lundi 8 novembre 2010

Maroc : le Sahara occidental rattrapé par les violences

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Selon les médias espagnols -le site du quotidien El Pais en fait sa une-, l'armée marocaine a démantelé, tôt ce lundi matin et par la force, le campement de Gdim Izik, près de Laâyoune, capitale du Sahara occidental, où plus de dix mille Sarahouis réclamaient « le respect de leurs droits socio-économiques et d'autodétermination » face à « l'occupant » marocain.

Les combats se seraient ensuite déportés dans les quartiers sahraouis de cette ville de près de 200 000 habitants, faisant entre trois et treize morts selon les sources.






Ce lundi matin, bouleversée par l'arrestation d'Ennema Asfari, militant sarahouis qu'elle avait filmé, elle nous faisait encore parvenir par mail ces nouvelles alarmantes :

« Après avoir coupé l'éclairage public dans la ville, les forces de répression, qui avaient mobilisé et armé des civils marocains, se sont attaquées avec violence à la population sahraouie. Tirs à balles réelles et matraquages ont fait une centaine de blessés. Ils ont été évacués vers les centres de soins.

Un militant des droits de l'homme a eu les deux jambes broyées sous un camion militaire.

Depuis des hélicoptères survolant le “ campement de l'Indépendance, Gdaym Izik ”, un ultimatum d'évacuation dans les deux heures a été lancé aux 20 000 résistants pacifistes qui s'y sont installés depuis la mi-octobre, à 14 kms de la capitale du Sahara occidental. »


El Pais raconte que l'assaut du campement a commencé après 8H00 . Les jeunes ont résisté, les forces de l'ordre marocaines ont alors aplati les tentes et pour une raison inconnue, les tentes ont commencé à prendre feu, semant la panique parmi les familles.





Ensuite, selon le quotidien espagnol El Mundo, les soldats marocains attaquent ce lundi certains quartiers de Laâyoune avec des camions blindés, tandis que les Sarahouis se défendent avec des bâtons et des pierres. L'armée marocaine patrouille, maison après maison.

D'après El Publico, de véritables scènes de guerre se déroulent actuellement dans la capitale. (Voir la vidéo de ResistenciaSaharaui postée sur YouTube et reprise par El Mundo)





Sept morts selon un premier bilan provisoire

Selon un premier décompte, non-officiel mais de « sources fiables » pour El Mundo, au moins sept Sahraouis sont morts pendant le démantèlement du camp . Le Front Polisario parle lui de treize victimes et de « centaines de blessés ». En fin d'après-midi, El Pais, citant une autre source sahraouie, ne parlait plus que d'un mort du côté des militants. Dimanche 24 octobre, Nayem el-Gareha, 14 ans, avait été tué par l'armée marocaine.

De son côté, Rabat a confirmé que trois membres des forces de sécurité marocaines avaient été tués -dont un lapidé et un autre brûlé-, et que 65 Sarahouis ont été arrêtés. Ce lundi, le quotidien marocain Le Matin ne faisait pas état de ces évènements dans son article « Les quatre vérités d'un conflit factice ».

Ces affrontements sont, de loin, les plus graves depuis le cessez-le-feu conclu en 1991.

Blandine Grosjean