Depuis les années 2000, la Marine nationale exploite le système de surveillance côtière SPATIONAV, conçu par Airbus sous la supervision de la Direction générale de l’armement [DGA] et du Service de soutien de la Flotte [SSF].
Mis en œuvre par les cinquante-neuf sémaphores de la Marine nationale, SPATIONAV permet de détecter et de suivre les mouvements de tous les navires croisant au large des côtes françaises.
« En fédérant de nombreuses informations recueillies notamment par les systèmes de surveillance côtiers, le dispositif SPATIONAV V2 constitue pour la Marine nationale et les administrations impliquées dans l’action de l’Etat en mer un outil performant permettant de préparer et de mener leurs missions respectives en matière de sécurisation du trafic maritime, de prévention des pollutions, de lutte contre les trafics illicites, contre l’immigration clandestine et contre le terrorisme provenant de la mer », résume le ministère des Armées.
Au regard du volume des informations collectées, ce système pourrait être encore plus performant qu’il ne l’est actuellement grâce à l’intelligence artificielle [IA]. D’où le contrat cadre de 50 millions d’euros que la DGA vient de notifier à Airbus.
Plus largement, ce contrat vise à intégrer des composants d’IA souverains [appelés « MALICIA »] dans les systèmes d’armes, d’information, de communication et de cybersécurité fournis par Airbus et ses filiales [dont Airbus Helicopters] aux forces françaises.
« Dans ce cadre, Airbus et la DGA travaillent en collaboration avec l’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense [AMIAD] pour permettre à la France de maîtriser ces technologies et ne pas dépendre d’autres puissances », soutient l’industriel. Et d’ajouter : « Il s’inscrit dans la stratégie ministérielle en matière d’intelligence artificielle de défense qui vise à répondre au défi de la souveraineté dans ce domaine et à développer l’usage de l’IA au profit des opérations militaires ».
Et comme il faut bien commencer par un système, ce contrat s’intéressera d’abord à SPATIONAV.
Ainsi, il s’agira pour Airbus d’accroître les capacités de ce système en lui intégrant des algorithmes d’IA censés lui permettre d’automatiser la fusion des données de surveillance provenant de l’ensemble des capteurs sur lesquels il repose.
« De nombreux autres cas d’usages potentiels sont ou seront étudiés notamment dans les domaines du renseignement, de la cybersécurité, ou encore de la connectivité tels que l’aide à la gestion et l’optimisation des réseaux de télécommunications militaires en temps réel, […], le but [étant] de faire gagner du temps à l’humain dans des activités qu’il mène déjà, ainsi que d’effectuer des tâches impossibles à mener à bien pour l’homme, compte tenu de l’urgence de la situation ou du volume trop important des données à traiter », a résumé Airbus.