mercredi 9 avril 2025

L’armée ukrainienne prétend avoir capturé deux combattants chinois

 

Début mars, Séoul a affirmé que la Corée du Nord avait envoyé 3 000 soldats supplémentaires combattre dans la région russe de Koursk, alors partiellement contrôlée par l’armée ukrainienne. Ce qui correspondait, peu ou prou, aux pertes subies par le contingent nord-coréen qui avait été déployé auprès des forces russes au cours de l’automne dernier.

Certes, dès le début de la guerre, les forces ukrainiennes ont enrôlé des volontaires étrangers décidés à se battre à leurs côtés. Mais la Russie a également recruté des combattants au-delà de ses frontières. En septembre dernier, à la demande de New Delhi, elle a démobilisé des Indiens qui avaient été « dupés » pour rejoindre ses forces armées.

Un an plus tôt, Cuba avait dénoncé l’incorporation de plusieurs dizaines de ses ressortissants au sein de l’armée russe tandis que le Kazakhstan avait dit avoir observé « des tentatives de recrutement de la population locale vers la Fédération de Russie pour participer au conflit armé » sur le sol ukrainien.

Aussi, quel est le statut exact des deux combattants qui, présentés comme étant de nationalité chinoise, ont été capturés par l’armée ukrainienne dans la région de Donetsk ? Font-ils partie de l’Armée populaire de libération [APL] ou bien ont-ils été recrutés comme, avant eux, les Indiens et les Cubains ?

Ce 8 avril, via le réseau social X, le président Volodymyr Zelensky a en effet déclaré que l’armée ukrainienne venait de faire prisonniers « deux citoyens chinois qui combattaient au sein de l’armée russe ». Et d’ajouter : « L’incident s’est produit sur le territoire ukrainien, dans la région de Donetsk. Des pièces d’identité et des cartes bancaires en leur possession ont été saisies ».

Pour appuyer son propos, M. Zelensky a produit une vidéo montrant l’un des deux prisonniers [qui ne sera pas diffusée sur ce site (*)]. On y voit un jeune homme aux traits asiatiques, les mains liées, en train de tenter de décrire un combat auquel il a pris part.

« Nous disposons d’informations suggérant que les unités de l’occupant [russe] comptent bien plus de citoyens chinois dans leurs rangs que ces deux-là. Nous vérifions actuellement tous les faits : les services de renseignement, les services de sécurité ukrainiens et les unités concernées des forces armées y travaillent », a continué M. Zelensky, avant de préciser qu’il a demandé à son ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, de contacter « immédiatement » Pékin pour voir comment « la Chine entend réagir à cette situation ».

Le chargé d’affaires de la République populaire de Chine en poste à Kiev a été immédiatement convoqué pour des « explications ».

« La présence de citoyens chinois combattant au sein de l’armée d’invasion russe en Ukraine remet en question la position déclarée de la Chine en faveur de la paix et porte atteinte à la crédibilité de Pékin en tant que membre permanent responsable du Conseil de sécurité de l’ONU », a commenté M. Sybiga.

Sans attendre la clarification demandée à Pékin, M. Zelinsky a ensuite affirmé que « l’implication de la Russie, de la Chine et d’autres pays, directement ou indirectement, dans cette guerre en Europe montre clairement que [le président russe] Poutine entend tout faire, sauf mettre fin à la guerre » et qu’il « cherche des moyens de poursuivre le combat ». Aussi, a-t-il continé, « cela exige une réponse, sans aucun doute. Une réponse des États-Unis, de l’Europe et de tous ceux qui, dans le monde, aspirent à la paix ».

Jusqu’à présent, la Chine se décrit comme une partie « neutre » et un médiateur potentiel dans ce conflit entre l’Ukraine et la Russie, qu’elle n’a jamais condamné. Et pour cause : elle reste une alliée politique et économique de premier plan pour Moscou.

D’ailleurs, en juillet dernier, les trente-deux membres de l’Otan avaient estimé que Pékin était un « facilitateur décisif » de l’invasion russe. « Le resserrement du partenariat stratégique entre la Russie et la Chine, ainsi que leurs tentatives, se conjuguant entre elles, qui visent à déstabiliser l’ordre international fondé sur des règles et à le remodeler, suscitent de profondes préoccupations », avaient-il fait valoir.

(*) L’article 13 de la Convention [III] de Genève dit : « Les prisonniers de guerre doivent de même être protégés en tout temps, notamment contre tout acte de violence ou d’intimidation, contre les insultes et la curiosité publique. »

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