Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 7 décembre 2025

Comment et pourquoi Emmanuel Macron a fait chou blanc en Chine

 

Le président français a achevé vendredi une quatrième visite d’Etat en Chine où il a fait chou blanc puisque son homologue chinois Xi Jinping a poliment décliné ses deux principales demandes : faire pression pour que la Russie mette fin à la guerre en Ukraine et donner des garanties pour permettre à la France de combler son déficit commercial abyssal avec ce pays.

Le constat est simple : les « relations stratégiques » qui, pour le chef de l’Etat français, devaient servir de cadre aux échanges entre la Chine et la France n’ont en réalité rien de stratégiques car les déclarations convenues de son hôte chinois ont rapidement montré les limites de l’exercice au cours de cette visite de moins de trois jours : la réponse est non aux principales demandes françaises.

Xi Jinping a même publiquement sermonné Emmanuel Macron lorsqu’il l’a exhorté à « se tenir du bon côté de l’Histoire, » formule que le maître de la Chine communiste affectionne lorsqu’il entend rappeler ses interlocuteurs au sens des réalités : la Chine d’aujourd’hui est puissante et n’entend plus se laisser donner des leçons par quiconque sur la scène internationale.

C’est ainsi que le président français n’a rien obtenu lorsque, une fois de plus, il a exhorté la Chine à œuvrer pour que Moscou accepte au moins un cessez-le-feu en Ukraine. Lors d’une apparition commune devant les médias, Emmanuel Macron a dit avoir « longuement évoqué » avec son homologue le conflit en Ukraine, « menace vitale pour la sécurité européenne. » « J’espère que la Chine pourra se joindre à notre appel et à nos efforts pour parvenir dans les meilleurs délais à tout le moins à un cessez-le-feu, » a-t-il dit.

La réponse de Xi Jinping en deux temps a été inhabituellement sèche. « La Chine soutient tous les efforts pour la paix [et] continuera à jouer un rôle constructif pour une solution à la crise ukrainienne, » a-t-il dit, reprenant des termes convenus régulièrement tenus par Pékin. « En même temps, elle s’oppose fermement à toute tentative irresponsable visant à rejeter la faute ou à diffamer quiconque, » a-t-il ajouté alors que Macron n’avait publiquement formulé aucun grief.

Le ton surprenant de cette dernière phrase renvoie le président français dans les cordes et ne laisse aucune équivoque sur les intentions de la Chine : inutile d’insister car il n’est pas question pour Pékin d’user de ses liens privilégiés avec Moscou pour hâter la fin de la guerre en Ukraine.

Pas question pour la Chine d’intervenir pour raisonner la Russie en Ukraine

La Chine n’a jamais condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Partenaire économique et politique primordial de la Russie, elle est le premier pays acheteur de combustibles fossiles russes au monde, y compris de produits pétroliers, alimentant ainsi la machine de guerre russe en Ukraine. Des experts européens et américains l’accusent en outre de fournir des composants militaires à Moscou, ce que dément Pékin.

« Aujourd’hui, l’intérêt de la Chine est de soutenir la Russie. Par conséquent, elle n’est pas neutre, » estime ainsi le sinologue Jean-Pierre Cabestan. Si dans le passé la Russie a livré des armes à la Chine, « la situation est aujourd’hui inversée puisque c’est plutôt la Chine qui, dans ce domaine, aide la Russie en fournissant des technologies duales, des drones et des semiconducteurs qui sont utilisés dans les armements russes dont l’armée fait usage en Ukraine. Cette coopération continuera sur le long terme. Ce partenariat va rester étroit, » explique-t-il dans une interview à Asia Magazine, partenaire d’Asialyst.

De fait, la Chine trouve des intérêts majeurs à la poursuite de la guerre en Ukraine sur les plans économiques, stratégiques et politiques. Xi Jinping et Vladimir Poutine partagent une profonde détestation de l’Occident tandis que la Chine importe à des prix cassés des hydrocarbures et autres matières premières de Russie tout en profitant de la faiblesse de la Russie pour étendre son influence en Asie centrale et d’autres régions jusque-là dans le giron russe.

Pour la Russie, cette alliance de facto avec la Chine lui donne les moyens économiques, financiers et même militaires de poursuivre sa guerre contre l’Ukraine tout en évitant d’être isolée sur la scène internationale. Pékin et Moscou ont, ces dernières années, multiplié leurs exercices militaires conjoints, y compris en Asie de l’Est.

Les limites des relations « stratégiques » Paris-Pékin

Une illustration qui semble confirmer l’étendue de la coopération militaire sino-russe en Ukraine a été la présence, au moment d’une frappe massive de missiles et de drones russes à travers l’ouest de l’Ukraine dans la nuit du 5 au 6 octobre, d’au moins trois satellites de reconnaissance chinois qui ont survolé les régions les plus touchées par l’attaque, selon le média ukrainien Militarnyi, citant des données du service de surveillance Heavens Above dont le siège est à Munich.

Militarnyi a déclaré que les satellites de la série Yaogan 33 ont effectué au total neuf passages au-dessus de la région de Lviv entre minuit et 11h30. Un satellite de reconnaissance optique, Yaogan 34, a ensuite été observé rejoignant ces survols. Selon le rapport, plus de 60 satellites Yaogan de différents types sont capables d’opérer au-dessus de l’Ukraine. Effectuant des orbites basses à quelque 700 kilomètres d’altitude, ils peuvent mener des missions de reconnaissance optique, radar et électronique.

Les services de renseignement ukrainiens ont signalé des cas dans lesquels, selon eux, des données satellitaires chinoises ont été transmises à la Russie et utilisées pour planifier des frappes de missiles à l’intérieur de l’Ukraine, notamment contre des installations appartenant à des investisseurs étrangers. Oleg Aleksandrov, un responsable du service, a déclaré à l’agence de presse ukrainienne Ukrinform : « Il existe des preuves d’une coopération de haut niveau entre la Russie et la Chine dans la conduite de la reconnaissance par satellite du territoire ukrainien afin d’identifier et de repérer des cibles stratégiques pour des frappes. Comme nous l’avons vu ces derniers mois, ces cibles peuvent appartenir à des investisseurs étrangers. »

Pour le Parti communiste chinois, les dates choisies dans le calendrier ne sont que rarement le fait du hasard. Ainsi, comme une sorte de pied-de-nez à la visite d’Emmanuel Macron en Chine, son arrivée mercredi 3 décembre à Pékin a coïncidé avec celle à Paris d’une délégation d’officiels chinois avec pour mission d’expliquer les bienfaits supposés de la politique chinoise au Xinjiang, l’ancien Turkestan oriental annexé militairement par la Chine en 1950 et rebaptisé Xinjiang.

Cette délégation où ne figure qu’une Kazakhe turcique, l’une des minorités ethniques du Xinjiang, à la tête du Bureau d’information du Xinjiang (un relais de la propagande officielle du régime) a notamment été reçue par l’Académie géopolitique de Paris, un think tank de moindre influence, « pour une opération de normalisation du génocide ouïghour, » a expliqué Dilnur Reyhan, une militante d’origine ouïghoure naturalisée française et présidente de l’Institut ouïghour d’Europe.

Le 20 janvier 2022, sur la base des travaux faits par cet Institut, l’Assemblée nationale a voté une résolution reconnaissant le caractère génocidaire des « persécutions systémiques » de la Chine contre les Ouïghours. Jusqu’à un million de Ouïghours auraient été internés dans des camps de travail ou de détention dance région, selon les conclusions de nombreux experts internationaux et associations de défense des droits humains.

La Chine a dépêché une délégation similaire en France en 2024 pour y présenter le narratif officiel concernant le Tibet, autrefois indépendant et envahi en 1950 par l’Armée populaire de libération. Plusieurs collectifs tibétains de France ont fait parvenir des courriers à l’Elysée pour demander au président français d’évoquer les sévices dont sont victimes les Tibétains depuis cette date au cours de sa visite.

Une visite dans un contexte de relations glaciales entre la Chine et l’UE

De fait, cette visite s’inscrit dans un climat glacial entre la Chine et l’Union européenne. Un sommet sino-européen en juillet dernier avait été l’occasion pour les deux parties de présenter leurs griefs. Au terme de ce sommet, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait déclaré à Xi Jinping que les relations entre l’UE et la Chine avaient atteint un « point d’inflexion. » Elle avait précédemment qualifié la Chine de « rival systémique. »

« À mesure que notre coopération s’est approfondie, les déséquilibres se sont accentués, » avait-elle déclaré, faisant référence à l’énorme déficit commercial de l’Union européenne avec la Chine. Elle a également averti que les liens entre la Chine et la Russie constituaient désormais le « facteur déterminant » dans ses relations avec l’UE. Le déficit commercial de l’UE avec la Chine atteint le chiffre colossal de 306 milliards de dollars en 2024. Il a quadruplé en volume et doublé en valeur depuis 2015.

Le président français a voulu plaider pour un rééquilibrage du déficit commercial français lui aussi béant avec la Chine qui a également doublé en dix ans et totalisait 47 milliards d’euros en 2024. Ce déficit « n’est pas tenable » et crée des « risques de crise financière, » a-t-il déclaré devant son hôte chinois qui, nullement troublé, arborait comme à son habitude son sourire figé se voulant bienveillant.

Mais dans ce registre également, les résultats ont été particulièrement maigres. Aucun accord commercial majeur n’a été signé et aucune mention n’a été faite d’un ensemble de commandes totalisant 500 avions Airbus dont le groupe européen discute avec Pékin depuis des mois et qui est souvent lié aux visites diplomatiques. Il est vrai qu’une commande massive d’avions Airbus pourrait gêner le pouvoir de négociation de Pékin dans le cadre des négociations commerciales avec les États-Unis qui font pression pour obtenir de nouveaux engagements d’achat d’avions Boeing.

Les dirigeants d’Airbus, de la plus grande banque française BNP Paribas, du géant de l’électricité Schneider, de Danone et du constructeur ferroviaire Alstom, ainsi que les dirigeants des groupes industriels français des secteurs laitier et avicole accompagnaient le président Macron. Au total, 35 chefs d’entreprises français avaient fait le voyage. Pour très peu de résultats : quelques accords cadre dans les secteurs du nucléaire civil, l’aéronautique, la santé mais sans aucun chiffre sur les éventuels investissements à venir, bien loin donc des « investissements croisés » préconisés par le président français pour rééquilibrer la relation commerciale.

Le fait est que cette visite a eu lieu dans un contexte différent de celui qui prévalait lors de la dernière visite d’ Emmanuel Macron en avril 2023. Outre la Russie qui s’est encore davantage rapprochée de la Chine, l’ombre des Etats-Unis était bien présente aussi car la posture d’accommodement – sinon même de complicité selon certains critiques – du président américain Donald Trump avec Vladimir Poutine a, de fait, radicalement changé la donne pour Pékin.

En effet, la politique de l’administration Trump envers la Russie a pour conséquence de considérablement fragiliser l’Europe qui, dès lors, n’apparaît plus comme le contrepoids potentiel aux Etats-Unis que la Chine voyait en elle. Son utilité géostratégique pour Pékin en est amoindrie. Ceci quand bien même le marché européen de 420 millions d’habitants demeure l’un des plus grands du monde et reste, à ce titre, important pour l’économie chinoise qui traverse ces dernières années des difficultés inédites.

Enfin, empêtré dans une crise politique majeure en France et arrivé presque au terme de son deuxième et dernier mandat avec une image passablement ternie, Emmanuel Macron en est d’autant diminué aux yeux de la direction communiste chinoise.

Cette bien piètre image de l’Europe en Chine

La sinologue Camille Brugier a examiné les commentaires de six analystes chinois publiés dans le quotidien chinois The Paper (澎湃新闻) pour qui si elle veut redevenir un partenaire crédible de la Chine, l’UE doit arrêter de soulever à chaque rencontre « sa » guerre avec la Russie car sur ce dossier les intérêts de la Chine et l’UE sont « irréconciliables. »

L’autre jugement conjoint de ces six experts chinois non identifiés est que l’UE doit « sortir d’une réaction émotionnelle » à la Chine qu’elle perçoit à tort comme une menace, redevenir « un partenaire stratégique et fiable de la Chine. » Elle doit accepter le fait que, ce pays étant une plus grande puissance que l’UE, il joue le même jeu que la puissance américaine et, enfin, retrouver un lien de « partenaire de la Chine dans la gouvernance mondiale, » une allusion au vide laissé par le retrait des Etats-Unis de nombreuses institutions internationales qui devrait, selon ces experts, être comblé ensemble par Pékin et Bruxelles.

« Voilà les éléments qui en ressortent – ça en dit long sur comment nous sommes perçus » par la Chine, ajoute cette sinologue, sinophone, docteure en science politique et experte des questions de sécurité liées à la montée en puissance de la Chine, dans une étude publiée sur LinkedIn.

Décomplexée, s’estimant plus puissante et peut-être bientôt toute-puissante, la Chine a le sentiment que le temps joue en sa faveur. De ce fait, plus que jamais elle use d’un rapport de force avec la France et, derrière elle, le reste de l’Europe. Ainsi, connaissant bien les faiblesses de l’industrie française et européenne, Xi Jinping et son équipe font pression pour la levée des barrières douanières érigées ou en préparation contre le raz-de-marée des voitures électriques chinoises et des autres marchandises provenant d’usines souvent subventionnées par l’Etat, tout ceci en échange d’un adoucissement des tarifs chinois visant le cognac ou certains produits agricoles.

Le rapport de force Chine/Europe s’est inversé au profit de Pékin

« Il y a une volonté de Bruxelles de mieux s’armer juridiquement face aux mesures de rétorsion chinoises, par exemple sur l’approvisionnement en terres rares. Mais les Chinois sont aujourd’hui en position de force dans presque tous les domaines. Une réponse globale et uniforme est vouée à l’échec, tant les rapports de forces sont asymétriques, » souligne jeudi 4 décembre le sinologue Emmanuel Lincot dans les colonnes du Figaro. « Pour la Chine, la France apparaît aujourd’hui comme un pays ‘’has been’’, » ajoute-t-il.

« On pourrait aussi espérer obtenir enfin une réciprocité sur les transferts de technologie : après quarante ans où la Chine a largement bénéficié des nôtres, un juste retournement serait bienvenu. Mais les Chinois, en position de force, n’ont aucune raison objective de le faire, » ajoute encore Emmanuel Lincot.

Emmanuel Macron sera bientôt suivi à Pékin par le Premier ministre britannique Keir Starmer et peut-être ensuite par le chancelier allemand Friedrich Merz. Or, dans les deux cas, ce ne sont pas les contentieux qui manquent.

A Londres le projet de construction d’une gigantesque nouvelle super-ambassade de Chine a suscité une levée de boucliers des riverains et des inquiétudes sur la « surveillance » et l’espionnage massif que pourrait favoriser le bâtiment, tout proche du centre économique et financier de la City.

Quant à l’Allemagne, fin octobre le ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul, avait annulé un déplacement à Pékin deux jours avant son départ faute de pouvoir rencontrer des interlocuteurs de haut rang en dehors de son homologue des Affaires étrangères. Simple coïncidence ? Cet été, le ministre chrétien-démocrate avait dénoncé l’« attitude de plus en plus agressive » de la Chine dans le détroit de Taïwan et son soutien à Moscou dans le conflit ukrainien. Des propos qui sont mal passés à Pékin.

Restant la seconde puissance économique du monde, quels que soient les différends commerciaux ou politiques, Pékin continuera d’être ardemment courtisé par l’Europe et ses dirigeants savent qu’ils ont désormais de nombreuses cartes en main pour dicter les conditions des prochaines visites, la Chine demeurant un partenaire obligé.

S’agissant de la visite d’Emmanuel Macron, lorsque son épouse Brigitte visitait à Pékin un musée en compagnie de la femme de Xi Jinping, savait-elle que Peng Liyuan (彭丽媛), ex-chanteuse vedette et gradée de l’Armée populaire de libération, s’était rendue sur la place Tiananmen quelques jours seulement après le massacre du 4 juin 1989 de centaines sinon des milliers de jeunes manifestants pour y chanter des chansons à la gloire des militaires qui avaient tiré sur la foule ? La photo de cet épisode est aujourd’hui censurée en Chine.

Pour autant, cette visite d’Etat s’est terminée sur une note positive avec l’annonce d’au moins un succès probant : Pékin enverra de nouveaux pandas géants en France début 2027 « au plus tard, » selon le directeur du zoo de Beauval, Rodolphe Delord, qui accompagnait dans sa dernière étape en Chine le chef de l’État à Chengdu, capitale du Sichuan, terre d’élection de ces ursidés. Annonce qui intervient quelques jours seulement après le départ des deux pandas géants Huan Huan et Yuan Zi qui étaient en France depuis 13 ans et dont le rapatriement, initialement prévu pour 2027, avait été anticipé en raison d’une insuffisance rénale dont souffre Huan Huan, la femelle. La relève est assurée et nous voilà rassurés !

Pierre-Antoine Donnet

asialyst.com

Kiev et Londres voulaient voler un missile Kinjal

 

La Russie a dénoncé mardi une «provocation» orchestrée par l’Ukraine et son allié britannique qui visait, selon elle, à détourner un avion de chasse russe MiG-31 équipé d’un missile hypersonique Kinjal.

Moscou, qui a lancé une offensive à grande échelle contre l’Ukraine en février 2022, accuse régulièrement Kiev et ses alliés européens de s’en prendre à ses intérêts sur son sol, le plus souvent sans fournir de preuves.

Mardi matin, le Service fédéral russe de sécurité (FSB) a dit avoir mis «fin à l’opération des Services de renseignement du ministère ukrainien de la Défense et de ses tuteurs britanniques visant à détourner vers l’étranger un avion de chasse MiG-31 des forces armées russes, porteur du missile hypersonique Kinjal».

3 millions pour recruter un pilote

Le FSB accuse ainsi les services de renseignement ukrainiens d’avoir tenté de recruter des pilotes pour cette opération en leur proposant trois millions de dollars.

Selon le FSB, l’avion aurait dû ensuite être acheminé vers la base aérienne militaire de l’Otan de Constanta, en Roumanie, située sur les bords de la mer Noire, à 400 km à vol d’oiseau de la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014. Là-bas, l’appareil aurait pu être «abattu» par les systèmes de défense antiaérienne, a encore expliqué le FSB.

«Ces projets ukrainiens et britanniques d’organiser une provocation d’ampleur ont été déjoués», grâce à l’un des pilotes de l’avion qui a prévenu les forces de l’ordre, selon la même source.

Tuer le commandant de l'avion

Dans une vidéo du FSB diffusée par la télévision russe, cette personne, dont le visage est dissimulé, affirme s’être vu proposer, par mail, par le renseignement ukrainien de «tuer» le commandant de l’avion avant de détourner l’appareil, en échange de trois millions de dollars et de l’obtention de «la nationalité d’un pays occidental», sans préciser lequel.

En «riposte à cette provocation», les forces russes ont effectué une frappe au moyen de missiles Kinjal contre un centre de renseignement électronique de l’armée ukrainienne à Brovary, dans la région de Kiev, et une base aérienne de Starokostiantyniv dans la région de Khmelnitsk, selon le FSB cité par l’agence de presse officielle TASS.

Cette annonce intervient alors que la Russie, dont les forces sont mieux équipées et plus nombreuses, continue d’avancer dans l’est de l’Ukraine et notamment dans la région de Donetsk où se concentre l’essentiel des combats.

AFP

samedi 6 décembre 2025

Un militaire sans expérience du renseignement nommé à la tête du Mossad

 

Le général de division Roman Gofman doit succéder à l’actuel chef du service extérieur du renseignement israélien, David Barnea, dont le mandat de cinq ans s’achève en juin 2026.

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé jeudi la nomination à la tête du Mossad de son attaché militaire, un général étranger au monde du renseignement. Le général de division Roman Gofman doit succéder à l'actuel chef du service extérieur du renseignement israélien, David Barnea, dont le mandat de cinq ans s'achève en juin 2026, a annoncé le bureau de Netanyahou dans un communiqué. Né en Biélorussie en 1976, Roman Gofman est arrivé en Israël à l'âge de 14 ans et s'est engagé dans l'armée en 1995, dans les blindés.

Il a été nommé au cabinet de Netanyahou en avril 2024 après avoir été blessé au combat contre le Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, jour de l'attaque surprise du mouvement islamiste palestinien ayant déclenché la guerre à Gaza. Il était alors commandant du centre d'entraînement national de l'infanterie. Après avoir nommé un militaire issu du sionisme religieux à la tête du Shin Bet (Sécurité intérieure) en la personne du général de division David Zini, Netanyahou nomme encore un homme proche de ses idées nationalistes à la tête d'un service clef de l'appareil d'État.

«Loyauté» à Netanyahou

Le général Gofman, bien que ne portant pas la kippa des juifs pratiquants, a étudié à la yéshiva (école talmudique) d'Ely, institution phare du sionisme religieux de droite située dans cette colonie israélienne du nord de la Cisjordanie occupée. Il a en commun avec le général Zini de ne pas être issu du service qu'il va diriger, mais sa nomination n'a pas suscité le tollé politique créé par celle du chef du Shin Bet, qui a pris ses fonctions en octobre.

Rare voix discordante, Uri Misgav, éditorialiste du quotidien de gauche Haaretz, a estimé que le général Gofman était «inapte à diriger le Mossad» à cause de son inexpérience dans le domaine du renseignement. Comme pour David Zini, ce qui a joué, c'est «sa loyauté» à Netanyahou, estime-t-il. Réputé comme l'un des meilleurs services de renseignements au monde, le Mossad n'a pas vraiment pâti du fiasco des forces israéliennes lors du 7 Octobre dans la mesure où les Territoires palestiniens sont traditionnellement hors de son champ d'action.

Il s'est même illustré depuis aux yeux des Israéliens en contribuant à la décapitation de l'état-major du Hezbollah libanais en 2024 et de celui des forces armées iraniennes lors de la guerre de 12 jours déclenchée par Israël contre Téhéran en juin dernier.

lefigaro.fr

Opération Colère de Dieu : quand les espions européens ont aidé le Mossad à tuer

 

Ce soir du 16 octobre 1972, Wael Zwaiter rentrait chez lui après avoir pris un dernier verre dans un bar à Rome. Dans la cage d'escalier de son immeuble, ce jeune Palestinien, traducteur à l’ambassade de Libye, croise deux hommes armés qui l’abattent de 11 balles en pleine poitrine.

Ce meurtre est un message : une balle pour chaque victime de l’attentat qui a visé l’équipe israélienne lors des Jeux olympiques de Munich de 1972. Wael Zwaiter devenait ainsi la première victime de l’Opération Colère de Dieu, entrée dans l’Histoire comme la mission vengeresse des espions israéliens du Mossad contre l’organisation palestinienne "Septembre noir", qualifiée de terroriste par les États-Unis et les Européens.

Ces assassinats ciblés sont au cœur du nouveau livre "Operation Wrath of God: The Secret History of European Intelligence and Mossad's Assassination Campaign" de la spécialiste britannique des services de renseignement Aviva Guttmann, publié le 19 novembre au Royaume Uni.

Le Club de Berne et le réseau Kilowatt

Cette opération du Mossad, dont la première vague s’est déroulée entre octobre 1972 et juillet 1973, a fortement contribué à forger le mythe d’efficacité impitoyable des espions israéliens. L’opération Colère de Dieu a été disséquée encore et encore.

La naissance du groupe pro-palestinien "Septembre Noir" en réponse au traumatisme des bombardements des camps de réfugiés palestiniens en Jordanie sur ordre du roi Hussein en septembre 1970, a déjà été décrite en détail. Tout comme le déroulé de la prise d’otages qui s’est soldée par la mort des athlètes israéliens lors des JO de Munich en 1972, considérée comme l’un des principaux coups d’éclat de "Septembre noir".

De nombreux ouvrages se sont aussi intéressés à la traque sur plus de 20 ans de tous ceux qu’Israël considérait comme responsables directement ou indirectement de l’attentat de Munich. Tout semblait avoir été dit.

Sauf qu’Aviva Guttmann a eu accès à une source unique : les archives des communications confidentielles entre différents services européens de renseignement et le Mossad durant cette période. Ces discussions en coulisses établissent entre autres que les assassins israéliens étaient loin d’être aussi omnipotents qu’on a pu le croire. "Le Mossad n’aurait pas été capable d’organiser ces assassinats tout seul. Il dépendait des espions européens, qui ont été les complices volontaires ou non dans l’opération Colère de Dieu", assure Aviva Guttmann.

Cette spécialiste a pu s’appuyer sur des preuves de première main pour étayer ses dires. Les communications proviennent d’une cellule méconnue et pourtant très influente de coopération entre espions européens : le Club de Berne. Cette association informelle et extrêmement secrète a été fondée en 1969 en Suisse par les chefs des services secrets de huit pays : la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse et l'Allemagne de l'Ouest. L’objectif était d’améliorer la lutte contre le terrorisme par l’échange de renseignements.

À cette fin, le Club de Berne a mis en place à partir de 1971 un canal de communication spécifique baptisé Kilowatt, ouvert à dix agences supplémentaires, dont le Mossad. C’est cette documentation qu’Aviva Guttmann a pu éplucher.

Les échanges entre espions ont été très actifs au lendemain de la prise d’otages de Munich. "Les services secrets allemands se sont montrés particulièrement ouverts au partage d’informations, car ils voulaient probablement démontrer à quel point ils pouvaient être précieux et efficaces dans l’obtention d’informations sur les Palestiniens", souligne Aviva Guttmann.

Le Mossad fait ses courses sur Kilowatt

Le Mossad s’est rapidement rendu compte de l’avantage d’avoir accès à Kilowatt pour donner plus de poids à son bras vengeur : les services européens de renseignement pouvaient potentiellement leur prémâcher le travail.

"Le Mossad voulait agir vite après Munich, à la fois pour se venger, pour perturber les opérations de 'Septembre noir' en Europe et tenter de les dissuader. Les Israéliens avaient donc besoin d’informations rapidement. Mais ils ne devaient pas agir dans la précipitation, car chaque assassinat devait être approuvé par Golda Meir [alors Premier ministre israélien, NDLR]", explique Aviva Guttmann.

Quoi de mieux que de se reposer sur les collègues européens, déjà familiers avec le terrain, pour obtenir des informations fiables aussi rapidement que possible. La DST française, le BfV (Bundesamt für Verfassungsschutz, sécurité intérieure) allemand ou encore le SISDE (Servizio Informazioni e Sicurezza Democratica, renseignement) italien ont ainsi fourni des listes de cibles potentielles parmi lesquelles les espions israéliens pouvaient piocher.

Dans le cas du traducteur Wael Zwaiter, connu davantage pour ses poèmes que pour son soutien aux activités terroristes pro-palestiniennes, ce sont les espions allemands qui ont fourni les cartouches pour en faire la première cible du Mossad. Le BfV a, ainsi, découvert que Wael Zwaiter avait payé les factures d’hôtels des auteurs de l’attaque de Munich et qu’il avait été en contact prolongé avec eux en amont de l’attentat.

"L’assassinat de Mohamed Boudia à Paris le 28 juin 1973 représente peut-être le meilleur exemple de cette complicité – passive ou non – des services européens de renseignement", juge Aviva Guttmann.

Ce dramaturge algérien et militant de la cause palestinienne était considéré par le Mossad comme le nouveau chef de "Septembre noir en France". Mais les espions israéliens manquaient d’informations sur cet homme, d’autant plus prudent qu’Israël avait déjà mené sept autres missions d’assassinat contre des responsables palestiniens liés à "Septembre noir".

Dans son cas, ce sont les services de renseignement suisses qui ont été les plus utiles. "Ils ont permis aux Israéliens de connaître les faux noms qu’il utilisait et, après avoir interrogé une de ses maîtresses, ils ont aussi fourni des adresses de cachettes", explique Aviva Guttmann.

Surtout, ce sont les Suisses qui ont découvert son talon d’Achille : une Renault R16 grise immatriculée à Paris qu’il utilisait pour tous ses déplacements. Les assassins du Mossad ont sauté sur l’occasion pour piéger ce véhicule, dont l’explosion sera fatale à Mohamed Boudia.

Complicité tacite ?

Il n’y a jamais eu sur Kilowatt de discussions officielles sur l'opération Colère de Dieu. Tout s’est passé comme si les services européens de renseignement aidaient le Mossad à l’insu de leur plein gré. Pire, après chaque assassinat, les agences européennes partageaient des informations sur les enquêtes en cours. Autrement dit, "ils indiquaient au Mossad si les polices locales étaient sur la trace de leurs agents sur le terrain", souligne Aviva Guttmann.

Mais la DST et autres services de renseignement pouvaient-ils réellement ignorer que le Mossad buvait au robinet à informations de Kilowatt ? "Même les Palestiniens après le deuxième assassinat se doutaient qu’une opération israélienne était en cours", souligne Aviva Guttmann.

Le scénario le plus probable est celui d’une complicité tacite. Une entente gagnant-gagnant : Israël obtient ce qu’il veut, tandis que les services européens "ont pu estimer qu’il valait mieux laisser les Israéliens faire le sale boulot à leur place. Ils n’ont peut-être pas non plus voulu contrarier l’un des principaux contributeurs à Kilowatt sur la question de la menace terroriste pro-palestinienne : le Mossad", spécule Aviva Guttmann.

Les Européens ont été surpris d’être ciblés par le terrorisme pro-palestinien avec la prise d'otages de Munich. "C’était un peu leur moyen de gérer cette nouvelle situation d’être devenu un champ de bataille pour ces groupes armés", précise l’historienne.

Laisser le Mossad agir à sa guise a aussi pu mettre de l’huile sur le feu. La fenêtre ouverte par ces communications secrètes entre espions européens prouve en effet que les groupes armés pro-palestiniens ont été bien plus actifs qu'on ne le pensait pour tenter de se venger des assassinats ciblés. "Ces documents et rapports partagés entre agences révèlent que 'Septembre Noir' avait planifié en réalité bien plus d’attaques, souvent plus brutales, qui ont pu être évitées grâce à cette coopération", explique Aviva Guttmann.

Le livre révèle entre autres que le mouvement terroriste avait planifié un attentat contre l’ambassade de Jordanie à Paris en mars 1973, qui a pu être déjoué in extremis grâce à la collaboration entre les services de renseignement italien et français. Ils ont intercepté une Mercedes, en provenance de Syrie, qui transportait plus de 10 kilogrammes d’explosifs.

L'un des ratés les plus spectaculaires du Mossad

Si Kilowatt s’est montré très utile au Mossad, il a aussi contribué, indirectement, à l’un des ratés les plus spectaculaires de l’agence israélienne : l’assassinat de Lillehammer, en Norvège, le 21 juillet 1973.

Les espions israéliens ont assassiné ce jour-là Ahmed Bouchiki, un Marocain sans lien avec le terrorisme, qu’ils ont confondu avec Ali Hassan Salameh. Surnommé le "Prince Rouge", il était l’un des principaux cerveaux de la prise d'otages de Munich et se trouvait tout en haut de la liste des cibles du Mossad.

Ahmed Bouchiki était un simple serveur qui vivait en Norvège avec sa femme, qui attendait un heureux événement. Comment le Mossad a-t-il pu le confondre avec sa cible, outre le fait que les deux hommes se ressemblaient physiquement ?

Deux éléments ont pu contribuer à les induire en erreur. Des discussions sur Kilowatt indiquaient que les groupes terroristes pro-palestiniens s’intéressaient de plus en plus aux pays scandinaves. Le Mossad ne disposait, de plus, que d’une seule photo d’Ali Hassan Salameh, qui avait été partagée par le MI5 britannique sur le système de communication secret du Cercle de Berne. C’était en théorie trop peu pour garantir une identification à 100 %.

Mais à ce moment-là, "le Mossad avait probablement un sentiment d’impunité et de toute puissance qui lui faisait croire que rien ne pouvait aller de travers, ce qui fait qu’ils n’ont pas effectué les vérifications suffisantes."

Ce fiasco a réduit à néant l'ensemble des opérations du Mossad en Europe, rappelle l'auteure du livre. En effet, les agents israéliens ont non seulement tué le mauvais homme, mais ils ont également été arrêtés par la police norvégienne, qui a découvert à cette occasion des informations cruciales sur les hommes et les planques du Mossad sur le Vieux Continent.

Sébastian SEIBT

france24.com

Deux cas d'un coronavirus mortel identifiés en France

 

Deux cas de coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) ont été identifiés en France sur des personnes «de retour de l’étranger», a annoncé, mercredi, le ministère de la Santé dans un communiqué.

«Ces deux cas ont été confirmés à la suite de symptômes évocateurs et de la notion d’un voyage commun en péninsule Arabique», indique le ministère de la Santé, qui précise que «les mesures de gestion ont été mises en place pour limiter le risque de transmission du virus». Ces patients sont pris en charge à l’hôpital «par mesure de précaution» et «leur état est stable», a affirmé la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, citée dans le communiqué.

«Toutes les mesures de gestion ont été mises en place, afin de limiter le risque de transmission du virus à l’entourage des patients et aux personnels soignants: recherche des personnes contacts (...), gestes barrières, dépistage, isolement et conduite à tenir en cas d’apparition de symptômes, même modérés», a-t-elle ajouté.

Transmission de l'animal à l'être humain

Le communiqué précise que les deux cas sont apparus chez des personnes ayant participé à un même voyage, «mais aucune chaîne de transmission secondaire n’est à ce stade identifiée sur le territoire national». Les autres personnes ayant participé au voyage font également l’objet d’un suivi, précise le ministère.

Apparu en 2012 en Arabie saoudite, le coronavirus MERS est considéré comme un cousin, plus mortel, mais moins contagieux, du virus responsable du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Il se transmet principalement de l'animal à l'être humain, ajoute le ministère, précisant que le virus est endémique chez les dromadaires et les chauves-souris de la péninsule arabique et de certaines régions d'Afrique.

Les personnels soignants principalement concernés

L'épidémie de coronavirus MERS avait fait plusieurs centaines de victimes dans le monde entre 2012 et 2015, principalement en Arabie saoudite. Depuis 2012 et en date du 3 novembre 2025, 2 640 cas de MERS-CoV ont été recensés dans le monde, selon le ministère de la Santé. Ce virus entraîne chez l'homme des symptômes similaires au Covid-19 (fièvre, toux, difficultés respiratoires).

Le ministère souligne que la transmission interhumaine est «rare» mais «possible par contact direct ou indirect, via les gouttelettes respiratoires et occasionnellement par voie aérienne». «Elle concerne principalement les personnels soignants pratiquant des actes médicaux lors de la prise en charge des cas, ou les personnes partageant un même foyer», précise le communiqué. Le temps d’incubation est de 5 à 15 jours. En France, jusqu’ici, seuls deux cas avaient été recensés en 2013, rappelle le ministère.

AFP