lundi 2 juin 2025

40 bombardiers stratégiques russes ont été mis hors de combat lors de l’opération Toile d’araignée

 

En décembre 2022, les forces ukrainiennes utilisèrent des drones de conception soviétique, probablement des Tupolev Tu-141 « Strizh » pour attaquer les bases aériennes russes de Diaguilevo et d’Engels qui, situées à plus de 500 km de leur territoire, abritaient alors des bombardiers stratégiques Tu-95 « Bear », Tu-22M3 « Backfire » et Tu-160 « Blackjack ».

Le même mode opératoire fut utilisé quelques mois plus tard, mais avec des drones d’un type nouveau, contre la base de Soltsy-2, implantée dans la région de Novgorod, soit à plus de 660 km au nord de l’Ukraine. Un Tu-22M3 « Backfire » avait été détruit.

Entretemps, c’est-à-dire en février 2023, l’Association des forces de sécurité du Bélarus [BYPOL], formée par des policiers et des militaires opposés au régime du président biélorusse, Alexandre Loukachenko, avait affirmé avoir endommagé un avion d’alerte avancée russe A-50 Mainstay, alors basé sur la base aérienne de Machulishchi, en utilisant deux drones FPV [First Person View].

Ces attaques ont-elles été les prolégomènes de l’opération « Toile d’araignée » qui, préparée depuis dix-huit mois, a été menée le 1er juin sous l’égide du SBU, le service de renseignement ukrainien ?

Selon Kiev, cette « opération spéciale d’ampleur » a consisté à attaquer quatre bases aériennes russes, dont certaines sont connues pour accueillir des bombardiers stratégiques Tu-22M3 « Backfire » et Tu-95 « Bear ».

Ainsi, la base de Diaguilevo aurait été une nouvelle fois visée, de même que celle d’Ivanovo, laquelle met habituellement en œuvre des avions de transport Il-76 et, surtout, des A-50 Mainstay. Ces deux emprises sont situées dans l’ouest de la Russie, près de Moscou.

Mais il en va autrement pour les deux autres bases attaquées, à savoir celles d’Olenia [oblast de Mourmansk] et de Belaïa [oblast d’Irkoutsk], situées respectivement à 1 900 km et à 4 300 km de l’Ukraine. La première accueille des Tu-95 « Bear » en provenance de la base d’Engels tandis que la seconde abrite des Tu-22M « Backfire ».

A priori, à en juger une photographie montrant le chef du SBU, Vassyl Maliouk, en train d’examiner le plan de l’opération « Toile d’araignée », une attaque contre une cinquième base, celle d’Oukraïnka, située dans l’Extrême-Orient russe, était prévue. A-t-elle été annulée au dernier moment ou a-t-elle échoué ? La question demeure sans réponse…

Quoi qu’il en soit, ces attaques ont été menées à l’aide d’essaims de drones FPV, introduits clandestinement en Russie, en étant dissimulés dans des structures en bois placées dans des camions.

Il est possible que, s’agissant de la base de Belaïa, les drones FPV aient été acheminés en Russie depuis la Mongolie ou le Kazakhstan.

Quoi qu’il en soit, les toits des camions, stationnés non loin des bases russes, se sont ouverts automatiquement, libérant ainsi les drones FPV dotés d’une charge explosive. Dotés d’une intelligence artificielle, ces appareils auraient été contrôlés grâce aux réseaux de télécommunications russes.

C’est ainsi que plusieurs bombardiers stratégiques russes ont été touchés au niveau de leurs réservoirs de carburant et / ou de leurs pylônes où sont montés les missiles de croisière Kh-101.

Selon le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, tous les agents du SBU impliqués auraient quitté la Russie quelques heures avant le lancement des attaques.

Par la suite, le SBU a affirmé que 41 avions « utilisés pour bombarder les villes ukrainiennes » avaient été touchés, dont des avions A-50 Mainstay. Et d’assurer que 34 % des bombardiers stratégiques russes avaient été mis hors de combat.

Avant l’opération ukrainienne, les forces russes comptaient environ 123 bombardiers stratégiques, à savoir 56 Tu-22M3, 47 Tu-95 et 20 Tu-160 [50 de plus ont été commandés, ndlr].

Le bilan avancé par le SBU ne peut être vérifié dans l’immédiat. Pour le moment, selon l’imagerie satellitaire, au moins trois Tu-95 et un T-22 ont été détruits sur la base de Belaïa. Et il est probable que quatre autres [trois Tu-22 et un Tu-95] ont connu un sort identique.

De son côté, le ministère russe de la Défense a admis que « plusieurs appareils avaient pris feu » après une attaque de drones contre des bases situées dans les régions de Mourmansk et d’Irkoutsk. « Ces incendies ont été maîtrisés et n’ont pas fait de victimes », a-t-il assuré. En outre, il a confirmé que les drones utilisés avaient été lancés à « proximité immédiate des aérodromes ».

Reste à voir les conséquences de cette opération ukrainienne. Si le bilan avancé par Kiev se révèle exact, alors la dissuasion russe s’en trouverait amoindrie, ce qui pourrait avoir des implications stratégiques non seulement en Europe mais aussi dans la région de l’Indopacifique, les Tu-95 Bear effectuant régulièrement des patrouilles dans les environs du Japon et de l’Alaska.

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