Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 20 octobre 2018

L'épouse de l'ex-patron d'Interpol n'est «pas sûre qu'il soit vivant»


L'épouse de Meng Hongwei, l'ex-président de l'organisation policière Interpol accusé de corruption en Chine après avoir disparu dans des circonstances troubles, a déclaré craindre pour sa propre sécurité et accusé le gouvernement chinois de «persécution».

Les propos tenus par Grace Meng envers Pékin lors d'un entretien avec la chaîne britannique BBC sont rarissimes. Car la campagne anticorruption menée depuis plusieurs années par les autorités chinoises se déroule en général dans le plus grand secret.

«Je pense que c'est de la persécution politique. Je ne suis pas sûre qu'il soit vivant», affirme-t-elle en anglais à propos de son mari dans cette interview diffusée jeudi. Celle-ci a été réalisée en France, où se trouve le siège d'Interpol.

Meng Hongwei, qui est en théorie toujours vice-ministre chinois de la Sécurité publique, a disparu fin septembre à son retour dans son pays. Il a démissionné de la tête de l'organisation policière le 7 octobre après l'annonce par Pékin qu'il était placé sous enquête. Il est notamment suspecté d'avoir «accepté des pots-de-vin».

«J'ai dit (à mes enfants) que papa était parti pour un long déplacement professionnel», raconte Mme Meng au bord des larmes. Son visage reste dans l'ombre durant tout l'entretien.

Elle assure avoir reçu plusieurs coups de téléphone menaçants qui lui font penser qu'elle est «prise pour cible» en France.

«Ils sont cruels. Ils sont infâmes», affirme Grace Meng à propos des autorités chinoises. «Je dois me dresser contre cela et je ne veux pas que d'autres femmes ou enfants vivent ce que je vis.»

La Commission nationale de supervision, qui enquête sur le dossier de M. Meng, peut garder des suspects au secret pendant six mois, sans prévenir leur famille ni leur donner accès à un avocat.

Plus de 1,5 million de cadres ont été sanctionnés dans le cadre de la campagne anticorruption lancée par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir fin 2012. Ses détracteurs affirment qu'elle a aussi été mise à profit pour éliminer des opposants internes.

Les proches de responsables déchus sont en général empêchés de s'exprimer par les autorités chinoises. Les propos de Grace Meng devant des caméras de télévision sont donc inhabituels et représentent sans aucun doute une source d'embarras pour Pékin.

L'élection de Meng Hongwei à la tête d'Interpol fin 2016 avait été vécue comme une victoire pour la Chine, en dépit des inquiétudes que cela avait fait naître parmi les défenseurs des droits de l'homme.

AFP