Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 3 mai 2018

Le Pentagone bannit les téléphones portables commercialisés par les groupes chinois ZTE et Huawei


Dans un rapport publié en 2012, le sénateur Jean-Marie Bockel avait recommandé de bannir les routeurs de cœur de réseau proposés par les industriels ZTE et Huawei, au motif que ces derniers étaient susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale en raison de leurs liens avec le gouvernement chinois. Et le parlementaire français n’était pas le seul à nourrir quelques craintes.

Quelques mois plus tard, outre-Atlantique, un rapport du comité « renseignement » de la Chambre des représentants était en effet arrivé aux mêmes conclusions. « Sur la base d’informations classifiées et non classifiées, Huawei et ZTE ne peuvent pas garantir leur indépendance par rapport à l’influence d’un État étranger et cela pose donc en conséquence une menace pour la sécurité des États-Unis et notre système », était-il souligné dans ce document.

Seulement, ces équipements de télécommunications ne sont pas les seuls à représenter un risque pour la sécurité nationale : les téléphones portables et les montres connectés commercialisés par Huawei et ZTE sont désormais dans le collimateur de l’administration américaine, laquelle cherche à empêcher les industriels chinois à profiter du déploiement de la 5G aux États-Unis.

En février, alors que Huawei était sur le point de conclure des accords avec Verizon et AT&T pour commercialiser ses téléphones portables, le directeur du FBI, Chris Wray, a confié, au Comité sénatorial du renseignement, être « profondément préoccupé » par les risques posés par les produits proposés par les deux géants chinois de l’électronique.

« Nous sommes profondément préoccupés par les risques à autoriser à une société ou une entité redevable à des gouvernements étrangers qui ne partagent pas nos valeurs d’obtenir des positions de force dans nos réseaux de télécommunications », avait-il en effet affirmé.

Depuis, Verizon, AT&T et, plus récemment, Best Buy [spécialisé dans la vente de produits électroniques] ont renoncé à vendre les téléphones et autres montres connectées fabriqués par Huawei et ZTE. Et le Pentagone vient de bannir les appareils des deux industriels chinois des économats implantés dans l’ensemble des bases américaines dans le monde.

« Les terminaux Huawei et ZTE peuvent représenter un risque inacceptable pour le personnel, l’information et la mission du département » de la Défense, a fait valoir le major Dave Eastburn, un porte-parole du Pentagone, sans préciser la menace que représentent les appareils des industriels chinois.

En août 2017, l’US Army avait pris une décision similaire au sujet des drones du constructeur chinois SZ DJI Technology Co Ltd, pour les mêmes raisons.

Cette dernière directive n’empêche pas les militaires et les employés civils d’utiliser des téléphones Huawei ou ZTE. Mais, a souligné le Pentagone, ils « devraient être conscients des risques posés par l’usage de ces appareils. Et cela, peu importe où ils les ont achetés ».

« Les produits de Huawei sont vendus dans 170 pays dans le monde et répondent aux normes les plus élevées de sécurité, de confidentialité et d’ingénierie dans tous les pays du monde. Nous restons attachés à l’ouverture et à la transparence dans tout ce que nous faisons et aucun gouvernement ne nous a jamais demandé de compromettre la sécurité ou l’intégrité de nos réseaux ou appareils », a réagi l’industriel chinois.

La mesure prise par le Pentagone survient quelques jours après une révélation du Wall Street Journal selon laquelle le département américain de la Justice (DoJ) aurait ouvert une enquête pour vérifier si Huawei a ou non enfreint les sanctions américaines visant l’Iran. Et, pour faire bonne mesure, le département du Commerce a interdit aux entreprises américains de vendre des composants à ZTE pendant 7 ans, au motif que ce dernier aurait fait de fausses déclarations au sujet d’une affaire concernant aussi le marché iranien.

Quoi qu’il en soit, Washington n’entend pas voir les groupes chinois d’électronique et d’informatique s’implanter sur le territoire américain. Par le passé, Lenovo avait pu mettre la main sur la division informatique personnelle d’IBM puis sur celle des serveurs x-86 de « Big Blue » alors que des réticences s’étaient exprimées.