interroger les rescapés du bunker, en particulier Hans Baur, le pilote de Hitler ; Otto Günsche, son aide de camp ; Heinz Linge, son valet de chambre, et Rochus Misch, une standardiste. Les interrogatoires, assortis de séances de torture, aboutissent à la rédaction d’un rapport dont l’existence ne sera rendue publique que dans les années 1990. Ce document ultra-confidentiel révèle que Hitler a décidé d’en finir quand il a appris la pendaison par les pieds, le 28 avril 1945, des cadavres de Mussolini et de sa maîtresse Clara Petacci.

Le Führer a convoqué aussitôt son entourage pour lui donner l’ordre de brûler son corps et celui de sa compagne après leur mort, afin d’éviter d’être exposés aux crachats de la foule. Le 30 dans l’après-midi, le couple s’isole dans son salon privé avec trois pistolets et des boîtes de capsules de cyanure. Assis sur le sofa, Hitler et celle qui est devenue son épouse, quelques heures plus tôt, mettent fin à leurs jours. Selon toute apparence, Eva est morte la première en croquant une pastille de cyanure. Hitler l’a suivie en utilisant une arme à feu. Son sang a giclé sur les meubles et le mur du bunker. Nul ne peut affirmer s’il a également avalé du cyanure. Après ce double suicide, les serviteurs du Führer suivent à la lettre les instructions.

En juin 1946, les témoins prisonniers de Beria sont transportés à Berlin, dans le parc du bunker. Ils indiquent l’endroit où ils ont enflammé puis enterré Hitler et sa femme. L’emplacement correspond à l’exhumation réalisée par le Smersh un an plus tôt. On en profite pour procéder à de nouvelles fouilles et on déterre quatre fragments de crâne. Le plus grand est transpercé par une balle. L’autopsie de 1945 se trouve en partie confirmée : les médecins y notaient en effet l’absence d’une pièce maîtresse du crâne, celle qui justement permet de conclure que Hitler s’est suicidé par arme à feu. Le puzzle est désormais complet.

Trop proches des conclusions d’Abakoumov, ces éléments ne sont toutefois pas diffusés par Beria. Staline lui-même n’en est pas tenu informé, ce qui explique peut-être qu’il ait soupçonné les Occidentaux d’avoir recueilli le dictateur déchu. Quant aux restes de Magdebourg, ils sont pudiquement oubliés. Il faut attendre 1970, et l’ère Brejnev, pour que le chef du KGB Youri Andropov les fasse détruire. Par le feu. Mais le crâne et les dents de Hitler, conservés dans les archives, échappent à la crémation. On n’en apprend l’existence qu’après la chute de l’Empire soviétique. En 2000, la partie supérieure du crâne du dictateur devient même l’une des curiosités d’une exposition moscovite organisée par le Service fédéral des archives russes pour marquer le cinquante-cinquième anniversaire de la fin de la guerre.

Pourtant certains historiens doutent encore de son authenticité. Selon eux, seule une analyse ADN pourrait mettre fin à la polémique. La denture a toutefois été formellement identifiée par le légiste allemand Mark Benecke, dans le cadre d’un documentaire de la chaîne National Geographic diffusé en 2003. Le doute n’est donc plus permis : Hitler est bien mort dans son bunker, dix jours après son cinquante-sixième anniversaire.


La preuve officielle

Ce certificat de décès de Hitler, établi le 25 octobre 1956 à Berchtesgaden - la résidence de vacances du Führer -, est contresigné par deux officiers d’état civil, le Dr Stephanus et Wellert, qui écrivent : "On constate que Adolf Hitler, né le 20 avril 1889 à Braunau-sur-Inn, est mort. On fixe la date et l’heure du décès le 30 avril 1944, à 15 h 30."
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Egger Ph.