mercredi 3 octobre 2018
Poutine: «Skripal est un traître à la patrie»
A l'occasion d'un forum consacré à l'énergie à Moscou le 3 octobre, le président russe Vladimir Poutine a donné son point de vue sur Sergueï Skripal, l'ancien agent double qui avec sa fille Ioulia a été empoisonné à Salisbury en mars dernier.
«Je suis l'actualité, je vois que vos collègues promeuvent l'idée selon laquelle Monsieur Skripal serait même un défenseur des droits de l'homme», a lancé le chef d'Etat sur la question. «C'est juste un espion. Ce Skripal n'est qu'un traître. Il a été pris et puni, il a passé cinq ans en prison. Nous l'avons libéré, il est parti [en Grande-Bretagne] et continuait de collaborer et de conseiller des services secrets», a poursuivi le président russe, qualifiant l'ancien agent double d'«ordure».
Vladimir Poutine a par ailleurs déploré que toute une campagne de presse ait été montée autour de l'affaire. Depuis le départ, sans jamais avoir apporté une quelconque preuve pour étayer son accusation, Londres estime que Moscou est à l'origine de l'attaque.
Les autorités russes ont toujours démenti la moindre implication dans cette tentative d’éliminer le colonel Skripal. L’on passera sur les détails mais Moscou a livré pas moins de 37 versions différentes sur l’affaire dite de Salisbury…
Cela étant, lors de la Seconde Guerre Mondiale, l’Armée Rouge disposait d’un service appelé « SMERSH », dont la mission était d’éliminer traîtres, déserteurs et autres espions dans ses rangs. Officiellement, cet organe a été dissous en 1946. Cependant, les affaires Litvinenko (ex-agent du FSB empoisonné au polonium au Royaume-Uni en 2006) et Boris Berezovski (retrouvé pendu dans sa douche en 2013) peuvent laisser penser que les pratiques du SMERSH n’ont pas disparu…
D’ailleurs, les services russes (autrefois soviétiques, sous l’impulsion de Ian Berzine) ont une longue tradition d’élimination des opposants à l’étranger…
Quoi qu’il en soit, les propos tenus ce 3 octobre par le président russe, Vladimir Poutine, apportent un nouvel éclairage à l’affaire Skripal.
En tout cas, cette déclaration de M. Poutine ne pourra que conforter ceux qui voient la main de Moscou derrière la tentative d’assassinat du colonel Skripal. L’une des explications généralement avancées est qu’il s’agissait pour le GRU de faire un « exemple » afin de mettre un terme aux fuites au sein des services de renseignement russes et de dissuader ceux qui seraient tentés de livrer des secrets industriels aux Occidentaux.
En juillet, le contre-espionnage a ainsi effectué une perquisition à l’Institut central de recherche scientifique sur les constructions mécaniques (TsNIImach) dans le cadre d’une affaire de « haute trahison ».