Cet accord a été long à obtenir et reste fort mince sur le papier. Son principe a été proposé par le Secrétaire d’Etat des Etats-Unis Anthony Blinken dès le printemps 2024. Le Qatar n’a pas ménagé ses efforts dans la médiation qu’il a entamée peu après l’attaque du Hamas contre la frontière sud du territoire israélien le 7 octobre 2023, où 250 otages ont été saisis et emmenés par les combattants du mouvement islamiste, et où un horrible pogrom a été commis contre les kibboutz pacifiques de la zone. C’est d’ailleurs le ministre des affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed, qui a annoncé l’accord, non sans remercier ses partenaires égyptien et américain dans la médiation.
Il est mince sur le papier, car il ne comprend aucune perspective politique pour le moyen ou long terme. Il se borne à poser un échéancier pour la libération des otages israéliens (à hauteur d’un otage libéré pour 30 prisonniers palestiniens libérés, voire 50 si l’otage israélien est un militaire potentiel), et à prévoir, outre le cessez-le-feu, un retrait progressif de Tsahal de la bande de Gaza.
Marwan Barghouti, le joker
Toute la question est de savoir si le gouvernement Netanyahou agira avec audace et libérera Marwan Barghouti. Il est considéré comme le Mandela palestinien. Membre important du Fatah, il a reconnu le droit à l’existence d’Israël.
Mais il s’est joint à l’intifada du début des années 2000, a été enlevé en 2002 à Ramallah par des agents israéliens, puis condamné à la prison à vie. Son aura auprès de l’ensemble des Palestiniens, sa parfaite connaissance de l’hébreu (il avait même fondé une association d’amitié entre parlementaires israéliens et palestiniens après les accords d’Oslo de 1993), font de lui le candidat idéal pour gérer le territoire. Les Israéliens n’accepteront en effet jamais que la future autorité civile de la bande de Gaza provienne du Hamas.
Un tel leader palestinien aurait aussi l’autorité nécessaire pour faire venir, depuis les pétromonarchies du Golfe, les forces de police et les financements nécessaires à la reconstruction.
Steve Witkoff décisif
Ne poursuivons pas aujourd’hui nos optimistes plans sur la comète et retournons à la manufacture de l’accord, que le cabinet israélien a approuvé le 17 janvier 2025. Blinken travaillait très dur, mais il patinait. C’est l’envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui a réussi à faire bouger les lignes, dans un aller et retour très réussi entre Doha et Jérusalem.
Le message de l’envoyé spécial du président élu à Netanyahou était simple : « ne contrariez pas mon patron, ce n’est certainement pas votre intérêt. Il veut le silence des armes au Proche-Orient dès son entrée en fonction le 21 janvier 2025, car il souhaite se concentrer sur la négociation ukrainienne. C’est un argument simple, que le premier ministre israélien a parfaitement compris. Sûr que Trump restera toujours un allié d’Israël, Netanyahou a jugé bon de faire aux Palestiniens les concessions nécessaires à l’obtention du cessez-le-feu et de la libération des otages.
La suite politique d’un tel silence – provisoire ? – des armes est fort incertaine. Ce qui est certain, c’est qu’elle dépendra bien davantage des initiatives israéliennes ou arabes modérées que de l’action de la Maison Blanche.
Augustin Lempereur