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mercredi 4 avril 2018

Affaire Skripal : le Kremlin somme Londres de s'excuser


Le Kremlin a sommé Londres de «s'excuser» après que le laboratoire britannique ayant analysé la substance utilisée contre un ex-espion russe en Angleterre eut reconnu ne pas avoir de preuve qu'elle provenait de Russie.

Le gouvernement britannique accuse Moscou de l'empoisonnement de Sergueï Skripal et sa fille Ioulia avec un agent innervant, à l'origine d'une vague historique d'expulsions entre la Russie et les Occidentaux.

«Leur théorie ne se confirmera en aucun cas, parce qu'il est impossible de la confirmer», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par les agences russes dans la nuit de mardi à mercredi.

«Le ministre britannique des Affaires étrangères, qui a accusé le président Poutine, et la première ministre devront d'une manière ou d'une autre regarder dans les yeux leurs collègues de l'Union européenne (...) et devront d'une manière ou d'une autre présenter leurs excuses à la Russie», a-t-il ajouté. «Ce marasme est allé trop loin».

Le chef du laboratoire britannique militaire britannique de Porton Down a indiqué mardi sur la télévision Sky avoir identifié la substance comme du Novitchok, un agent militaire de conception soviétique, mais ne pas avoir «identifié sa source exacte».

«Campagne russophobe»

Le gouvernement britannique a rapidement réagi en déclarant que les recherches menées à Porton Down ne constituaient «qu'une partie du renseignement» à sa disposition.

L'annonce du laboratoire de Porton Down survient alors que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) doit se réunir mercredi à la Haye, à la demande de la Russie.

Dénonçant une «campagne antirusse», le président Vladimir Poutine a dit espérer que la réunion «permettra de mettre le point final» aux accusations visant Moscou.

«Selon des experts internationaux, de telles substances neuroparalysantes peuvent être fabriquées dans une vingtaine de pays du monde», a déclaré M. Poutine.

Quelques jours après l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, survenu le 4 mars à Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre, la Première ministre britannique, Theresa May, a mis en cause Moscou, estimant qu'il s'agissait de «la seule explication plausible».

Boris Johnson a-t-il menti sur sa connaissance de l'origine du poison ?

Boris Johnson, le chef de la diplomatie britannique, aurait menti concernant les résultats des analyses du laboratoire Porton Down, qui a confié ce 3 avril qu'il n'avait pas identifié l'origine de l'agent innervant utilisé dans la tentative d’assassinat de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille.

Le ministre des Affaires étrangères a déclaré à la chaîne de télévision allemande Deutsche Welle le 19 mars, largement diffusée sur les réseaux sociaux le 3 avril, que les scientifiques du laboratoire de Porton Down étaient «catégoriques» quant à l'origine russe de la substance utilisée dans l'attaque de Salisbury le 4 mars.

Au milieu de l'interview, menée il y a quinze jours, la journaliste Janna Nemtsova demande à Boris Johnson : «Vous soutenez que la source de cet agent neurotoxique, le "Novichok", est la Russie. Comment avez-vous réussi à le découvrir si vite? La Grande-Bretagne en possède-t-elle des échantillons ?»

Ce à quoi Boris Johnson répond : «Quand je regarde la preuve, je veux dire les gens de Porton Down, le laboratoire», répond-il, avant que Janna Nemtsova ne le coupe : «Alors, ils ont les échantillons ?»

«Ils les ont, répond le ministre. Et ils étaient absolument catégoriques et j'ai demandé moi-même : "Etes-vous-sûr ?" Et il a dit qu'il n'y avait aucun doute.»

Le laboratoire Porton Down n'a pas pu identifier «la source précise» du Novichok

Le 3 avril, Gary Aitkenhead, le directeur général de Porton Down avait fait savoir à la chaîne britannique Sky News que ses scientifiques étaient incapables de relier des échantillons de la substance, prétendument utilisée pour attaquer Sergueï et Ioulia Skripal, à la Russie. Il insistait sur le fait que, bien que les experts aient identifié l'agent comme étant l'A-234 ou «Novichok», ils n'en avaient «pas identifié la source précise».

AFP