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mercredi 18 septembre 2013

Le chef d’al-Qaïda veut affaiblir l’Algérie; AQMI menace le Maroc


Le successeur d’Oussama ben Laden à la tête d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, est prolixe en ce moment. Sans doute en raison de la proximité de l’anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone…

La semaine passée, il a ainsi appelé à attaquer les Etats-Unis dans un message diffusé par Internet et repéré par Site Intelligence, une entreprise américaine spécialisée dans la veille des activités jihadistes. “Nous devons saigner économiquement l’Amérique en poussant le pays à poursuivre ses immenses dépenses pour sa sécurité”, a expliqué al-Zawahiri. “L’économie est le point faible de l’Amérique et elle est déjà chancelante à cause de toutes ses dépenses militaires engagées pour sa sécurité”, a-t-il poursuivi.

“Pour maintenir l’Amérique sous tension et en état d’alerte, il faut quelques attaques par-ci par-là. Nous avons déjà gagné la guerre en Somalie, au Yémen, en Irak et en Afghanistan, nous devons donc poursuivre cette guerre sur ses propres terres”, a-t-il encore ajouté, en invitant les sympathisants d’al-Qaïda à agir seul ou en groupe afin de mener “mener ces attaques disparates”.

Etant de nationalité égyptienne et comme son frère a été arrêté pour avoir soutenu l’ex-président Morsi, al-Zawahiri a évoquer la situation au Caire en faisant valoir qu’un gouvernement tenait sa légitimité non pas des urnes mais de la “charia”.

Dans le même temps, Site Intelligence a également repéré un “guide du jihad” signé par al-Zawahiri. En fait, il s’agit de la stratégie qu’al-Qaïda entend mettre en oeuvre. Premier point, qui peut paraître surprenant : le successeur de Ben Laden appelle ses militants à la retenue, d’abord à l’égard des autres groupes musulmans (et l’on pense en particulier aux chiites), “sauf s’ils sont eux-mêmes attaqués”, puis des chrétiens, des hindous et des sikhs qui vivent dans des régions musulmanes. Qui plus est, il leur demande aussi de ne plus commettre d’attentats contre les mosquées et les marchés.

Et pour cause : pour Zawahiri, l’heure est à la “dawa”, c’est à dire au travail missionnaire. Mais là n’est pas la seule motivation. La “lutte est longue et le jihad a besoin de bases sûres” justifie-t-il. Le Pakistan, où il se serait réfugié et où il a noué des liens avec le mouvement taleb local (TTP), constitue le pays idéal pour cela. Il s’agit, selon lui, d’y “créer pour les moudjahidine un refuge qui pourra ensuite servir de base de départ au combat pour l’établissement d’un régime islamique”.

Pour autant, il ne s’agit pas pour autant de faire une pause dans le “jihad” ce dernier reste “invitable” en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Somalie et en Syrie. S’il a une nouvelle fois menacé les Etats-Unis, les alliés de ces derniers ne sont pas en reste.

“Pour ce qui est d’affronter les laquais de l’Amérique, les situations sont différentes selon les endroits. Le principe de base, c’est d’éviter de s’engager dans un conflit avec eux, sauf dans les pays où la confrontation devient inévitable”, énonce-t-il, en faisant probablement allusion à l’Afrique du Nord, où al-Qaïda cherche à s’implanter à la faveur du Printemps arabe en nouant des alliances locales. La Libye est en premier lieu concernée… A priori, et d’après le compte rendu de Site Intelligence, l’Afrique subsaharienne n’a pas été mentionnée. Sans doute faut-il s’en inquiéter.

Car un pays du Maghreb est nommé en particulier par al-Zawahiri : l’Algérie, d’où sont orginaires, d’ailleurs, les responsables d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ainsi que Mokhtar Belmokhtar, lequel vient de s’associer avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) pour créer un nouveau groupe jihadiste, avec la bénédiction, semble-t-il, du chef d’al-Qaïda “canal historique”.

Dans son “guide du jihad”, al-Zawahiri appelle ainsi à “affaiblir l’Algérie” afin de pouvoir diffuser ensuite l’idéologie salafiste dans tout le maghreb ainsi qu’en Afrique de l’Ouest. Au cours des années 1990, Alger avait eu fort à faire pour écarter la menace meurtrière posée par le Groupe islamique armé (GIA), dont une branche dissidente, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) est devenu AQMI après son allégeance à al-Qaïda, en 2006.

Cela étant, si Zawahiri parle d’affaiblir l’Algérie, c’est pourtant le Maroc qui a récemment fait l’objet de menaces de la part d’AQMI. Une vidéo diffusée par cette organisation a longuement évoqué ce pays, avec une image montrant le roi Mohammed VI englouti par les flammes.

Pour le chercheur marocain Mohamed Darif, spécialiste des groupes islamistes, cité par Maghrebia.com,  le Maroc “est aujourd’hui le seul pays qui échappe à al-Qaïda et cela provoque son irritation”. Et le politologue Driss Kassouri de confirmer : “Il y a un fort désir d’AQMI de mener une opération de qualité au Maroc, afin d’ébranler la confiance en soi du pays et sa constance et pour mettre un terme à sa situation exclusive dans la région.”

Dernier détail : le nouveau groupe issu de la fusion du Mujao et de celui de Belmokhtar s’appelle les “Almoravides”, du nom d’une dynastie ayant conquis le Maroc au XIe siècle…