Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

dimanche 14 octobre 2018

Affaire Khashoggi : la montre qui a fait capotée l'opération qui devait restée secrète


« C’est comme dans ‘Pulp Fiction’ »


Le consulat d'Arabie Saoudite à Istambul


Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, qui devait réaliser des démarches administratives dans les locaux du consulat d’Arabie saoudite en Turquie, aurait été assassiné dans les deux heures qui ont suivi son arrivée dans les locaux. Un meurtre commis sur ordre de la Cour royale et dont Erdogan a rapidement été mis au courant.

Selon les renseignements turcs, et ce malgré le démenti catégorique de Mohammed bin Salman, Khashoggi aurait ensuite été démembré à la scie par des agents spécialement venus pour faire le travail. Au nombre de quinze, ces agents saoudiens étaient arrivés sur deux vols de la Sky Prime Aviation le 2 octobre dernier, jour de la disparition du journaliste, avant de repartir vers Riyad quelques heures après. Parmi eux, notamment, un expert des autopsies « vraisemblablement présent pour aider à démembrer le corps ».

Selon le NYT, les services de renseignements turcs ont bel et bien obtenu une vidéo de l’assassinat par les Saoudiens du journaliste porté disparu. C’est en tout cas ce qu’assure Kemal Ozturk, chroniqueur dans un journal pro-gouvernemental turc.

Les États-Unis savaient

Le Washington Post, qui s'appuie sur des rapports des services de renseignements américains, affirme que l'Arabie saoudite avait l'intention de ramener Jamal Khashoggi dans son pays, afin de le placer en détention. Quinze membres d'une équipe de sécurité saoudienne aurait été envoyés à Istanbul dans ce but.



Les hommes entré et reparti d’Istanbul le 2 octobre 2018, jour de la disparition de Jamal Khashoggi, tous travaillaient pour le gouvernement saoudien 


Chef de la médecine légale saoudienne
et expert en autopsie                                                                    Lieutenant Air Force
Source: Sabah et responsables turcs

1- Naif Hassan S. Alarifi (1986)
2- Salah Muhammed A Tubaigy (1971)
3- Mansur Othman M. Abahüseyin (1972)
4 - Meshal Saad M Albostani (1987)
5- Saif Saad Q Alqahtani (1973)
6- Muhammed Saad H. Alzahrani (1988)
7- Abdulaziz Muhammed M. Alhawsawi (1987)
8- Badr Lafi M. Alotaibi (1973)
9- Türki Müşerref M. Alsehri (1982)
10- Halid Aedh G. Altaibi (1988)
11- Thaar Ghaleb T. Alharbi (1979)
12- Fahad Shabib A. Albalawi (1985)
13- Waleed Abdullah M. Alsehri (1980)
14- Mustafa Muhammed M. Almadani (1961)
15 - Maher Abdulaziz M. Mutreb (1971)


Selon Sabah, qui cite "des sources fiables appartenant à un service de renseignements spécial", le journaliste a activé sa montre connectée Apple Watch qu'il portait quand il est entré dans le bâtiment. Celle-ci était synchronisé électroniquement avec l'iPhone qu'il a donné à sa fiancée avant d'entrer dans le bâtiment. Des membres des services de renseignements saoudiens s'en sont rendus compte après sa mort et ont utilisé ses empreintes digitales pour supprimer certains fichiers, mais d'autres ont pu être récupérés sur son téléphone, poursuit-il.

"Les moments où Khashoggi a été interrogé, torturé et assassiné ont été enregistrés dans la mémoire de l'Apple Watch", écrit l'auteur de l'article de Sabah, précisant que la montre était synchronisée avec son iPhone, qu'il a confié à sa fiancée avant d'entrer au consulat.

Les autorités turques détiennent des preuves audio et vidéo de l’assassinat du journaliste dans le consulat saoudien, où l'on entendrait sa voix et celle d'hommes lui parlant en arabe, ainsi que des sons qui laisseraient entendre qu'il aurait été torturé.

Le mardi 2 octobre, le commando saoudien de quinte personnes seraient arrivés dans deux vols séparés à Istanbul, ayant réservé dans deux hôtels à proximité du consulat, ils ne dormiront finalement pas dans leurs chambres et repartiront le soir même pour Ryad. Il aurait même apporté avec eux une scie à os. "Un air de Pulp Fiction", selon une source proche de l'enquête. Le corps démembré aurait ensuite été "mis dans des caisses avant d'être transféré par avion hors du pays", selon une source au Washington Post.

Des responsables turcs ont déclaré savoir à quel moment et à quel endroit dans le bâtiment le journaliste saoudien a été assassiné. « Nous savons quand Jamal a été tué, dans quelle pièce il a été tué et où il a été emmené pour être démembré. Si la police scientifique est autorisée à entrer, elle sait exactement où aller », a déclaré une source turque à MEE.

Des preuves médico-légales ont notamment été recueillies lors de fouilles du réseau d’égouts relié au bâtiment du consulat saoudien.

Une opération "HOMO"

MEE révèle les circonstances de la disparition du journaliste, dans ce qui ressemble à un guet-apens, tel que dévoilées par ses sources : « Khashoggi s’est rendu pour la première fois au consulat le vendredi 28 septembre et a rencontré un diplomate saoudien dans le but d’obtenir les papiers dont il avait besoin.

Le diplomate saoudien l’a confié à un membre des services de renseignement saoudiens, qui a déclaré que le consulat n’était pas en mesure de fournir ce dont il avait besoin ce jour-là, mais qu’il pourrait revenir la semaine suivante, selon la source.

Khashoggi a quitté le bâtiment vendredi avec le numéro de téléphone du responsable des renseignements.

Mardi dernier, Khashoggi a téléphoné au consulat le matin et demandé s’il devait toujours s’y rendre. On lui a répondu que les documents étaient prêts, selon la même source. Son rendez-vous était fixé à 13 h.

Une demi-heure avant, pendant la pause déjeuner au consulat, tous les membres du personnel local sont sortis pour leur pause habituelle d’une heure. Alors qu’ils partaient, on leur a demandé de prendre leur après-midi car une réunion diplomatique de haut niveau était prévue au consulat, selon notre source ».

Entré au consulat à 13 h 14 (la vidéo ci-dessous l’atteste), « il a été accueilli par un fonctionnaire et conduit dans le bureau du consul général. Peu de temps après, deux hommes sont entrés dans la pièce et ont traîné Khashoggi hors du bureau, dans une autre pièce où ils l’ont tué » indique la source de MEE, sans préciser comment il a été tué. « Le corps  a ensuite été traîné dans une troisième pièce et démembré ».

Parmi les vingt-deux voitures immatriculées au consulat, trois ou quatre sont retenues dans l’enquête sur le meurtre. L’un des véhicules aurait quitté le bâtiment du consulat à 15 h 15 et se serait rendu à plusieurs centaines de mètres, à proximité du domicile du consul général, rapporte encore MEE, qui croit comprendre que le procureur général envisage maintenant de fouiller le jardin du consul général pour savoir si les restes du corps de Khashoggi y sont enterrés.

Une autre source turque a affirmé à MEE que « le consul général n’avait pas quitté son domicile depuis trois jours et avait annulé tous ses rendez-vous ».

Cette source a également indiqué que « la police turque voulait perquisitionner la résidence et emmener toutes les voitures enregistrées au consulat dans un lieu sûr pour les examiner, mais les Saoudiens n’ont pas donné leur autorisation ».

Une source a également déclaré à MEE que les Saoudiens avaient emporté avec eux tous les disques durs de la salle des caméras de surveillance du consulat à leur sortie du bâtiment.

Les Saoudiens ont également annulé mardi une proposition qu’ils avaient initialement faite de permettre à la police scientifique turque de se rendre sur les lieux.

Une source saoudienne a déclaré à Reuters que selon les services de renseignement britanniques, ils avaient tenté de droguer Khashoggi à l’intérieur du consulat et que cela se serait terminé en overdose.

Cette source a précisé que les informations provenaient d’une source des renseignements britanniques. Contacté par Reuters, les services en question n’ont pas commenté. Interrogé sur cette version des faits, un responsable saoudien a vivement démenti : « Cette mort n’est pas vraie ».

Les saoudiens démentent sans apporter de preuve

Les autorités saoudiennes ont fermement démenti toute implication dans sa disparition et ont affirmé qu'il avait quitté le consulat peu de temps après son arrivée. Cependant, ils n’ont présenté aucune preuve corroborant leur affirmation et affirment que les caméras vidéo de la société n’enregistraient pas à l’époque.

«Les services turcs sont extrêmement compétents, notamment en ce qui concerne les menaces ou les incidents internes», a déclaré Thad Troy, cadre supérieur de la société d'intelligence économique Crumpton Group et ancien dirigeant de la CIA avec une expérience en Turquie.

"Les Saoudiens auraient été extrêmement naïfs de croire qu'ils pourraient s'en sortir", a-t-il déclaré, notant que les services de renseignement des deux pays avaient déjà entretenu des "relations étroites".

Mardi, des responsables saoudiens ont commencé à contacter leurs homologues turcs pour des entretiens secrets sur la résolution du problème. Les Saoudiens ont déclaré à Washington qu’ils pensaient pouvoir régler la question, selon des responsables turcs et américains informés des discussions.

Ryad, qui a accepté de participer à l'enquête et une délégation saoudienne est arrivée vendredi en Turquie.

Conclusions

Si les 15 hommes ont effectivement tué M. Khashoggi sur l'ordre de la cour royale saoudienne, ainsi que l'ont indiqué des responsables turcs, la facilité avec laquelle ils semblent avoir été identifiés laisse à penser qu'ils ont peu fait pour dissimuler leurs traces. Et cela suggère qu'ils ont été négligents ou qu'ils souhaitaient que leurs actions soient découvertes - peut-être pour intimider les autres.

Sabah a publié des photographies de tous les 15 Saoudiens. Une semble être Salah Muhammad al-Tubaigy , le chef de preuve médico - légale et un expert autopsie dans la direction de la sécurité publique du ministère de l' Intérieur. Une photo d'un homme entrant dans l'aéroport Ataturk et représentée à Sabah semble correspondre aux photos partagées en ligne de M. Tubaigy.

Salah Muhammad al-Tubaigy


Un autre Saoudien identifié à Sabah, Meshal Saad al-Bostani, semble être un lieutenant de l'armée de l'air saoudienne, né en 1987. Une photo d'un homme à l'aéroport semble correspondre à celle du profil Facebook d'un homme du même nom qui a dit-il a étudié à l'Université de Louisville.

Des responsables des services de renseignement américains ont déclaré au Washington Post qu'ils se sont vu présenter des enregistrements vidéo et audio du meurtre du dissident saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de sa propre nation à Istanbul.

Selon des responsables des services de renseignements cités par le journal The Post , les enregistrements capturent les moments qui ont précédé et décrit ce qu'ils ont décrit comme la mort violente de M. Khashoggi.

TF121