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dimanche 19 juillet 2009

Somalie : les otages français seront jugés selon la charia

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Les ravisseurs des deux agents de renseignement, enlevés mardi à Mogadiscio, ont annoncé vouloir juger leurs otages, coupables « d’espionnage au profit des ennemis d’Allah », selon les principes de la loi coranique.

Les négociations sur la libération des deux agents français de renseignement de la DGSE, enlevés mardi à Mogadiscio, s’annoncent de jour en jour plus difficiles. Un haut responsable des extrémistes islamistes des shebab, qui les ont kidnappés, ont annoncé samedi vouloir les juger eux-mêmes... Selon les principes de la charia. Les captifs « aidaient le gouvernement somalien apostat et leurs espions, donc ils seront bientôt jugés et punis selon la loi coranique », a tranché ce haut responsable. « Ils feront face au tribunal pour espionnage et être entrés en Somalie pour aider les ennemis d’Allah ». « La décision sur leur sort dépendra du tribunal islamique qui entendra les charges pesant contre eux », a-t-il ajouté. Son mouvement est considéré comme proche d’al-Qaida, est connu pour son application extrême de la charia : lapidation, amputation comme exécutions publiques.

Les Français, probablement en mission de conseil auprès des forces de l’ordre somaliennes, sont désormais aux mains des mêmes ravisseurs. Les agents étaient au départ détenus par deux groupes qui se les étaient « partagés », les extrémistes radicaux des shebab et la milice Hezb al-Islamiya du chef islamiste radical cheikh Hassan Dahir Aweys. Mais depuis vendredi, les shebab se sont emparé du deuxième homme par la force. Or les shebab sont beaucoup moins ouverts aux « discussions » que le Hezb al-Islamiya, a mis en garde le gouvernement somalien.


Un enlèvement lié à la lutte contre la piraterie ?

Outre les accusations d’espionnage et de collaboration, la lutte de la France contre les attaques des pirates somaliens pourrait également entrer en ligne de compte. C’est ce que voulait croire, vendredi encore, le gouvernement somalien. « Les demandes des shebab ne sont pas claires, certains d’entre eux ont des proches emprisonnés en France, les pirates », a affirmé le ministre somalien des Affaires sociales, Mohammed Ali Ibrahim. Paris détient ainsi quinze pirates somaliens, interpellés depuis avril 2008 lors des opérations menées pour libérer des otages du Ponant et Carré d’As en 2008 et du Tanit. Le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant suggérait de son côté, vendredi, que ce rapt était « vraisemblablement » motivé par une « affaire d’argent ».

Ce double enlèvement intervient alors que les insurgés islamistes mènent une offensive sans précédent pour renverser le fragile gouvernement somalien de transition soutenu par la communauté internationale. Aujourd’hui, le président Cheikh Charif Ahmed, un islamiste « modéré », vit reclus dans quelques quartiers de Mogadiscio, protégé par les soldats de la force de paix africaine (Amisom). Depuis janvier 2009, date du retrait officiel des troupes éthiopiennes du pays, les shebab sont revenus à la charge et lui ont mené la vie dure. Toutes les offensives de l’armée gouvernementale ont échoué.

Par ailleurs, trois humanitaires étrangers ont été enlevés dans la nuit de vendredi à samedi au Kenya par des hommes armés qui les ont emmenés en Somalie. Les étrangers sont régulièrement kidnappés en Somalie, pays où la guerre civile fait rage depuis 1991 et où le marché de la rançon est juteux. Journalistes et humanitaires sont particulièrement visés par ces enlèvements crapuleux.
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C.J.