jeudi 16 février 2012

Pas d’oxygène pour les Gripen

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La Confédération Suisse annonce un nouvel excédent de recettes (quid de nos voisins!). Elle ne renonce pas pour autant aux programmes d’économie liés à l’achat des Gripen.

D’un côté, la bonne nouvelle: la santé financière de la Confédération reste éclatante en comparaison internationale. Comme on s’y attendait, les comptes 2011 de la Confédération sont bien meilleurs que prévu. Alors qu’un déficit de 600 millions était inscrit au budget, ils présentent un excédent de 200 millions de francs, voire de 1,9 milliard si on ne tient pas compte des dépenses extraordinaires. De l’autre côté, la mauvaise nouvelle: cette embellie déjà apparue dans les comptes 2010 ne va pas durer!

Des déficits structurels sont annoncés pour ces prochaines années. «Les mesures d’économie conservent toute leur justification», a souligné hier Eveline Widmer-Schlumpf. La cheffe du Département fédéral des finances défend plus que jamais le programme d’économie de 800 millions de francs par an qui doit compenser, durant les années 2014 à 2016, les coûts supplémentaires liés à l’acquisition de nouveaux avions de combat.

Le Gripen encore et toujours

A cet égard, le Conseil fédéral a réitéré sa confiance aux Gripen suédois. Selon le porte-parole du gouvernement André Simonazzi,le chef du Département de la défense Ueli Maurer a donné à ses collègues les mêmes explications qui avaient été fournies à la presse la veille. En résumé: les rapports d’évaluation publiés par les journaux dominicaux sont des documents dépassés qui ne tiennent pas compte des améliorations apportées à l’appareil. Aux yeux du gouvernement, le Gripen présente toujours le meilleur rapport qualité-prix.

Tant que le parlement n’aura pas confirmé la décision du Conseil fédéral, les concurrents du Gripen (Rafale et Eurofighter) continueront néanmoins à faire miroiter des offres plus avantageuses. Hier, sur le site online de «24 heures», le porte-parole de l’avionneur EADS qui construit l’Eurofighter s’est dit prêt à faire une nouvelle offre à Armasuisse, «pour autant qu’elle soit sollicitée». Une facture moins douloureuse ne conduirait pourtant pas automatiquement à une réduction du programme d’économie. «Celui-ci est déterminé par le plafond de 5 milliards de francs attribué à la défense par le parlement, souligne Eveline Widmer-Schlumpf. Or ce montant n’est pas destiné seulement aux nouveaux avions de combat».

Les départements ont été invités à présenter des mesures d’économie concrètes d’ici l’été. L’an dernier, l’embellie des finances fédérale avait conduit le parlement à renoncer partiellement à un programme de ce type. Les Verts saisissent déjà la balle au bond. «Plutôt que des mesures d’économie pour l’achat d’avions de combat inutiles, ce sont des investissements dans l’économie verte, les transports publics et la formation qui devraient être privilégiés». Le président du PDC Christophe Darbellay n’est pas davantage disposé à sacrifier des investissements dans le domaine des infrastructures ou de la formation. La bataille s’annonce serrée.

L’impôt anticipé

La crise aidant, la pression va se renforcer et encore réduire la marge de manœuvre financière de la Confédération. En 2011, elle a encore bénéficié des rentrées juteuses liée à la reprise de l’économie observée en 2010. Des recettes supplémentaires de 1,8 milliard de francs, provenant essentiellement de l’impôt anticipé, ont été enregistrées en dépit de l’application de la réforme de l’imposition des entreprises.

S’y ajoutent des recettes extraordinaires de 300 millions de francs provenant de la vente de Sapomp AG (société de sauvegarde des immeubles ayant bénéficié d’aide à la construction de logements) et d’actions Swisscom. Cette manne a permis de prendre en charge des dépenses extraordinaires, à savoir une contribution de la Confédération à l’assainissement de la Caisse de pension des CFF (1148 millions) et un versement unique au fonds d’infrastructure (850 millions). Eu égard à ces résultats, la dette brute de la Confédération à fin 2011 s’élève à 110,5 milliards de francs, soit un niveau pratiquement inchangé par rapport à 2010. I

CHRISTIANE IMSAND
La liberté.ch