Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

mercredi 17 octobre 2018

Affaire Khashoggi : les agents saoudiens n'ont pas fait dans la dentelle


Expliquant avoir eu accès à des enregistrements sonores de ce qui s'est déroulé à l'intérieur du consulat d'Arabie Saoudite, le quotidien Yeni Safak explique que M. Khashoggi a été torturé au cours d'un interrogatoire et que ses doigts ont été coupés par des agents saoudiens.

Il a ensuite été «décapité», selon le quotidien progouvernemental, qui ne précise pas comment il a eu accès à ces enregistrements. Des responsables turcs ont accusé Ryad d'avoir fait assassiner le journaliste par une équipe spécialement envoyée sur place, mais les autorités saoudiennes ont démenti.

«Si tu veux vivre..., tais-toi»

Certains médias, dont le «Washington Post», pour lequel écrivait M. Khashoggi, avaient auparavant rapporté l'existence d'enregistrements audio et vidéo prouvant que le journaliste avait été «interrogé, torturé puis tué» à l'intérieur du consulat, avant que son corps soit démembré. Mais c'est la première fois qu'un média turc dit avoir eu accès à de tels enregistrements.

Selon Yeni Safak, le consul saoudien Mohammad Al-Otaibi peut être entendu sur l'un des enregistrements, disant: «Faites ça dehors, vous allez m'attirer des problèmes.» Ce à quoi un individu non identifié lui répond: «Si tu veux vivre quand tu reviens en Arabie saoudite, tais-toi». M. Al-Otaibi a quitté Istanbul mardi.

Des médias américains ont affirmé que l'Arabie saoudite, dont l'image a terriblement souffert de cette affaire, envisageait de reconnaître la mort du journaliste lors d'un interrogatoire qui aurait mal tourné au consulat.

Les hommes du Prince

L'un des hommes identifiés par les autorités turques comme faisant partie des responsables de la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul appartient à l'entourage du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, a affirmé mardi le «New York Times». Selon le journal américain, qui publie plusieurs photos pour appuyer ses dires, Maher Abdulaziz Mutreb a notamment accompagné le prince lors de déplacements aux Etats-Unis en mars 2018 ainsi qu'à Madrid et à Paris en avril 2018.



Les autorités turques ont diffusé une photo de lui arrivant à l'aéroport d'Istanbul.


Celui qui est surnommé «MBS» et son père le roi Salmane ont nié avoir connaissance du sort du journaliste saoudien, qui s'est installé aux Etats-Unis en 2017 après être tombé en disgrâce à la cour du prince.

AFP