mardi 13 août 2019

Le petit carnet d'Epstein regorgeant de noms...


Si les révélations sur l'entourage de Jeffrey Epstein aux Etats-Unis se sont rapidement multipliées, le «carnet noir» du milliardaire, subtilisé il y a plusieurs années par son majordome, mentionne les coordonnées (entre autres) de ses contacts en France. Publié en 2015 sur le site américain Gawker, notamment connu pour ses révélations explosives et le fait d'héberger plusieurs blogs populaires, le carnet d'adresses de Jeffrey Epstein liste ainsi plusieurs contacts répertoriés par ordre alphabétique, tantôt par noms, tantôt par catégories.

Parmi ses nombreux contacts on peut citer un certain nombre de membres du gratin, notamment financier, comme Clinton, Al Gore, Trump, Edouard De Rothschild, David Rockefeller, Richard Branson le patron de Virgin, Henri Kravis (un des plus gros milliardaires US), Lawrence Summers, président d’Harvard et ex conseiller économique d’Obama, ou des acteurs comme Kevin Spacey, Alec Baldwin ou Chris Tucker.

A côté de noms et de coordonnées d'établissements prestigieux de la capitale, comme que le restaurant gastronomique L'Arpège ou Le Voltaire, une rubrique attire l'attention. Sous la mention «Massage – Paris», figurent en effet les contacts, masqués, de femmes telles que «Deborah», «Carolina», «Karine», ou encore «Donna». A côté de certains prénoms, les mentions «speaks NO english» ou encore «speak little english».

 «Jeffrey Epstein agrémentait ses déplacements de "massages", mot codé pour ce qui s'apparente à des années d'abus sexuels sur des jeunes femmes mineures».

Jean-Luc Brunel, «l’agent de mannequins français, à la réputation sulfureuse, accusé par des victimes d’avoir été un de ses "principaux pourvoyeurs" d’adolescentes». Comme le rapporte le site d'investigation, le dirigeant de l'agence internationale MC2 (anciennement Karins USA), est «cité à de nombreuses reprises dans l'épais dossier judiciaire accumulé aux États-Unis depuis près de quinze ans».

Virginia Roberts Giuffre, une des principales accusatrices de Jeffrey Epstein, mentionnait, en effet, le rôle présumé de Jean-Luc Brunel dans une plainte déposée en 2015. «[Jean-Luc Brunel] dirigeait une sorte d’agence de mannequins et semble avoir eu un arrangement avec les autorités américaines pour obtenir des passeports et d’autres documents de voyage pour de jeunes filles. Il amenait ensuite ces jeunes filles, âgées de douze à vingt-quatre ans, aux États-Unis à des fins sexuelles et les remettait à ses amis, Epstein compris», accusait-elle alors. De lourdes accusations qu'a toujours niées Jean-Luc Brunel.

Un réseau pédocriminel international 

Yael Mellul, présidente de l'association Femme & Libre citée par Le Parisien, rappelle en outre que d'autres noms de citoyens français apparaissent dans les documents d'enquête déclassifiés par la justice des Etats-Unis. Virginia Roberts Giuffre rapportait ainsi avoir dû pratiquer, alors qu'elle était mineure, «des massages érotiques et autres services au propriétaire d'une grande chaîne d'hôtels en France». L'ancienne avocate, qui a écrit au procureur de Paris le 12 août, prévient : «La dimension internationale de ce réseau pédocriminel ne peut rester aux portes de la France.»

Tout commencent en 2005 

Une perquisition est menée chez Epstein en octobre 2005 dans sa villa de Palm Beach. De nombreuses photos de filles nues, y compris mineures, ainsi que deux caméras cachées et des fils d’un système de vidéosurveillance ont été trouvés. Mais, ses ordinateurs avaient disparu. En 2006 la justice décide de le poursuivre ainsi que deux de ses "assistantes" (d’anciennes victimes devenues rabatteuses).

Suite à des pressions de la police de Palm Beach, le FBI ouvre à son tour une enquête autour des faits probables de prostitution de mineures. Des victimes potentielles sont entendues au Nouveau Mexique, à New York et en Floride, trois lieux de domiciliation d’Epstein.

Alors qu’il était mal barré, bizarrement il ne s’est plus rien passé. Une énorme campagne de presse a été menée afin de discréditer les victimes, et en première ligne Virginia Roberts qui avait osé dénoncer publiquement Epstein, mais aussi le prince Andrew et Ghislaine Maxwell, notamment.

Et les avocats d’Epstein (à savoir Kenneth Starr celui qui a failli faire plonger Clinton pour l’affaire "Monica Lewinski", Alan Dershowitz, qui a aussi défendu Harvey Weinstein et dont on va reparler, et un dénommé Lefkowitz) ont négocié en secret un accord avec le procureur de Floride, Alexander Acosta, pour ne retenir que les charges les moins graves.

Alexander Acosa, nommé ministre du travail par Trump, a d’ailleurs dû démissionner fin juillet 2019 suite au 2e round de l’affaire. Suite à cet accord, Epstein n’a pris que 18 mois de prison (et en a fait 13) pour sollicitation de prostitution de mineures.

Le hic, c’est que les victimes n’étaient pas au courant de cet accord. Quand elles n’ont découvert en 2009, elles ont demandé l’annulation de la procédure via une plainte contre le gouvernement, qui s’est retourné contre la décision de justice, si bien que le deuxième round de l’affaire est survenu en juin 2019 : on recommence la procédure, avec de vraies charges.

Epstein a été arrêté le 6 juillet et envoyé en prison. La procédure est partie pour durer environ deux ans.

Et puis, juste après qu’un tribunal ait décidé de publier au moins en partie les 2000 pages de la procédure concernant Maxwell, Epstein a été retrouvé à moitié conscient dans sa cellule fin juillet, probablement victime d’une agression, histoire de le prévenir qu’il vaut mieux ne pas citer ses copains de partouzes, et en premier lieu son ancien pote Donald.

Une nouvelle perquisition à son domicile de Manhattan a permis au FBI de mettre la main sur des photos d’adolescentes nues, restées planquées jusque là.

Au vu de ses relations, de ses magouilles fiscales et de l’activité - notamment internationale- de son réseau de "massages", il est clair que beaucoup, à droite comme à gauche, aux Etats-Unis comme en Israël et même en Russie, devaient espérer qu’Epstein la ferme.

Le 9 août, de nombreux documents liés à la procédure en diffamation entre Virginia Roberts et Ghislaine Maxwell ont été publiés par la justice US. Dedans, les noms de Maxwell et d’autres rabatteuses d’Epstein sont cités ainsi que ceux de plusieurs clients chez lesquels Epstein et Maxwell avaient envoyé l’adolescente pour des relations sexuelles.

Sont ainsi épinglés pour avoir bénéficié de la prostitution de mineures le député démocrate George Mitchell, le politicien démocrate Bill Richardson, ex sénateur du Nouveau Mexique qui avait bénéficié des largesses d’Epstein pour sa campagne, Glenn Dubin (patron d’un fonds d’investissement, dont la femme est une ex d’Epstein), le scientifique et ami d’Epstein Marvin Minsky, le prince Andrew, Alan Dershowitz ou encore Jean-Luc Brunel (évidemment). Elle mentionne d’autres politiciens, notamment un président étranger, dont elle a oublié les noms.

Virginia Roberts est très claire : c’étaient Epstein et Maxwell qui l’envoyaient pour des "massages" chez les nombreux clients de leur réseau. Ensuite, elle devait leur dire quelles étaient leurs préférences sexuelles.

Et le 9 août, le samedi matin, Epstein est retrouvé pendu dans sa cellule. Etonnant, alors qu’il était placé sous "surveillance suicide" depuis le précédent événement, et que la procédure ne faisait que démarrer et qu’il avait de quoi négocier. En outre, il a un profil de pervers et ces gens là ne se suicident pas. La version officielle est celle d’un "suicide apparent", qui en tout cas tombe vraiment à pic. Le procureur général des Etats-Unis, William Barr, a demandé au ministère de la justice d’ouvrir une enquête sur la mort d’Epstein.

En tout cas, le décès fait polémique. Et certains se demandent déjà "à qui profite le "suicide apparent" d'Epstein?  Des politiques demandent des enquêtes, et le FBI ainsi que le ministère de la justice en ont ouverte une. A moins que des complices d'Epstein et -on peut rêver- les clients soient poursuivis, la procédure s'éteint avec la mort d'Epstein. cela arrange en effet pas mal de monde, à gauche comme à droite de l'échiquier politique.

Mais c'est bien Trump qui était visé par les médias depuis plusieurs semaines, et on se rappelle de la démission d'Alexander Acosta en juillet. Bien que les deux étaient brouillés depuis 2005, leurs liens étaient nombreux et surtout sulfureux. Mais Epstein touchait aussi au monde de la finance off shore, des renseignements, du mannequinat, et finalement il était au centre de divers lieux de pouvoir.


Le fameux petit carnet d'adresses d'Epstein


A ce stade, il est intéressant d’examiner les connexions diverses d’Epstein. Dans son carnet d’adresses saisi lors de la procédure de 2006 on trouve, par exemple :

  • Henry KISSINGER : conseiller politique conservateur, derrière pas mal de coups d’Etat US en Amérique latine et au Moyen-Orient, aux tendances pédophiles selon Cathy O’Brien et d’autres victimes du programme MK Ultra.
  • Leslie WEXNER : patron de Limited Brand et de la marque de sous-vêtements Victoria Secret. Il a beaucoup investi dans les business d’Epstein. Wrexner a été associé de Charles Bronfman, dont le père Samuel s’était enrichi grâce à la Prohibition et dont les filles sont mêlées à l’histoire de la secte NXIVM.
  • Lawrence SUMMERS : président d’Harvard puis ministre du Budget et conseiller économique d’Obama.
  • Kevin SPACEY : l’a baladé dans son jet, notamment en Afrique lors d’une campagne sur le SIDA.
  • Chris TUCKER : l’a baladé dans son jet en même temps que Spacey.
  • Courtney LOVE, et surtout son copain Dana, certainement Dana GIACHETTO, mort en juin 2016. Il était conseiller financier et avec comme client DI CAPRIO, Cameron DIAZ, Ben AFFLECK. En 1998 il contrôlait 100 millions de dollars d’actifs.
  • Ron BURKLE : l’a baladé dans son jet. Proche de CLINTON même après sa carrière politique. Ont beaucoup trainé ensemble avec EPSTEIN puis se sont brouillés.
  • Mort ZUCKERMAN : Créateur du site Radar 2.0., présent aux soirées d’Epstein avec qui il est brouillé.
  • Glenn DUBIN : a voyagé dans l’avion d’EPSTEIN. Dirige sa société d’investissement, Dubin & Co LP, dans laquelle Epstein a investi.
  • Stephen HAWKING le scientifique, venu aussi sur son ile en mars 2006.
  • Henry KRAVIS : Cofondateur de Kohlberg Kravis Roberts & Co, société d’investissement capitalisée à 16,5 milliards de dollars en octobre 2017.
  • David ROCKEFELLER
  • Edouard DE ROTHSCHILD
  • Evelyn DE ROTHSCHILD
  • Richard BRONSON : patron de Virgin.
  • Peter MANDELSON: politicien travailliste anglais, cité dans plusieurs affaires de pédocriminalité en réseau et dénoncé comme sataniste, devenu commissaire européen et très proche des Rothschild.
  • Donald TRUMP (une dizaine de numéros)
  • Rupert MURDOCH, qui avait financé sa campagne pour les présidentielles en 2016.
  • Alistair MCALPINE : trésorier du parti conservateur anglais sous Thatcher, il a été accusé d’actes pédocriminels et même de meurtres d’enfants et a eu la bonne idée de mourir en décembre 2014, en plein pendant le scandale.
  • George SOROS
  • Paolo ZAMPOLLI, patron d’une agence de mannequins.
  • Geordie GREIG : éditeur du Daily Mail.
  • Prince Salman d’Arabie Saoudite



Jeffrey Epstein servait-il le Mossad ?

Je n'ai pas l'intention d'entrer dans les détails excessifs du passé d'Epstein et de ses associations. Cependant, un prétendu client méga-milliardaire du supposé service de gestion financière d'Epstein est au centre de cette histoire: le magnat de la vente au détail, Leslie Wexner.

Le journaliste indépendant Joachim Hagopian a effectué une recherche détaillée sur Wexner et sur sa "relation bizarre" avec Epstein. L'histoire comprend une relation étroite avec le britannique mondain et le plus jeune enfant du défunt éditeur Robert Maxwell. Selon les auteurs Gordon Thomas et Martin Dillon ( Robert Maxwell: Les éditeurs israéliens Superspy , Carrol et Graf, 2002), Maxwell travaillait comme agent double pour le Mossad israélien et le MI6 britannique.

Selon les recherches de Hagopian, Wexner, qui est juif (comme Maxwell), partageait une relation étroite avec le Mossad. Ce fait est devenu évident avec la publication de « Analyse de Wexner: Les priorités de la communication israélienne 2003 ». Ce document recommandait aux défenseurs pro-israéliens d'invoquer à plusieurs reprises le nom de Saddam Hussein lors de l'invasion néocon de l'Irak. Selon Ali Abunimah:

"La Fondation Wexner est une fondation privée qui finance entre autres des initiatives pro-israéliennes, «Birthright Israel», un programme qui permet aux jeunes juifs américains de faire des voyages gratuits en Israël. Le projet Israël est une initiative d'organisations pro-israéliennes, de consultants politiques et d'hommes d'affaires.

Hagopian ajoute:

Le rapport confirme que Wexner et son organisation caritative, le Mega Group, ont assuré la couverture en tant que front sioniste du Mossad, influençant et dictant activement la politique de guerre américaine au Moyen-Orient. Le Mega Group de Wexner comprend environ 20 autres titans financiers américains juifs qui utilisent leur pouvoir sioniste pour manipuler et contrôler Washington dans la lutte pour mener à bien des guerres illégales pour Israël contre la religion islamique et contre l'Irak, l'Afghanistan, la Syrie, la Libye et le Yémen et éventuellement l'Iran grâce à la création américano-israélienne de terroristes d'Al-Qaïda / EI en tant qu'alliés proxy de la guerre pour justifier un «guerre sans fin contre le terrorisme» préfabriquée par les États-Unis. Wexner et compagnie ont travaillé main dans la main avec les néocons et bi-nationaux israéliens derrière le  "Project for a New American Century" appelant à un «nouveau Pearl Harbor», le 9/11 permettant de justifier l'hégémonie mondiale américano-israélienne.

Un ancien officier de la CIA et du renseignement militaire, Robert David Steele, estime également qu'Epstein est lié au Mossad dans le cadre d'une opération de chantage complexe.

Selon Steele, «l'île [[Lolita]] d'Epstein était équipée de caméras. De nombreux politiciens ont été compromis. C'était une opération du Mossad et de la CIA… Il y a des vidéos de certains puissants dans des positions des plus humiliantes. Si cela sortait dans la presse, non seulement les politiciens seraient ruinés, mais le jeu d'extorsion serait terminé et, tout à coup, l'influence que la CIA et le Mossad exercent sur Washington serait révolue. » ( Entretien avec Steele, émission radio du Millennium Report, 18 février 2017. )

TF121