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mardi 21 juillet 2009

Somalie : Le sort incertain des otages

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Cela fait une semaine désormais que deux agents français du renseignement ont été enlevés en Somalie. A l’heure actuelle, les otages se trouvent entre les mains de la milice Al Chabaab et, selon Paris, ils seraient "bien traités". Toutefois, les informations, parfois contradictoires, entendues ce week-end, ne laissent pas forcément présager d’une issue rapide à leur captivité.

Enlevés le 14 juillet dans leur hôtel de Mogadiscio, les deux otages français se trouvent entre les mains de la milice somalienne Al Chabaab. Sur ce point, aucun doute ne subsiste. Pour le reste, en revanche, l’incertitude domine. A commencer par l’état de santé des deux agents de la DGSE, dont l’identité n’a pas filtré, et le sort qui les attend. Invité dimanche sur Europe 1, Claude Guéant a indiqué que Paris possédait des nouvelles "plutôt rassurantes" des deux hommes.

"Nous savons qu’ils sont en vie, nous pensons qu’ils sont bien traités", a ajouté le secrétaire général de l’Elysée, sans autre détail, dans une déclaration suivie quelques instants plus tard par des informations plus pessimistes. "Il semble que les espoirs de négociation pour libérer les otages français diminuent (...) car tous les contacts avec les ravisseurs sont rompus jusqu’à présent et le gouvernement ne sait pas où se trouvent les deux hommes", a en effet révélé à l’AFP une source des services de sécurité somaliens, sous couvert d’anonymat.


Des humanitaires enlevés aussi

Signe supplémentaire d’inquiétude, la veille, et toujours à l’Agence France Presse, un milicien avait indiqué que les deux otages seraient "bientôt jugés selon la loi coranique", la charia. "Les hommes que nous avons pris aidaient le gouvernement (somalien) et leurs espions, avait-il ajouté. Donc, ils seront bientôt jugés et punis par la charia. Ils feront face à un tribunal pour espionnage et pour être entrés en Somalie pour aider les ennemis d’Allah." La veille, une autre éventualité avait été posée par le ministre somalien des Affaires sociales. Interrogé par France 24, Ali Ibrahim liait le sort des deux captifs français à celui des pirates qui infestent le golfe d’Aden, au large des côtes du pays. Particulièrement concernée par cette question, la France détient sur son sol une quinzaine de pirates somaliens, dont certains avaient notamment été arrêtés lors de la libération du voilier Le Carré d’As en septembre 2008 (lire : Le Carré d’As libéré). Un échange pourrait alors être réclamé par les ravisseurs.

Quoi qu’il en soit, "toutes les options sont sur la table, et rien ne sera exclu", a fait savoir dimanche le Premier ministre somalien, Omar Abdirashid Sharmarke, dans un entretien accordé à Reuters. "Nous n’avons reçu jusqu’à présent aucune demande de rançon et nous travaillons à la libération de ces hommes, quoi que cela exige de nous", a-t-il ajouté. "Nous utilisons des canaux indirects pour éviter qu’il y ait des victimes et de mettre un terme aux discussions." Le chef du fragile gouvernement de transition, débordé par l’activisme islamiste en plusieurs endroits du pays - dont certains quartiers de Mogadiscio - a en outre rapproché l’enlèvement des deux agents français à celui, samedi, de trois travailleurs humanitaires dans la ville-frontière kényane de Mandera.

"C’est un nouveau moyen de créer de l’instabilité dans l’ensemble de la région. L’enlèvement qui s’est produit à Mandera est identique à celui de Mogadiscio", a-t-il avancé, dans une nouvelle hypothèse, et à défaut de réelle solution. Face à ce flot d’informations, souvent contradictoires, Bernard Kouchner a lui tenu à apporter une précision ce lundi : "Il y a des bruits terriblement contradictoires et dans cette situation nous faisons ce que nous pouvons, tout ce que nous pouvons, pour essayer de sortir d’affaire ces deux hommes", a martelé le ministre des Affaires étrangères, en visite en Pologne, ajoutant que des "contacts multiples" avaient été pris pour obtenir la libération des deux Français.
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leJDD.fr