Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

samedi 12 mai 2018

Comment vont les Skripal ?


S'interrogeant sur le sort de l'ancien agent double et de sa fille, l'ambassadeur de Russie au Royaume-Uni a estimé que l'attitude de Londres dans la gestion de l'affaire Skripal mettait sa réputation en danger aux yeux du monde.

«Il est devenu clair que nous n'aurons pas accès aux Skripal. [Les autorités britanniques] ne nous le permettront tout simplement pas», a dénoncé l'ambassadeur russe au Royaume-Uni Alexandre Iakovenko le 10 mai après une réunion avec un haut diplomate britannique.

Alexandre Iakovenko a rappelé qu'en empêchant la Russie de rencontrer les Skripal, Londres violait de façon flagrante ses devoirs tels que stipulés par un traité bilatéral entre les deux pays. La position de Londres sur la question est de soutenir que les Skripal ne souhaitent pas rencontrer de responsables russes. Une affirmation qui n'est étayée par rien d'autre que la parole des autorités britanniques, ni l'ancien agent double, ni sa fille ne l'ayant publiquement confirmé.

Le sort réel des Skripal reste un mystère

Moscou n'a en outre reçu aucune photo ou enregistrement sonore des Skripal de la part des Britanniques. De sorte que le sort réel des deux citoyens russes demeure à l'heure actuelle un mystère. «Nous ne pouvons pas établir de façon concluante dans quelles conditions ils se trouvent et s'ils agissent de manière volontaire», a souligné Alexandre Iakovenko, précisant que les réponses de Londres à leur sujet étaient «vides et formalistes».

Plus le Royaume-Uni fait traîner l'enquête, plus le monde va se rendre compte de «la véritable nature de la politique menée par le gouvernement», a prévenu le diplomate russe, notant que «le temps [jouait] contre Londres». Selon Alexandre Iakovenko, la situation met désormais «en danger la réputation du Royaume-Uni».

Le fait est que la version britannique des événements prend du plomb dans l'aile à mesure que le temps passe. Début mars, Londres avait frontalement accusé la Russie d'avoir empoisonné Sergueï Skripal et sa fille Ioulia avec l'agent innervant A-234, un «novitchok». Boris Johnson avait affirmé face à la presse fin mars que le laboratoire de Porton Down, qui a étudié la substance, avait conclu que le produit provenait de Russie. Or début avril, le directeur général du laboratoire avait nié avoir été en mesure d'en identifier sa provenance. Adaptant quelque peu leur stratégie, les autorités britanniques avaient alors déclaré que seule Moscou était capable de produire cette substance. Une affirmation démentie par le président tchèque Milos Zeman début mai, qui a reconnu que son pays avait produit un «novitchok» en 2017.