C’est une première pour le MI5: les renseignements intérieurs britanniques, nés il y a 115 ans, dévoilent dans une exposition à Londres, quelques-uns de leurs secrets historiques, avec des confessions d’agents doubles et bien sûr des gadgets d’espions.
Karl Muller a été l’une des premières grandes prises du MI5, en 1915. Cet espion allemand avait été repéré par les agents britanniques, mais c’est un simple citron, montré dans l’exposition «MI5: Official Secrets», qui l’a fait tomber.
5 000 employés
Muller a affirmé qu’il utilisait cet agrume, trouvé dans son manteau lors de son arrestation, pour se nettoyer les dents. Le citron lui servait en réalité d’encre invisible: dans une lettre a priori banale interceptée par le MI5, il informait ses supérieurs des mouvements des troupes britanniques pendant la guerre. Il a été exécuté peu après à la Tour de Londres.
Le MI5 avait été fondé quelques années plus tôt sur fond de peur d’une invasion allemande. Vernon Kell, un officier de l’armée, en a été le premier chef. Aujourd’hui, le MI5, le cousin du MI6, les services extérieurs rendus célèbres par James Bond, compte plus de 5 000 employés.
Des choses extraordinaires
«Ayant travaillé pour le MI5 pendant près de trente ans, je peux vous dire que la réalité de notre travail est souvent différente de la fiction», a expliqué le directeur du MI5, Ken McCallum, lors de la présentation de l’exposition, organisée avec les Archives nationales, à Kew, dans l’ouest de Londres.
«La vie du MI5, c’est l’histoire d’êtres humains ordinaires qui, ensemble, font des choses extraordinaires pour assurer la sécurité de notre pays», a-t-il ajouté.
Un obus de mortier
L’exposition qui ouvre samedi ne cache pas certains épisodes peu glorieux de l’agence. La section consacrée à la guerre froide comprend une mallette laissée dans un club londonien par le diplomate britannique, agent double russe dès la Seconde Guerre mondiale, Guy Burgess, lorsqu’il s’est enfui à Moscou en 1951 par peur d’être découvert. Elle porte ses initiales. Son passeport est montré pour la première fois.
L’exposition présente aussi une note confirmant que le secrétaire privé d’Elizabeth II avait parlé à cette dernière au début des années 70 du fait qu’Anthony Blunt, son conseiller artistique, était un agent soviétique. La reine a réagi «très calmement et sans surprise», est-il précisé.
Parmi les objets les plus récents exposés: un obus de mortier tiré dans le jardin du 10 Downing Street, la résidence du Premier ministre britannique, par l’IRA, l’Armée républicaine irlandaise, en 1991.
Exposition gratuite
L’exposition est ponctuée de commentaires d’agents du MI5, anonymes. «Les agents continuent d’être l’une des plus importantes sources de renseignements du MI5», écrivait l’un d’eux en 2024. Mais la gestion des agents reste «complexe», ajoutait-il, posant plusieurs questions: «Quelle est leur motivation?», «Disent-ils la vérité?», «Comment savez-vous s’ils travaillent pour l’autre côté?».
Pour ceux qui rêvent du MI5, des tests sont proposés, avec une question centrale: «Pourriez-vous être un espion?». Il y a un test de mémoire: «Vous avez dix secondes pour retenir le plus d’informations possible». Un autre permet d’évaluer ses compétences en décodage. L’exposition, qui est gratuite, se termine le 28 septembre.
AFP