mardi 13 août 2019

Raid du FBI sur l'île de Petit Saint-James «l'île de la pédophilie»





Des agents du FBI ont, selon plusieurs médias, effectué lundi un raid sur une petite île américaine des Caraïbes appartenant au financier Jeffrey Epstein, retrouvé mort dans sa cellule samedi après avoir été inculpé de multiples agressions sur mineures.

Deux responsables anonymes des forces de l'ordre, cités par la chaîne NBC, ont confirmé que la police fédérale américaine avait lancé une perquisition dans la résidence de Jeffrey Epstein sur l'île de Little St. James, dans les îles Vierges, que le riche homme d'affaires aurait acquise dans les années 1990.


Certains médias américains l'ont surnommée «l'île de la pédophilie», en raison des jeunes filles mineures que M. Epstein y aurait fait venir. Le tabloïd britannique «Daily Mail» avait publié un peu plus tôt des informations similaires sur ce raid, avec des photos et des vidéos semblant montrer des agents en uniforme du FBI déployés sur l'île. Contacté, le FBI, qui a ouvert une enquête samedi sur la mort du financier, n'a pas immédiatement confirmé ces informations.

Ce raid survient alors que le ministre américain de la Justice et le procureur fédéral de Manhattan ont promis, malgré sa disparition, de poursuivre l'enquête sur les multiples agressions sexuelles commises par Jeffrey Epstein et de traquer ses éventuels complices.

«Je peux vous assurer que l'enquête va continuer, visant quiconque (ayant été) complice d'Epstein. Aucun complice ne dormira tranquille», a déclaré le ministre William Barr, lors d'une conférence.

Le ministre Barr, qui avait annoncé samedi l'ouverture de deux enquêtes sur la mort de Jeffrey Epstein, apparemment par suicide, s'est dit également «consterné» et «franchement en colère» en apprenant les carences «pour sécuriser de manière adéquate» la prison de Manhattan, où était détenu le financier depuis début juillet.

Plusieurs médias avaient indiqué dimanche que Jeffrey Epstein, qui fut longtemps une figure de la jet set avant de devenir l'un des détenus les plus en vue du pays, avait été laissé seul dans sa cellule alors qu'ils étaient censés être toujours deux, et que les rondes prévues toutes les 30 minutes n'avaient pas été respectées.

Indignation

Il avait déjà été retrouvé légèrement blessé le 23 juillet après ce qui semblait être une première tentative de suicide, mais ne faisait plus l'objet d'une surveillance renforcée anti-suicide depuis le 29 juillet. Cette décision a contribué à alimenter l'indignation qui a accueilli l'annonce de son décès.

«Nous irons au fond des choses (...) il y aura des comptes à rendre», a assuré Bill Barr, alors que le week-end a vu une floraison de théories du complot, relayées par Donald Trump.

Beaucoup de ces théories laissaient entendre que Jeffrey Epstein, 66 ans, aurait été assassiné en raison des hommes de pouvoir qu'il avait fréquentés - du prince Andrew à Bill Clinton, en passant par l'ex-émissaire spécial pour l'Irlande du Nord George Mitchell ou le patron de Victoria's Secret Leslie Wexner - et qui auraient voulu l'empêcher de parler.

Les causes de la mort n'ont pas encore été officiellement confirmées. Le médecin légiste de Manhattan a indiqué dimanche, après avoir effectué l'autopsie, réserver ses conclusions dans l'attente de «plus d'informations».

Prédateur

Jeffrey Epstein a été retrouvé mort à l'aube samedi au Metropolitan Correctional Center, prison réputée particulièrement sûre, où il attendait son procès qui devait commencer au plus tôt en juin 2020. Il avait été arrêté le 6 juillet et inculpé à New York pour avoir organisé, de 2002 à 2005 au moins, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles, certaines collégiennes, avec lesquelles il aurait eu des rapports sexuels contraints dans ses nombreuses propriétés, notamment à Manhattan et en Floride.

Les témoignages qui ont émergé de documents judiciaires brossaient de cet ex-professeur de mathématiques l'image d'un prédateur insatiable de mineures. Il avait été condamné à une peine minime de 13 mois de prison en 2008 pour des faits de prostitution après un accord critiqué avec le procureur fédéral de Floride d'alors, Alex Acosta. Ce dernier a dû démissionner de son poste de ministre du Travail de Donald Trump après la nouvelle inculpation du financier en juillet.

Possible enquête en France

Après la mort de Jeffrey Epstein, Guislaine Maxwell, 57 ans, fille du défunt magnat britannique des médias Robert Maxwell et qui fut très proche du financier, fait désormais figure de suspect numéro 1, même si elle a démenti toute implication. Elle est accusée par certaines victimes présumées d'avoir activement recruté de jeunes adolescentes afin de satisfaire l'appétit de M. Epstein et d'avoir même participé aux abus.

Dans des documents judiciaires, une victime présumée, Virginia Giuffre, affirmait que Ghislaine Maxwell l'avait forcée à avoir des relations sexuelles avec lui. D'autres personnalités pourraient se retrouver sur la sellette, dont le Français Jean-Luc Brunel, patron d'une agence de mannequins.

Jeffrey Epstein voyageait régulièrement à Paris, où il avait un appartement. C'est en rentrant de la capitale française en jet privé qu'il avait été interpellé début juillet. Deux ministres français - les secrétaires d'Etat Marlène Schiappa (égalité femmes/hommes) et Adrien Taquet (protection de l'enfance) - ont demandé lundi l'ouverture d'une enquête dans l'Hexagone. Le parquet de Paris a indiqué procéder à des «vérifications» avant de décider s'il allait effectivement ouvrir une enquête.

AFP