mercredi 7 juin 2017

Washington et Riyad «impliqués» dans les attentats de Téhéran par Daesh


L'organisation paramilitaire iranienne des Gardiens de la Révolution a laissé entendre que la rencontre de Trump avec des dirigeants du Moyen-Orient n'était pas étrangère à une vague d'attaques revendiquée par Daesh, qui a frappé Téhéran le 7 juin.

«Cette action terroriste [du 7 juin à Téhéran] après la rencontre du président des Etats-Unis avec le chef d'un des gouvernements réactionnaires de la région qui a toujours soutenu les terroristes est lourde de sens, et la revendication [des attentats] par Daesh montre qu'ils sont impliqués», ont fait savoir les Gardiens de la Révolution islamique d'Iran dans un communiqué à l’agence de presse officielle Isna, cité par l'AFP.

Cette organisation paramilitaire iranienne, qui dépend du Guide de la Révolution et chef de l'Etat Ali Khamenei, faisait référence à la tournée au Moyen-Orient de Donald Trump fin mai, lors de laquelle le dirigeant américain s'était entretenu avec le roi d'Arabie saoudite et des représentants d'autres pays de la région.

Le 7 juin, dans la capitale iranienne, des assaillants ont ouvert le feu dans le parlement. Au moins un kamikaze s'est fait exploser dans le même bâtiment, et un autre dans le mausolée de l'ayatollah Khomeiny, père fondateur de la République islamique d'Iran.

Revendiquées par Daesh, ces attaques ont fait au moins 12 morts et 39 blessés, selon le service des urgences cité par l'AFP.

Dans une vidéo diffusée en mars, l’État islamique (EI ou Daesh) avait menacé de conquérir l’Iran pour « y restaurer la nation sunnite telle qu’elle était avant », c’est à dire avant la dynastie safavide et la conversion du pays à l’islam chiite.

Outre l’hostilité affichée remontant à l’époque où il était encore une branche d’al-Qaïda (dirigée par Abou Moussab al-Zarkaoui), Daesh en veut à l’Iran pour son soutien aux milices chiites irakiennes, qu’il qualifie « d’hérétique » et son appui au régime alaouite de Bachar el-Assad. D’où ses menaces, qu’il vient de mettre à exécution, ce 7 juin.

En effet, deux groupes armés ont attaqué quasiment simultanément, à Téhéran, le mausolée de l’imam Khomeiny et le Parlement iranien, distants d’une vingtaine de kilomètres.

Ainsi, deux assaillants s’en sont pris au mausolée de l’imam Khomeiny. D’après le ministère iranien de l’Intérieur, l’un d’eux – une femme – s’est fait exploser « dans les jardins » du site tandis que le second a été tué par les forces de sécurité.

Quant à l’attaque contre le Parlement, elle a été menée par quatre individus « déguisés en femme », à en croire Hossein Zolfagari, le vice-ministre iranien de l’Intérieur. L’un s’est fait exploser et les trois autres ont été tués par la police lors d’un assaut donné dans le bâtiment où ils s’étaient retranchés.

D’après le renseignement iranien, un troisième groupe d’assaillants aurait été neutralisé avant de passer à l’action. Leur cible n’a pas été précisée.

Au total, le bilan provisoire de ces deux attaques est de 12 tués et d’une trentaine de blessés. Elles ont rapidement été revendiquées par Amaq, l’agence de propagande de l’EI.

Il s’agit des premiers attentats revendiqués par l’organisation jihadiste en Iran, alors que, ces dernières années, les services de sécurité iraniens ont affirmé, à plusieurs reprises, avoir démantelé des cellules de Daesh sur le point de commettre des attaques.

Alors qu’il est accusé par plusieurs pays arabes, dont l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte, de « soutenir le terrorisme, y compris Al-Qaïda, le groupe État islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans », le Qatar, qui semblait se rapprocher de l’Iran, a « condamné et dénoncé » ces deux attentats perpétrés à Téhéran.

Cela étant, les Émirats arabes unis en ont fait de même. « Notre position sur le terrorisme est très claire. C’est du noir sur blanc, et toute attaque terroriste dans n’importe quelle capitale qui est dirigée contre des innocents est quelque chose que les Émirats abhorrent et condamnent », a réagi Anwar Gargash, le ministre d’État aux Affaires étrangères des Émirats.