Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 25 janvier 2018

L'assassinat de JFK : autopsie d'un coup d'Etat (6/7)


Partie 26

L’une des choses les plus discutées de cette journée du 22 novembre est le timing même de la journée de Lee Harvey Oswald, arrivé dès le matin comme à son habitude (récente, il a été embauché il y a peu) au dépôt de livres.  Qu’a-t-il fait après, jusque l’heure fatidique du passage de la voiture présidentielle ne peut-être que l’objet de débats.  Car, à bien y regarder, rien, absolument rien, ne prouve qu’il ait pu être présent à l’endroit dont on l’accuse, ce fameux « nid » de tireur fabriqué avec un amoncellement de cartons pour assurer un tir… délicat, car lointain et en mouvement.  Un tir effectué avec un fusil dont on ne sait toujours pas, à l’heure actuelle, qui l’avait apporté là, tant l’enquête officielle est percluse de contradictions à son sujet.  Cela, mais aussi la suite des événements en particulier, son bien étrange parcours après, émaillé par deux épisodes pendables :  la mort de l’officier de police Tipitt, mais aussi une rocambolesque histoire de veste, l’un des sommets de confusion de son dossier judiciaire interrompu, on le sait, par son décès. Retour au dépôt de livres, donc, pour commencer…

Il n’était même pas à l’endroit du tir supposé !

Pour tirer de son « nid » de cartons, comme on l’a appelé, encore faut-il qu’il y fut présent au moment du passage de la voiture de Kennedy.  Or à l’évidence, il n’y était même pas !  Car Oswald, s’il a été vu dans le dépôt de livres à l’heure des tirs, c’est au maximum au deuxième étage et le plus souvent au premier.  Ses collègues de bureau sont formels à ce sujet.  Eddie Piper est le premier à avoir a affirmé qu’Oswald lui avait dit qu’il allait manger son déjeuner vers midi (WCHE, vol.19, p.499).  Dans une déposition  signée du lendemain de l’assassinat, Charles Givens a affirmé avoir vu Oswald vers 11 h 50 «dans la salle des dominos où les employés déjeunent ».  Un des collègues d’Oswald, James Jarman, a témoigné que le jour de l’assassinat il a fait exactement ce qu’Oswald a prétendu avoir fait; il est monté au deuxième étage à l’heure du déjeuner pour acheter un Coke, puis est descendu au premier étage (WCHE, vol.3, p.201).



La revendication d’Oswald a été corroborée par les récits de deux employés noirs qui correspondaient à ces descriptions: « James Jarman était connu sous le nom de «Junior», et Harold Norman qui était appelé par lui « le petit « short » (Jarman: WCHE, vol.3, pp.201-202, Norman: WCHE, vol. .3, p. 189-190).  Les deux hommes étaient debout devant le TSBD, attendant de voir le président.  Quand ils ont appris que le cortège avait atteint la rue principale, ils ont décidé de rentrer dans le bâtiment pour obtenir une meilleure vue.  Jarman a déclaré qu’il était debout à l’extérieur « jusqu’à environ 12h20, entre 12h20 et 12h25 ».  « Les journaux de la police signalent que le cortège roulant a traversé la rue Live Oak, à environ une minute de la rue principale, à 12 h 22 (pièce 705 de la Commission, p.72 [WCHE, vol.17, p.461]), ce qui indique que Jarman et Norman étaient entrés au TSBD au plus tôt à 12h23 (…) Oswald avait l’habitude de lire les journaux et aurait probablement vu un article dans le Dallas Morning News le 20 novembre, qui indiquait que le cortège devait arriver au Trade Mart, à cinq minutes de route d’Elm Street, À 12 h 30 (CE 1364 [WCHE, vol.22, p. 616]).  Oswald était toujours au premier étage, pas plus de deux minutes avant que Kennedy ne passât devant le bâtiment.  Si le défilé avait été tôt plutôt que tardif, l’assassin fou aurait échoué.  Aucun des employés du quatrième ou du cinquième étage n’a vu ou entendu quelqu’un monter les escaliers immédiatement avant les tirs.  James Jarman, Harold Norman et Bonnie Ray Williams ont utilisé les ascenseurs pendant cette période, mais n’ont signalé personne d’autre le faire.  Au moins trois des collègues d’Oswald l’ont vu au premier étage peu de temps après avoir commencé leur pause déjeuner vers 11h50 « :

« – Charles Givens: «Dans la matinée du 22 novembre 1963, Givens a vu Lee lire un journal dans la salle de dominos où les employés déjeunent vers 11 h 50» (CD 5, p. 329).

Eddie Piper vit Oswald «à 12 heures … au premier étage» (WCHE, vol.6, p.383); « À midi, ce collègue Lee me dit: « Je vais manger' » (WCHE, vol.19, p.499).

William Shelley: « Je me souviens de le voir quand je suis descendu déjeuner vers environ 10 minutes avant 12h » (WCHE, vol.6, p.328); « C’était 10 ou 15 minutes avant 12 … au premier étage près du téléphone » (WCHE, vol.7, p.390).

Bonnie Ray Williams a affirmé avoir été au sixième étage pendant quelques minutes environ vers midi, et qu’il était la seule personne là (WCHE, vol.3, p.169) »

« La fille de l’escalier », le grain de sable oublié de la Commission Warren


Cette impossibilité, un écrivain subtil l’a bien rendue dans un excellent ouvrage, intitulé sobrement « La Fille de l’ascenseur« .  L’air de rien, ce surprenant ouvrage, en fait, disculpe complètement à lui seul Oswald.  C’est un témoignage fort, celui de la jeune employée Victoria Elizabeth Adams, présente sur place (au quatrième étage) à un endroit clé au moment des tirs et peu après.  Une jeune fille qui sera harcelée après, au point d’avoir à quitter Dallas pour se faire oublier, et qu’Ernest n’avait réussi à retrouver qu’en 2002 !!!  « L’aspect clé de son témoignage était l’escalier qu’Adams a pris, le même escalier que Lee Harvey Oswald aurait dû avoir pris pour arriver au sixième étage du dépôt (…)  Pourtant, Adams a témoigné qu’elle a vu et entendu personne d’autre dans l’escalier à l’époque.


Elle estime que le temps entre l’audition des coups de feu, en laissant la fenêtre pour aller à la tête de l’escalier, était entre 15 et 20 secondes.  Elle estime avoir pris moins d’une minute à courir dans les escaliers du quatrième étage au premier étage.  Le problème étant que Adams n’a pas vu Oswald lors de son passage dans l’escalier; elle a témoigné qu’elle n’a pas entendu quelqu’un d’autre dans l’escalier quand elle était en train de descendre vers le bas.  Le journaliste d’investigation Barry Ernest décrit dans son livre « La Fille de l’ascenseur » sa recherche de 35 ans pour trouver et interviewer Victoria Adams.  Quand il l’a finalement retrouvée en 2002, Adams a répété pour lui son histoire.  Elle a expliqué comment les divers représentants du gouvernement, et ceux du département de police de Dallas l’avaient harcelée à propos de son témoignage.


Elle a produit pour Ernest 1964, une lettre qu’elle avait écrite à son avocat L. Lee Rankin, l’avocat en chef de la Commission Warren, se plaignant que quelqu’un avait apporté des changements dans sa déposition, changeant sa signification.  Elle a expliqué à Ernest qu’elle a quitté Dallas après l’assassinat parce qu’elle cherchait à disparaître.  « Rappelez-vous, cependant, j’était une très jeune femme à l’époque (22 ans) et suspecté par mon gouvernement », a-t-elle dit Ernest.  « En raison des circonstances étranges et de l’actualisation de mes déclarations, mes questions multiples par divers organismes gouvernementaux et les conclusions de la Commission Warren, j’ai perdu mes croyances idéalistes dans l’intégrité de notre gouvernement.  Et j’avais peur, aussi.  J’étais une jeune femme seule, sans soutien de famille ou un ami à l’époque « .  Ernest a examiné avec son témoignage, publié dans les volumes de la Commission Warren, en insistant sur le fait que son témoignage avait été modifié.  « L’ascenseur de fret n’a pas bougé, et je n’ai pas vu quelqu’un dans l’escalier», a-t-elle insisté auprès d’Ernest.  Quand Ernest lui a demandé pourquoi la Commission Warren n’a jamais appelé à témoigner Sandra Styles, Adams a spéculé, « Rétrospectivement, je pense qu’ils ne voulaient corroborer aucune preuve. »



Pourtant, le dossier est clair.  Il n’y a aucune photographie montrant Lee Harvey Oswald au sixième étage pendant l’attentat contre JFK, et il n’y a aucun témoignage de quelqu’un qui a travaillé dans le bâtiment pour suggérer qu’il était là non plus ».  Une reconstruction du déplacement prétendu d’Oswald dans l’immeuble, fait ici par Discovery, mesuré en temps précis, montre que c’était là aussi impossible à faire, en plus,  dans le temps imparti.  Physiquement impossible (il avait fallu 48 secondes à l’acteur jouant Oswald pour redescendre après avoir « tiré ») !!!  La conclusion est simple : pour réussir à tirer au 6eme étage, Oswald aurait dû être un surhomme, et pas seulement pour tirer, mais simplement pour être PRESENT, à cet endroit précis, à l’heure indiquée comme le précise ce texte teinté d’humour caustique :

« Si Oswald avait en fait tiré le président Kennedy, il devait avoir un temps occupé pendant la demi-heure ou immédiatement avant l’assassinat. Après avoir été vu sur le premier étage du TSBD peu avant la mi-journée, Oswald aurait du en effet :


Monter les escaliers au sixième étage pour construire « le nid » du tireur d’élite et assembler le fusil qu’il n’a pas fait entrer dans le bâtiment à l’intérieur d’un sac de papier qui était trop petit pour contenir le fusil, tout en évitant l’attention de Bonnie Ray Williams qui était en train de manger son déjeuner à quelques pieds de distance;
Courir au deuxième ou au premier étage pour y être vu par Carolyn Arnold.
Remonter au sixième étage et poser par la fenêtre si bêtement qu’il puisse être vu par Arnold Rowland en compagnie d’un autre homme non identifié.
 Redescendre au premier étage à temps pour voir James Harold Jarman et Norman entrer dans le bâtiment près de la salle dite « domino. »
Remonter au sixième étage pour tirer sur le président avec un tas de balles autour de lui, probablement disposées après l’événement.
 Redescendre à la salle du deuxième étage déjeuner et acheter un Coca, sans aucun doute  en ayant très soif après toute cette course »



Si l’on essaie de refaire le timing serré de LHO à l’intérieur même de la Bibliothèque, cela donne donc en effet cela :

« Oswald a acheté un Coca-Cola dans la salle à manger du deuxième étage.

Quelques instants plus tard, il a croisé Roy Truly, le superviseur du TSBD, et Marrion Baker (ici-dessus), le policier à mot qui a couru dans le TSBD à peine une demi-minute après le tir.  Entre une à deux minutes après les tirs, selon Baker, il rencontrait Oswald au deuxième étage.  L’ascenseur était alors en panne.

Oswald est après descendu alors et est allé manger son déjeuner dans la salle dite des dominos du premier étage.

Enfin, Oswald a causé avec son contremaître pendant quelques minutes avant de repartir chez lui ».

A peine sorti du guêpier de la  Bibliothèque pour rentrer chez lui puis fuir vers le cinéma où il sera finalement arrêté, Oswald ajoute une autre case à l’échiquier de son mystère.  Une case vestimentaire cette fois : « Oswald ne rentra pas dans sa chambre pour ramasser une veste.  Il n’était pas obligé.
Comme le disait Baker, il en portait une quand il a quitté le bâtiment.  (« Il me semblait qu’il avait une veste marron sur lui » …).  La même veste (marron) que Frazier (un de ses collègues de travail) l’a vu porter quand il l’a conduit travailler ce matin-là.  La veste que soutenait Frazier n’était ni CE 162 ni CE 163 (des numéros référant à des preuves exhibées à la Commission  Warren).  « La veste qui devait disparaître apparemment pour la remplacer par la CE 162, la veste trouvée dans le parking près de l’endroit où l’officier Tippit a été abattu.  La veste d’Oswald ? »  Car des vestes, on a trouvé au moins une de trop, là encore !!!

La Commission Warren  se prend une veste


Cette histoire de veste c’est encore une autre histoire dans l’histoire, celle de la mort de l’officier Tippit sur laquelle je ne vais pas m’appesantir.  Marina Oswald avait dit aux enquêteurs que Lee n’avait que deux vestes (le couple était plutôt pauvre) – une bleu foncé, et une gris clair.  Or au moins deux témoins à la scène du meurtre de Tippit ont décrit un tueur portant une veste « blanche ».  Une des témoins de la Commission Warren. Helen Markham, quand on lui a montré une veste plus foncée avait dit  » Non, je n’ai pas vu ça … cette veste est une veste plus foncée que celle que j’ai vue, je le sais, j’y étais. »  Même chose pour l’autre témoin, Domingo Benavides à qui on a fait le même coup et à qui on avait montré la « pièce à conviction 163 » de la Commission en lui posant la même question :  « Je dirais que cela ressemble à ça … » avait il dit.  Mais comme le remarque ici en forum un curieux  « Le problème, c’est que la pièce 163 de la Commission était la veste bleu foncé d’Oswald.  La veste grise était la pièce 162 de la Commission ».  En résumé, sans sa veste claire, Oswald est à nouveau disculpé, cette fois du meurtre de l’officier Tippit, réalisé après l’attentat, durant sa fuite.  Le hic, c’est qu’une veste correspondante a bien été retrouvée fortuitement près du cinéma de l’arrestation (où il était entré en t-shirt) :  sur un parking, jetée sous une voiture.  En somme, on avait découvert la preuve attendue de sa culpabilité !!!  Une découverte qui est en elle-même tout un sketch :  la veste a en effet été trouvée tôt;  à 13H25  sous une voiture, dans le stationnement directement derrière un Temple et une ruelle, derrière le cinéma où Oswald avait été arrêté, mais trouvée de bien singulière manière.

Apparue comme par enchantement sous une voiture !


Une veste claire qui était apparue comme par miracle en fait.  Le capitaine de police de Dallas, W.R.Westbrook l’a témoigné alors qu’il s’était dirigé  vers des maisons abandonnées:  « Je me suis dirigé vers le stationnement derrière la station-service Texaco, et un officier, je suis sûr que c’était un officier, je ne peux pas être plus certains, a dit « il y a une veste sous la voiture ! » (en somme on lui avait soufflé l’idée de l’emplacement !).


Le sergent Owens a témoigné que, lors de la scène du meurtre, un citoyen inconnu s’était approché de lui et du sergent Hill, leur disant que « l’homme armé avait «jeté sa veste» dans le stationnement » (voilà qui sonne fort le téléphoné, il me semble !).  Mais c’est encore devenu autre chose après :  Le FBI a attribué la découverte à B.M. Patterson dans un mémoire de septembre 1964 devant la Commission, peut-on lire : « Patterson a identifié Oswald et l’a également vu se défaire de sa veste de fermeture à glissière.  » Mais Warren Reynolds, qui avait ratissé le terrain avec lui quand ils ont suivi le tireur, n’a jamais mentionné cela ».  Bref, personne ne savait plus qui avait trouvé inopinément cette veste primordiale pour l’enquête !!!  On ne détient qu’une note de conversation radio de la Police, devenue « inconnu N°279 « , mais sans aucun nom associé : aujourd’hui encore on ignore qui.  A noter que ce jour-là, il y avait aussi un photographe pour prendre le policier en train de tenir à bout de bras la fameuse veste… L’assassin de Tipitt, à la veste claire, avait manifestement renseigné les policiers !  Difficile à partir de l’exemple de cette fameuse veste prise en photo comme un trophée de ne pas croire à une collusion entre la police de Dallas et les deux assassinats (1) !

Une veste, mais laquelle alors ?


Dans le livre « With Malice » de Dale K.Myers, cette histoire de veste montre aussi la légèreté des différents témoignages retenus après l’assassinat, mais en même temps une certitude sur la couleur de la veste que portait l’assassin du policier Tipitt :  elle était bel et bien claire !  « Bien que le souvenir de la couleur chez Earlene Roberts ait chancelé dans les mois qui ont suivi le meurtre, il convient de noter que sa déclaration initiale, faite quelques heures après l’événement, décrivait avec précision le vêtement trouvé sur le parking de Texaco.


La partie la plus cohérente de son histoire était que la veste avait une fermeture éclair sur le devant.  Cela semble avoir été la seule raison pour laquelle elle s’était bien rappelé la veste,  elle se rappelait qu’Oswald avait «fermé le devant» en partant.  La majorité des témoins oculaires des tirs sur Tippit ont décrit la veste du tueur comme de couleur claire, bien qu’il y ait eu un désaccord général sur la teinte particulière.  Le chauffeur de taxi William Scoggins s’est souvenu que la veste était «bleu-clair».  Virginia Davis a dit aux enquêteurs que le tueur portait une veste «couleur bronze clair».  Sa belle-sœur, Barbara J. Davis, a dit aux autorités que le tueur portait une «veste de sport sombre».  Domingo Benavides a dit que la veste était un « beige clair », puis a identifié la veste bleu foncé trouvée dans le dépôt comme celle que le tueur portait.  Jack Tatum a rappelé la veste comme « de couleur claire.  » Bill Smith a d’abord déclaré que la veste était «brun clair», puis a identifié la veste grise trouvée dans le stationnement comme celui que portait le suspect.  Jimmy Burt a dit que la veste était «de couleur pâle».  Ted Callaway a correctement décrit la veste à quelques minutes de la prise de vue comme un «gris clair-Eisenhower».  Il a réaffirmé cette description en disant à la Commission que la veste était «de couleur gris léger».  En fin de compte, deux choses restent certaines.  Il ressort du témoignage de Mme Earlene Robert que Oswald portait une veste quand il a quitté sa chambre de Nord Beckley.  Trente minutes plus tard, Oswald a été vu debout devant Hardy’s Shoe Store sur West Jefferson sans une veste, le bout de sa chemise sorti. Si Oswald n’a pas tué Tippit, qu’est-il arrivé à sa veste ?  La réponse, il s’avère, a été enterrée dans une pile de rapports du FBI ».

L’étonnante veste trouvée et envoyée au FBI et qui mène à autre chose


Tout l’histoire de timing raté du TBSD n’a pas semblé encore suffisante pour charger Oswald.  Il est temps alors de faire entrer un autre personnage, qui tombe à pic, puisqu’il colmate les brèches du scénario en train déjà de s’effriter, en revenant, quel hasard à cette histoire de veste qui semblait déjà bien mal partie.  Place donc à Franklin « Frankie » Kaiser, qui se déclare « employé de la Bibliothèque ».  Celui-là est un autre phénomène, puisqu’il a trouvé à lui tout seul pas moins de deux éléments pour charger davantage la mule Oswald.  A savoir…  l’une des fameuses vestes, décrite comme ayant appartenu à Oswald, et fondamentale donc pour l’accuser ou non d’avoir tué Tippit;  mais aussi une planche utilisée par Oswald pour remplir des commandes de livres scolaires, retrouvée, oh miracle, au 6eme étage et non au second !!!  Or ce Kaiser a joué un autre rôle, à l’évidence.  « Ce qui rend la découverte de la veste d’autant plus bizarre est le fait qu’il y a deux rapports distincts du FBI qui fournissent des dates différentes pour la découverte de la veste ! »  Dans un rapport l’agent du FBI Kenneth B. Jackson écrit que la veste a été découverte au TSBD environ le 16 décembre 1963.  Donc non seulement devons-nous croire que contre toutes les chances Kaiser a trouvé à la fois la veste et le presse-papiers, mais qu’il lui a également pris près de quatre semaines pour trouver la veste.  A supposer que Kaiser était absent du TSBD le jour de l’assassinat, et est seulement retourné au travail le lundi suivant l’assassinat selon son témoignage, mais sûrement lui ou un autre employé aurait pu le trouver beaucoup plus tôt que  le 16 décembre 1963.  Cela nous amène maintenant au deuxième rapport du FBI sur la « découverte » de la veste.  Dans son rapport du 3 juillet 1964, l’agent du FBI Robert Barrett écrit que Roy Truly, le surintendant du TSBD, a reçu une veste par un employé dont il ne pouvait se souvenir;  trois à quatre jours après le 22 décembre 63  – et non le 16 décembre 63 selon le rapport de Kenneth Jackson, écrit un mois auparavant ».  L’expéditeur de la veste était bien Kaiser.  Bien entendu, la veste était de couleur… bleu foncé.  C’est ce qu’il confirmera à la Commission en confirmant que c’était bien celle qu’il avait trouvée.  On comprend le but de la découverte : si la bleue provenait du TSBD, et que c’était une des deux vestes d’Oswald et qu’elle y était restée « cachée », ce même Oswald ne pouvait donc plus que porter la grise, et donc ne pouvait qu’être l’assassin de Tipitt !!!  Avouez que tout ça sent aussi très fort le téléphoné !!!

Retour à la case MK/Ultra ?


Le témoignage de Kaiser était fort, car il travaillait lui aussi à la Bibliothèque.  Mais on découvrira bien tardivement que son travail était disons… spécial.  « Frankie Kaiser a témoigné devant la Commission Warren qu’il travaillait au TSBD comme coursier et chauffeur de camion.  Quand on lui a demandé la date à laquelle il a commencé à travailler pour le TSBD, Kaiser a affirmé qu’il y était depuis le 24 août 1962.  Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il était absent du travail le jour de l’assassinat, Kaiser a témoigné qu’il était au collège dentaire de Baylor pour une dent avariée.  Comme l’a souligné le chercheur Bill Kelly, le Collège dentaire Baylor est l’endroit où George Bouhe a organisé le travail dentaire de Marina Oswald, peu de temps après son arrivée de l’Union soviétique avec son mari.  Sur une note beaucoup plus sinistre, la clinique médicale de Baylor a reçu des centaines de milliers de dollars en fonds de l’armée et de la CIA pour le programme de recherche de contrôle de l’esprit du nom de MK / ULTRA de 1963 à 1965″.  Etrange coïncidence en effet.  Et drôle d’environnement de « formation »… nous revoici dans « I comme Icare » !!! Car si l’on regarde bien la photo de l’arrestation d’Oswald, entre le policier C.T. Walker et l’homme au cigare, à savoir le détective Paul Bentley, on ne peut que constater simplement une chose :  il porte bien une chemise au dessus d’un t-shirt… mais elle est  ni grise ni bleue, elle est… marron, comme celle qu’il portait le matin !


La planque du magasin de chaussures


En tirant sur l’écheveau de cette histoire de veste, notre curieux à dévidé de drôles de ficelles remontant très haut, en fait (..) « William Lowery est une personne intéressante pour plusieurs raisons.  Le 26 septembre 63, Lowery avait fait les manchettes en se faisant passer pour un «espion» du FBI.  Environ trois jours auparavant lorsqu’il a témoigné lors d’une audience ouverte du ministère de la Justice à Washington:  Le jour de l’assassinat, Lowery était employé comme le directeur d’un magasin de chaussure sur 620 West Jefferson Street appelé « le refuge de chaussure » ; à environ trois pâtés de maisons à l’ouest du magasin de chaussures Hardy où le directeur, Johnny Calvin Brewer, avait prétendument repéré Oswald à l’extérieur de son magasin ; et l’avait trouvé « bizarre et effrayé », puis l’aurait suivi jusqu’au Texas Theatre, après quoi on nous dit que le caissier du théâtre, Julia Postal, avait téléphoné à la DPD ce qui mènera à son arrestation… En dépit d’avoir été crédité comme l’homme qui a mené à la capture de l’accusé meurtrier du président des États-Unis, Brewer (et Postal pour cette question) n’ont pas été convoqués par le DPD pour fournir un témoignage signé  le jour de l’assassinat.  Les témoins de l’assassinat du président ont donné des déclarations sous serment aux autorités le même jour, mais Brewer a fourni un déposition le 6 décembre 63 seulement, – deux semaines entières après l’assassinat !  Au cours d’une entrevue avec le chercheur Ian Griggs, Brewer a prétendu que lorsqu’il aurait manqué Oswald à l’extérieur de son magasin, il y avait deux hommes avec lui dans le magasin qui auraient été de chez IBM.  Toutefois, Brewer n’a fait aucune mention de ces hommes dans sa déposition dans son entretien avec le FBI et lors de son témoignage à la Commission Warren. Lee Farley a fait valoir que l’un de ces soi-disant hommes d’IBM était Igor Vaganov, celui qui était soupçonné d’être impliqué dans le meurtre de l’agent de DPD J.D Tippit.  Les lecteurs intéressés peuvent lire le travail de M. Farley sur Vaganov en cliquant ici. »


Les  « points connectés » avec les fameux époux Paine


Mais il y a mieux encore, car on découvre (enfin) le rôle exact qu’ont joué les fameux époux Paine dans l’affaire (les fameux hébergeurs d’Oswald) : « Il y a une autre connexion indirecte intéressante entre Lowery et Brewer.  Comme l’a noté Lee Farley, en août 1962, Lowery et le reste des membres du Parti communiste américain à Dallas faisaient la promotion de l’idée d’établir davantage leurs liens avec l’Union américaine des libertés civiles.  Le lecteur doit noter que Ruth et Michael Paine, tous deux suspects, étaient membres de l’ACLU (alors qu’ils étaient de la CIA : les deux preuves vivantes en fait que le projet Mockingbird était déjà bien en place !).  Bien qu’Oswald ait prétendument demandé son adhésion à l’ACLU, Greg Parker m’a informé qu’Oswald était en fait un membre du syndicat des libertés civiles de Dallas – un affilié de l’ACLU.  Il est hors de portée de cet essai de discuter des liens d’intelligence d’Oswald et de Paine.  Cependant, leur présence dans l’ACLU est compréhensible étant donné que le parti communiste essayait d’établir des liens plus étroits avec eux.  Tout à fait par hasard, John Brewer témoignera devant la Commission Warren qu’il était allé travailler comme gérant du magasin de chaussures de Hardy en août 1962.  Ces coïncidences m’ont amené à spéculer que Brewer pouvait aussi avoir été un informateur du FBI, travaillant aux côtés de William Lowery dans l’infiltration des organisations communistes et de l’ACLU. 


Si Brewer (ici-dessus) était en fait un informateur du FBI, sa volonté de coopérer avec le DPD et le FBI pour assurer qu’Oswald était l’homme qui a tiré à la fois sur le président et l’agent J.D Tippit me paraît parfaitement logique.  Un dernier point que je voudrais dire est que Lowey a prétendu que son contrôle du FBI à Dallas n’était autre que James P. Hosty !  » Il y a un dernier point important que je voudrais faire.  Si Kaiser était un informateur du FBI, il n’y a aucune chance sur terre que J. Edgar Hoover aurait admis ceci, car ce serait un grave embarras pour lui et le FBI que l’un de leurs propres informateurs ait été employé dans le même bâtiment où Oswald, l’homme arrêté et accusé par le DPD pour avoir assassiné le président, avait également été employé.  Je doute que même les défenseurs les plus ardents de la Commission du FBI et de Warren seraient honnêtement en désaccord avec ce point de vue ».  On ne peut être plus clair :  Hoover avait donc « planté » des hommes à lui dans la Bibliothèque.  Et certainement pas pour aller se prendre un Coca au deuxième étage du bâtîment !!!  S’il y a bien complot, on en a la preuve avec l’implantation d’hommes du FBI au sein même de la Bibliothèque !!!

Fusil inutilisable, timing démentiel et port de la mauvaise veste pour un suspect « idéal » ?


« Lee Harvey Oswald n’a donc pas porté le Ce163 (la veste bleue foncée) au TSBD le matin de l’assassinat.  Au lieu de cela, Oswald portait une veste en laine de flanelle comme Buell Wesley Frazier en a témoigné (on montrera un Oswald en chemise marron, rappelons-le, dans les couloirs de la police de Dallas – ici à gauche- et non en veste).  Cette veste a été découverte trois à quatre jours après l’assassinat (selon le rapport de SA Robert Barrett) à l’intérieur de la salle Domino par un employé non identifié.


La veste était alors destinée à disparaître; et l’identité de l’employé qui l’avait trouvée dissimulée ».  Cette idée est aussi reprise par James H. Fetzer dans « Murder in Dealey Plaza: What We Know that We Didn’t Know Then about the death of JFK) « : selon l’auteur, je cite, « ils ont trouvé une veste bleu foncé de type « Sir Jac » au TSBD :  cette veste n’a jamais été réclamée par quiconque ».  Après que Earlene Roberts ait décrit la veste qu’Oswald portait quand il a quitté 1026 Nord Beckley comme étant « de couleur foncée » ?? aux agents du Service secret William Carter et Arthur Blake dans sa déposition devant eux le 5 décembre 1963, les autorités ont conspiré pour la discréditer en simulant la découverte de Ce163 le 16 décembre 1963 par Frankie Kaiser au TSBD. »  Sans aucun doute, l’incapacité de Roberts à identifier Ce162 (la veste gris clair) comme la veste qu’elle avait vu Oswald porter était un problème pour l’histoire d’Oswald tirant contre l’officier J.D Tippit.  Comme elle était le seul témoin qui ait vu positivement Oswald (et pas quelqu’un d’autre) avec une veste à fermeture à glissière, une veste à glissière a été jeté au stationnement derrière la station-service Texaco.



Les défenseurs de la Commission Warren se moqueront évidemment de toute idée selon laquelle les autorités seraient à l’origine d’Oswald pour l’assassinat du président et de J.D Tippit.  Cependant, considérez qu’avec le président des États-Unis, arrogant et brutalement abattu en pleine vue du public et en plein jour et avec le monde entier attendant anxieusement pour savoir qui était responsable et avec la possibilité d’une guerre nucléaire à la suite de l’assassinat, le DPD et le FBI auraient sans doute été soumis à une forte pression pour trouver les responsables.  Le DPD du Texas avait arrêté Oswald au Texas Theatre après avoir quitté le TSBD – le même endroit où ils avaient découvert le fusil et les douilles de balles utilisées.  Ils avaient donc ainsi un suspect viable pour l’assassinat ».  Un suspect fabriqué de toutes pièces !


Une mise en scène à tous les étages


Pour tirer sur Kennedy, comme on en accuse Oswald, ce dernier a dû apporter son arme au sein même du 6 éme étage de la Bibliothèque.  S’ouvre un nouveau chapitre de la fabrication d’un assassin avec l’épisode des « barres à rideau ».  Au travail, Oswald a un collègue appelé Buell Frazier.  Son témoignage est très intéressant; mais la manipulation de ses dires encore davantage.  Commençons par son témoignage, résumé ici :  « Oswald avait également posé un long paquet sur le siège arrière de sa Chevy.  «J’ai remarqué le colis tout de suite et ai demandé à Lee ce que c’était», a déclaré Buell. – Il m’a dit qu’il s’agissait de tringles à rideaux.  «La veille, il avait dit qu’il recevait des barres de rideau pour la chambre dans laquelle il demeurait à Dallas pendant la semaine où il travaillait.


«J’avais l’habitude de rentrer à la maison chaque jour, mais je suis resté dans une maison d’hébergement.  Je ne pensais plus à ce qu’il avait apporté et nous sommes allés travailler comme d’habitude.  «Tout ce que je me souviens vraiment de ce matin, c’est qu’il y avait une légère bruine et j’ai dû continuer à mettre les essuie-glaces.  Buell a déclaré qu’Oswald était «tranquille» pendant les 20 minutes en voiture et personne n’a mentionné la visite du président Kennedy à Dallas.  Au dépôt de livres Oswald, âgé de 22 ans, se précipita à l’intérieur avec le paquet plié sous son bras.  Buell dira plus tard à la Commission Warren, mise en place pour enquêter sur le tir, qu’il ne pensait pas que le paquet de papier brun était assez long pour être un fusil ».  Ce témoignage est crucial, car il laisserait entendre qu’Oswald avait bien apporté dès le matin « son » propre Carcano sur place.  Mais deux failles subsistent :  la première sur la nature du « paquet », ou plutôt de son emballage, la seconde sur la longueur.  Sur cette dernière Buell le dira à plusieurs reprises, Oswald pouvait le tenir sous l’aisselle par le bas du paquet.  Vérification faite, c’est plus court qu’un Carcano, même démonté en deux parties (cf photo ci-dessous à gauche).

Coup de barre sur l’enquête


Ça coince déjà, donc.  La deuxième est sur le fait que nulle part Frazier n’ait parlé de paquet fabriqué avec du papier… sauf pendant la Commission Warren, où on avait montré une longue enveloppe de papier, photographiée tenue à bout de bras devant le TSBD…  exactement comme le blouson gris tenu en trophée par l’officier de police de Dallas Montgomery.  Le sac deviendra le Commission Exhibit 142.



Le policier Craig, qui était monté jusqu’au 6eme étage juste après l’attentat, a toujours affirmé n’avoir jamais vu ce sac sur place, même après avoir inspecté tout l’étage. Quand on vérifiera ce que prend comme place un Carcano démonté on s’apercevra qu’en effet ça ne pouvait pas être tenu par le bas en le calant sous l’aisselle (photo ci-contre à gauche), et qu’en plus cela laissait des plis bien différents des plis transversaux restés bien visibles montrés par Montgomery...  le sac sera mesuré à 38 pouces, pour un fusil censé en faire 40, on le rappelle… (la publicité de Klein parlait d’un 36 pouces mais ce sont des 40 qui ont été livrés, et c’est un 40 pouces qui a été montré sur la photo « backyard » de LIFE).


Quand bien même Oswald aurait amené son fusil dans l’établissement, il reste le problème de où le remonter, et de régler à nouveau sa lunette, à l’abri des regards des employés de la Bibliothèque, pour en faire une arme pleinement efficace.  Autre problème; comme le policier Craig (voir épisodes précédents), le caméraman, Tom Alyea arrivé au sixième étage bien avant que le fusil ait été trouvé avait filmé l’inspecteur Fritz et d’autres policiers se tenant  debout autour de l’endroit  où avait agi le tireur d’élite pour y découvrir caché dans une rangée de paquets le fusil, la découverte du fusil, la recherche d’empreintes visuellement dessus;  le sac du déjeuner et la bouteille de Dr. Pepper trouvée à côté du sac du déjeuner, mais sans voir de sac de papier, alors que Mongotmery avait affirmé qu’il l’avait trouvé à cet endroit.


Et comme ça ne suffisait pas encore, on a donc montré au grand public une émission dans laquelle on avait fait témoigner Buell Frazier.  Regardez-là bien, car, musique de série télévisée comprise, c’est un vrai chef d’œuvre de… manipulation des esprits.  Frazier s’était-il rendu compte lors de ce tournage qu’il se faisait manipuler ???  Aujourd’hui, il témoigne en tout cas… de l’innocence d’Oswald !  (on peut entendre ici Frazier, plusieurs décennies après, raconter à nouveau l’arrivée des « barres à rideau ».  Pour lui, il n’y avait aucun doute, ce n’était pas un fusil dissimulé dedans.  Frazier incrimine aussi dans le même reportage les « méthodes de cow-boy » du capitaine Fritz, qui aurait voulu forcer physiquement Frazier, en le menaçant, à déposer qu’il faisait lui aussi partie de l’assassinat !  Il insiste aussi sur les manipulations de la Commission Warren, pour déformer ses dépositions.  « Il n’y avait pas de fusil », répète-t-il !!!

Et les fameuses barres à rideau, alors ?

Si Oswald ne transportait pas de fusil mais bien des barres à rideau en ce matin du 22 novembre, on aurait bien du les retrouver, ces fameux engins.  Car c’est un vrai casse-tête que ces bidules, en effet. D’abord, Oswald a menti :  dans son minuscule appartement du 1026 N. Beckley il y en avait déjà, des rideaux accrochés.  Il mentira une deuxième fois au Commissariat en affirmant qu’avec Frazier il n’avait pas parlé de rideaux et de barres, ce qui était faux aussi.


Plus compliqué encore : aucune barre à rideaux n’a jamais été retrouvée au dépôt de livres où il est censé les avoir apportées, et quand Oswald est parti du bâtiment, il n’en a avait repris aucune aussi avec lui.  Bref, on n’a jamais retrouvé ces fameuses barres ni d’explication plausible soit à leur arrivée soit à leur enlèvement du dépôt de livre.  Mais au final, on en a bien retrouvé, pourtant, des barres à rideaux.


Exactement de la taille de celles portées sous le bras, bloquées par l’aisselle de Lee Harvey, au matin du 22 novembre, devant son copain Frazier !!!  C’est l’épluchage des artefacts montrés lors de la commission Warren (devenus « Warren Commission Exhibit #2640« ) en plus, qui nous les montre même en photo.  Et elles étaient où, ou plutôt la police de Dallas les a retrouvées où, ces fameux témoins d’une belle fabrication encore une fois?  Je vous le donne en mille : « dans le garage de Ruth Paine » !!!



Bien sûr, est-on fort tenté de dire !!!  Mieux encore : on montrera deux photos de ces barres:  L’une en couleur, une fois réunies ensemble (pour le transport, avec « joint » de carton ?) et une autre en blanc prêtes à être installées, séparées (« exhibit 276 »).  Sur la photo couleur, une gamme de référence en donne la taille approximative : entre 27 et 28 pouces maxi.  « Le Mannlicher Carcano, CE 139, aurait mesuré 40,2 pouces de longueur dans son état assemblé.  Lorsqu’il est démonté, sa plus longue composante, le morceau de bois, est de 34,8 pouces de long » peut-on lire ici.  On est encore loin des barres à rideaux !  Et quand bien même il n’aurait pas s’agit de barres, il reste un autre problème de taille :  le remontage, fastidieux, du Carcano.  Le spécialiste du démontage-remontage de l’arme qui le dit ici ajoute autre chose :  « je reste convaincu que Lee Harvey Oswald avait ni le temps, ni la place, ni les conditions pour rassembler à tout moment pendant la durée des 4h 1/2 entre son arrivée au Texas School Book Depository à environ 08h 00 et le moment, qu’il aurait utilisé pour tuer le 35eme Président des États-Unis à 12h30. » (ici en vidéo le mécanisme de « remontée » successive des balles grâce au fameux clip de chargement).

Un fusil sans munitions ?



Un autre point est passé inaperçu dans le flot d’informations de la Commission Warren : quand bien même il avait acheté chez Klein un Carcano (sous le nom d’emprunt de Hidell, une création fort récente comme on vient de le voir)… Oswald n’a jamais acheté de munitions pour son fusil, et ça aussi c’est tout simplement sidérant.  La Commission Warren n’a en effet pas pas pu prouver que Lee Harvey Oswald ait jamais acheté des munitions de 6,5 mm pour son Manlicher-Carcano.  Aucune munition n’a jamais été trouvée sur sa personne ou parmi ses effets qui ont été fouillés et ont tous été confisqués le 22 Novembre, 1963.  En somme, il aurait acheté un fusil, sous un faux nom mais n’aurait pas pensé à se munir de balles pour tirer avec !  Un fusil acheté 19,95 dollars et envoyé à une boîte postale (P.O. BOX, 2915, Dallas)

L’incroyable déposition laissée de côté

A relire les dépositions de la Commission Warren, on tombe de haut très souvent.  L’une d’entre elles laisse pantois.  C’est celle réalisée le 14 mai 1964, par Mr. Joseph A. Ball, un assistant du président de la commission Warren.  C’est un dénommé Warren Caster qui parle.  Auparavant il avait été contacté par l’Agent spécial E.J. Robertson, du FBI de Dallas.  Il est directeur-adjoint de Southwestern Publishing Co., une société d’éditions d’ouvrages scolaires, ayant ses bureaux à 411 Elm Street à savoir dans la Bibliothèque même, au deuxième étage.  Et ce qu’il raconte est tout bonnement sidérant :  deux jours à peine avant le meurtre, il avait lui-même introduit un fusil de chasse au cerf dans l’établissement !!!  Un Mauser (comme celui-ci ci-dessous à droite) !!!  L’arme avait été vue par plusieurs personnes !



M. BALL. Avez-vous jamais apporté des armes à feu dans le bâtiment de dépôt de livres scolaires?
M. CASTER. Oui; J’ai fait.
M. BALL. Quand ?
M. CASTER. Je crois que c’était le mercredi 20 novembre, pendant l’heure du midi.
M. BALL. De qui étaient-ils ?
M. CASTER. C’étaient mes armes.
M. BALL. Et quel genre d’armes étaient-elles ?
M. CASTER. Un des fusils était un Remington, simple-shot, fusil de calibre .22, et l’autre était un « sporterized Mauser .30-06 » .
M. BALL. A qui appartenaient-elles ?


M. CASTER. Je venais de les acheter pendant l’heure du midi ce jour-là.
M. BALL. Eh bien, dites-nous à ce sujet — quelles étaient les circonstances de l’achat ?
M. CASTER. Eh bien, j’ai quitté le Dépôt pendant l’heure du midi, j’ai déjeuné et, pendant l’heure du déjeuner, je me suis arrêté au département des articles de sport de Sanger-Harris pour chercher un fusil pour l’anniversaire de mon fils — je vous demande pardon, pour son cadeau de Noël – , et pendant que j’étais là, j’ai acheté ce single-shot .22,  et en même temps, je regardais des fusils pour la chasse au cerf.  J’avais, oh, pendant plusieurs années pensé à acheter un fusil pour chasse au cerf et ils ont réussi à en avoir un que j’aimais et j’ai acheté le .30-06 pendant que j’étais là.
M. BALL. Et les ont-ils rangés ?
M. CASTER. Ils étaient dans des cartons; Oui.
M. BALL. Et puis vous êtes retourné au travail, je suppose ?
M. CASTER. Oui; J’ai pris les deux fusils dans des cartons juste comme ils étaient, c’était pendant l’heure du midi et comme je suis entré dans le Texas School Book Dépôt bâtiment sur mon chemin vers le bureau d’achat, j’ai arrêté par le bureau de M. Truly et pendant que j’étais là, nous avons examiné les deux fusils que j’avais achetés.
M. BALL. Les avez-vous sortis de leur emballage ?
M. CASTER. Oui; Je l’ai fait.
M. BALL. Qui était là en plus de vous et de M. Truly?



M. CASTER. Eh bien, je ne sais pas vraiment qui était là.  Je pense que, Bill, et M. Shelley était là … et M. Roy Truly.  Les seules personnes que je connais, en tout cas, étaient là;  Il y avait des ouvriers à l’époque, mais je ne sais pas combien.  Je ne pouvais même pas vous dire leurs noms.  Je ne connais pas les gens du Texas School Book là-bas dans les autres départements.
M. BALL. Dans ce bureau, cependant, le bureau de Truly, combien étaient-ils?
M. CASTER. Nous n’étions pas dans le bureau immédiat de M. Truly, nous étions juste là au comptoir.
M. BALL. Qu’est-ce que vous avez fait avec les armes?
M. CASTER. Je les ai remises dans le carton et les ai emmenées dans mon bureau.


M. BALL. Et qu’avez-vous fait avec eux après ça?
M. CASTER. Je suis parti à la fin de la journée de travail, oh, vers 4 heures et j’ai pris les fusils dans les cartons et les ai portés et mis dans ma voiture et les ai apportés à la maison.
M. BALL. Les avez-vous jamais retournés au Texas School Book Depository Building par la suite?
M. CASTER. Ils n’ont jamais été de retour au Texas School Book Depository Building depuis lors.
M. BALL. Où étaient ces armes le 22 novembre 1963?
M. CASTER. Les fusils étaient dans ma maison, 3338 Merrell Road.

Quand la police de Dallas s’y met aussi



Ok, le fusil était resté  à la maison.  Mais quid alors de cette image de Will Fritz avec Elmer Boyd ce dernier sortant de la Bibliothèque de Dallas en tenant à pleine main droite un fusil lui ressemblant comme deux gouttes d’eau, et en tout cas pas un Carcano (à droite l’agrandissement; ci-dessous une Winchester 54 « Featherweight », ici la Feaherweight 70) ???



L’arme à bout de bras ressemble assez à une Winchester 54, celle qui deviendra la 70 et dont la publicité en faisait une arme redoutable tueuse… d’élans. 


Beaucoup d’armes ont circulé à la Bibliothèque, visiblement  !!!  Rappelons que ce jour-là plusieurs témoins avaient vu un « long canon », décrit comme étant parfois « un long tube », émerger du 6e étage… à deux endroits différents.  Or la fameuse Winchester présente cette particularité évidente d’avoir un long canon lisse, et elle était bien l’une des armes préférées des chasseurs de cerfs ou d’élans (et l’est encore).  Le même agent Boyd répétera que lors de ces interrogatoires, Oswald avait clamé n’avoir tué personne :  « Il a dit  » je n’ai tiré sur personne ».  « Ils essayent de faire de moi un patsy (pigeon) ».  Le pigeon d’un safari ?



Rentrés avec deux, sortis avec un seul !

Plus fort encore : ça, c’est le cliché de la sortie, donc, de l’ineffable Fritz et et de son compère Boyd.  Car avant de redescendre les étages de la Bibliothèque, ils y étaient bien sûrs montés.  Oui mais voilà : pas de la même façon, ou plutôt pas avec le même équipement).  Ils revenaient de Parkland, avec Sims et George Lumpkin (qui était avec Billy L. Senkel et F.M. Turner,  le Col. Whitmeyer du 488th Military Intelligence Detachment et Jack Puterbaugh.  Or en les regardant monter, dans un film 8mm tourné ce jour-là, on découvre qu’ils le font en tenant deux fusils au total à la main. mais qu’ils sont redescendus avec un seul seulement, Fritz ayant « abandonné » le sien quelque part dans l’immeuble !  Un fusil qui lui aussi semble bien être une Winchester 54 et non un Carcano.  C’est simple : ce n’était plus un dépôt de livres, mais de fusils, sur Dealey Plaza, ce jour-là !!!


(1) Ci- dessous résumé « gouvernemental » des événements.

https://www.archives.gov/research/jfk/warren-commission-report/chapter-1.html

Les pages 6 et 7 indiquent en tout cas clairement ce qu’a fait Oswald entre le TBSD et son entrée dans le cinéma. 



« Après avoir passé Scoggins, le tireur a traversé sur le côté ouest de Patton Avenue et a couru vers le sud vers Jefferson Boulevard, une artère principale Oak Cliff.  Sur le côté est de Patton, entre l0e Street et Jefferson Boulevard, Ted Callaway, un vendeur de voitures d’occasion, a entendu les coups de feu et a couru sur le trottoir.  Comme l’homme avec le pistolet se précipita, Callaway a crié « Que se passe-t-il? »  Simplement l’homme a haussé les épaules, s’est dirigé vers Jefferson Boulevard et a tourné à droite.  Sur le coin suivant était une station d’essence avec beaucoup de stationnement à l’arrière. L’assaillant a couru dans le parking, a jeté sa veste et a ensuite continué son parcours vers l’ouest sur Jefferson ».  On notera la thèse officielle comme quoi il aurait jeté sa veste dans le parking… ce que personne ne le lui a vu faire ! 



Partie 27

C’est une découverte inattendue, qui ne semble pas encore avoir suffisamment intéressé les historiens contemporains, pour l’instant.  En cherchant à essayer de « connecter les points », ou les pièces de cet effarant puzzle, comme vous voulez, je suis tombé sur tout un pan méconnu de la vie d’un des principaux protagonistes de l’affaire de Dallas :  Jack Ruby, celui qui a empêché qu’on en sache plus sur Oswald.  Un Ruby qui connaissait en fait très bien sa victime mais dont j’ai découvert avec surprise le véritable métier, qui n’était pas celui de responsable de boîte de nuit de strip-tease, le fameux Carousel de Dallas.


Non, dans la vie, Jack Ruby était davantage marchand d’armes qu’autre chose, travaillant sous le regard bienveillant de la CIA :  c’est le pan complet ignoré par l’enquête officielle, un phénomène important, il me semble, que je vous propose de découvrir en trois parties, tant il y a matière à dire sur ce sujet encore peu connu.  Tout avait commencé par une fausse identité, celle d’Oswald…



Revenons donc plutôt pour expliquer cela sur un parking, celui de l’arrière d’une station service pas loin du cinéma où s’était réfugié un Oswald à qui on avait très certainement donné rendez-vous (sinon on ne s’explique pas sa présence en cet endroit précis).  Le fameux policier, déjà cité (voir épisodes précédents), le capitaine Westbrook, se serait emparé sur place d’un porte-cartes, en plus du blouson gris.  Qui lui aurait donné ou qui l’aurait découvert, on n’en sait toujours rien (1).  Or là encore ce portefeuille, ou porte-cartes, plus jamais revu depuis, questionne également et fortement même.  Bob Barrett, détective du FBI aurait vu ce porte-cartes entre les mains de Westbrook (une vidéo ci-dessous le montre). Il aurait contenu tout un attirail de documents, dont une bien étrange carte de Selective Service System (l’enregistrement lié aux faits d’armes ou aux engagements militaires d’un individu) au nom de… Alex Hidell, le même nom qu’aurait utilisé Oswald pour commander son fameux Carcano !


Or, Oswald avait été arrêté en Louisiane avec un porte-cartes similaire, un mois auparavant seulement, dans lequel rien ne figurait au nom de Hidell.  En somme, le fameux porte-cartes montrait surtout que le nom de Hidell était d’une fabrication fort récente !  « A 10 heures, le 22 novembre l’agent du FBI Manning Clements a interrogé Oswald et examiné le contenu de son portefeuille sur son bureau.  Clements a déclaré que la carte d’identification Hidell était à l’intérieur du portefeuille à cette époque, mais Oswald n’avait pas répondu à toutes les questions à ce sujet.


L’inventaire fait par Clements du portefeuille cite l’ID Hidell, mais il n’a pas été dicté avant le 23 novembre ». Encore une fois, l’information aurait été ajoutée ! Or l’homme qui est fortement soupçonné d’avoir glissé la carte au nom d’Hidell au milieu des autres est… le détective Paul Bentley, celui-là même qui pavanait cigare aux lèvres en maintenant Oswald tout en regardant le photographe venu sur place pour ne pas rater cette fameuse arrestation en direct (cf l’épisode précédent) !  C’est Sylvia Meagher, dans son passionnant livre « Accessories After the Fact » qui a soulevé cet important problème, qui laisse clairement entendre que l’on a fabriqué totalement un personnage  s’appelant Hidell :  or c’est celui qui a commandé chez Klein le fameux Carcano… en nom et place d’Oswald !  La (fausse) carte aurait servi à quoi à Oswald ?  Qu’aurait-il pu en faire ? Pourquoi aurait-on essayé de créer un personnage qui aurait fait l’armée sous ce nom alors que ce n’était pas le cas ?  Aurait-on ainsi voulu légitimer l’existence d’un Hidell fabriqué de toutes pièces, car à ce jour rien ne montre qu’Oswald soit même allé le chercher, cet envoi de fusil à sa boîte postale !!!  L’extrait de film où l’on voit le fameux porte-cartes n’a été redécouvert que fort récemment.  Et son importance est en fait cruciale comme le dit ici JFK Facts :  « ce qui rend les images de film remarquables est que depuis 50 ans, les autorités ont déclaré que le portefeuille n’a été trouvé qu’environ une heure après l’arrestation d’Oswald, lorsque le détective de la police de Dallas Paul Bentley a retiré le portefeuille de la poche arrière d’Oswald peu de temps APRES l’avoir emmené en garde à vue après l’arrestation au Texas Theater, à plusieurs pâtés de maisons de l’endroit où Tippit a été abattu.  L’agent du FBI Bob Barrett, qui était présent sur la scène de l’assassinat de Tippit et est encore en vie, appelle maintenant l’histoire de Paul Bentley « une foutaise ».  Le portefeuille est important parce que son contenu relie Oswald aux armes utilisées dans l’assassinat du président Kennedy et pour l’officier Tippit ».  Car, fait important à noter, rien ne prouve en effet que le fameux fusil Carcano attribué à Oswald ait été retiré par lui de la boîte postale où il avait été envoyé au nom de Hidell !  Toute l’appellation Hidell, a ravi la commande, la réception de l’arme et les faux papiers attenants serait à partir de là une complète fabrication :  le pigeonnage parfait en quelque sorte !

Une bibliothèque texane hébergeant des communistes ?


Un chercheur bien curieux a été étonné par cette énième découverte. Et il a poussé plus loin ses investigations, pour trouver une bien étrange combinaison d’individus qui eux aussi « connectent les points » qui manquaient jusqu’alors :  « la prétendue découverte de Kaiser à la fois du bloc et de la veste m’a conduit à spéculer que Kaiser était peut-être un informateur confidentiel du FBI ou du DPD travaillant à l’intérieur du TSBD qui surveillait Oswald, qui, comme le savent la plupart des chercheurs de l’assassinat de JFK, était présenté comme un communiste en raison de son « retour » de l’Union soviétique.



Cependant, il y avait aussi Joe Rodriguez Molina, un ancien président de la section de Dallas du forum américain GI, qui avait été employé au TSBD comme un gestionnaire de crédits (au moment de l’assassinat, Molina avait été employé au TSBD pendant 16 ans ).  Comme l’a signalé Greg Parker, Molina était soupçonné d’avoir des liens avec des vendeurs d’armes.  De plus, un informateur du FBI nommé William James Lowery, qui avait informé Molina, a fourni des informations selon lesquelles quatre membres du parti communiste américain avaient visité la résidence de Molina.  Lowery avait également fourni des informations selon lesquelles Molina avait assisté à une réunion politique au cours de laquelle plusieurs membres et sympathisants du Parti communiste américain étaient également présents ».  Des communistes, planqués on le rappelle dans un bâtiment appartenant au pire anticommuniste de la région… sinon des USA !  Mais qui donc aurait pu concocter un plan aussi tordu (Allen Dulles, me répond-t-on en chœur, ou bien… E.J Hoover, voire les deux à la fois !!!).  En tout cas, cette piste ouvre celle des vendeurs d’armes… à destination de Fidel Castro !  Et là, c’est une autre boîte de Pandore qui s’ouvre…

Un autre marchand de canons et ses amitiés sulfureuses


Un plan « tordu », oh, à quel point, on ne l’imagine même pas, encore aujourd’hui, car en réalité le Jack Ruby, celui qui en quelque sorte clôt le cas Oswald, n’est absolument pas tel qu’on nous l’a présenté.  Et surtout pas un simple gérant de boîte de nuit, en tout cas.  Le « marchand de canons » cité auparavant n’est pas le fameux Cummings (cité dans les épisodes précédents), mais un autre. Il s’appelle Robert McKeown, celui-là.  Or il présente un drôle de palmarès également :  il a fourni dès le départ des armes à Fidel Castro, pour lutter contre Batista.  Mais il n’a pas rencontré que Fidel… et c’est peut-être bien là aussi un élément clé, laissé de côté par toute l’enquête officielle, de façon délibérée, bien entendu.  Mais laissons Spartacus nous résumer la question (vous allez voir, c’est assez sidérant et ça change pas mal de choses de la vision qu’on peut avoir de certains protagonistes de cette histoire très complexe)  :  « en 1959 Jack Ruby a pris contact avec McKeown » (et oui, c’est bien lui, et c’est bien ce qu’il y a de plus étonnant :  il n’était donc pas qu’un simple tenancier de boîte de nuit !).



« Ruby lui a dit « qu’il était avec la Mafia et qu’il possédait beaucoup de jeeps qu’il voulait envoyer à Castro ».  Ruby voulait également des conseils sur la façon dont il pourrait obtenir la libération d’un couple d’amis emprisonnés à Cuba.  En septembre 1963, deux hommes sont arrivés chez McKeown ». Ruby, mais aussi Oswald, ont cherché à contacter McKeown.  « Un homme s’est présenté comme Lee Oswald (son ami s’appelait Hernandez).  Oswald a déclaré qu’il était prêt à payer 10 000 dollars pour quatre fusils, des 300 automatiques Savage et à vision télescopique.  McKeown a refusé car il pensait qu’il était en train de se faire piéger.  Comme Larry Hancock a plus tard fait remarquer: «McKeown y a réfléchi, mais il a décidé que de toute façon, après tout, n’importe qui pourrait entrer dans n’importe quel Sears Roebuck au Texas et obtenir les mêmes fusils pour seulement quelques centaines de dollars.


Méfiant, McKeown évita la possibilité de voir Oswald découvert avec des armes qui pourraient être tracées à une connexion bien connue de Castro.  Après l’assassinat de John F. Kennedy McKeown a été visité par le Bureau fédéral des enquêtes. McKeown a été interrogé sur Lee Harvey Oswald et Jack Ruby, mais il a nié connaître l’un ou l’autre homme.  Plus tard, McKeown a été interviewé par le House Select Committee on Assassinations mais son témoignage n’a pas présenté beaucoup de crédit ».  Cette vision incroyable d’un Oswald négociant des armes avec Jack Ruby n’a pas été le cas d’un seul auteur fantasque.  Larry Hancock, auteur de « Nexus : Political Assassinations and the CIA » l’évoque aussi dans « Someone Would Have Talked », tous deux cités chez JFK Lancer.  « Après le début de la conversation, le jeune homme est venu au point important.  « Je vois que vous pouvez fournir n’importe quelle quantité d’armes … nous pensons à faire une révolution au Salvador ».  McKeown était toujours en probation pour manipuler des cargaisons d’armes à feu pour Prio Soccares et les faire livrer à Fidel Castro à Cuba« .  Ce « jeune homme » qui parlait ainsi étant… Oswald !


Qui était donc ce McKeown ?

La personnalité du vendeur d’armes laissé dans l’ombre est fort intéressante à étudier.  Et fort troublante également.  « En 1956, Castro est venu à Houston, où il a rencontré McKeown et Prio (cf. celui renversé par Batista) à l’Hôtel Shamrock.  À l’époque, Castro venait d’arriver du Mexique, où il formait ses forces pour envahir Cuba.  Il avait besoin d’un navire.  En utilisant l’argent de Prio, McKeown a acheté un cargo chilien au port de Houston, qui a été utilisé plus tard pour porter l’armée de Castro à Cuba.  McKeown a peut-être rencontré Jack Ruby à Miami.  Ruby possédait la moitié d’un club de nuit à Hallandale en Floride appelée le Colonial Inn (l’établissement appartenait à Meyer Lansky  et il avait été pourtant fermé en 1948 par les autorités !!!) .  Son partenaire était Bernard Baker (plus tard arrêté comme cambrioleur du Watergate et également identifié par Frank Weitzman comme l’un des faux agents des services secrets à Dealey Plaza (2).  Baker était l’homme de paille de Prio.



Prio était le véritable partenaire de Ruby.  L’argent de Prio et l’énergie de McKeown ont été utilisés pour le compte de la criminalité organisée.  Une réunion a eu lieu en mai 1957 avec un avocat de Tampa nommé Henry Gonzales.  Le seul client au cours de la carrière de Gonzales a été le patron du crime de Floride du Sud, Santo Trafficante Jr.  Le groupe a commencé à envoyer des armes à Castro à travers Valenti & Sons, un expéditeur de fruits situé au port de Tampa.  Le paiement en espèces pour les armes a été trouvé par McKeown dans un coffre-fort à la Banque Panaméricaine de North Tampa.  L’autre clé de la boîte appartenait à Henry Gonzales ».  A droite une photo en date de 1943 où l’on peut voir le mafieux Meyer Lansky en train de recevoir des militaires US dans son établissement… Lansky s’appelait en fait Maier Suchowjansky et il était né en… Russie.  C’est Lansky qui avait « persuadé le dictateur cubain Fulgencio Batista de ne permettre le jeu que dans des hôtels d’une valeur de plus d’un million de dollars, puis avait ensuite procédé à la construction des seuls hôtels qualifiés.  Cet arrangement a pris fin lorsque Castro est arrivé au pouvoir en 1959.  Lansky et Batista ont fui Cuba le même jour ».

Qui donc avait aidé Castro  au départ ?


Castro et ses armes, enjeu du débat, donc.  Ou plutôt, de qui il les tenait  !  La légende de Castro avait, rappelons-le, commencé par un naufrage, ou presque : le 2 décembre 1956 un yacht qu’un milliardaire lui a offert, le Granma, bourré de 82 guérilleros à bord dits du Mouvement du 26 juillet (dont) Fidel Castro, Ernesto Che Guevara et Raúl Castro, rate plus ou moins son débarquement et aborde la plage de Las Coloradas.  Les guérilleros, harcelés par les troupes de Batista, se réfugient in extremis dans les montagnes (3).  En 1957, on ne donnait donc pas cher en effet des chances de Castro de réussir.  C’est un journaliste du New-York Times qui a en réalité tissé sa légende, et ça, on aurait aussi tendance à l’avoir oublié.  « En février 1957, Fidel Castro était donné pour mort après un catastrophique débarquement à Cuba.  Perdu dans la montagne avec une poignée de rebelles, il semblait condamné à l’oubli.  La rencontre avec un journaliste du New York Times, Herbert Matthews, allait lui conférer une stature internationale et une reconnaissance mondiale ».  (…)  « Tous les opposants au régime de Batista apprennent ainsi que Fidel Castro est vivant et que la lutte continue.  Une propagande inespérée » (….)



Mais au sein du NYT, Matthews est graduellement marginalisé, jugé coupable de subjectivité (…) Pour la droite américaine, les alliés de Batista et la presse conservatrice, Herbert Matthews et le New York Times sont, et demeurent aujourd’hui, les responsables de cet échec (la perte de Cuba pour les Etats- Unis).  Dans une lettre adressée à son ami Ernest Hemingway, Matthews se plaint : « Qu’est-ce que je ne dois pas subir ces temps-ci ».  Après avoir reçu des menaces de mort, le journaliste est placé sous protection du gouvernement (…)  En 1965, Eisenhower lui-même l’accuse d’avoir, « presque à lui tout seul », fait de Castro « un héros national ». (…)  Les attaques continuent en 1977, vingt ans après sa rencontre avec Fidel Castro. (…)  Herbert Matthews niera toujours avoir « fait » Castro.  A ses yeux, il s’agissait « d’un homme promis à une destinée hors du commun qui aurait fini de toute façon par s’imposer ».  C’est fort probable.  Mais les articles du New York Times ont peut-être accéléré le cours de l’histoire » ».  C’est Matthews aussi qui avait le premier montré Castro avec son fusil à lunette à la main (une Winchester 70) !  Ironiquement, feront remarquer les cubains, certains aux USA étaient même allés vanter la liberté de presse à Cuba, avant Castro, alors que c’était faux :  « En ce qui concerne la liberté de la presse, les Etats-Unis présentent la Cuba pré-révolutionnaire sous un jour positif.  Ainsi, affirment-t-ils, « avant 1959, le débat public était vigoureux :  il y avait 58 journaux et 28 chaînes de télévision qui fournissaient une pluralité de points de vue politiques ».  Les documents de l’époque et les faits contredisent cette affirmation.  En effet, un rapport de la Société interaméricaine de Presse (SIP) publié en 1957 qualifiait d’« antidémocratique le gouvernement du Président Fulgencio Batista de Cuba, parce que ce gouvernement ne respecte pas la liberté de la presse ».  En effet, la censure contre la presse s’est appliquée 630 jours sur les 759 que dura la guerre insurrectionnelle entre le 2 décembre 1956 et le 1er janvier 1959″.

Une tout autre vision de Jack Ruby !


En réalité, Ruby avait offert un deal à McKeown. « Après la publication de l’histoire, Jack Ruby est venu visiter McKewon.  Il a offert à McKeown 25 000 dollars pour le présenter à Castro.  Il a dit à McKeown qu’il avait un surplus de jeeps de l’armée à Shreveport qu’il aimerait vendre – et a demandé à McKeon de l’aider à obtenir le trafic de Santo Trafficante Jr. libéré d’une prison cubaine où il était détenu.  McKeon a rencontré Ruby au Edgewater Club à Kemah.  Certains disent qu’ils ont conclu un accord, certains disent qu’ils ne l’ont pas fait.  Une preuve anecdotique est que Ruby a loué une maison à deux étages sur Kipp Street à Kemah et a expédié les jeeps à Castro quelques semaines après.  En avril, Castro est arrivé à Hobby Field lors de sa dernière visite en Amérique en tant que non-communiste.  Sa raison de visiter les États-Unis était de voir Robert McKeown, de Bacliff ».  A partir de là, la parade de victoire de Fidel à à La Havane à bord… d’une jeep, semble prendre une autre dimension, il me semble !  Surtout quand on examine le type de Jeep de près !!!





« Le Houston Chronicle a photographié Castro et McKeown ensemble (voir ci-dessus), et a rapporté que Castro avait offert à McKeown le travail de ministre de l’industrie » (ça reste très spéculatif en fait et c’est plutôt une vue de l’esprit du journal US).  « L’agent de probation de McKeown et le FBI ont dit à McKeown qu’il serait arrêté s’il tentait de quitter les États-Unis.  Castro a déclaré au chroniqueur que sans l’aide de McKeown, il n’y aurait pas eu de révolution.  Apparemment à cette réunion, Castro a accepté une certaine sorte de termes de rançon pour Trafficante, mais la Mafia a subi un fiasco majeur en essayant de les rencontrer.  Au début de mai 1959, la Mafia aurait volé 8,5 millions de dollars à une banque canadienne et volé un grand nombre d’armes à la garde nationale de l’Ohio.



Une enquête policière a montré que le mafioso Norman  Rothman avait dépensé 6 000 dollars pour louer des avions pour transporter ses armes aux forces de Castro à Cuba » (plus tard il tiendra The Albion Lounge, à Miami).  « Le 3 juillet, Rothman fut arrêté pour cette série de crimes. « En l’espace d’un an, Castro a appris que la CIA tentait de le tuer et s’alliait avec l’Union soviétique.  McKeown, quand il a entendu cela, aurait explosé.  Il savait que la possibilité de regagner son entreprise cubaine était pratiquement nulle.  Comme d’autres exilés cubains, il croyait que seule une invasion américaine suffirait.  L’élection du président John F. Kennedy a été un échec supplémentaire.  Après le fiasco de la Baie des Cochons, Kennedy a montré qu’il ne lancerait pas une invasion de Cuba« .  Ruby, qui achetait en fait ses armes en Italie, pour les revendre à Castro : « Ruby a écrit une lettre à l’Office des Dépôts d’Etat des Commandes de Munitions demandant la permission d’acheter des fusils d’Italie.  Une autre connaissance de Ruby, le pilote Donald Edward Browder, a été arrêté pour apporter des fusils à Cuba à cette époque.  Ruby et les autres hommes de la mafia échangeaient des armes aux rebelles communistes à Cuba contre les narcotiques à vendre aux États-Unis ».   Des fusils… Carcano, venus d’Italie ?  Ramenés par un dénommé « Browder » ?  Il faudra que j’y revienne aussi, sur ce point (dans l’épisode suivant, un peu de patience !).  Bref, contrairement à ceux qui tenteront après coup de déclarer que si Ruby avait fourni des armes c’était à Batista, et non à Castro, c’était bien ce dernier qui était l’objet de toute son attention.  En photo, un encart de journal de 1955 expliquant que la toute nouvelle Jeep vient d’être achetée comme véhicule de loisir par le gouverneur du Texas du moment, Allan Shivers, pour son fils… pour se faire réélire, l’ineffable Shivers avait eu tendance à accuser tous ses opposants, même libéraux, d’être des communistes !!!  Johnson était issu au départ de son mouvement, les « Shivercrats ».

Ruby en relais du « Mob » (de la Mafia), et en fournisseur de Castro



Quel était donc le degré d’implication de Ruby à la fois dans le « Mob » et dans la CIA ?  On peut en avoir une bonne idée avec ce texte de Ron Chepesiuk, un spécialiste de la Mafia :  « Selon des câbles déclassifiés, Wilson-Hudson (un journaliste anglais présent sur place et mouillé dans des histoires d’espionnage) a donné des informations à l’ambassade américaine à Londres, indiquant qu’une « sorte de gangster américain » nommé Ruby était à Cuba vers 1959 et qu’il avait pu avoir eu quelque chose à voir avec la libération de la prison de Trafficante.  Il a affirmé que Ruby était venu voir Trafficante avec la personne qui a apporté au parrain sa nourriture spéciale ».  Un Trafficante que Castro venait d’emprisonner, une fois sa victoire acquise, et non Batista !  « On sait avec certitude que Wilson lui-même travaillait à Cuba au moment de la visite alléguée de Ruby, et il a été emprisonné par Castro avant d’être déporté.  Né à Chicago en 1911, Ruby était un petit truand qui avait des contacts bien établis dans les métropoles de Dallas et de Chicago ».


 « On pense que Ruby a envoyé des armes à Cuba pendant la révolution,  avec la contrebande surveillée par Norman « Roughhouse » Rothman, un sous-fifre ordinaire d’une famille de mafieux de Pennsylvanie, et un associé de Trafficante (à la Havane, avant l’arrive de Castro, il tenait le florissant casino appelé le « Sans Souci » – ici-dessus, il tenait aussi un casino… à Deauville (?), déclarera-t-il lors d’une audition). Un lien commun à Ruby et Rothman était Lewis McWillie, le patron d’une propriété de Trafficante à Cuba, l’hôtel de Capri (à droite l’identification de Ruby au Capri) McWillie avait exploité un certain nombre de boîtes de nuit à Dallas et était devenu l’ami de Ruby.  Comme Rothman et Ruby, McWillie a envoyé des fusils pour le mouvement anti-Castro à la fin des années 1950.  McWillie a confirmé ce que Wilson-Hudson avait dit à l’ambassade américaine.  Ruby avait voyagé à Cuba en 1959.  La présence de Ruby à Cuba a également été confirmée par des cartes postales qu’il a renvoyées aux danseurs du Carousel Club, une boîte de nuit qu’il possédait à Dallas et par Gary Hemming, un agent de la CIA, lors d’une réunion axée sur les efforts pour libérer Trafficante de prison.  Certaines sources affirment que Ruby travaillait comme un intermédiaire à Cuba, et, que, sur les ordres de McWillie, Ruby essayait d’acheter la liberté de Trafficante en vendant des Jeeps au marché noir à Castro ».  Des Jeeps ?

Des Jeeps récentes, et non des surplus



Et oui, des Jeeps !!! Mais pas n’importe lesquelles ! L’examen attentif des véhicules montrés dans les parades de Fidel Castro ajoutent encore au malaise. Ruby était censé avoir puisé dans les « surplus » de la seconde guerre mondiale pour fournir Fidel Castro.  Du moins c’est ce que plusieurs témoignages affirment. Au sortir de la guerre, les USA se retrouvent en effet avec des monceaux de matériels militaires;  comme le montre ici à gauche un cliché de LIFE, pris, semble-t-il, au Japon même. dont des jeeps;  c’est la célèbre Willys M38 ou Willys MC.  Reconnaissable à son avant caractéristique et ses garde-boue horizontaux à l’avant, et ses essuie-glace en bas de son pare-brise rabattable.

On s’attend donc à retrouver la même comme matériel fourni aux rebelles anti-Batista.


Et à la surprise générale on découvre que ce n’est pas ce modèle-là qui a été fourni.  Ni d’ailleurs non plus ses évolutions en C2JA de 1949 (la première à pare-brise à une seule vitre), ni la CJ3A de 1950, ni même la M38A1 produite en 1952, celle de Keystone à  garde-boues incurvés et vitre rabattable avec renfort central, en deux vitrages à laquelle elle ressemble beaucoup, pourtant.


Celle-là sera produite également par Kaiser, jusque 1971.  Non, à bien regarder en détail la jeep sur laquelle paradent Fidel ou ses hommes, on constate que c’est la plus récente en fait : la CJ5E, sortie en 1954 (elle possède la roue de secours sur le côté alors que la M38A1 l’a à l’arrière) : « descendante directe de la Jeep militaire M38A1, la Jeep CJ5 Universal est présentée au marché civil en 1954, on peut la reconnaître à sa roue de secours latérale, à l’apparition d’un hayon arrière et aux inscriptions « Jeep » embouties sur les cotés en arrière des ailes avant »  peut-on lire dans la « Bible » des Jeeps.  Et c’est exactement ce qu’on distingue ci dessus à gauche dans une rue de la Havane ou ci-dessous sur la photo prise devant l’entrée de l’ancien Casino « Sans Souci » de Trafficante, à la Havane (ou encore ici chez l’agence Magnum – et là encore) :



Ce ne sont donc pas des Jeeps de surplus que Ruby a envoyées à Cuba, mais un modèle récent, construit à un tarif beaucoup plus élevé que le précédent.  En Europe où arrivera en 1955 seulement la M38A1 (fabriquée sur place) seulement, en Hollande, on avait déjà remarqué que « pour l’époque, c’était la voiture la plus chère jamais achetée par l’Armée Hollandaise, 11 000 florins soit 33 000 euros de maintenant ».




« C’est à peu de choses près 2,5 fois le prix de la Hotchkiss M201, achetée à la même période.  Ayant gommé les défauts des précédentes Jeep (boite de vitesse tenue de route…) c’est le meilleur 4×4 militaire de l’époque, mais comme je l’ai déjà dit, le plus cher aussi. »  Le modèle suivant deviendra la CJ-5 (encore plus onéreuse alors) qui reprendra ses formes plus souples, celle des hommes de Fidel !


Quant à savoir d’où provenaient exactement ces Jeeps, il faut savoir que sous Batista des concessionnaires de Willys existaient à la Havane; comme le montre la photo de l’enseigne ci-dessus, et qu’on a même une photo des ateliers où on les préparait (cf ci-dessus également) :  c’est la version civile de la Jeep qui est montrée-là, devenue en ce cas militaire d’un seul coup de pinceau, à partir de la, CJ-5 « Universal » (qui deviendra plus tard encore la « Renegade » des années 80 !!!).  Ce qui donc pose question : qui est donc la source civile qui les a amenées à Cuba… pour en faire des véhicules militaires ? (4)  Le commentaire affirmant que l’aide à Castro provient des USA, du Venezuela et d’autres pays d’Amérique du Sud !!!

Les voitures exactes proposées




Pour le savoir, il faut fouiner. C’est au fond d’un livre « Ultimate Sacrifice: John and Robert Kennedy, the Plan for a Coup in Cuba, and the Murder of JFK » de Lamar Waldron et Thom Hartmann, que l’on trouve ce qu’a exactement vendu ou a tenté de vendre Ruby à Castro.  C’est le mercenaire Gerry Hemming qui a dévoilé le morceau. Hemming, le mercenaire vu autour du Lac Ponchartrain, près de la Nouvelle Orleans, celui du groupe Interpen, et celui aussi photographié par le Minox de… Michael Paine, rappelez-vous…. (les points commencent de plus en plus à se relier entre eux (5) !).  «Jack Ruby et McWillie et Bartone ont vendu des jeeps de type postal à Batista.  Ensuite, ils ont essayé de les vendre à Fidel.  « Il a souligné que ce nétaient pas des jeeps de combat, elles avaient été conçues pour être utilisés dans les aéroports et autres facilités ».  En ce cas, cela aurait été le modèle DJ-3A, plus léger, à moteur « classique », le L4-134 « Go Devil » Flathead, qui n’est qu’à 2 roues motrices, fabriquée à partir du modèle CJ-3A « Universal ».  Un véhicule effectivement utilisé comme véhicule de livraison, ou véhicule des postes sous le nom de « DJ3A Dispacher ».  « Puis« Jack Ruby et Bartone ont essayé de vendre des avions Globemaster (des gros avions de transport) à Cuba.  Ils pensaient que Morgan avait une influence sur Fidel et que « ce serait la façon logique de se rendre à Castro, puisque personne ne pouvait facilement obtenir un rendez-vous pour voir Castro».  Il a confirmé que «dans le penthouse du rendez-vous, il y avait Jack Ruby, McWillie et William Morgan ».



En plus de lui-même et d’un journaliste de Los Angeles.  Il a précisé que «Ruby agissait au nom de Bartone» ( cf Dominick E. Bartone qui fait déjà du trafic d’armes avec Cuba alors qu’il est le roi de la mafia de Cleveland, en Ohio).  En outre, «Bartone essayait aussi de vendre des Globemasters à [Rafael] Trujillo», le brutal dictateur de la République dominicaine (comme nous le montrons brièvement, Ruby n’était pas directement impliqué dans l’affaire de Trujillo, bien qu’un autre associé de Hoffa le soit).  Le mercenaire a déclaré que «Hoffa a été impliqué pour les frais de financement – il aurait prêté à Cuba l’argent pour acheter les avions.»  Il a également dit que «Frank Fiorini (le vrai nom de Frank Sturgis) avait traité avec Jack Ruby au sujet des avions, plus tôt. « William Morgan n’a pas réalisé que Jack Ruby et Bartone avaient déjà essayé de conclure un accord avec Fiorini. »  Si les « Dispatcher » paraissent un peu légères (mais ce sont des véhicules neufs, et non des surplus !), la vente de gros avions C-124 Globemaster, qui seront très utilisés pendant la Guerre du Vietnam, n’aurait pu se faire qu’avec l’aval de l’armée :  à l’époque il est en effet toujours en service !!!  A moins que ce ne soient plutôt des C-54 Skymaster, appelés aussi « Loadmaster » – d’ou la confusion- (dans la version Cargo) que l’on trouvait au Guatemala, déjà, et que l’on trouvait facilement d’occasion en Floride notamment comme le montre le cliché du Miami Herald  de 1957 annonçant un appareil « For Sale » pour « seulement 299 000 dollars » (ci-dessous).




« La participation avec Ruby dans un accord antérieur pour vendre des jeeps à Castro vient de loin.  La Commission Warren a sur ce point négligé le témoignage de la sœur de Jack Ruby. Quand on lui a dit « Qu’est-ce que Jack vous a dit au sujet des jeeps ? » La soeur de Ruby a répondu:  « C’était une affaire avec McWillie à l’époque et nous étions en termes amicaux « avec Castro.  La sœur de Ruby ne savait pas grand-chose sur l’affaire, seulement que cela impliquait une quantité de jeeps – «400 ou 800 jeeps, ou 80 jeeps» – et cela impliquait aussi «McWillie».  Il faut comprendre que la sœur de Ruby ne connaissait pas les détails, puisque sur Cuba, Ruby était si secret qu’il ne lui en a même pas parlé, même si elle était aussi son partenaire d’affaires pour leurs boîtes de nuit ».  Une discrétion propre aux activités de la CIA est-on tenté de dire  !  On notera surtout à quel point la Commission a minimisé le plus possible le rôle de Ruby comme marchands d’armes !!!.   « Une histoire connexe sur Ruby et les jeeps est connue de la plupart des historiens, une approche que Ruby avait faite auprès du marchand de canons Robert McKeown au début de 1959 qui impliquait de vendre des jeeps à Castro en échange de l’aide pour sortir quelqu’un de prison à Cuba. Mais et c’est souvent négligé, c’est que le marchand a témoigné sous serment et la Chambre lui a accordé l’immunité pour dire que Ruby lui a dit qu’il avait déjà les jeeps et qu’il avait juste besoin d’aide pour organiser l’affaire en obtenant une lettre d’introduction à Castro ».  Ruby se tournant alors vers William Morgan.   Morgan, rappelons-le, est un américain qui a combattu Batista, puis s’est rallié à Castro, qui le nommera « héros national » après qu’il eût dénoncé un retour des pro-batista venus de Saint-Domingue.  Mais il sera accusé plus tard, de façon fort confuse, d’être un agent de la CIA, et déclaré coupable de trahison et de conspiration (on l’accuse d’avoir provoqué l’explosion du navire français la Coubre, bourré d’armes pour les castristes) il sera condamné à mort par une cour martiale cubaine le 10 mars 1961 (en réalité, il semblait être une sorte d’idéaliste qui avait critiqué avant tout la dérive communiste de Fidel).  Résultat, Ruby ne vendait donc pas de vieux véhicules dépareillés, mais bien des modèles neufs de l’époque, que l’armée US ne possédait même pas  (6) !!!  C’était bien un trafic, mais pas de vieux matériels de guerre extraits de surplus sans valeur ou presque !!!  L’Etat US pouvait-il ignorer ces ventes de véhicules contemporains à des rebelles ???


Pouvait-il l’ignorer alors qu’il travaillait avec un présupposé espion de la CIA à la Havane même ? Alors que Kennedy allait s’appuyer plus tard sur le syndicat automobile pour aider Cuba ???   C’est tout simplement impossible !  Ruby participait bien à l’action de la CIA !  On a toujours vu Castro et les USA comme des ennemis de toujours.  On a oublié une chose : 4 mois après avoir renversé Batista, Fidel a effectué une visite à New-York, où Eisenhower l’a snobé, il est vrai, prétextant une partie de golf à ne pas rater,  le leader maximo ayant les faveurs d’être alors reçu en revanche par… Richard Nixon, pour lequel Ruby avait travaillé comme on a pu le voir !



Libéré par Batista en 1955 après sa tentative de coup d’Etat (et l’épisode raté de la Moncada), Castro vivait depuis alternativement entre Mexico et les USA.  Il fut même interviewé par Ed Sullivan, pour son show télévisé  ici à gauche) ! En 1955 toujours, on l’avait même pris en photo en train de déambuler en costume (pour une rare fois) dans Central Park !!!





(1) Selon Westbrook; « … [la veste] m’avait été signalée par un officier – c’est-à-dire pendant que nous passions en revue la scène dans les environs où se trouvait la fusillade, quelqu’un m’a montré une veste qui se trouvait sous une voiture et j’ai reçu la veste et ai dit à l’officier de prendre le numéro de licence « (WC Volume VII, pages 115).  Plus loin au cours de son témoignage, Westbrook a expliqué: «… un officier, je suis sûr que c’était un officier, je ne peux toujours pas être positif – m’a indiqué la veste à moi et il a été posé légèrement sous l’arrière d’une des voitures »(Ibid, page 117).

(2) selon Spartacus, Barker était lui aussi un homme important du dispositif :  « Le jour après le bombardement de Pearl Harbor, Barker est devenu le premier cubano-américain à se joindre aux forces armées américaines.  Il a reçu sa formation de base à Tampa avant de déménager à Houston, où il a finalement obtenu un diplôme de second lieutenant.  Il a volé sur des missions de patrouille sur le golfe du Mexique avant d’être envoyé à Londres pour rejoindre l’escadron 331e de la 8e Air Force.  Au cours des prochains mois, il a servi à bord d’un bombardier Flying Fortress Boeing B-17.  Lors de sa 12e mission le 2 Février 1944, sur la vallée de la Ruhr, l’avion de Barker a été touché et l’équipage a été contraints de sauter. Barker a été capturé et envoyé dans un camp de concentration appelé « Stalag Luft 1 ».  Seize mois plus tard, il a été libéré par l’Armée rouge.  Après la guerre, Barker est retourné à Cuba et a rejoint la police nationale.  Il a travaillé comme adjoint au chef de la police avec le grade de sergent.  Plus tard, il a été recruté par le Federal Bureau of Investigation (FBI) et a travaillé pour eux comme un agent infiltré. Il a aussi travaillé pour la Central Intelligence Agency (CIA).  Lorsque Fidel Castro a renversé avec succès Fulgencio Batista, Barker et sa famille ont déménagé à Miami (en janvier 1960), Barker est devenu une figure importante dans la communauté cubaine en exil.  Il est resté un agent de la CIA et a travaillé sous la direction de Frank Bender.  Plus tard, cette année-là, Barker a été affecté à travailler sous les ordres d’E. Howard Hunt.  Le nouvel emploi de Barker était de recruter des gens dans la Brigade 2506.  Ces personnes apparaissant finalement faire partie dans la  désastreuse invasion de Cuba de la baie des Cochons.  Selon le détective de Dallas Seymour Weitzman, Barker était l’homme sur le Grassy Knoll qui a montré son identification des services secrets et avait ordonné aux gens de quitter les lieux ».

(3) c’est son deuxième échec; il avait déjà échoué contre Batista  :  « Le 26 juillet 1953, un jeune avocat nommé Fidel Castro prit la tête d’une expédition armée contre la caserne Moncada, seconde forteresse militaire du pays.  Ce fut un échec sanglant.  Le consulat étasunien de Santiago de Cuba nota que « l’Armée n’avait pas fait de quartier auprès des insurgés capturés ou des simples suspects », reconnaissant les massacres commis par les soldats suite aux directives du colonel Alberto del Río Chaviano.  Il remarqua également le « nombre très faible de blessés chez les insurgés par rapport au nombre de soldats blessés. […]  Les assaillants capturés avaient été exécutés de sang froid et les assaillants blessés ont également été liquidés ».  A noter que « durant toute la dictature militaire, Batista a maintenu des relations commerciales avec Moscou, en vendant du sucre.  En 1957, le Diario de la Marina, quotidien conservateur cubain, s’était même félicité de ces ventes en notant que « le prix du sucre s’était amélioré après que l’Union soviétique eut acquis 200 000 tonnes chez nous ».  A aucun moment, Washington ne s’était inquiété des relations commerciales entre l’Union soviétique et Cuba sous la dictature de Batista.  L’histoire sera différente lorsque Fidel Castro arrivera au pouvoir ».

(4) l’histoire des Jeeps aura suivi ironiquement Castro jusqu’à sa mort, ou plutôt son enterrement.  Son urne funéraire a en effet traversé le pays, sur une remorque, attachée à une.. Jeep.  





Mais pas une jeep américaine.  Une UAZ-469, des commandos russes, qui n’a rien trouvé de mieux que de tomber en panne durant le dernier trajet du dictateur…

(5) Le sulfureux Gerry Patrick Hemming :  « Après que le président Kennedy ait été assassiné en 1963, le FBI a interrogé M. Hemming comme un suspect. Les enquêteurs ont abandonné l’enquête une fois qu’ils ont appris qu’il était à Miami en prenant soin de sa femme enceinte, a dit Patricia Hemming. Mais dans les années 1970, les enquêteurs du Congrès ont interrogé M. Hemming à nouveau après qu’il ait révélé qu’il avait rencontré Lee Harvey Oswald ans avant l’assassinat. Les dossiers du FBI montrent que M. Hemming a dit aux agents en mars 1968 que quelqu’un avait offert de le payer pour tuer (Martin Luther) King. Patricia Hemming a déclaré que son mari a commencé alors avec ferveur une recherche sur les deux assassinats, en partie pour obtenir la vérité et en partie pour effacer son nom. Ces accusations étaient comme un nuage dont il voulait se débarrasser », a-t-elle dit ». Selon Wikipedia, Hemming avait semblé vouloir en dire davantage sur ce qu’il avait pu faire au nom de la CIA : »Gerry Hemming a été arrêté le 23 août 1976 pour le transfert illégal d’un silencieux et de la contrebande de drogue. Il semble que ce soit le point à partir duquel il a commencé à parler de son travail passé avec la CIA. Il a dit à un journaliste: «Tout à coup, ils m’accusent de conspiration pour importer de la marijuana et de la cocaïne. Qu’en est-il de toutes les autres choses auxquelles j’ai participé depuis 15 ans, parlons-en. Le truc de Martin Luther King, parlons-en, de Don Freed (Donald Freed, auteur) aussi, du Coubre, des « tueurs de nègres » couchant avec la Mafia, de la Mafia au lit avec le FBI, et de cette putain de la CIA au lit avec tout le monde qui m’ont déshonoré au cours de toutes ces années. »

Hemming faisant plus loin un récit effarant de ce qui aurait pu se passer à l’époque avec une CIA devenue complètement folle :

« C’était à l’automne 1970. Permettez-moi de vous expliquer un peu le contexte. Ce groupe particulier d’exilés travaillait sur une opération d’échange de matières premières en Floride. Il y a une pénurie énorme de denrées à l’intérieur de « Cubacoffee », de la farine, comme vous la nommez. L’intention originale était donc de compromettre certains des types de l’armée cubaine de Castro en leur procurant quelques gâteries de temps à autre. Il y avait un certain nombre de bateaux de pêche en provenance de la Floride et ils emportaient des marchandises de là-bas-principalement de la glace, du saindoux, des vêtements usés, des chaussures utilisées, et des choses comme ça. Une chose a mené à une autre, et un des groupes d’exilés a été absorbé par la CIA. La CIA a commencé à utiliser cette opération pour obtenir des agents à l’intérieur et à l’extérieur de Cuba. 




Dans de nombreux cas, ils allaient même à l’intérieur de petits ports cubains, escortés par les bateaux patrouilleurs PT de Castro. En faisant leur métier. Et en ramassant le homard. Ils pouvaient introduire ainis des agents à Cuba de cette façon, pourvu qu’ils ne nuisent pas à ce territoire. Ils ont obtenu une énorme coopération dans les ports, tant qu’ils n’allaient pas dans une opération de commando, parce que tout le monde faisait beaucoup d’argent sur ce racket de produits de base. Vers cette époque, un de mes contacts est entré dans le process. Et peu de temps après, ce groupe commence à parler à Miami de la pleine coopération de quelques types de soldats de Castro qui étaient sur le point de se voir attribuer un navire russe de patrouille de type Ossa, le genre qui porte les missiles Styx. Ils ont dit avoir également eu des contacts avec certains membres du SAM [le Missile Aérien Régional] à l’intérieur de Cuba et avec l’artillerie de la Force aérienne de Castro. Et les exilés allaient utiliser ces personnes en fabriquant ensemble un plan simultané. Tout d’abord, l’un des SAM aurait « accidentellement » frappé l’un des avions se dirigeant vers la base américaine de Guantanamo et en même temps, le complexe présidentiel sur Bay Line à Key Biscayne (celui de Nixon !) serait frappé avec quelques missiles Styx. Leur bateau de patrouille serait innocemment à trois ou quatre milles en mer – très facilement identifiable avec les marquages ​​cubains. Ils allaient s’assurer de frapper le complexe quand Nixon serait en ville. Peut-être qu’ils attendraient jusqu’à ce qu’il soit sorti dans son hélicoptère. Je ne sais pas quelle était la coordination. Je ne m’y suis pas rapproché. Mais j’ai l’impression qu’il n’y aurait pas de survivants dans le complexe présidentiel.

ARGOSY: Et ces exilés travaillaient pour la CIA ?

HEMMING: Oui, ils ont été suivis par la CIA.

ARGOSY: C’était précisément un complot d’assassinat contre Nixon ?

HEMMING: Il aurait pu se transformer en un seul. Les gens impliqués savaient qu’ils risquaient que parmi les morts il pourrait y avoir Richard M. Nixon. Il n’y avait pas d’animosité personnelle contre Nixon. Mais cela ne les dérangeait pas du tout, si c’était nécessaire. Il a été conçu comme une provocation. Et que pensez-vous que Spiro Agnew aurait fait environ six heures plus tard, en pensant que c’était une opération de Castro ?

Hemming avouera avoir travaillé pour Lucien Conein (de l’OSS, lié aux corses), déjà cité comme pour Mitchell Wernbell III, vétéran du bureau de l’OSS en Chine pendant la Seconde Guerre mondiale avec E. Howard Hunt, Paul Helliwell et John Singlaub et inventeur du fusil mitrailleur et pistolet du même non (le Wellrod). Conein comme Werbell ayant mêlé on le sait trafic de drogue et trafic d’armes. On découvrira aussi que Gerry Patrick Hemming avait deux oncles, Robert et Art Simpson qui tous deux avaient travaillé pour John McCone, avant qu’il n’entre comme responsable à la CIA...



http://www.cherokee-fr.com/~jeepfamily/

le dossier de Ruby à Cuba vu en 1976 :

http://mcadams.posc.mu.edu/russ/jfkinfo/jfk8/hand.htm

sur les liaisons de Ruby comme trafiquant d’armes:

http://jfklancer.com/mobconnections.html

sur Alexander Morgan :

http://www.latinamericanstudies.org/william-morgan.htm



Partie 28

Jack Ruby marchand de jeeps.  Mais il a aussi été mouillé à plusieurs reprises avant 1963 dans des trafics d’armes… destinés à Fidel Castro, c’est cela la grande surprise, et organisés par la CIA et tout une infrastructure aérienne qui était alors juste en train de se mettre en route, alors qu’elle deviendra omniprésente quelques années plus tard au Vietnam, notamment.  Des avions de la CIA, pilotés par des mercenaires souvent liés à des groupuscules d’extrême droite.  Dont un qui a participé dès 1947 à une préfiguration de l’invasion de la Baie des ubchons, une tentative arrêtée in extremis par le FBI, pour des raisons que l’on ignore encore aujourd’hui, car les documents sont difficiles à trouver, tant le pouvoir en place de l’époque avait tout fait pour que l’on oublie au plus vite cette tentative avortée sur Cuba. Des avions qui larguaient au dessus des troupes de Fidel des armes, parmi lesquelles toutes celles évoquées à  Dallas, le fameux fusil Carcano italien y compris. Et sur place, à Cuba, un bien étrange deal avec la libération par Castro d’un truand notoire, libération sur laquelle Robert Kennedy en personne semblait avoir beaucoup pesé.

Le pilote oublié de toutes les enquêtes



A cette affaire de jeeps maquillées se greffe une histoire d’avions qui le sont tout autant.  On vient de citer un pilote, de la catégorie de Tosh Plumlee semble-t-il.  Et effectivement : « Eddie Browder (ici à gauche, on a très peu de clichés sur lui) a témoigné devant le Comité spécial de la Chambre sur les assassinats dans les années 70.  C’était un ancien pilote d’essai Lockheed qui purgeait une peine de 25 ans de prison pour «infractions à la sécurité».  Il a dit au comité qu’il travaillait pour la CIA.  Une fois, il avait loué un bombardier B-25 sous le nom d’une compagnie inexistante et l’avait transporté en Haïti un an après l’assassinat de Kennedy.  Il a encaissé un chèque signé par le collaborateur haïtien de George DeMohrenschildt, Clemard Charles, d’un montant de 24 000 $.  Ce qui est intéressant, c’est que la HSCA a utilisé le témoignage de Browder dans la section DeMohrenschildt, pas dans la section Jack Ruby.  Y a-t-il un lien entre DeMohrenschildt et Jack Ruby ?  Seuls trois petits rapports « inoffensifs » des plus de 1000 pages que le FBI a sur Browder ont été communiqués à la Commission Warren.  Il est temps que les autres documents sur Browder, y compris le texte intégral de son témoignage devant la HSCA, soient rendus publics.  Un dénommé Browder qui utilisait l’alias 27 de Don Eduardo, a travaillé avec DeMohrenschildt, et qui a vendu des fusils avec Ruby à Cuba est digne d’une étude plus approfondie« .  On a quelques traces quand même des activités de ce fameux Bowder.  On le retrouve cité dans un article de 1948 de la Schenektady Gazette en date du 9 février.


Cité comme étant une tête brûlée, arrêtée pour avoir tenté de bombarder la capitale du Venezuela avec 3 autres camarades, à partir d’un… PB4-Y Privateer des surplus de l’armée !


L’avion avait été repéré (déjà !) à Puerto Cabezas au Nicaragua, le fief des anticastristes de l’invasion de la Baie des Cochons ! Plus de dix ans avant la tentative, ils étaient déjà présents sur place !!!  Arrêté en 1948 pour violation grave de la sécurité de l’Etat, condamné à 25 ans de prison, on l’avait donc retrouvé, déjà libre, en 1964, à bord d’un B-25 cette fois, sa prestation de vol payée par un adjoint de George DeMohrenschild !!!  Avouez qu’il y a de quoi hurler au complot là !!!  Rappelons l’autre Privateer retrouvé dans notre enquête :  celui de Rorke, autre agent de la CIA.  Mais que n’avait donc pas retenu la Commission Warren, mise au courant pourtant des activités de Bowder (et donc ceux aussi de Jack Ruby !) comme le prouve cet imparable document :


Joe G Marrs, propriétaire d’un Beechcraft 18 Expeditor UC-45F, (N° 7728, serial 44-47342) immatriculé dans les années 60 N8011H et mis sur flotteurs à cette époque, très certainement, devenu depuis N1047B.



On notera ici la vente du Beech à un « unknown owner »… par l’armée !  Marrs possédait aussi une « mule » ou « banane volante », un hélicoptère à deux rotors et un Catalina N9548C.  Le journaliste Daniel Hopsicker à émis une idée pour expliquer comment Browder avait pu avoir été jeté en prison malgré ses exploits :  « comme Barry Seal, Ed Browder était un pilote de la CIA qui semble avoir été impliqué partout … Il était là pour le premier grand coup de la CIA, au Guatemala en 1954, avec ces autres lumières brillantes de probité, tel E. Howard Hunt et David Atlee Philips«  (ah ah, très amusante, la remarque !).  « Mais il semble qu’il était en avance sur son temps, avec une société entrepreneuriale qui avait eu des problèmes avec ses patrons de retour à la boutique.  Dans un premier exemple de ce que 50 ans plus tard est devenu le programme du Pentagone intégré, il avait écrit à Henry Luce et avait offert de vendre à TIME magazine les droits exclusifs pour couvrir un coup d’Etat à venir au Costa Rica.  J. Edgar Hoover s’était indigné. Et un jour Browder a hérité de 25 ans de prison pour réfléchir à l’endroit où tout s’était mal passé » écrit-il avec beaucoup d’humour.

Browder et… Ruby

Dans les archives d‘Harold Weisberg, on trouve de belles perlesCelle-ci notamment, dactylographiées, qui nous fait découvrir que Browder avait bien d’autres affinités : « en 1959, Browder fut arrêté pour possession de 136 000 dollars.  Des valeurs mobilières volées. Browder a affirmé que les obligations, qui avaient été volées à deux banques canadiennes, ne provenaient pas du Syndicat national du crime.  Selon Browder, le Mouvement du 26 juillet lui avait remis les titres volés.  Les preuves disponibles contredisaient cela – Browder avait dit à Jesse Vickers, qui avait été arrêté avec Pichardo en 1953, que «les gens du Cleveland Mob» étaient liés aux titres.  Le passeport de Browder révélait qu’il était de retour de Suisse, là où le mouvement blanchissait des millions de dollars et que son portefeuille contenait le nom d’un avocat qui défendait de nombreuses figures du Mob.  Un autre collaborateur de Browder, Paul Hickman, a déclaré au FBI que Vito Genovese, un truand connu à l’échelle nationale, avait conseillé à Browder de « se taire » sur l’origine des obligations ».  Car Browder connaissait aussi Ruby :  « l’enquête de Mack Johnson a ouvert une boîte de pandore que ni le FBI ni la Commission Warren ne voulaient ouvrir.  Mack a été renvoyé comme un mariole malgré le fait que ses affirmations ont été partiellement corroborées par les documents du Département d’Etat.  Ces documents ont révélé qu’en 1958 « Jack Rubenstein » avait écrit une lettre demandant la permission de négocier l’achat d’armes à feu et de munitions d’une entreprise italienne.  Fait intéressant, en janvier 1959, Eddie Browder s’est rendu en Italie pour négocier l’achat de cinq mille fusils (les fameux Carcano !!!).  « Jack Rubenstein » est également mentionné dans un rapport du Département de l’Armée de 1959 concernant « U.3 », un marchands d’armes en Scandinavie; « Un Jack Rubenstein qui est répertorié lors comme un représentant de la société Saunder aux USA ».

La CIA et ses avions discrets


L’avion de Browder, le Privateer, extension du B-24 est devenu après guerre un des avions préférés des opérations spéciales.  Créé au départ pour la défense anti-sous marins dans le Golfe du Texas et jusque dans la zone du Canal de Panama, mais aussi en Atlantique Nord, dans le Pacifique, et la Méditerranée, notamment, l’appareil, très robuste, a aussi servi ensuite de support de surveillance électronique en Corée.  Celui de Bowder ayant fait le raid sera suivi de 4 autres, dont le N2871G, achetés en 1958 comme surplus par Morris Avery, de Greybull, qui deviendra plus tard un pionnier des épandages aériens, assisté de Mel Christler, le roi du Constellation



(le «  »Dewdrop », acheté 5000 dollars au comité de l’élection de Thomas Dewey qui venait d’être battu).  Ses Privateer seront ensuite versés comme avion de lutte contre les incendies à l’U.S.  Forest Service, organisation qui sera mouillée dans un scandale de C-130 refilés en douce à la CIA pour ses opérations en Afrique, avec comme paravent Evergreen, installé à Marana (un pilote Gary Eitel, décrira des C-130 envoyés à Bogota via Trans Latin Air pour le trafic de cocaïne).


Les Privateer passeront ensuite chez Hawkins & Powers Aviation qui possédait aussi des L-18 Lodestar (le Lockheed L.18 Lodestar N880V et Lodestar N505R (1),



cités dans le transfert d’armes de la CIA et dans le trafic de drogue (la société possédant aussi des Fairchild C-123 Provider, l’outil le plus utilisé par la CIA en Asie du Sud-Est.  Elle avait aussi récupéré des B-26 Invaders, ceux de la Baie des Cochons et des Beech C-45G, ceux chargés d’insecticide).  L’affaire Eitel débouchera sur le scandale Sabow, sur la base d’El-Toro (ce qui mènera aussi aux « pompiers sauteurs »)… El Toro, la base qu’avait aussi fréquentée Oswald quelle coïncidence encore !  Dans le « cimetière » des carcasses d’avions de Hawkins&Powers, on a pu photographier un P4Y-2 Privateer encore dans sa couleur d’origine bleu nuit issu de la NAVY, peinte intégralement, sans marquages aucuns, celle des « spécial ops » !!!

Les précédents de Browder auraient pu influencer Ruby


Revenons un peu en arrière.  Browder avait déjà un sérieux passé d’activiste dès la sortie de la guerre.  Et le récit de son aventure précédente pleine d’enseignement :  en 1947, sous Truman, déjà, visiblement, on magouillait, il semble bien, vers l’Amérique du Sud dont les USA redoutaient une contagion communiste possible (on rappelle que la la CIA c’est lui qui l’a créée, le 18 septembre de cette année là !).  En observant des activistes monter toute une expédition contre Cuba, mais en lui maintenant la bride au dernier moment.  On retrouve en effet alors notre casse-cou du Venezuela, un an auparavant, chez Marsalis Construction Company Incorporated, une société créée par le Lt. Col. William I. Marsalis, et d’autres fondateurs dont A. R. St Phillip; George Rappleyea (un ancien de chez Higgins boats, le créateur des barges de débarquement LCVP !) et le musicien Guy Lombardo comme financier (il a été naturalisé citoyen américain en 1938 et a connu une belle carrière de courses sur canots rapides !).  Marsalis avait été le commandant du 469eme de bombardement sur B-17, en 1943, une unité d’entraînement non engagée en combat.  En janvier 1947, le lieutenant-colonel à la retraite avait recruté Claude Eatherly,  l’homme qui avait ouvert la voie (météo) à Tibbets avec son Straight Flush pour aller bombarder Hiroshima.


Marsalis avait en effet le projet fou d’attaquer Cuba et d’en faire le quarante neuvième État des États-Unis !!!  Pour l’instant, sa firme avait choisi de s’occuper des stocks d’avions de guerre pour leur redonner une seconde vie, le choix s’étant porté sur des P-38 Lithning, des bi-poutres bien connus,


dont certains avaient servi d’avions de reconnaissance (St-Ex est mort en mission à bord de l’un d’entre eux et l’ on commençait déjà à en transformer certains pour en faire des avions de course, comme ici à gauche le NX25Y J. D. Reed Co de Houston !)).


 W.I. Marsalis, politiquement plus que droitier (il avouera lui-même avoir été contacté par la Phalange de Franco !) trouvait Ramón Grau San Martín, bien trop « communiste » à son goût à Cuba :  comme le gouvernement US, qui poussera d’ailleurs Batista à réaliser son coup d’Etat de 1952, évinçant Carlos Prío Socarrás (2).  Selon certains, Marsalis avait aussi fricoté avec les fascistes argentins, et bien sûr Juan Peron qui lui avait même accordé de l’argent; plusieurs dizaines de milliers de dollars.  L’idée lui était donc venue « naturellement » de vouloir à lui seul attaquer Cuba avec ses P-38, à défaut de le faire en B-29, en opération de nuit, les pilotes volant 45o milles de Venice à travers le détroit de Floride vers La Havane pour aller bombarder des ponts reliant les Camp Cubano et Columbia à la Havane.

Un plan très organisé, avec de gros moyens


Le plan d’attaque s’appelait « Mahogany » (acajou), le nom d’une variété de bois qui se trouvait à cuba qui servait aussi pour fabriquer les plus petites barges de débarquement de 36 pieds (les LCVP de George Rappleyea (3))



qui avait visiblement mis le paquet pour le réussir !!!  L’acajou  venu des Philippines était alors intensivement utilisé par Chris Craft pour ses vedettes rapides.  Un plan dont il avait  fait part aux autorités américaines, qui n’étaient pas contre; à priori, mais avec une nuance de taille.  Impliqué dans le complot, un représentant d’Etat leur aurait en effet dit que « si vous allez faire cela à l’étranger et si vous êtes pris, on ne va vous protégera pas » (ce qui deviendra un des « slogans » répétés de la CIA !!!).   Mais il leur avait accordé du matériel, beaucoup de matériel :  « la Commission maritime des États-Unis, qui disposait de milliers de navires de guerre en surplus à des prix défiant toute concurrence, a approuvé la vente de deux engins de débarquement, porteurs de tanks (des LCT, en fait) à la Marsalis Construction Co., Inc (…).  Ils faisaient 119 pieds de long et 33 pieds de large et posaient 400 tonnes, avec un tirant d’eau maximum de quatre pieds.  Construits comme des barges, avec trois moteurs et un rouf d’un côté, avec leurs porte à l’avant s’ouvrant vers le bas pour le chargement et le déchargement. »


Il fallait bien les remplir, ces barges : on a donc chargé à leur bord « des pistolets Smith et Wesson, des fusils de chasse à canon scié, et des Winchester sont arrivés à Gulfport des nouvelles usines, par air express pour Marsalis.


«Nous en avons reçu par wagons», dit Stanbro (un des mercenaires recrutés).  Il y a vu des systèmes walkie-walkie lourds des Signal Corps,



de gros projecteurs comme lumières de recherche, une demi-douzaine de camions de l’armée à quatre roues motrices, trois half-tracks entièrement blindés et six chars Sherman avec les tourelles découpées.  Il a dû utiliser un treuil lourd pour décharger les conteneurs de deux wagons plats.  Ils avaient de nouveaux moteurs diesel, mais une partie du blindage avait été pénétré par des obus.


Pendant un temps ils ont été laissés à l’air libre, en plein jour, dans la cour du Highway Garage  à l’intérieur des limites de la ville de Gulfport ».  « Le 30 Janvier 1947, deux LCT ont été livrés au groupe Marsalis à Lake Charles, en Louisiane; de là, ils ont été envoyés dans le port de Gulfport.  Trois jours plus tard, une petite annonce urgente est parue dans le New Orleans Times-Picayune (voir ci-dessus à droite).  Une autre paraîtra annonçant rechercher six « M-10 tank drivers, to operate commercial tank dozers », ce qui ne manquait pas de sel !!!  Les LCT étaient prêts à lancer une attaque à partir de Gulfport (près de Biloxi).  Mais le 27 février 1947, alors que tout était OK, c’est le FBI qui déboulait, accompagné des officiers des Douanes, des Alcool Tax, du Border Patrol, et des Coast Guards.  La complète !  L’intervention du FBI interrompait tout les préparatifs !!!  Les deux LCT saisis, furent envoyés fissa…. au Nicaragua.  Le 12 mars, le gouvernement évoquait à demi-mot « une tentative d’envahir Cuba ».  Mais ce n’était qu’un feu de paille.  Très vite un autre discours avait été imposé à la presse…

Les prémisses de la méthode Mockingbird, ou comment mentir effrontément avec aplomb


On aurait pu en rester là et l’histoire proprement enterrée.  Hélas, pour Truman, le 16 mars suivant, la presse révélait tout :  le Sarasota Herald Tribune au-dessus d’un court article, titrait en effet « les P-38 de Venice auraient fait partie d’un complot contre Cuba ».


Leur journaliste local affirmant dur comme fer que c’était bien ça leur but caché !  Le journal révélait dans le même article que les barges avaient été enregistrées au Nicaragua !  Le 10 mars, le journal évoquait encore des avions supplémentaires laissés à Venice en Floride, dont un F5G (un P-38 de reconnaissance).  Catastrophe !  Il ne fallait pas que ça se sache en fait : alors ordre fut donné à la presse de rectifier le tir.  C’est ce qu’à fait le Sarasota Herald Tribune qui est venu très vite raconter une autre histoire, dès le lendemain : « Les avions de Venice saisis devaient être dirigés vers une ferme du Honduras », disait le nouveau  titre.  « La possibilité est développée aujourd’hui que les deux avions P-38 saisis à Venice aient été prévus pour un projet agricole au Honduras britannique. » (????)


«Une entreprise américaine avait envisagé un projet pour le développement agricole du Honduras britannique, encourageant les anciens soldats américains ayant des antécédents agricoles à amener ce surplus d’équipement de guerre comme embarcations amphibies et des chars pour mener à bien le programme.  « Les mitrailleuses, les fusils, les revolvers et les fusils de chasse saisis à Gulfport étaient censés protéger les travailleurs de l’entreprise sur une ferme au Honduras », a déclaré un responsable de la société Marsalis au Honduras ».  Le texte surréaliste se terminant par un superbe  «Les chars et les embarcations amphibies pouvaient être converties en temps de paix pour défricher et labourer les terres et enlever les souches ».  Et pourquoi pas en effet, tant qu’à inventer, autant le faire dans les grandes largeurs !   C’est la première fois que l’on expérimentait le mensonge à ce point, il semble bien, en transformant des chars en bulldozers ou en tracteurs.  Après ces rectificatifs dans la presse, vinrent les actions administratives, qui consistèrent à noyer encore plus le poisson en condamnant les 3 principaux responsables à des peines légères :  « En novembre les actes d’accusation à charge étaient envoyés à Marsalis, au « professeur » et au « Saint » (les surnoms des adjoints du directeur de l’expédition) « affirmant de vouloir conspirer et d’exporter des armes et du matériel de guerre au Honduras britannique sans autorisation du Département d’Etat. L’Etat ne veut pas apparemment l’intrigue cubaine médiatisée « (pour la presse du moment on avait parlé « d’Amérique du Sud » en montrant les armes saisies ».  Stanbro (un des mercenaires recrutés) m’a dit: «Le gouvernement les avait arrêtés, mais ils ne pouvait pousser plus loin …


Je pense que les cerveaux derrière ça savaient que le gouvernement était en cause.«   Les trois personnes ont plaidé coupable et chacun a été condamné à un an et un jour dans une prison fédérale par un juge qui a commenté que c’était une punition légère »...(en photo un film relatant l’une des saisies et montrant une mitrailleuse lourde, un modèle Browning Automatic Rifle, que brandira plus tard Castro devant les photographes).



Les collègues de Browder avaient mis en place pour la première fois, il semble bien, tout une technique de contrôle des médias pour que ces derniers ne présentent que ce que le gouvernement US voulait entendre !!!  Pensez-bien que « l’après Gulfport » allait devenir la Bible de référence d’une CIA tout juste née !!!  Et l’organisation pointilleuse du général en retraite devenir un modèle… pour préparer l’invasion de la Baie des Cochons !!!  La CIA avait même eu ainsi un avant goût, grâce à l’activisme d’un général en retraite d’extrême droite, des coûts, et un avis « d’expert » sur le matériel à emporter ou non en cas d’invasion de Cuba !!!  14 ans avant la Baie des Cochons !!!  Le plan était déjà tout tracé !


Le cas de l’avion cargo tombé à l’eau


Ne croyez pas que ça se soit arrêté d’un seul coup, bien au contraire.  En 1965, les coups douteux de la CIA n’avaient pas cessé avec la disparition de Kennedy.  Le cas le plus pendable est celui résumé en deux clichés étonnants.  Le premier, ci-dessus, est la photo d’un Fairchild Packet C-82 blanc (N4834V), émergeant à peine de l’eau.  L’avion, un gros cargo bipoutre, est en effet tombé, près de Lerma, au Campeche, au Mexique, le 29 juillet 1965.  En fait il était blanc et rouge (voir ci-desssous).  On le sait quand on va voir la page que son propre pilote a créé pour expliquer que son extraordinaire amerrissage lui avait rappelé celui en 2010 de l’Airbus des US Airways dans l’Hudson. 


L’homme nous explique que son avion était « basé au Honduras » et que ce jour là il se rendait à la Nouvelle Orleans emportant un produit surnommé « dope »  (???) pour retendre les fibres des ailes des avions de toile (ce qui peut surprendre mais s’explique : le propriétaire de l’avion s’appelle George B. Alder, et il est aussi le propriétaire d’une flotte de vieux biplans Stearman (PT-17), c’est un collectionneur, possédant aussi l’hydravion PBY-5A, No. 48374.  Bien entendu, on se gratte un peu la tête avec cette explications, songeant plutôt à l’essence nécessaire pour fabriquer de la vraie « dope » à partir de la pâte de coca.


C’est aussi un vol de nuit, ce qui le rend encore plus suspicieux.  Selon lui l’avion transportait aussi pour les plantations de bananes d’United Fruit Company, au Honduras et au Guatemala, et les champs de coton au Honduras, pour les arroser de produits phytosanitaires, faites par un hélicoptère Bell-47D.  Ce qui ajoute encore au doute, tant on connait les liens entre United Fruit et la CIA !  Sur un des clichés !ci-dessus à droite) on peut voir Ceasar Ortega son co-pilote, un cubain (avec une casquette) juché sur le cockpit après le crash.  Bon vous allez me dire et quel rapport avec Cuba ou Ruby ?  Oh, il est très simple, et démontre assez bien les méthodes de la CIA : le fameux pilote s’appelle Wendell W. Levister (on le retrouvait encore récemment comme directeur chez  Dominion World Airways basé à Atlanta, en Georgie, il est décédé, le 14 mars 2016).

Or, dans le site « FOREIGNERS AIDING the CUBAN CAUSE  (Soldiers of fortune, Adventurers, Freelancers, Etc.) », il figure en fait en bonne place à  la lettre « L » sous la rubrique « Exporting Munitions of War. Indicted 19 Jan 1961″ (Kennedy est devenu président le 21, deux jours après seulement !).  « Case Transferred to US Dist Court, Philadelphia. [12015-M-CR SDF] ».  Son titre de mercenaire sera confirmé dans le numéro de Juin 1964 d’Ebony qui avait titré « Captain Wendell W. Levister High Flying American Soldier of Fortune in Honduras ».  L’article  d’Ebony est plein d’anecdotes, comme celle où, coincé par des ratés de moteur, Wendell avait dû larguer en vol une cargaison complété de… concombres, réalisant ainsi le premier bombardement du genre !!!  Dans l’article d’Ebony, il avait expliqué qu’il n’ait pas trouvé de travail dans les compagnies aériennes après 1961 en raison de la couleur de sa peau (en 2010, il faisait encore des conférences sur les Tuskegee Airmen).  Transporteur d’armes pour les castristes, accusé en 1961 de trafic d’armes et volant toujours en 1965 sur un avion plus que discret… de la CIA !!!  Et il y en a eu d’autres, d’appareils !!!  Et de pilotes !


Une organisation secrète d’avions de transport était en train de se mettre en place 


Ruby participait aussi, durant cette période agitée de la CIA, à la naissance d’un autre phénomène.  C’est un document passionnant venu de Dallas et signé Joe F. Leeker et paru en 2015 seulement qui nous précise ce que la CIA mettait alors en place à cette époque (l’auteur a aussi rédigé un très bon article sur les avions de la Baie des Cochons, lisible ici).  D’autres liens sont visibles ici.  Une organisation qui deviendra bientôt tentaculaire comme on le verra, pendant la guerre du Vietnam.  A savoir la mise en place, avec Retalhuleu, au Guatemala (appelé aussi JMADD” par la CIA et la “Rayo Base” par les Cubains) comme base de test de ce qui allait devenir la célèbre Air America au Viet-Nam, et que l’on croisera aussi au Japon.  Des avions empruntés à l’US Air Force ou au transport stratégique pour devenir des avions fantômes, avec l’aide de la FAA qui maquillera leurs numéros, une pratique qui depuis a fait florès.  Des avions anciens, le plus souvent : les « Skymasters » (ou R5D) approchaient alors leur fin de vie dès novembre 1952, où il avaient déjà atteint 14 400 heures de vol, passant alors à une «seconde vie», après un refurbishing.  Mais il y avait le choix : en 1948, il y avait 866 C-54 en service !


« Les piloter au-delà de cette date ne pourrait se faire qu’avec des risques opérationnels excessifs » note Global Security. Pour des pilotes militaires, certes, mais pas pour des mercenaires !!!  « Les C-54 eux-mêmes ne venaient pas d’Air America, mais d’autres sources, et les deux premiers arrivèrent de Floride en septembre 60, probablement d’Eglin AFB.6 Quant à leur nombre, Connie Seigrist se souvient: « pendant la Baie des Cochons […], je peux me rappeler au moins 5 ou 6 DC-4 différents juste pour l’invasion.  Mais pour la formation et la fourniture de base, il n’y en avait qu’un ou deux sur la base « .


Dans sa lettre datée du 4 janvier 61, envoyée au chef de la WH / 4 de la CIA de la Direction des plans 8, le chef du WH / 4 de la CIA Le colonel J. Hawkins, membre de l’USMC, déclare que 7 C-54 devaient être utilisés pour l’attaque et que la base de la Floride serait Opa Locka, ouverte aux opérations de la CIA à ce moment-là.  En effet, l’aéroport d’Opa Locka, situé au nord de la région de Miami, était l’aéroport d’où ces C-54 ont décollé de nuit pour transporter des approvisionnements à Retalhuleu au Guatemala.  Il y avait aussi un grand entrepreneur basé à Miami appelé AACMF » (nota : c’est American Airmotive Corp, qui s’occupe aussi de Stearmans – ce qui nous ramène à George B. Alder !).  « Selon les microfilms conservés à l’agence de recherche historique de l’USAF, qui a fait beaucoup d’entretien et d’autres travaux de contrat sur les C-54 de l’US Air Force à la fin des années cinquante et au début des années soixante. Donc, les gens vivant dans la région de Miami ont pu croire que les C-54 qu’ils avaient entendus la nuit décoller de Opa Locka étaient les mêmes qu’ils pouvaient voir à Miami pendant la journée.


Mais ces visiteurs de nuit ne venaient pas de l’aéroport de Miami, ils venaient de la base aérienne d’Eglin.  Et les pilotes C-54 de ces vols de ravitaillement à Retalhuleu n’appartenaient pas à l’entrepreneur de Miami, mais c’étaient des pilotes non américains en contrat d’Asie du Sud-Est, dont certains étaient polonais.  Ils ont également transporté les recrues cubaines à Retalhuleu ».  L’article indiquant les numéros des avions.  Certains de ses avions seront vus à Kadena, au Japon (à gauche un des C-46 guatémaltèque).  Ci-dessous le « Slick Airways » ancien Pan American Airways as N88939 ex « Clipper Hornet » en 1946.  Il faudra attendre 1993 pour que son ex-patron explique devant un juge de Washington que la fameuse « Slick Airways » n’était que le paravent d’une compagnie de la CIA, devenue  Air Asia, elle même partie de Air America.  Le directeur Erwin Rautenberg (un survivant de l’holocauste !) s‘était vu ensuite imposer un autre nom encore, « Air-Sea Forwarders« , société qui sera très active pendant la guerre du Vietnam.  A la fin de la guerre, Air Asia avait été vendue pour un bouchée de pain à E-Systems qui avait ensuite viré dans la foulée Rautenberg, d’où le procès… son histoire est également contée dans  « Defrauding America, Vol. One 4th Ed., Volume 1 » de Rodney Stick et des cet excellent article de « Inc » .


Des avions secrets, mais extraits des hangars de l’Air Force


Les avions de Retalhuleu ont connu des fortunes diverses : « quant aux 2 premiers C-54 arrivés à Retalhuleu en septembre 1960, ils avaient une autre origine:  c’étaient des avions de mission entièrement noirs appartenant à la Direction de l’Air de la CIA.  Étant donné que les dossiers d’affectation de l’US Air Force ne répertorient que les aéronefs ordinaires de l’USAF, il n’est pas possible d’identifier ces deux C-54 à partir de ces enregistrements.  Cependant, les dossiers d’affectation notent également quand un aéronef quitte le service régulier de l’USAF, et en effet, certains C-54 ont quitté l’USAF régulière pour aller dans les avions «top secret»: ils avaient quitté l’US Air Force régulière à Clark AFB Aux Philippines le 8 février 1957 et étaient devenus «top secret».  C’était par exemple un des 4 C-54G qui étaient basés à Wiesbaden en Allemagne avec le 7499 CMP et qui avaient été transféré au «Top Secret» en 1952, apparemment pour le service le long du rideau de fer ou du couloir de Berlin: 45-558, 45-567 (Trest, Air Commando One, p. 83. 15 Bobine de microfilm. ACA-11, conservé à l’AFHRA, Maxwell AFB). Et le 45-589 le 3 décembre et le 45-591 le 6 octobre 52.  Alors que 3 d’entre eux – 45-558, 45-589 et 45-591 – ont été transférés à d’autres tâches plus tard, le C-54G 45-567 semble être resté à Wiesbaden tout le temps.  En ce qui concerne les deux premiers C-54 arrivés à Retalhuleu en septembre 1960, les deux premiers avions ont été immédiatement perdus:  le premier vol du 28 septembre 60 – la mission était de déposer des armes et des munitions aux guérilleros de l’Escambray.


Un de ces C-54 a souffert de problèmes moteur, après avoir été touché par un feu antiaérien, a tenté de retourner à Retalhuleu, mais a fait un atterrissage forcé quelque part dans le sud du Mexique, où il a été saisi par les autorités. Selon Leroy Fletcher Prouty , ce C-54 particulier était «propre», un avion non attribuable (sans aucun marquage). […]. Cet avion avait été sur de nombreux vols le long des frontières du rideau de fer, sur les largages de tracts et sur les missions de renseignement électronique. […] Il résidait à Clark Field près de Manille, volant ver le Tibet vers et à partir des sites d’entraînement opérationnel.  Il avait souvent été vu sur les anciennes bases de bombardiers Superfortress B-29 de la Seconde Guerre mondiale à Saipan où des Asiatiques du Sud-Est étaient formés à des tactiques de sabotage et à des programmes d’action civils paramilitaires. »Tout cela semble convenir au C-54G 45-558.


Un peu plus tard, c’est-à-dire en octobre 60, le deuxième C-54 a été perdu, quand il s’est écrasé sur une plage près de Retalhuleu, où il était encore visible dix ans plus tard.  Le remplacement du C-54 est arrivé à Retalhuleu en octobre 60, et comme cet aéronef a été immatriculé à Los Hermanos Sebastian y Gómez sous la désignation HP-321P, il peut être facilement identifié à partir d’une lettre du 24 octobre 1961 par laquelle le directeur général de Aeronáutica Civil Du Panama confirme à Los Hermanos que, sur leur demande, les immatriculations provisoires pour trois avions de Los Hermanos avaient été annulées, y compris le C-54 HP-321P, ex 42-72523.  Bien que cette lettre le donne en tant que C-54G, c’était vraiment un C-54D: dans les dossiers d’affectation de l’US Air Force conservés à l’AFB de Maxwell, le C-54D 42-72523 est mentionné pour la dernière fois quand il a quitté le service aérien régulier à Kadena, Okinawa »



LBJ, son avion, ses méthodes, son pilote attitré, et ses magouilles…


D’autres témoignages de pilotes nous renseignent cette fois sur LBJ, qui en réalité n’a aucun souci des autres et se comporte en tyran journalier avec tout le monde.  Johnson est un charretier devenu empereur de Washington, son rêve depuis toujours.  « A l’époque où je volais pour Business Aircraft, Lyndon B. Johnson, l’un des propriétaires, était sénateur des États-Unis » nous dit ici le Brigadier General James Underwood « Jim » Cross.  « Il possédait aussi au Texas la radio Austin Broadcasting et utilisait un avion Convair, qui appartenait à John Mecom pour voler vers et depuis son ranch de Johnson City à Washington, DC » (dans le N° de Mécanique Populaire de juillet 1961, on indique que le Convair VIP du Tycoon texan a coûté 90 000 dollars en aménagement, avec la TV à bord !).  « Il avait pris deux de mes pilotes, Harold Teague et Windy Williams pour voler sur son Convair et les occupait la plupart du temps.  Ils avaient déménagé à Austin et maintenu l’avion sur le terrain de Mueller Field.  Ils ramassaient le sénateur au ranch, quand il appelait et le transportaient là où il voulait aller.  Il les a appelés un soir vers onze heures et leur a dit de venir de le chercher au ranch pour un voyage à Washington.  Il devait être là pour un vote très important le lendemain matin. Lorsque Harold lui a dit que le temps était trop mauvais à cause du brouillard pour le ramasser à Johnson City et suggéré qu’il vienne à Austin, il est entré dans une rage folle et a dit Harold de venir le chercher ou de chercher un autre emploi.  Vers une heure du matin, alors que Windy était sur le téléphone mobile dans l’avion pour parler au sénateur Johnson, Harold s’est encastré dans le flanc d’une colline en essayant de faire une approche aux instruments au City Airport Johnson.


Ils ont tous deux été tués.  Je fus réveillé à six heures par Jack Spillman, le comptable, et il m’a parlé de l’accident.  Il m’a dit que John Mecom (6) voulait que je porte une enveloppe à Johnson City, pour la donner au sénateur Johnson, que je devais aussi ramasser une enveloppe de sa part, et la lui ramener.  Les deux enveloppes ont été scellées et je n’ai appris que des années plus tard, quand j’ai lu un livre écrit par E. Everett Haley nommé « Un Texan regarde Lyndon », que j’avais livré un titre (de propriété, celui de l’appareil) de l’avion de Johnson et que j’étais revenu avec deux cent cinquante mille dollars en espèces pour Mecom.


Il n’aurait pas été très bon pour le public d’apprendre que le sénateur Lyndon Johnson avait un avion fourni par Mecom (5) » (en photo en haut le Convair VC-131H -CV-580, ex-USAF devenu avion pour VIP 55-0299 JR de la Navy, un des trois utilisés par Johnson – photo  Bob Gerrard). « Certains des vols j’ai fait pour l’aviation d’affaires avaient plus ou moins un caractère secret.  Cuba était en révolution pour renverser le gouvernement de Batista et de le remplacer par Fidel Castro et le gouvernement des États-Unis était pour la protection de Castro, qui semblait être un leader naturel de son peuple et un allié du nôtre ».


« Il avait besoin d’hommes et le C.I.A, qui lui en a fourni, en les faisant voler dans la province montagneuse de l’Oriente, sur une piste contrôlée par lui dans la nuit.  J’ai fait plusieurs voyages à Oriente la nuit en transportant des charges « d’équipement de champ de pétrole » (le coup des tuyaux de pétrole à la place de canon est un grand classique de la CIA, elle le reproduira lors de l’envoi d’armes à l’Iran lors de l’affaire des Contras).  « Toutes les parties concernées apprendront après que nous avions soutenu la mauvaise cause à Cuba.  Castro était un communiste ».  A noter que el Oriente est aussi la région où est installée la base de Guantanamo.  Le témoignage du propre pilote de LBJ, impliqué dans les vols « discrets » de la CIA sur Cuba, pour ravitailler Castro, confirme une chose certaine :  les USA avaient bien soutenu au départ Castro en lui fournissant des armes, via un pont aérien de la CIA !  Un opération à laquelle Jack Ruby n’avait pas été étranger !

Le « smoking gun » du magazine « Guns » de mars 1959


Qui donc avait pu fourni en premier des armes – et lesquelles – (et des jeeps aussi en ce cas) à Castro ?  En les lui parachutant ?  C’est un magazine spécialisé américain sur les armes, appelé sobrement « Guns », qui lève le lièvre dans son numéro de mars 1959, dans un article intitulé « Where Castro get his guns ».  On peut d’abord y voir en ouverture le fusil préféré de Castro, »un FN Mauser » « équipé d’une lunette Weaver K6 Buehler, très certainement« ou bien un peu plus loin découvrir que ses hommes « trouvent le M740 Remington .30-06 aussi efficace  que le fusil Garand » (voir ci-dessous).


L’auteur commence d’abord par faire remarquer que Castro a d’abord hérité de l’arsenal de Batista :  « les armes de Castro sont les armes des trente mille soldats de Batista.  Ils utilisaient des canons standard américains: des fusils M1 et Springfields de calibre .30;  des mitaillettes Thompson et des pistolets .45, et bien sûr d’autres armes lourdes en calibres .30 et .50.  Des mortiers de 60 mm et 81 mm ont été également utilisés ».  Mais très vite le magazine va évoquer d’étranges transferts d’armes… dans un seul sens :  « les lecteurs de journaux ont peut-être remarqué en mars 1958 une rumeur parlant d’environ 1000 fusils Garand retenus à New York, avec leurs licences d’exportation refusées par notre département d’Etat.  Ils devaient être envoyés au gouvernement reconnu de Batista.  Pourquoi le Département d’Etat a refusé de les laisser sortir est un secret enfermé dans les fichiers de la Munitions Control Division.  Mais avec ces armes bloquées, Batista s’est tourné vers d’autres sources commerciales pour les armes.



J’ai vu un ordre donné à un grand marchand de munitions des États-Unis, pour des ‘armes à feu pour Batista, qui exigeait 1500 fusils M1, beaucoup d’autres armes et des quantités de munitions pour une «guerre au sol», tous dans des calibres standard américains » (c’est à coup sûr Samuel Cummings, comme fournisseur, comme j’ai déjà pu vous le décrire ici même).  Bien que «la licence d’exportation du Département d’État soit assurée» sur cet ordre, on ne sait pas si Batista a réussi à les obtenir.  Plus récemment, un envoi de .45 automatiques pour la police de La Havane a été arrêtée par le Département d’Etat.  Pendant ce temps, des livraisons d’armes ont continué pour Castro. «  On ne peut être plus clair :  les USA avaient clairement choisi le camp de Castro, pas encore déclaré communiste, et lui fournissaient des armes, en refusant les mêmes à son adversaire !!!



Castro, acheteur de fusils Carcano !


A lire le magazine, on s’aperçoit de ce qui sera mis en place un peu plus tard par des services secrets avides de trouver la faille chez Castro.  Et visiblement, ceux qui ont préparé l’attentat on lu l’article (repris ici) à la lettre… puisqu’on y trouve un élément clé, le fameux fusil italien, cité bien avant Dallas, ici, pour la première fois.  Il suffit d’imaginer Allen Dulles, la pipe à la bouche en train de feuilleter l’exemplaire du mois de mars 1959 du magazine Guns pour que tout se mette en place !!!  La description précise des armes faite dans le magazine lui a donné, à coup sûr, l’idée de fabriquer plus tard un assassin absolument parfait pour rejeter la faute sur les communistes qu’il haïssait tant : relisez bien l’article, qui construit en fait un Oswald qu’il suffira de présenter comme admirateur de Castro en lui faisant distribuer des tracts vantant ses mérites, au nom de la paix souhaitée officiellement) par Kennedy… « Les acheteurs d’armes des rebelles cubains ne sont pas des aspirateurs à dollars, et il n’y avait pas de fabuleux profits à faire en passant des armes aux rebelles.  Mais parfois, les «livreurs d’armes» incompétents entrent en jeu.  À Miami il y a quelques mois, deux hommes ont été arrêtés dans un motel avec des grenades à main qu’ils chargeaient avec de la poudre noire et des détonateurs maison.  D’après les ragots de Miami, les deux vieux vendeurs de fusils étaient allés jusqu’aux Everglades pour tester leurs détonateurs.  Les fusées à grenades avaient été fermées avec des bouchons de fusil, et assemblés avec des longueurs de bâtons de dynamite.  Les corps de grenade étaient remplis de poudre noire et les assemblages de détonateurs vissés dessus« .  Etrange témoignage, qui laisse entendre qu’il vaut mieux faire confiance à des « professionnels », plutôt qu’à ces amateurs !!!  L’auteur évoque plus loin le fait que des agents du FBI ont bloqué à plusieurs reprises des envois d’armes à destination de Batista.  Et n’hésite pas non plus à impliquer le FBI pour qu’il ferme les yeux, impliquant par là même une connivence évidente avec les castristes : « quand j’ai discuté de certains de ces journaux au F.B.I. il a déclaré:  «Je ne sais pas ce que ça veux dire, mais je me demande si cela signifie vraiment que« l’oncle Sam laisse passer la moitié des fusils ».  Sa réponse m’a un peu secoué .


Sans autre argument, il a dit: «Ce serait une façon de l’affirmer».   Et ces surtout parce que l’une des armes dont il parle va vous faire bondir, comme j’ai pu le faire à lire l’article, je parie : « une certaine corroboration pour cette idée s’est produite avec la confiscation, en août 1957, d’une quantité de fusils italiens Carcano de 7,35 mm dans la maison de Gil DeGibaja à Miami (4). » (nota : le 7,35 est bien le calibre du Carcano de 1938).

Six ans avant, déjà … donc !


Oui, vous avez bien vu, des Carcano, le fameux « Carcano de Dallas », cités dans une revue US faisant autorité comme étant une arme achetée en quantité par les castristes !!!  Envoyés dès 1957, soit 6 ans avant le meurtre de Kennedy, aux hommes de Fidel, avec un FBI qui a fermé les yeux sur cet envoi de fusils particuliers, comme l’affirme l’article  (ci-dessus une page de pub du N° de « Guns » de septembre 1957 avec un Mannlicher en vente :  le ‘Mannlicher-Carcano’ appelé aussi parfois Mauser-Paravicino, et le plus souvent « Modello 91 » ou « il Novantuno », ici vendu 12,95 dollars comme la Sten anglaise) !!  « Citoyen américain de descendance cubaine, DeGibaja a été accusé de violer la loi de neutralité, puisque les armes et les munitions étaient censées à destination de Cuba.  Plus tard, les chroniqueurs du journal de Miami prétendant être au courant, ont publié que les Cubains « n’étaient plus intéressés » par l’achat de fusils italiens.  Mais le fait est que les représentants de Castro ont répété et déclaré publiquement que ce qu’ils veulent ce sont des armes de calibre standard aux États-Unis qui peuvent être facilement fournies avec des munitions capturées sur les troupes de Batista.  Et tandis que les fusils italiens attiraient l’attention des agents fédéraux de Miami, des dollars pour une grosse cargaison d’armes de calibre .30-06 et .45 ont été autorisés à filer au travers ».  Transportés par Jack Ruby, est-on terriblement tenté d’ajouter… on notera qu’à ce moment-là, les Carcano avaient déjà servi de leurre… !!! et un lot complet avait été saisi ! (ci-dessous les armes disparates des insurgés cubains).


Castro, jugé moins communiste à l’époque que Batista !!!


L’erreur d’appréciation de Fidel Castro par les autorités américaine est patente, et elle est aussi lisible dans cet incroyable article, où l’on allait jusqu’à affirmer préférer un Castro se founissant aux USA, même par des voies détournées, mais sous le regard du FBI, plutôt que chez les soviétiques  :  « les journaux ont souvent au cours de la révolution fait mention de quelque chose ou une autre qui conduirait le lecteur à supposer que les communistes étaient derrière Castro.  Le temps que Batista a lui-même passé pour avoir son ticket au bureau du Parti communiste cubain est oublié.  L’été dernier, un chroniqueur de New York a déclaré:  « Des armes tchèques utilisées par les rebelles cubains !  Les mitrailleuses tchèques sont utilisées par Castro ».  Le fait est que les fusils tchèques sont très populaires à Cuba.  Ces mêmes fusils tchèques ont été disponibles aux États-Unis comme des importations commerciales ordinaires, mais qui ont été arrêtés en 1950 quand nous avons gelé les affaires avec la Tchécoslovaquie.  Pendant ce temps-là, les agents de Castro sont allés au Mexique pour chercher des armes.  Les fusils de sport tchèques sont populaires pour la chasse.  Là-bas, où opère un camp d’entraînement secret des rebelles, des fusils de sport du modèle Cz 47, des Mauser soigneusement modifiés, en calibre .30-06 (voir ici à droite), sont fournis à des recrues révolutionnaires.  Une cargaison de ces fusils, plus des bottes, des vêtements, des radios et autres engins nécessaires aux combattants de montagne, a été saisie par les officiers du gouvernement de La Havane en avril 1958, à partir du yacht El Corojo. »  L’événement a en effet été reproduit dans l’exemplaire du 14 avril 1958 du Sedalia Democrat :



« Le gouvernement a envoyé des renforts à La Coloma à Pinar del Rio pour écraser une bande d’une trentaine de rebelles qui ont débarqué au cours du week-end sur un yacht venu du Mexique.  Le siège de l’armée a révélé que six des rebelles envahisseurs avaient été tués par les troupes de Batista.  Les forces gouvernementales ont saisi le yacht «El Corojo» dans la baie de La Coloma.  Ils ont dit qu’il appartenait à un médecin cubain. Diego Cesar Rodriguez, qui était parti de Tampa, en Floride, cinq jours avant l’échouage.  C’est un ancien membre de la Chambre des représentants de Cuba.  L’armée a aussi affirmé avoir saisi des quantités d’armes et de munitions que les envahisseurs avaient enfermées dans une ferme appartenant au frère de Rodriguez.  Les rebelles se sont dispersés dans les collines après l’arrivée apparemment pour se joindre à une bande de 80 autres insurgés de la région.  Si le nouveau groupe reste hors de portée de l’armée, il sera en mesure d’ouvrir un troisième front dans la guérilla de Castro contre le président Fulgnecio Batista,  La province orientale d’Oriente, où Castro a débarqué du Mexique avec 81 hommes en décembre 1956, est le point focal de la révolte.  Un second front est en service dans la province de La Villhs, au centre du pays.  La principale force rebelle à Oriente a frappé à plusieurs endroits autour de Guantanamo, site de la base de la Marine américaine à Cuba.  Le quartier général de l’armée a déclaré que les insurgés ont subi de lourdes pertes.  Trois rebelles ont été abattus lors d’une attaque contre le moulin à sucre de Soledad, une entreprise américaine, à sept milles au nord-est de Guantanamo.  Les insurgés ont brûlé l’entrepôt du moulin, détruisant 1 000 sacs de sucre ».

L’échec de la tentative de Batista pour discréditer Castro

Plus étonnant encore quand la même revue Guns nous explique pourquoi Fidel Castro souhaitait avant tout se fournir de fusils américains et non provenant du bloc soviétique, ce dont avait tenté de l’accuser Batista :  « mais aucun de ses 50 nouveaux fusils militaires tchèques n’est utilisé par Castro ».  Et l’auteur de préciser pourquoi ces armes ne sont pas celles souhaitées :  « les fusils russes et tchèques utilisent des cartouches spéciales qui sont très bonnes, mais pas standard n’importe où à l’Ouest.  Une fois les premières munitions épuisées, elles n’auraient pu être utilisées.


Pour discréditer la révolution, Batista s’est arrangé avec la République dominicaine pour recevoir cinq chargement d’armes par avions.  Les rebelles ont entendu parler du transfert et ont fait une fête surprise quand les avions ont atterri, alors les journaux ont présenté l’histoire,  comme quoi « Batista obtenait des armes dominicaines. » Mais comme d’habitude les papiers disaient seulement la moitié de l’histoire.  Car les armes étaient des fusils militaires tchèques, que les Dominicains avaient achetés pour les envoyer à Batista, et qu’il avait l’intention de «planter» sur des révolutionnaires morts pour que les journaux l’écrivent.  Comme les rebelles connaissaient le plan, ils ont été déjoués.  Non seulement Batista a échoué à prouver l’intervention communiste – le peuple de Castro a refusé cette aide de façon constante – mais il a fini avec cinq chargements d’armes dont il ne pouvait pas obtenir de munitions ! »  L’article ne dit pas quels avions ont servi au transfert, mais on en a une petite idée avec la myriade de C-54 de la CIA évoluant dans le secteur, comme on a pu le voir (ou grâce à des pilotes comme celui de Johnson !)  !!!  Reste à expliquer les autres armes du futur dictateur communiste :« les forces de Castro sont bien équipées de mitrailleuses.  Beaucoup de ces types sont utilisés dans diverses autres républiques sud-américaines.  Le meilleur de ceux-ci est incontestablement le «Fucile Ametralledora Colt», ou le Colt Monitor, version commerciale de la populaire Browning Automatic Rifle (BAR).


Pendant les années 1930, Colt a vendu beaucoup de ces armes à l’Amérique latine.  D’Amérique latine, offerts par des personnes sympathiques à la révolution, elles arrivent à Cuba.  La plupart d’entre elles sont de calibre .30 06.  Quelques canons, comme les mitraillettes légères danoises Madsen de calibre 7 mm utilisées en Amérique du Sud, utilisent d’autres calibres.  Mais tous les canons en usage utilisent des munitions ou des cartouches facilement trouvables à Cuba ».  Castro sera lui photographié à plusieurs reprises avec un fusil FAL cadeau de l’amiral vénézuélien Wolfgang Larrazábal en 1958 (on voit ici sur la photo son canon caractéristique dépasser son sac à dos, et on le retrouvera aussi ici sur d’autres clichés visibles sur la même page).

Des fusils achetés sur catalogue à des « intermédiaires » US


« Dans les hautes terres gracieuses et herbeuses de l’est de Cuba que Castro contrôle et qu’il essaye encore de gouverner jusqu’à ce que tout le Cuba soit consolidé à nouveau, une variété de fusils sont en usage.  Des annonces dans des revues américaines aident à fournir ces armes (on songe aux commandes de « Hidell », alias Oswald !).  Les agents cubains ne paient guère plus que les «meilleurs prix», mais les «meilleurs prix» ne fabriquent pas d’énormes profits.  Le prix des armes Garand qu’ils achètent vont de 50 $ à 100 $.  Souvent, le même fusil rapportera plus sur le marché des tireurs et des collectionneurs américains que l’acheteur cubain n’en offrira d’argent (en ce cas, le but de Ruby n’était donc pas de faire des bénéfices, il était bien idéologique ou plus exactement purement politique, celle des USA désireux de s’assurer de la relève de Batista, dont ils avaient décidé de se débarasser !).  « Récemment, avec le D.C.M, la hausse des prix des fusils Garand à plus de 160 $ ​​ayant augmenté automatiquement la valeur de Garand dans les mains des tireurs à plus de 100 $, les acheteurs cubains se sont tournés vers les fusils sportifs commerciaux pour leurs besoins militaires.



Le fusil de chasse Remington Model 740 de .30-06 (ici à droite) s’est retrouvé dans les collines cubaines, ainsi que de nombreux autres fusils sportifs couramment utilisés sur le marché des États-Unis.  Le FN Mauser est le fusil personnel préféré de Castro, tandis que les sportifs semi-automatiques de Johnson, avec des lunettes de visées de portée, sont beaucoup appréciés à Cuba.  Avec les fusils de Springfield et d’Enfield, (Ruby, rappelons-le, a été accusé d’avoir fourni ces Enfield !!!) au calibre .30-06, le Remington bolt 721 et le Winchester Model 70 partagent des honneurs dans les mains du groupe de Castro.


Un hommage au passage au Remington modèle 721, une carabine spéciale que l’un des gardes du groupe de Castro a fait modifier pour pouvoir tirer des grenades.  Le canon est coupé à environ 15 pouces, et les grenades faites à partir de boîtes de fer forgées à la main sont tirées avec une précision de fusil, à l’épaule.  À Cuba, Castro possède peu d’hommes connaisseurs en artillerie. Certains sont américains, mais peu sont experts.  Comme les mitraillettes étaient difficiles à obtenir dans la quantité nécessaire, les agents américains de Castro se sont arrangés pour que certaines soient fabriquées aux États-Unis.


En mai dernier, la police de Lynwood, en Californie, a perquisitionné un garage de zone résidentielle.  Onze fusils, soixante pistolets et des centaines de mitraillettes  de type SMG  (« submachine gun ») « que les autorités croient avoir été destinées à Fidel Castro » ont été pris lors de ce raid. »  En bas à droite sur le cliché on peut distinguer une SMG (Castro en brandit une ci-dessus c’est une An M3,).



A gauche on peut voir un des « bricolages » d’armes fait à partir d’une Winchester par un insurgé castriste qui n’est autre que l’américain William Alexander Morgan (le « Yankee Commander » qui sera finalement fusillé par Castro comme étant un membre de la CIA) !!!

Le cas emblématique de Morgan

Au jeu délicat du contrôle futur du gouvernement de Castro si celui-ci réussissait à vaincre Batista, la CIA avait en effet placé ce pion d’envergure selon le New-Yorker :  « selon un informateur, du F.B.I.  Morgan travaillait pour la Mafia, faisait des actions pour Meyer Lansky, le petit gangster juif connu sous le nom Little Man.  En plus de surveiller les rackets aux États-Unis, Lansky était devenu le pivot de La Havane, contrôlant plusieurs des plus grands casinos et night-clubs.  Un associé du Mob a décrit une fois comment Lansky « a emmené Batista directement à son hôtel, a ouvert les valises et a pointé à l’argent comptant.  Batista a juste regardé l’argent sans dire un mot.  Puis lui et Meyer se sont serrés la main.  Morgan a ensuite dérivé dans les rues de l’Ohio, où il est devenu associé à un chef du crime local nommé Dominick Bartone.  Un gangster dont les liens mafieux réputés remontent aux jours d’Al Capone, Bartone était un homme corpulent aux cheveux noirs épais et aux yeux sombres – une «apparence typique de voyou», selon son fichier du  F.B.I.  Il classait les gens comme «solides» ou «suceurs».  Sa fiche de police comprenait finalement des condamnations pour corruption, coups de feu, évasion fiscale et fraude bancaire, et il était étroitement allié avec le chef des Teamsters, Jimmy Hoffa, qu’il appelait « le plus grand ami dans le monde. »  Un des amis de Morgan de l’Ohio me l’a décrit comme «solide».  Il m’a dit: «Savez-vous ce que« connexion »signifie?  Eh bien, Morgan était connecté. »L’ami, qui a dit qu’il avait été accusé de racket, s’est soudainement calmé, puis a ajouté: « Je ne sais pas si vous êtes avec le F.B.I. ou le C.I.A. »  Lansky, Bartone, Hoffa… des noms qui rappellent ceux cités ici-même comme étant liés à la fois à Jack Ruby et à E.Hoover… sur place, à la Havane, il y avait aussi un dénommé  David Atlee Phillips, agent de la CIA.  Morgan aurait été retourné lors d’une réunion à laquelle avaient assisté le consul dominicain de Rafael Trujillo, Johnny Abbes García, le chef de la police de Batista et Dominick Bartone, qui lui auraient offert 1 million de dollars pour éliminer Castro, sur une demande de Trujillo. Une réunion dont avait eu vent… Robert Kennedy, comme E.Hoover d’ailleurs.

Une fois encore, des mouvements troubles en eaux cubaines


Castro avait donc appris à qui s’en tenir exactement, après une étrange tentative contre lui faisant appel à un bien étrange navire :   » le F.B.I. a appris par la suite que dans la nuit du 6 août (1959), Morgan avait embarqué dans un petit bateau de pêche, «d’une manière clandestine», et s’était rendu sur la côte de Miami près d’un yacht de cinquante-quatre pieds (16,50 m) occupé par deux mercenaires (6).  Le navire avait été dépouillé de tout nom ou numéro d’enregistrement, était chargé de mitrailleuses, d’explosifs et d’autres armements »  (Ruby avait-il pu être associé aussi à ce coup-là, lui qui fournissait alors de la même manière les troupes cubaines ?).  « Avec Morgan à bord, le yacht est parti pour Cuba et, après avoir échappé à la garde côtière des États-Unis et presque manqué de carburant, s’est glissé dans le port de La Havane, le 8 août.  Hoover croyait qu’il était en train de s’introduire dans la conspiration. Une source du F.B.I. a rapporté que Morgan avait l’intention « d’assassiner Castro. »


Un autre a dit que l’intrigue était de prendre Fidel et Raúl Castro.  Selon plusieurs sources, une force de frappe de près d’un millier d’exilés et de mercenaires cubains serait transportée, par avion, d’une base de la République Dominicaine à la Trinité, ville coloniale au pied des Montagnes d’Escambray » (par les C-54 de la CIA !!!).  « Une fois ces forces débarquées, on pensait qu’elles seraient dirigées par Morgan, qu’un câble de l’ambassade des États-Unis qualifiait d’énigme ».  Mais en fait Morgan avait joué à l’agent double ce jour-là, en ayant tout raconté aux cubains, qui firent prisonniers tous les envoyés de Trujillo.  Castro apprenant alors qu’à la fois la mafia, Robert Kennedy et E..Hoover souhaitaient l’assassiner !!!  Morgan devenant alors un héros national cubain… avant de tomber plus tard… pour espionnage, dans une bien obscure accusation (celle d’avoir provoqué l’explosion du cargo la Coubre (ici-dessus (7)), chargé d’explosifs (lire ici le cas) et liée davantage il semble bien à son opposition montante, purement idéologique, au penchant communiste formulé de plus en plus par Castro (il a été fusillé le 11 mars 1961) !!!  Signalons que la propre sœur de Castro, Juanita, qui tiendra les mêmes propos, quittera le pays en 1964, après être devenue elle aussi agent de la CIA (où elle s’appelait « Donna »).  Ruby aurait-il servi en ce cas lui aussi d’agent double, fournissant jeeps et armes d’un côté à Castro, tout en étant la double lame de la CIA pour chercher à l’assassiner ?  Voilà qui change énormément le dossier de Dallas !!!  Il faudrait s’intéresser à ce fameux petit « yacht » emprunté par Morgan, et dont on possède peu d’éléments, à vrai dire !!!

Les partisans de Castro à Tampa et l’envoi des armes


Je vous ai dit qu’on en découvre encore tous les jours, des documents référant à l’assassinat.  En 2013 encore un article saisissant est paru, intitulé « History & Heritage:  Tampa helped arm Castro’s revolution » signé Paul Guzzo.  C’est encore une belle pierre apposée à l’édifice de l’armement de Castro.  « Le M-26-7  (le mouvement pro-Castro) de Tampa a été chargé de soutenir davantage la révolution en collectant des fonds qui seraient utilisés pour acheter de la nourriture, des fournitures médicales et des armes à feu pour les troupes de Castro.  Mais outre le financement de l’achat d’armes, il y a beaucoup de preuves que certains de Tampa ont également été impliqués dans la contrebande d’armes à feu.  En 1957, le Philomar III, un yacht chargé d’armes et d’uniformes militaires qui devait être livré à l’armée révolutionnaire de Castro, fut saisi par des agents des États-Unis au large des Keys de Floride (c’était à Piney Point, au Big Pine Key – au pays des cerfs (8) !) selon Andrew Tully dans « Treasury Agent: The Inside Story »).


Le yacht avait été acheté à Tampa.  En 1958, un autre yacht chargé d’armes, The Harpoon, fut saisi à Port Everglades.  Quatre Cubains qui vivaient à Tampa étaient parmi les 33 arrêtés (l’article du journal relatant les faits évoquant un américain appelé Bill Wright, nom qui sentait bon le pseudo, » âgé de 60 ans » comme capitaine, qui a réussi à s’échapper, quel hasard encore !).  Également en 1958, un petit vaisseau chargé d’armes, El Orion, a été saisi en outre de la basse côte du golfe du Texas (à gauche la « une » du Chicago Daily Tribune).  Parmi les 36 Cubains arrêtés en figuraient trois de Tampa.  Selon le regretté Tom Durkin, photojournaliste qui a couvert la révolution de Cuba pour le journal La Gaceta, un sympathisant américain a même offert de fournir aux rebelles de Tampa un petit sous-marin pour y cacher des armes pour Castro (?) .  Ils l’ont refusé, mais 150 mitrailleuses saisies à Miami en 1958, emballées dans des fûts d’huile, ont traversé Tampa.  Et un bombardier américain obsolète saisi à Fort Lauderdale en 1958, alors que les armes y étaient chargées, avait pris son vol à Tampa.


Parmi les personnes arrêtées dans cette dernière opération se trouvaient quatre habitants de Tampa, de Ybor City.  Durkin a déclaré que les opérations de contrebande d’armes arrêtées par les forces de l’ordre représentaient juste une partie du total dans lequel les résidents de Tampa étaient impliqués ».


 L’avion (ci-dessus), une pièce de musée déjà à l’époque, qui avait été saisi a fait lui aussi l’objet d’un article avec une photo ainsi libellée dans  « The Daily Courier de Connellsville » de Pennsylvanie :  « Voici une vue intérieure du bombardier B-18 (un vieux « Bolo » devenu C-58 en mode cargo, ici au Panama !!!)



saisi par des agents de la patrouille frontalière des États-Unis près de Fort Lauderdale, en Floride, montrant des armes, des munitions et des fournitures médicales reliées à Cuba pour le chef rebelle Fidel Castro.  À l’arrière de l’avion est l’inspecteur Charles Chamfales de la patrouille frontalière. Devant est Roger E. Steadman (ici en photo avec l’officier de police), un pilote né en Amérique, qui a été placé en détention avec 22 Cubains. Steadman s’est d’abord échappé, mais plus tard a été repris alors qu’il achetait un billet de bus pour Miami, en Floride ».


A Miami, où réside aussi tout le contraire, avec Orlando Bosch, opposant anticommuniste, qui se présente en photo dans son garage, en compagnie de sa fille Vivian où il pose avec le premier lot d’armes qu’il vient de recevoir pour… lutter contre Castro !!!  Quel était son fournisseur, mystère (bien que la CIA soit fortement suspectée !). Décidément, il s’en passait de belles en Floride !!!


Une CIA qui joue visiblement double-jeu, constamment !!!

Le témoignage qui condamne les Kennedy

Paul Guzzo a trouvé bien pire en fait :  le véritable « smoking gun » de l’affaire.


Ce qu’il raconte est en effet terrible :  ce sont bien les autorités US qui ont négocié le retour du mafieux Trafficante, notamment Robert Kennedy.  Et comme celui qui s’en était « occupé » s’appelait… Ruby, cela signifiait clairement que Jack Ruby travaillait pour la CIA !!!  « Ce n’était pas un théoricien de conspiration fou qui essayait de me vendre une histoire sur un accord secret qui a aidé à mettre un ennemi américain de longue date au pouvoir.  C’était Ellis Clifton, l’un des officiers les plus respectés dans l’histoire du comté, un homme dont les amis, la famille et les collègues l’ont tous décrits comme l’un des hommes les plus honnêtes qu’ils aient jamais connu (ici à gauche en train de poser devant des jarres de « moonshine »: surnommé « The rabbit », il fut l’un des premiers à utiliser l’avion pour traquer les trafiquants).



 S’il a dit qu’il avait fait un tel accord, alors il a fait un tel accord. Clifton a refusé de développer l’histoire quand je l’ai pressé pour plus de détails.  Il a simplement répondu: «Certaines choses devraient partir avec moi dans ma tombe.»  Mais, il a dit qu’il a accompli sa partie de la négociation, et puis Castro a rempli la sienne.  Castro a attrapé et arrêté Trafficante (ici à droite il est assis au milieu des policiers cubains).  Quand il a finalement décidé de le libérer, les responsables cubains ont contacté Clifton.  « J’ai conclu une entente avec un fonctionnaire cubain de National Airlines et une autre avec le ministère de l’Immigration. [Le bureau du shérif] avait [un contact] avec un homme qui était chef de l’armée de l’air cubaine et le sergent de mon ministère lui a parlé au moins une fois par semaine pour connaître le statut de Santo et quand il sortirait [de la prison cubaine ] », explique Clifton.  « Alors, une nuit, vers 12h30, j’ai reçu un appel téléphonique de National Airlines et du Département de l’Immigration disant qu’ils avaient placé Trafficante dans un avion et qu’il débarquerait bientôt en Floride. » (…) Je l’ai à peine reconnu ».  Clifton avait été alerté par le bureau du procureur du comté de New York d’un témoignage reliant Trafficante au meurtre du célèbre gangster de New York, Albert Anastasia – le « Lord High Executioner » de la Mafia-.


(ici en photo, Trafficante est aux côtés de Marcello, autre leader mafieux).  Mais quand l’avocat de Trafficante, Frank Ragano, est arrivé, Clifton a appris qu’il devait laisser Trafficante partir.  Le bureau du procureur de district du comté de New York (nota : sous les ordres de Robert Kennedy, donc !) avait annulé l’assignation.  Bien que Clifton n’ait pas gardé son homme ce jour-là, il n’avait aucun regret sur l’affaire qu’il a faite avec un homme que beaucoup considèrent comme le diable.


Il a dit que pour toutes les atrocités commises par Castro contre le peuple cubain, les fusils qui ont été introduits clandestinement à Cuba depuis Tampa et d’autres villes aux États-Unis ont aidé à la remise en ordre de cette nation.  Clifton a déclaré que bien que la mafia existe encore, l’ère antérieure à la victoire révolutionnaire de Castro, quand les gangsters avaient été autorisés à fonctionner sans entrave à Cuba, avait été son sommet.  Castro a expulsé tous les gangsters de la nation insulaire, pas seulement Trafficante.  Et sans un havre de sécurité pour exploiter leurs industries illégales, leurs empires ont diminué.  D’une certaine façon, les États-Unis ont échangé un ennemi pour un autre« .  Trafficante sera exécuté, on le rappelle, juste avant d’aller témoigner à la Commission sur l’enquête sur Kennedy (on le voit ici : pour sûr que d’aucuns auraient pu craindre qu’il ne révèle qu’il avait bien participé à des plans de la CIA pour éliminer Castro !!!   Mais qui donc, si (Robert) Kennedy en personne avait décidé de le faire libérer ?  Voilà une raison de moins pour faire des truands les responsables de l’assassinat de son frère, en tout cas.  Une décision qui aurait aussi dû ravir Hoover, protecteur à sa façon du milieu qui se jouait de ses mœurs !!!  Mais qui donc, alors pour fomenter un tel assassinat et fabriquer un « pigeon » que l’on accuserait du meurtre ???  Certainement pas la mafia, en tout cas !  Ceux qui ont fait tuer Trafficante pour éviter qu’il ne parle sont bien ceux qui se dissimulent derrière l’assassinat de Kennedy.  Et ce sont pas des mafieux, même si la façon dont est mort Trafficante portait les traces de la signature de la mafia ! (pour brouiller les pistes, encore une fois).  Ceux qui ne souhaitaient pas que l’on puisse démontrer que Castro avait été armé en premier par les USA.  Or qui donc avait mis tout ça en place ???  La réponse est simple, il me semble !


La revue Guns avait donc préparé le terrain au cas où.  Mais à peine le temps de faire paraître cet article, qui, à l’évidence à servi de base de réflexion pour monter toute une opération 4 années plus tard, voici que des nouvelles de Cuba arrivent :  « Et tout à coup, alors que la revue GUNS allait à l’impression, la Révolution s’est réalisée (Castro est entré dans la Havane et les Etats-Unis ont reconnu son gouvernement) ».  Entré à la Havane juché sur des Jeeps neuves…précisera-t-on!



(1) Le Lodestar, Lockheed 18 amélioré par Hughes en avion à roue avant (Lodestar  250 Tri-Gear), 



avait tout pour plaire aux trafiquants :  « Pendant ce temps, l’avion avait gagné une nouvelle popularité culte.  Un pilote a dit que le Lodestar était également un avion spécialisé, bon pour seulement deux travaux:  la contrebande de marijuana de la Colombie, ou pour balancer une douzaine de skydivers jusqu’à 15.000 pieds pour une orgie de chute libre.  Le Lodestar avait des spécifications enviables pour un avion de sa taille et son âge, ce qui lui permettait d’accomplir l’une ou l’autre tâche, la contrebande de marijuana ou le largage de parachutistes en grappe, avec facilité.  Tout d’abord, il pourrait décoller et atterrir sur une piste relativement courte (ou sur des terrains).  Avec une charge utile légère et un bon pilote, il pouvait décoller avec aussi peu que 985 pieds, et se poser et rouler jusqu’à l’arrêt dans moins de 600 verges (yards).  Les contrebandiers ne volaient pas souvent à l’intérieur ou à l’extérieur des aéroports, surtout ceux qui avaient de longues pistes, de sorte que la capacité de courte portée était attrayante.  Avant que de grands avions ne soient utilisés pour le parachutisme, quatre ou cinq sauteurs étaient entassés comme des sardines dans un petit Cessna ou un autre avion monomoteur pour un vol de 45 minutes avant de larguer ses parachutistes, alors que Lodestar aurait pu monter à 15 000 pieds en 12 minutes et, en dehors de l’énervant décollage – le trajet était spacieux et confortable.  Bien sûr, le Lodestar a été utilisé par beaucoup de pilotes autres que ceux impliqués dans la contrebande de marijuana ou de parachutisme.  La version dépouillée était un avion de fret populaire, qui avait prouvé comme étant économique sur les vols courts ».

(2)  Evincé par Batista, il s’était installé comme développeur et homme d’affaires à Miami (et à Porto Rico).  Prío se suicidera par balle en 1977 alors qu’il devait être interrogé par le U.S. House Select Committee on Assassinations (HSCA).  Une semaine après que George de Mohrenschildt se soit suicidé, alors que lui aussi devait témoigner…

(3) démobilisées elles ont servi à tout, comme ici celles de l’USS Argonne et de l’USHS Consolation devenues infirmeries mobiles



(5) Le 18 Décembre 1964, un Fairchild Packet C82 (N128E, ci-dessus) appartenant à Mecom est abattu par deux Migs de l’armée de l’air égyptienne, au dessus d’Alexandrie, tuant le pilote et le co-pilote, qui n’avaient pas répondu aux demandes répétées des contrôleurs aériens, selon les Egyptiens. (l’avion, selon Mecom transportait du « détergent pour ses forages pétroliers« ).  





Selon la presse US, l’avion s’approchait d’un site où les égyptiens « testaient des missiles ».  La CIA aurait-elle essayé de s’approcher de nids de SAM qui la gênait tant au Viet-Nam ?  La société finira en banqueroute en 1970.  Le fils de John Mecom, fan de sports mécaniques, avait couru sur voiture Lola T70.  Il possédait 15 voitures de sport dont des Ferraris, des Corvettes, des Mustangs, et 10 avions et hélicoptères.  Son Racing Team avait pour pilotes Roger Penske et A. J. Foyt.  En association avec d’autres millionnaires, il avait acquis la franchise de l’équipe de football américain des Saints.  Son père habitait dans un manoir de style normand, bâti à River Oaks, la banlieue aisée de Houston, avec un énorme escalier de style Art Nouveau.

(4) Selon « The Commercial-Mail de Columbia City »,  de l’Indiana, en date du 13 août 1957, voici ce qu’on pouvait lire sur la saisie :  MIAMI (VP) Les agents des douanes ont saisi très tôt aujourd’hui une énorme quantité de fusils, de mitrailleuses et 50 000 cartouches de munitions destinées à des insurgés campés dans la jungle des montagnes cubaines.  Deux hommes ont été arrêtés et les autorités ont poursuivi trois autres personnes impliquées dans un complot visant à expédier des armes au chef rebelle cubain Fidel Castro qui tente de renverser le président cubain Fulgencio Batista.  Charles Wyatt, superviseur de douanes à Miami, a identifié les hommes arrêtés comme Gil De Gibaja, 16 ans, citoyen américain de descendance cubaine résidant à Miami, et Alfredo C. Z. Gonzalez, 38 ans, qui affirme qu’il est agriculteur.  Il a dit aux officiers, qu’il était de La Havane.  Les hommes ont été accusés de violation de l’acte de neutralité et emprisonnés en attendant d’autres mesures. -Wyatt a dit avoir trouvé 500 fusils, 10 mitrailleuses, à la fois de calibre .30 et .50, environ 30.000 cartouches et peut-être même un bazooka dans la maison de Gibaja ici-même … » Sur l’autoroute de Floride,  les patrouilleurs HM Gracy et Pat Edgemond Wyatt ont déclaré que les agents en douane présents sur la scène ont trouvé une boîte de fusils, une boîte de munitions et une publicité. Wyatt a déclaré que les armes et les munitions  étaient dans les boîtes, affirmant qu’il pensait qu’elles contenaient des armes illégales et non des «Outils agricoles».   Dans The Indianapolis Star, en date du 14 août 1957, on découvrira qui était « l’agriculteur » :  « un ancien dirigeant du gouvernement cubain a été accusé hier d’avoir tenté d’expédier quelque 50 000 dollars d’armes et de munitions de Miami, probablement au chef rebelle Fidel Castro, l’ennemi juré du président Fulgencio Batista.  Alfredo C. Z. Gonzales, âgé de 47 ans, a été traduit devant le commissaire américain Roger Davis pour infraction à la loi sur la neutralité.  Il a été libéré sous un cautionnement de 10 000 dollars »...  Visiblement, à cette époque, les expéditeurs d’armes ne finissaient pas en prison !!!  On rappelle qu’en 1957, McKeown, fraîchement renvoyé de Cuba par Batista et ami de Carlos Prio Socarras, était venu s’installer… à Miami.  Il possédait aussi une maison exactement à Shady Lake près de Pasadena, au Texas, avant de s’établir à Houston.  En avril 1959, Castro était venu lui rendre visite à l’aéroport de Houston.  Les premières armes pour Castro avaient été envoyées par McKeown de Tampa et de Miami.  Son yacht, le Buddy Dee servait de transporteur.  « Lors d’une entrevue avec le FBI le 21 décembre 1963, Ruby a commenté que pendant «un temps où Castro était populaire aux États-Unis», il avait lu qu’une personne de la région de Houston avait été impliquée dans l’envoi de fusils à Castro.  Ruby a déclaré qu’il a tenté de contacter cette personne par téléphone dans l’espoir de gagner de l’argent en vendant des jeeps à des personnes intéressées par leur importation à Cuba.  Mais Ruby déclara que rien n’avait été fait« .  Et le FBI l’avait cru !!!



(6) ce n’étaient pas les yachts qui manquaient à cette dimension, tel le « Rhino » (ici-dessus) des ateliers Rybovitch, les plus en vus à l’époque dans le secteur. Evidemment, ce genre de bateau fait aussi penser au célèbre Pilar d’Hemingway (de 12 m de long), qui s’était mis en tête d’aller chasser les U-Boot avec… dans le Golfe du Mexique !

(7) « Encore aujourd’hui, Cuba interprète l’explosion de La Coubre comme un acte terroriste préparé à l’extérieur du pays visant à dissuader des pays occidentaux de lui vendre des armes.  Des documents déclassifiés de membres des services américains corroborent cette thèse.  Cela fonctionna dans la mesure où quelques jours après l’explosion, la Belgique, d’où provenaient les munitions ayant explosé, fit savoir qu’elle ne livrerait plus d’armes à Cuba ».  La CIA aurait-elle voulu avec cette explosion rester le seul fournisseur discret de Castro ?  Ou chercher à ce que d’autres ne révèlent pas qu’elle avait été la principale jusqu’ici ?  Le cas de l’américain Donald Lee Chapman, monté à bord après l’explosion, reste fort intriguant.  Selon les cubains, le colonel de la CIA J. C. King était en relation directe avec « Rolando Masferrer Rojas, qui connaissait à l’avance, grâce à un ingénieur des mines étasunien, l’arrivée du bateau chargés d’armes à Cuba et les ports où il devait mouiller »… les français morts ce jour-là étaient le premier lieutenant François Artola, le timonier Jean Buron et les marins Lucien Aloi, André Picard, Jean Gendron et Alain Moura.

(8) Extrait du Bridgeport Telegram  dans le  Connecticut en date du mercredi  20 novembre 1957, qui montre que c’était une expédition conséquente qui était prévue :  « Une force révolutionnaire se préparant à naviguer pour Cuba dans un yacht chargé d’armes, de fournitures médicales et d’hommes en unforme a été saisie par un groupe de raids d’agents US aujourd’hui » dans les Kevs de Floride.  Trois heures avant que la force ait eu l’intention de naviguer à l’aube, la force de raid menée par les agents des Douanes a placé ces hommes en garde à vue accusés de conspiration et de violer la neutralité, ainsi que les lois sur les armes à feu.  Lankford a dit que les Cubains ont chargé le yacht Philomar III avec des fusils des chargeurs, des couteaux, des machettes et d’autres armes, lorsque les agents les ont surpris, sur la côte méridionale de Big Pine Key.  Les plans du groupe consistaient à naviguer vers Cuba, sans doute pour augmenter les forces révolutionnaires de Fidel Castro, comme ils avaient été vus depuis plusieurs jours, a déclaré Lankford.  Le garde-côtes de 165 pieds Ariadne (le WPC101, 5/1966- WMEC101, ici à droite) a été déplacée à partir de Key West pour bloquer une possible tentative de ces hommes de s’échapper à bord du yacht.  



Mais les agents ont pu gérer les arrestations.  Et le navire n’a pas participé aux événements sur place.  Lankford a indiqué que la force de révolution était la plus grande appréhendée depuis que Fulgencio Batista est devenu le dictateur de Cuba après avoir disposé du président Carlos Prio en 1952.  Batista a résisté dans ces derniers mois à un certain nombre de mouvements révolutionnaires.  Prio vit maintenant à Miami et a été accusé par Bastista de financer l’envoi d’armes à Cuba et de soutenir autrement des tentatives d’ennemis de Batistas pour le renverser.  Ces accusations ont été niées par Prio, mais il croit qu’une révolte réussie contre Batista finira par se développer.  Lankford et huit autres agents du service d’immigration, de la Patrouille frontalière et du Trésor ont atteint Big Pine Key à 3 heures du matin.  En plus du yatch, sept automobiles ont été saisies.  Beaucoup d’hommes étaient armés de pistolets, et  cinq des cubains arrêtés ont donné des adresses à New York.  Vingt-quatre ont donné des adresses à Miami et Miami Beach, et quatre ont donné des adresses à Tampa.  Le bureau de douane a déclaré que le Philomar III est détenu par Belarmino Fernandez, de Tampa. Fernandez l’avait loué à Gilbert L. Visbal de Miami, qui pensait qu’il devait être utilisé pour la pêche.  Visbal était un de ceux énumérés comme arrêtés dans le raid ».



Nota : Johnson avait aussi  un autre appareil, surnommé  « Air Force One Half », qui s’est rendu à plusieurs reprises au Costa Rica, Panama, au Nicaragua mais aussi à la Rpublique Dominicaine et à Puerto Rico (la visite est ici).  Il est aujourd’hui exposé dans son ranch- musée.  Son pilote préféré était effectivement James Underwood « Jim » Cross.  Un ancien du « Hump » et membre actif du  40th Air Transport Squadron du MATS, volant sur C-54 et C-124.

Le 14 novembre 1957 se tenait une réunion de la mafia:  la réunion d’Apalachin à laquelle Trafficante participait:  La réunion d’Apalachin (« Apalachin meeting ») est une réunion qu’a tenue la mafia américaine dans la maison du gangster Joseph « Joe the Barber » Barbara à Apalachin le 14 novembre 1957. Apparemment la réunion a eu lieu pour discuter de plusieurs sujets dont le prêt usuraire, le trafic de stupéfiants et le jeu, et pour partager les opérations illégales de feu Albert Anastasia. Il semble qu’environ 100 Mafiosi en provenance des États-Unis, du Canada et d’Italie ont assisté à cette réunion.

Trafficante fut arrêté en 1957, avec 56 autres mafieux, sur le lieu d’une apparente convention réunissant toutes les grandes figures du crime organisé, la réunion d’Apalachin à New York. Les accusations furent, par la suite, abandonnées. Les autorités supposaient que le but de la réunion était de combler le vide créé à la suite de l’assassinat récent du chef du Murder Incorporated, Albert Anastasia. Plus tard, Trafficante nia les circonstances de l’assassinat d’Anastasia.

On peut lire que la Commission McClellan a ajourné la deuxième phase de ses réunions le 13 novembre 1957, la veille de la réunion d’Apalachin.

En janvier 1958, Santo Trafficante Jr fut questionné par la police nationale cubaine au sujet de la réunion d’Apalachin:  Un rapport complet de la police cubaine fut édité le 23 janvier 1958. Celui-ci comprenait des retranscriptions d’appels longue distance depuis le Sans-Souci pour la période d’août-septembre 1957. Ce rapport fut transmis au bureau du procureur. Sur le rapport était inscrit « Le Département d’Enquête Cubain, La Havane, Cuba notifie au Bureau des Narcotiques que Santo Trafficante est enregistré dans le bureau d’immigration sous le numéro N. 93461.


Partie 29

L’image de Jack Ruby n’est donc absolument pas celle que l’on nous a infligé, depuis l’assassinat d’Oswald comme depuis sa mort.  L’homme de boîte de nuit avait un tout autre rôle, apparu dès l’après guerre :  celui d’être à la fois un informateur du FBI et d’organiser deux trafics, qui, on le sait, sont toujours très proches l’un de l’autre :  celui de la drogue et celui des armes.  En même temps, il travaillait en liaison avec les gens de Richard Nixon, dont on découvrira bien après le caractère mafieux dans l’épisode du Watergate qui lui coûtera son poste (ça et ses écarts de langages antisémites).  Tout cela sous le regard d’un Hoover pris à la gorge (ou plutôt par autre chose !) par cette même mafia, qui possédait des clichés compromettants sur lui et en avait fait son jouet.  Un Ruby qui connaissait aussi Oswald, qu’il avait entraîné à plusieurs reprises dans ses trafics d’armes dont un pose aujourd’hui question, celui de la fourniture à Fidel Castro de moyens de lui permettre de renverser Batista, dont Washington ne voulait plus après pourtant l’avoir soutenu.  Bref, nous découvrons (enfin) que l’assassinat de Kennedy, et l’on ira même jusqu’à dire des deux frères Kennedy ne pouvait être qu’une simple affaire de mafieux.  Derrière eux, nécessairement  et obligatoirement se dissimulait un organisme d’Etat… seul capable d’effacer des tablettes le nombre incroyable de témoins ou d’amis de témoins susceptibles de parler un jour… seul capable d’aller modifier des registres, de mettre de grosses balafres de noir sur des documents « classés » ou seul capable de ne pas respecter et d’outrepasser… la loi, celle en particulier qui permet aux citoyens d’avoir le droit d’être informés sur des événements dont ils souhaiteraient avoir quelques éclaircissements.  Le dossier Ruby, fort peut entrouvert, est l’autre clé de l’assassinat de Dallas.


Jack, indic, donc, mais aussi vendeur d’armes


On connaît finalement très mal Jack Ruby, et cela a sciemment été voulu, souhaité et entretenu.  Car de constater ce qu’il a pu faire dans les années 50-60 jette un tout autre éclairage sur ce qu’il a fait en 1963.  Ruby, dans un genre disons particulier, avait en effet commencé tôt sa douteuse carrière… :« Ruby avait fait l’objet d’enquêtes par des agents fédéraux chargés de la lutte contre les stupéfiants dès 1947, soupçonnés d’avoir participé à un projet visant à faire voler de l’opium sur la frontière mexicaine (Scheim 1983: 117).  C’est peut-être à la suite de cette enquête que Ruby est devenu un informateur fédéral.  En 1947, un assistant du FBI au bureau du député Richard Nixon a écrit un mémo demandant à Ruby d’être excusé de témoigner devant le congrès au motif que Ruby «exécutait des fonctions d’information» pour le personnel du Congrès (Marrs, 1989, page 269) ».  Il était donc bien déjà devenu un informateur du FBI !!!  « En 1956, un autre informateur du FBI a rapporté que Ruby était «Mister Big» dans «une grand trafic de narcotiques opérant entre le Mexique, le Texas et l’Est» (Scheim 1983: 117-118).  D’après le rapport de l’informateur, Ruby avait une sorte d’organisation de recrutement pour l’opération qui reposait sur l’immunité des gardes-frontières et des agents des narcotiques.  Cette immunité est probablement due au statut de Ruby en tant qu’informateur du FBI lui-même.  Ce statut est parfois accordé aux criminels de grande influence pour les protéger; quand elle est ainsi conférée, il s’agit souvent d’une carte délivrée par le gouvernement fédéral pour ne « jamais aller en prison-à moins que vous-ne tuez-quelqu’un-devant-une-caméra ».  À partir d’une telle position, Ruby a été en mesure de donner à ses gestionnaires FBI de précieux conseils tout en éliminant sa propre concurrence criminelle en les informant. »  En somme, le fantasque Ruby était bien davantage que ce comment il a été présenté…

En 1957, il envoyait des armes à Fidel Castro !

« En 1957, Ruby faisait la navette entre Dallas et la banlieue de Houston de Kemah sur la baie de Galveston, où, selon son ami de jeu de poker James E. Beaird, Ruby stockait des fusils et des munitions dans une maison de deux étages près du front de mer.


Beaird a vu Ruby et ses associés charger «de nombreuses boîtes de fusils neufs, y compris des fusils automatiques et des armes de poing» sur les camionnettes, les transportant à «ce qui ressemblait à un bateau militaire des surplus de 50 pieds».  Avec Ruby au commandement, le bateau transporterait les fusils à travers le golfe du Mexique jusqu’à l’armée rebelle de Castro à Cuba ».  On peut raisonnablement penser que le « 50 pieds » était en fait un de ces bateaux auxiliaires comme cet « Underwater Ordnance Research Boat » de bois (ici à droite), ou ce « Mine Diving Tender »  voire un « Noise Measuring Boat », de bois également, revendus comme bateaux de pêche et présentant déjà l’allure d’un bateau civil.  Ces surplus étaient abondants sur la côte Texane, après guerre.  « Chaque fois que le bateau était chargé avec des fusils et des munitions, Jack Ruby était sur le bateau « ; des paroles consignées dans un rapport du FBI.  Or selon la même source, « La Commission Warren en 1964 a enquêté sur de nombreuses allégations de trafic d’armes par Ruby mais a conclu qu’aucune information factuelle n’existait ».  On tient là l’un des nœuds essentiel du problème :  dissimuler le fait que Ruby était bien en cheville avec la CIA, car il trafiquait des armes avant tout, la direction de sa boîte de strip-tease n’étant alors qu’un paravent pratique !!!  Et ce, 7 ans avant l’attentat, au minimum !

« Les surplus de 50 pieds » de Jack


Les bateaux décrits comme étant ceux utilisés par Ruby, à moins d’être ceux que j’ai cités, en rappellent d’autres, décrits en détail dans les préparatifs de la baie des Cochons.  Des barges de débarquement en fait.  Le long document analysant l’échec de l’Opération, rendu public bien plus tard, évoque aussi des « yachts » dont le « Wasp » de 75 pieds, ou le « Tejana » de 110 pieds, mais ils servent alors à amener des armes aux anti-castro sur les « keys « de Floride.  Un autre navire, le « Seagull » est également cité.  Ces navires sont assistés de deux barges (« d’anciennes LCI » en fait des LCM qui font… 50 pieds) appelées « Barbara J » et « Blagar ».


La première a été achetée en octobre 1960 et avait été envoyée sur l’île de Vieques ‘à Puerto Rico) le 31 janvier 1961 pour rater un rendez-vous avec un autre bateau, le rapport faisant état de dissensions à bord.  Les deux barges avaient été achetées 70 000 dollars à un broker de Miami (qui aurait très bien pu être W.I. Marsalis, qui disposait encore de matériel à vendre après sa mésaventure de 1947), mais leur mise à niveau avait coûté la bagatelle de 253 000 dollars !  En tout note le rapport, les navires de l’opération de la Baie des Cochons avaient coûté 2 679 000 dollars ! Leurs capitaines étant payés 2500 par mois, leurs cuisiniers 1000 (sur les cargos recrutés) !!!  Les « surplus » de 50 pieds de Jack étaient-ils eux aussi ces LCM (qui devaient être transportées sur cargo – comme ceux des Lykes Lines– car manquant d’autonomie) ?


Les mensonges de Ruby à la Commission


L’assassin d’Oswald était en tout cas un fieffé menteur, pour sûr : « Ruby avait dit à la Commission Warren qu’il n’avait été à Cuba qu’une fois, en vacances, pendant une semaine à dix jours.  Ce n’est pas vrai.  Selon les enregistrements cubains, Jack Ruby est entré à Cuba depuis la Nouvelle-Orléans le 8 août 1959; il a quitté Cuba le 11 septembre 1959; il est rentré à Cuba de Miami le 12 septembre 1959; il est retourné de Cuba à la Nouvelle-Orléans le 13 septembre 1959.   Mais les dossiers bancaires, les dossiers de la police de Dallas et les enregistrements du FBI montrent Ruby à Dallas les 10, 21, 31 et 4 septembre, jours qui tombent juste au milieu de son séjour supposé continu à Cuba.  D’une certaine manière, Ruby arrivait et sortait de Cuba sans que les autorités cubaines n’en détectent et ne l’enregistrassent. Pourquoi Ruby a-t-il fait plusieurs excursions à Cuba pendant cette période ?  Quelle était la nature de ses visites et pourquoi avait-il choisi de les cacher ? » se demande ici fort justement Lisa Pease, qui pointe sur le détail de choses sur lesquelles Ruby a ouvertement menti.  Pour elle c’est une évidence :  « la réticence des organismes officiels à enquêter sur ces questions a du sens quand on se rend compte que Jack Ruby n’allait pas à Cuba pour des voyages d’agrément.  Le rapport Warren raconte un incident au début de 1959 où Ruby avait fait des «enquêtes préliminaires, en tant qu’intermédiaire, au sujet de la vente éventuelle à Cuba de quelques jeeps excédentaires situées à Shreveport, en Louisiane, et s’est questionné au sujet de la libération possible des prisonniers d’une prison cubaine.  La sœur de Ruby a indiqué que les jeeps auraient pu être des excédents militaires de W.W.II.  Tant l’histoire des jeeps que l’histoire des prisonniers attachent Ruby à quelques intéressantes activités cubaines ».  On peut aussi préciser à ça quel « ami » Ruby voulait donc faire sortir de la prison de Trescornia à Cuba.  Il s’appelait en fait… Santo Trafficante !  Indirectement donc, sous Hoover, la CIA soutenait la Mafia, puisqu’elle s’activait via Ruby pour faire sortir de prison un de ses chefs !  Et elle fournissait bien également Castro en armements !

Un autre témoignage confondant sur les activités de Ruby


Un autre témoignage confirme le rôle de Ruby dans la fourniture d’armes.  « Nancy Perrin Rich (une ancienne employée au Carrousel de Ruby, devenue Hamilton après son remariage- avec un agent de la CIA- et née Nancy Elaine Mathews) a raconté à la Commission Warren une histoire fascinante sur un groupe qui envoyait des fusils Enfield à Castro afin d’expédier (en retour) des réfugiés de Cuba en Floride.  Les fusils devaient traverser le Mexique.  Ruby était évidemment le « bagman » (porteur de valises) pour ce groupe (…)  L’histoire de Nancy Perrin Rich est peut-être le récit le plus largement répandu des épisodes des fusils de Ruby.


Mais il y a un certain nombre d’autres histoires étranges qui portent la diffusion, certains avec plus de justification que d’autres.  Il y a les nouvelles révélations d’Elrod (John Elrod) qui ont mis Ruby au milieu d’un autre scénario de marchand d’armes (1). (ici on peut entendre son étonnante déposition, devant Mark Lane, dans laquelle elle décrit les compromissions de la police de Dallas avec Ruby, qui « arrosait » d’alcool les agents :  » providing girls, gambling and booz » dit-elle :  sidérant !!!.  Dans le montage, on peut voir en séquence intermédiaire le chef de la police de Dallas, Jess Curry – ici à gauche-, nier ouvertement toute relation entre ses agents et Ruby : un autre fieffé mensonge).  On notera surtout que si le témoignage de Perrin ne fixe pas de date, il évoque une période où Castro, en échange d’armes, renvoie déjà chez eux des prisonniers :  on est donc nécessairement APRES l’épisode de la Baie des Cochons et non plus en 1957 !!!

Deuxième témoignage à charge

« Et il y a l’histoire d’Islamorada, en Floride qui mène à des endroits intéressants.  Mme Mary Thompson a rencontré un homme nommé « Jack » accompagné d’une femme, qui n’était pas sa femme, nommée « Isabel » à la maison de Mary Lou et James Woodard à Islamorada, en Floride.  À l’époque, Mary Thompson était accompagnée de sa fille Dolores et du mari de Dolores.  Jack aurait été originaire de Chicago.  Mme Thompson a placé la date de cette rencontre vers la fin du mois de mai 1958.  Fait intéressant, elle a dit que le premier vrai nom de Jack était Léon, mais qu’il était devenu Jack.  Le second prénom de Jack Ruby était bien Léon.  Mary Lou Woodard a dit que Jack avait un coffre plein d’armes et qu’il allait les fournir aux Cubains.  Mary Thompson a déclaré qu’elle avait été informée qu’il y avait des approvisionnements en armes cachées dans les marais qui étaient recueillis par les Indiens dans la région pour être vendus aux Cubains, comme c’était à l’époque de la révolution cubaine.


La fille de Mary Thompson, Dolores, a également vu et décrit ce même Jack, ainsi que Mme W. R. Simons. Dolores a rappelé que l’ami de son mari James Woodard, alors qu’il était ivre une nuit, a déclaré qu’il envoyait des fusils à Cuba avec Jack.  Woodard avait deux ou trois fusils à lui, mais a dit que Jack avait beaucoup plus.  Lorsqu’on lui a montré une photo de Jack Ruby, elle a dit qu’elle ressemblait à l’homme dont elle se souvenait, bien qu’elle ne se souvienne pas de son nom de famille comme étant «Ruby» ».  A noter que dans son témoignage, Nancy Rich évoque aussi la présence d’un « colonel », en « uniforme d’été », assistant aux négociations ; « un chauve, entre 40 et 50 ans »…  « Un contrôle des dossiers du FBI de Knoxville a montré que James Woodard était considéré comme «armé et dangereux», en portant une arme alors qu’il avait un tempérament violent en buvant.  Interviewé par le FBI en septembre 1963, Woodard « d’une manière quelque peu déréglée et incohérente » a parlé de sa participation à une invasion de Cuba avant le régime de Castro, qu’il avait de nouveau participé à la Baie des Cochons et avait fourni des munitions et de la dynamite à la fois à Castro et aux forces exilées cubaines » (cf comme Cummings qui fournissait les deux camps en même temps chez Interarms).  « Le 8 octobre 1963, Woodard a été interrogé à nouveau, cette fois concernant la dynamite trouvée dans sa résidence dans le comté de South Dade, en Floride, car la dynamite avait été volée à une entreprise de construction.


Il a affirmé que la dynamite était utilisée par les exilés cubains qui combattaient le régime de Castro.  Après l’assassinat, la sœur de James Woodard a dit que James était souvent au Texas et qu’elle avait demandé à James s’il connaissait Ruby.  Il a dit « non », mais a rapidement disparu et n’avait plus été vu depuis le 25 novembre 1963.  S’il avait vraiment fourni des fusils avec Ruby aux forces exilées cubaines parrainées par la CIA, on peut sûrement imaginer un motif conséquent pour sa disparition soudaine après que Ruby soit apparu sur la scène publique en tuant Oswald.  Woodard est une autre personne dont les dossiers doivent être examinés par la Commission de révision pour mettre en lumière les contacts de Ruby avec les Cubains et les fusils » conclut l’article.  Le premier a avoir soulevé le lièvre des liens entre Ruby et les vendeurs d’armes était l’infatigable Mark Lane, notamment dans l’interview de Playboy de février 1967.  Selon J.P. Phillips dans le livre  « Act Of Rétribution : The Military-Industrial-Intelligence Establishment And The Conspiracy To Assassinate JFK » , le général contacté par Ruby pour lui fournir les armes ou les jeeps s’appelait le colonel Robert Caston, d’Arlington, et c’était un proche de Edwin A.Walker, l’extrême droitiste sur lequel est censé avoir tiré Oswald (2) !

Les amis de Ruby : des millionnaires texans d’extrême droite !



La clé est peut-être bien là aussi :  dans une inquiétante proximité entre le magnat Murchinson, aux idées proches du nazisme, comme on a pu le voir et de… E.J. Hoover en personne !!!  « Le 25 novembre 1963 (trois jours après l’attentat, donc), un individu qui s’est appelé lui-même « M. Miller » a contacté le FBI et a dit au Bureau qu’il était « un ami proche de Jack Ruby. »  En outre, il a identifié Clint Murchison et Johnny Webb comme étant des «amis de Ruby. » Lorsque J. Edgar Hoover a vu un rapport anonyme (avec notamment le  nom de Miller, et l’adresse donnée par l’informateur  déterminé qui devait être fictive) il a ordonné au bureau « de se remuer vigoureusement. Je voudrais vérifier qu’il provenait bien de Clint Murchison, Jr., et non pas Sr.  Je pense que nous devrions en parler à Clint Murchison, Jr. « [FBI 44-24016-197, 198; 62-109060-363; Wash. Poster 14.02.64; Drew Pearson D13; FBI Memo NR 22/01/64 02/06/64; FBI Memo 1.3164 à NR 02.06.64].  Murchinson qui avait aussi comme ami un  sénateur dénommé Joe McCarthy, le forcené de l’anticommunisme.


J. Edgar Hoover était proche de la famille Murchison (ici à gauche) et passait presque toutes ses vacances, chaque année, à leur hôtel Del Charro, situé près de l’hippodrome Del Mar des Murchinson  (Messick, Hank, John Edgar Hoover, McKay, NY, 1972.). « A La Jolla, banlieue nord de San Diego », a rapporté le New York Times le 17 janvier 1954, « un syndicat de Texans prospère a dépensé un million de dollars sur une fabuleuse hôtellerie surnommée l’Hôtel del Charro . » Le lieu avait ouvert pour les affaires moins d’un an auparavant, le 29 mai 1953, et le mot s’était répandu rapidement.  Aucun étranger ne savait jamais qui possédait l’hôtel, car il était détenu par une société du Nevada, Rancho del Charro, Inc. (le nom a été plus tard changé en Hotel del Charro, Inc.).


Mais les vrais propriétaires ont été largement admis être Clint Murchison et Sid Richardson, deux pétroliers de Texas ayant un intérêt dans tout, des hippodromes jusque l’uranium pour l’utilisation dans la bombe atomique ».  On y trouvait du beau linge :  « les invités fréquents étaient tous des personnalités comme J. Edgar Hoover (directeur du FBI), Carlos Mossello (chef de la mafia de la Nouvelle-Orléans), Richard Nixon (qui a perdu l’élection présidentielle de 1960 à Kennedy), Bobby Baker (sénateur des États-Unis et surtout l’homme de main de LBJ impliqué dans un tas de scandales) et un homme riche nommé DH Byrd (le propriétaire du Texas Book Depository !)« .  Du beau linge, ou un beau bouquet d’assassins potentiels ?

Les truands orbitant à Dallas


L’hôtel a une autre particularité assez sidérante à vrai dire :  c’est là aussi que LBJ recevait incognito sa maîtresse, Madeleine Brown, celle-la-même qui sur le tard avouera que la veille de la mort de JFK, Lyndon B lui avait dit que demain il serait débarrassé (Mark, son fils, en photo ici à gauche avec sa mère, est présumé être l’enfant illégitime de LBJ)… Johnson a lui aussi un beau passé d’affaires extramaritales, en fait (3).  « Clint Murchison Jr. a dit au FBI il n’avait jamais entendu parler de Ruby ou d’Oswald avant les événements de novembre 1963.  Tommy Webb a dit la même chose au FBI En 1977, Tommy Webb signait un déposition dans laquelle il avait admis son association avec Clint Murchison Jr. et Allen Dorfman ».  [Déposition signée de Thomas Dougherty Webb Jr. 21/10/77].  Ce Clint Murchison Jr. était un «grand bienfaiteur» de Jimmy Hoffa et de « Pigface » Cohen, truand notoire.. Dorfman sera abattu en plein rue en 1983 :  « il avait aussi une face cachée, une face sombre, celle d’avoir des relations très étroites avec des personnalités importantes de la Outfit dans les années 1970.  A cette époque, la Outfit en relation avec la famille de Kansas City, contrôlait une partie des Casinos à Las Vegas et par l’intermédiaire d’Anthony « Anthony The Hant » Spilotro, elle gagnait des millions de dollars en détournant une grande partie de l’argent provenant des Casinos.  Au début des années 1980, Allen Dorfman était devenu grâce à cette organisation criminelle quelqu’un d’extrêmement puissant, une figure à l’échelle nationale, qui hormis les mafieux de Chicago, entretenait des relations avec des grands chefs d’entreprise et même des politiciens à Washington ».

Les amis de Ruby étaient amis avec… J.Edgar Hoover !


« J. Edgar Hoover et Clyde Toison adoraient passer leurs congés sur les hippodromes californiens (Del Mar, Santa Anita et Hollywood Park). C’est là qu’ils ont fait la connaissance de Sid Richardson et de Clint Murchison, richissimes propriétaires de dizaines d’hippodromes à travers les États-Unis.  Les deux milliardaires texans leur réservent les meilleures loges sur leurs champs de courses.  Un cadeau en entraînant un autre, Clint Murchison met à leur disposition les plus belles suites de son hôtel, le Del Charro.  Les deux dirigeants du FBI sont flattés.  Au bord de la piscine, ils croisent Richard Nixon ou encore le sénateur McCarthy.  Non loin, d’autres amis de Murchison prennent le soleil ou discutent, vautrés dans des transats.  Certains sont des relations d’affaires du milliardaire.


En dépit de leurs chemises hawaïennes ou de leurs maillots de bain, ils n’ont pas l’air de paisibles vacanciers.  Ces grands fauves sont des parrains de la Mafia qui se retrouvent autour du plus terrible d’entre eux, le tout-puissant boss de La Nouvelle-Orléans, Carlos Marcello« .  Bien entendu, Hoover, quand il vient se faire héberger, ne règle aucune note de frais ; en 1971, le chroniqueur Jack Anderson a brisé le silence sur Hoover et Tolson, qui eux-mêmes avaient été invités régulièrement par l’hôtel.  «Ils sont restés dans des suites à 100 dollars par jour à l’hôtel Del Charro près de la piste de Del Mar», écrivait-il. « La paire du FBI n’a jamais payé ses factures, qui ont été réglées par le pétrolier millionnaire du Texas  Clint Murchison, le propriétaire de l’hôtel. »  Selon Anderson, Witwer lui a dit qu’au fil des ans Hoover est allé jusqu’à une note totale de 15 000 dollars ».

Hoover, dévoré par la passion des courses


Le patron du FBI s’était fait piéger de deux façons, celle de son homosexualité, d’abord, mais aussi par un vice connu, celui de la passion immodérée pour les courses de chevaux. « Souvent, J. Edgar Hoover et le fidèle Clyde Toison prenaient leur après-midi en disant qu’ils allaient travailler sur des dossiers.  Au Bureau, personne n’était dupe ; tout le monde savait que la voiture blindée noire qui quittait le Département de la Justice avec les deux hommes à son bord prenait la direction de l’hippodrome de Washington.  Dans les journaux, il n’était pas rare de découvrir des photos de leur directeur en train de faire la queue devant un guichet réservé aux petits paris, ceux qui ne dépassaient pas les deux dollars.  Là encore, tout le monde savait que ce n’était qu’une façade.  Hoover aimait jouer gros.  « Des agents étaient chargés de placer ses vrais paris aux guichets à cent dollars », écrit William Sullivan. « Quand J. Edgar Hoover et Clyde Toison gagnaient, c’était un réel plaisir de travailler avec eux », ajoute-t-il.  Aujourd’hui, on peut se demander si quelqu’un ne donnait pas un petit coup de pouce au hasard et ne facilitait pas les gains du directeur du FBI à son insu.  Hoover recevait parfois d’excellents tuyaux concernant les chevaux à jouer.  C’est son ami le journaliste Walter Winchell qui les lui fournissait.  De qui Winchell tenait-il ses propres informations ?  De Frank Costello, qui avait une source très sûre au sein du monde hippique, son ami Frank Erickson, l’« empereur des parieurs ».  Erickson, était le cofondateur de Nationwide News Service, le service télégraphique à destination des parieurs, convoité par les anciens associés d’AI Capone.. ».

Ruby et les teamsters


Cinq jours à peine après l’assassinat, les liens entre Ruby et des vendeurs d’armes de la mafia étaient connus, pourtant.  Et le FBI les connaissait également.  « Le 27 Novembre, 1963 Daniel Adario, Federal Bureau of Narcotics, Philadelphie, a indiqué à Robert L. Tagg, du FBI S.A. à Newark, qu’il avait reçu des informations d’un informateur confidentiel « (FNU) Cohen (Mickey, un ex boxeur), alias « Pigface » vendeur de voitures d’occasion, et frère de Raymond Cohen, un ancien fonctionnaire de l’Union des Teamsters, de Philadelphie, qui avait dit à l’informateur d’Adario Daniel qu’il était très ami avec Leon Jack Ruby et qu’il savait qu’il était de Chicago (nota : Mickey Cohen était aussi proche du « Rat Pack » de Franck Sina­tra, Dean Martin et Sammy Davis Jr). « Raymond Cohen était un proche collaborateur de James R. Hoffa.  [FBI 44-24016- 1069371]  Le 8 Juin 1965, le FBI a signalé que le Bureau Philadelphie a examiné des copies Xerox ou des lettres anonymes nommant Raymond Cohen comme ayant des informations concernant l’assassinat du président Kennedy, et que le bureau Philadelphie n’avait pas d’informations sur cette thèse.  Le bureau de Philadelphie, obtiendrait certainement de l’information productive grâce à un entretien avec Raymound Cohen, ancien secrétaire-trésorier des Teamsters, au Local 107, à Philadelphie.  Cohen purge actuellement une peine d’emprisonnement de deux ans pour avoir fraudé la section locale, et a fait six mois sur parole.  Il y avait beaucoup de factions de la section locale 107 qui a finalement déchu Cohen (cf ici à droite), et un certain nombre de teamsters dissidents écartés opposés à Cohen auraient très bien pu écrire les lettres tentant d’impliquer Cohen.  [FBI 157-916-319 Phil. 06/08/65] ».


Jeu de pouvoir et billard morbide à Dallas


L’homosexualité évidente de Hoover (il s’affichait constamment avec son « aide » Colson) avait été en fait une aubaine pour la mafia, qui le contrôlait par un moyen classique :  le chantage à la divulgation de son mode de vie toujours scandaleux à l’époque.  « Dans les coulisses, il y avait une «compréhension».  La mafia avait obtenu des photographies de J. Edgar Hoover s’engageant dans le sexe oral avec son partenaire masculin, Clyde Tolson.  Le patron de la mafia, Mossello, «contrôlait» ces photographies et narguait Hoover à éviter toute action contre la «mafia».  En fait, jusqu’au début des années 1960, le FBI n’avait pas de formation officielle ou de divisions qui s’attaquât au crime organisé.  De haut en bas on savait que c’était les « mains levées ».  Tout cela était sur le point de changer dans la fatale année de 1963.  Le frère de JFK et maintenant le procureur général Robert Kennedy, en tant que nouveau patron d’Hoover, avait déclaré la guerre à la mafia.  Cela a mis Hoover dans une situation extrêmement anxieuse.  Peu à peu, le crime organisé, Hoover et les grands pétroliers ont été frustrés par JFK.  Nixon avait aussi sa haine à broyer, après avoir été battu par Kennedy à l’élection présidentielle de 1960.  Kennedy a non seulement parlé de changement – il l’a fait arriver.  L’indemnité d’épuisement du pétrole devait être réduite, le crime organisé avait commencé à être poursuivi par un ministère de la Justice zélé, même la CIA était bouleversée par Kennedy.


Kennedy avait précisé que la CIA devait rassembler des renseignements tels que décrits dans sa charte, mais ne devait ni proposer ni promouvoir des politiques.  Il était si en colère contre leur performance au Vietnam et à Cuba qu’il a ouvertement parlé de la dissolution de l’organisation.  « Si les États-Unis éprouvent jamais une tentative de coup d’État pour renverser le gouvernement, il viendra de la CIA. L’agence représente un pouvoir énorme et une totale irresponsabilité pour quiconque »JFK ».  Dans la presse, on finira – tardivement- par moquer Hoover pour ses penchants sexuels, notamment de se déguiser en drag-queen avant l’heure… ce qui ne l’avait pas empêché, bien au contraire, d’informer en premier Robert Kennedy, et d’envoyer un étonnant courrier à Sullivan et à d’autres pour dire qu’il « tenait l’homme qui avait tué Kennedy, qu’il avait tué un policier et qu’il était membre du Fair Play Committee, qu’il n’était pas communiste mais qu’il en vantait l’idéologie (?) sans être membre du Parti Communiste ».  Un texte rédigé le lendemain du crime, le 23 à 13h.

Retour sur scène du perdant de 1960 : « Tricky Dicky »


Trafiquant de drogue et d’armes, indicateur du FBI, Ruby a donc un lourd passé interlope.  Mais il a aussi des liens avec la politique, et, curieux hasard, celui en particulier avec le concurrent direct de Kennedy qui n’avait toujours pas digéré sa défaite de 1960 (à « juste » raison comme on le sait, puisque c’est le lien entre le clan Kennedy -père- et la mafia qui a fait « voler » l’élection – en photo Nixon, Hoover et « Bebe » Rebozo (4), en lien avec Jimmy Hoffa, Carlos Marcello, Morris  »Moe » Dalitz, et Mickey Cohen -!!!)  En 1947 un mémo (trouvé en 1975 par un érudit en triant une pile de documents du FBI récemment révélés) soutient l’affirmation de Giancana.  Dans la note, adressée à un comité du Congrès enquêtant sur le crime organisé, un assistant du FBI déclare:  «Ceci est mon témoignage sous serment que cet homme Jack Rubenstein de Chicago … effectue des fonctions d’information pour le personnel des membre du Congrès de Richard Nixon, républicain de Californie.  On est prié de ne pas faire appel à Rubinstein pour le témoignage ouvert aux audiences susmentionnées « .  « (Plus tard, en 1947, Rubenstein a déménagé à Dallas et a raccourci son nom de famille en Ruby). Le FBI a ensuite appelé cette note un faux, mais les services de référence de Facts on File l’estiment authentique.  Le travail d’infiltration pour le jeune député Nixon aurait été conforme à l’histoire de Ruby comme un informateur de la police et un informateur du gouvernement.  En 1950, un témoignage de Ruby à huis clos au comité sénatorial spécial de Estes Kefauver sur une enquête sur le crime organisé, un membre du personnel du Comité Luis Kutner décrit plus tard Ruby comme «un lieutenant du syndicat qui avait été envoyé à Dallas pour servir de liaison pour les gangsters de Chicago. »  En échange de la déposition de Ruby, le FBI dit avoir assoupli sa surveillance du crime organisé à Dallas.  En 1959, Ruby est devenu un informateur pour le FBI ».  Une pègre qui fait ce qu’elle veut, car elle détient des documents fort compromettants sur le patron du FBI, qui n’a rien fait contre elle… et une pègre qui ne peut supporter voir un de ces membres aller déposer à un procès :  « l’ancien patron  de Chicago de Ruby, Giancana, a été assassiné dans sa maison à Oak Park, Illinois en 1975.  Peu de temps avant qu’il ne doive comparaître devant le Senate Committee enquêtant sur l’assassinat (de Kennedy).  Sept balles de calibre .22 ont été tirées dans sa bouche et le cou, un acte symbolique de la mafia pour  signifier « a trop parlé . »

Ruby, élément-clé d’un dispositif et non simple tenancier de boîte de nuit


Jack Ruby était également un homme occupé à Dallas, le 22 novembre 1963.  « Dans les heures avant l’arrivée de Kennedy, l’opérateur de club de strip-tease, criblé de dettes, avait rendez-vous avec le trésorier-payeyr de la Mafia Paul Jones. Peu après que Kennedy ait été abattu, Ruby s’est présenté à l’hôpital Parkland, où le président avait été conduit – mais il a nié plus tard être là à ce moment critique.  Quelques minutes après que Kennedy ait été déclaré mort, Ruby a téléphoné à Alex Gruber – un associé ou un des hauts responsables de Jimmy Hoffa, et un homme avec des connexions connues aux truands qui avaient racketté « Mickey » Cohen.  Ruby et Gruber avaient été vus 10 jours plus tôt à Dallas.  Quand il a été arrêté pour avoir tué Oswald deux jours plus tard, Ruby avait 2000 dollars sur sa personne et les autorités ont trouvé 10 000 dollars dans son appartement » – l’équivalent de 79,418.42 dollars de 2017 (…)  Le soir du 22, Ruby traînait au même étage du poste de police dans lequel Oswald était interrogé.  Il a même été présent à la station de police à la conférence de minuit du bureau de Police, où Oswald a été débité brièvement montré par les policiers.  Ruby avait même corrigé le procureur de district quand il a dit aux journalistes qu’Oswald appartenait au « Comité Cuba Libre », un groupe anti-Castro.  Ruby a souligné que c’était plutôt le «  »Fair Play for Cuba », un groupe pro-Castro (ici à droite)« .


 Le jour-même de son arrestation, donc, Oswald avait pu entendre, via cette remarque, qu’il s’était fait pigeonner ! Trahi par celui qu’il connaissait très bien… sans pouvoir le dire, au risque de… se faire tuer.  Ce qu’il lui arrivera, néanmoins, sans je pense qu’Oswald ait pu penser que c’est Ruby qui le ferait. Car, comme le souligne le même auteur, « plus d’une douzaine de personnes affirment avoir vu Ruby et Oswald ensemble pendant les quatre mois précédant l’assassinat de Kennedy.  En 1994, les journalistes de Dallas, Ray et Mary La Fontaine, ont affirmé «que, peu de temps après l’arrestation d’Oswald le 22 novembre, un compagnon de cellule de Ruby a dit qu’il avait assisté à une réunion avec lui dans un hôtel local, quelques jours plus tôt ».


Au cours d’une interview en 1985 à Miami, l’agent de la CIA Morita Lorenz a témoigné que, le 21 novembre, dans un motel de Dallas, elle a vu Hunt, payé par une autre agence opérationnelle – Hunt, le futur cambrioleur du Watergate avec Frank Sturgis.  Elle a soutenu que, peu après qu’Hunt ait quitté la réunion, Jack Ruby est arrivé.  Lorenz est retournée chez elle à Miami cette même nuit, mais Sturgis lui a appris plus tard ce qu’elle avait manqué à Dallas ce 22 novembre 1963:  « aujourd’hui, nous avons tué le président. »  Le témoignage, plutôt suspicieux, est paru dans un texte signé par Hunt dans le magazine controversé de l’aile droite Spotlight, un article de 1978 intitulé «La CIA admet que Hunt a Participé à l’assassinat de Kennedy. »  On a bien tenté d’en avertir pourtant la Commission Warren, restée sourde aux témoignages embarrassants (l’homme étouffant tous ces apports s’appellant Allen Dulles, bien entendu) :  » le 20 mars 1964, les conseillers de la Commission Warren Leon Hubert et Burt Griffin avaient envoyé un mémo au conseiller général J. Lee. Rankin, qui déclarait: «Les liens les plus prometteurs entre Jack Ruby et l’assassinat du président Kennedy sont établis à travers les personnages du monde souterrain (cf la mafia), les Cubains anti-Castro et les Américains d’extrême-droite« .  Ni la Commission Warren ni la HSCA ne semblent avoir poursuivi suffisamment ces pistes ».  Plus étonnant encore, quand l’amie de Ruby, Gail Raven (ici à droite), sera questionnée sur la raison pour laquelle Ruby avait assassiné Oswald, elle avait eu cette phrase étonnante : « Il n’avait pas le choix. Jack avait des patrons, comme tout le monde ».  Raven a dit qu’elle ne savait pas qui étaient ces patrons. »

Et pendant ce temps-là, JFK négociait le tarif…

… non pas des prostituées à laquelle il avait recours à tout bout de champ (selon Seymour Hersh dans « The Dark Side of Camelot »)



mais celui des prisonniers de la Baie des Cochons !  Car c’est aussi un des chapitres les plus passionnants de ce livre référence qu’est celui de Ross et Wise. Un chapitre important, qu’ils ont intitulé finement « Une opération grise« , entendez par là un des coups tordus dont les Kennedy ont émaillé leur court règne :  un coup ni blanc, ni noir, celui d’une diplomatie bien tortueuse, en tout cas.  On revient pour cela au problème du tout début, à savoir cela aide la désastreuse opération de la Baie des Cochons qui aura miné tous les mois d’exercice du pouvoir de JFK.  Très tôt, Fidel a tenté de négocier les prisonniers qu’il détenait après l’invasion.



 Il les a exhibés aussi, en leur organisant un procès commun (en avril 1961, photo ici).  En mai, on avait déjà pu voir un film dans lequel Fidel propose de les échanger contre des tracteurs, ou des bulldozers dont le pays a besoin pour se développer. Immédiatement cela avait provoqué un tollé aux USA : pour le sénateur John McClellan, ce sera « non », car les « cubains pourraient les transformer en armes potentielles ».  Pour le  National Review, « ils partiraient aussitôt en Chine« .   Pour le Daily News, plus ouvert « du point de vue humanitaire nous pourrions avoir à faire cette offre malodorante ».


Pour McCarty c’était évidemment une trahison de Kennedy.  Si bien que ce dernier, pressé par les familles des prisonniers, va devoir expliquer pourquoi il a décidé de le faire quand même et malgré tout :  « les partisans de Kennedy font valoir que les réactions latino-américaines au deal de tracteurs seraient en partie hostile à Fidel Castro, et pensent que les États-Unis marqueraient ainsi un coup de pub inattendu.  Mais quelles que soient ces critiques ou ce que ses partisans avaient décidé, Kennedy avait raison d’accepter l’offre.


En la dédaignant, il aurait trahi ces hommes venus des États-Unis pour atterrir à Cuba, et aurait donné à Castro encore une autre occasion de rappeler aux Latino-Américains d’un fait qui était bien connu déjà comme quoi le fardeau de la responsabilité de Cuba reposait alors sur les épaules des Etats Unis ».  Mais il faut proposer ce voyage à Canossa-Cuba devant Castro, maître du jeu, autrement, dans la presse.  Dans le Nashua Telegraph on précise ainsi que si Kennedy est d’accord sur le principe, son gouvernement ne devrait pas donner un seul dollar pour l’opération, et que cela devrait se faire de manière privée (avec l’aide de Walter Reuther du syndicat de l’automobile de l’United Auto Workers, ce qui a très certainement facilité le coup des Jeeps !!!).



Encore une fois, Kennedy, pris au piège tendu par Castro, est obligé de louvoyer et de ménager chèvre et chou.  Et c’est donc ce qu’il fait, en acceptant tous les désirs, ou presque, de Fidel Castro.  En juin 1961, ce dernier accepte 500 tracteurs valant 28 millions de dollars contre le millier de prisonniers, alors qu’au départ il avait souhaité plutôt des bulldozers (en photo ci-dessous, les envoyés du Tractor’s  Committee avec à la droite de Castro Duane Greathouse du United Auto Workers) !!!  Les tracteurs, enrôlés dans l’opération du « Tractors for Freedom Committee » sont prêts à être envoyés lorsque Castro se ravise soudainement, et souhaite alors à la place une rançon qu’il évalue alors à 62 millions de dollars.  Un chiffre astronomique à l’époque  (ce qui ferait en effet aujourd’hui pas loin d’un demi milliard de dollars actuels !).



Un habile négociateur avait été envoyé

Kennedy se devait de réagir.  1113 est le chiffre magique de cette opération pour faire revenir les prisonniers… mais à un coût inférieur, ou sans que l’Etat n’apparaisse trop dans les versements. Une tâche ardue.  1113, ce pourrait être le numéro de la chambre de l’hôtel ou était descendu l’envoyé de Kennedy à Cuba le 20 août 1962, avant de rencontrer Fidel Castro dans le palais dévasté de Miramar, qui avait vu Batista déguerpir.  Mais ce n’est que le chiffre du nombre de prisonniers faits par les castristes en quelques journées de combat ou plutôt celui divulgué par les américains (on verra plus loin qu’un autre décompte est parfois donné !!!).


Plus de 1000 hommes, en tout cas, qui valaient de l’or, et que Fidel n’avait aucune envie de libérer à moins du paiement d’une rançon qu’il vient  alors d’estimer à une somme astronomique.  L’homme qui est chargé de négocier s’appelle James Donovan, et c’est un excellent médiateur, justement choisi :  6 mois auparavant, il a échangé sur le célèbre pont de Berlin Gary Powers, le pilote de l’U-2; contre l’espion soviétique Rudolph Abel (c’est le sujet du film « Bridge of Spies » avec Tom Hanks).  Castro avait fixé un nouveau tarif, de 2 900 000 dollars la somme à verser… pour les 60 premiers, qu’il a fait libérer en avril, déjà, versée par le « Cuban Families Committee for the Liberation of Prisoners of War », organisme créé de toutes pièces pour que le gouvernement US n’apparaisse pas. Désormais, Fidel s’est ravisé et souhaite maintenant des produits pharmaceutiques comme paiement.


Pendant la crise des missiles, la vente continue !



La crise des missiles de Cuba a failli tout faire capoter, bien entendu.  Elle dure du 16 octobre au 28 octobre 1962 mais pendant ce temps-là, chose étonnante que l’on a oubliée, la « vente » des prisonniers par Cuba a continué !!  Preuve de l’intérêt que Kennedy y portait !  Hélas, l‘argent gouvernemental promis tardait à être réuni, et Donovan avait dû se tourner alors vers le privé et l’industrie pharmaceutique, qui en plus de donner des médicaments à Cuba, comme promis lors d’un premier accord passé, a dû aussi mettre une seconde fois la main au porte-monnaie.  Les firmes Pfizer et Merck, Sharp et Dome sont relancées.  La somme des produits de pharmacie offerts à Castro atteint 53 millions de dollars…. au prix de vente, mais en réalité, cela revient seulement à 17 millions en prix coûtant.  L’accord est alors signé.



Les premiers prisonniers sont revenus en avion et en bateau, des avions qui atterrissent sur la base de Homestead, où ils sont reçus avec un cérémonial qui sera invariable tout au long de l’arrivée des prisonniers.  On leur joue même Le Pont de la Rivière Kwaï comme musique d’accueil, à leur retour, précisent Ross et Wise !  A Noël 1962, tous sont de retour.  Kennedy, grâce aux talents de Donovan, a réussi son pari.  Le dernier lot de 107 prisonniers, dont le retour est diffusé à la télévision, prennent un avion de ligne DC-6 de Pan American World Airways.  Il ne s’agit surtout pas de montrer à ce moment les DC-4  de la CIA (alors qu’un voyage a eu lieu au moins avec ce type d’avion) !


Or, encore une fois on a trompé les américains, et d’une autre manière encore : ils n’ont en effet rien su de ces négociations :  Donovan, officiellement avait été envoyé comme « avocat » en « visite privée » à Cuba !!!  Le film de leur arrivée, visible ici, avec envoi de colis en échange, retour du DC-6 sous les caméras à Homestead, files d’autocars et distribution de médailles, analyses médicales rapides dans un hangar est un vrai chef d’œuvre de propagande US (toutes les images ci-contre dans ce chapitre en sont extraites).  On distingue clairement sur une deuxième bobine le bateau qui va emporter les médicaments négociés en échange, qui est le cargo African Pilot affrété par la Croix Rouge.  Certains sont chargés à bord de container de la Fruit Growers Express.  A son retour il ramènera à Fort Lauderdale 923 prisonniers à lui tout seul.


La mise en scène des cargos

Les américains ont été trompés « également par les bateaux utilisés :  « Nous savons que l‘American Surveyor SS (ex-Caswell, ex-Southwind) a fait deux voyages au moins Cuba dans le cadre de la matière portant l’accord conclu pour libérer  les prisonniers de la baie des Cochons.  Un des voyages a eu lieu le 17 avril 1963, quand il a navigué de New York chargé avec 8,499 tonnes de marchandises évaluées à 3,2 millions de dollars.  Le second a eu lieu le 8 mai 1963, il était parti de Philadelphie alors qu’il était chargé avec 7,352 tonnes de marchandises évaluées à 7,5 millions de dollars.  Certains de ces cargos, y compris l’American Surveyor SS (ex-Caswell, ex-Southwind), avait transporté des prisonniers libérés sur le voyage de retour aux États-Unis ».  A noter qu’en version « de guerre », la classe Tolland dont fait partie le Surveyor a pour mission aussi d’emporter des barges de débarquement…




« Ce qui suit est de la première page des Miami News (du 18 mai 1963): « The American Surveyor S.S. sous escorte de l’US Coast Guard Cutter Androscoggi est arrivé à Port Everglades, en Floride, avec 759 réfugiés cubains. »  Plus loin on tombe sur un autre voyage, et surtout un autre chiffre : « Ce que (et sous l’autorité de qui) le SS American Surveyor faisait à La Havane, à Cuba en 1963 n’est pas connu.  Cependant, il semble que le navire a été impliqué dans l’expédition des marchandises à Cuba dans le cadre de la libération des hommes capturés au cours de l’opération de la Baie des Cochons de 1961.  Le négociateur en chef, James B. Donovan, avocat pour le comité des familles cubaines pour la libération des prisonniers de guerre de la baie des Cochons et la Croix-Rouge américaine, ont été les principaux acteurs des efforts pour libérer 2.506 prisonniers… »  D’où sort ce chiffre, on ne le sait.  On notera que l’American Pilot n’apparaît pas, et qu’un avion de la CIA a effectué un vol au moins dans le lot. Officiellement, c’est un cargo civil de la Croix Rouge qui a effectué les voyages.


En réalité ce sont des cargos militaires « démobilisés » quelques mois seulement :  « le 7 juin 1963, l’American Surveyor SS a été retourné à l’Administration maritime pour se mettre en place au sein du National Defense Reserve Fleet, James River Group, de Lee Hall, en Virginie.  Certains navires affectés à la Natinal Defense Reserve Fleet ont connu l’action pendant la guerre du Vietnam (1961-1975).  Aucun enregistrement n’a été trouvé indiquant que le SS American Surveyor a participé à ce conflit. »


Les bateaux concernés étaient le S.S. African Pilot; le S.S. Shirley Lykes, le S.S. Santo Cerro, le S.S. Priamos, le S.S. Copan, le S.S. American Surveyor, le S.S. Morning Light et le S.S. Maximus. On aura bien sur repéré dans le lot le SS Shirley Likes (filmé ici !!) :  ce n’est autre que le sister ship du Marion Lykes, le cargo avec passagers avec lequel un dénommé Lee Harvey Oswald avait rejoint la France puis l’Angleterre  pour se rendre en URSS ! 

Les boutiquiers de la libération des prisonniers


Le but du jeu de Kennedy était clairement de ne pas montrer que l’Etat américain avait versé quoi que ce soit pour libérer les prisonniers.  Mais de faire grande publicité de leur retour !  D’où des marchandages de boutiquier, comme par exemple pour la poudre de lait fournie expliquent les deux talentueux auteurs :  « par ailleurs, le Département de l’Agriculture annonça le 8 janvier 1963 que « la Croix-Rouge lui avait fait savoir que le Comité des familles cubaines comptait réunir les fonds nécessaires pour rembourser le Département ».  En d’autres termes, le gouvernement disait qu’il serait remboursé en espèces pour ses denrées excédentaires.  La suite se révéla assez différente.  Le lait en poudre (Gerber ici  à gauche dans le film retrouvé du chargement de l’African Pilot) coûtait au gouvernement 2 505 000 dollars quand il était acheté aux producteurs au titre du programme du soutien des prix alimentaires.  Les autres matières grasses lui coûtaient 3 150 000 dollars.  Par conséquent, le gouvernement céda des denrées pour lesquelles il avait versé 5 655 000 dollars.  Cependant, en calculant la valeur du lait et des matières grasses données à la Croix-Rouge, le gouvernement chiffra sa contribution à un peu moins de deux millions de dollars — au prix le plus bas auquel auraient pu être portés le lait et les matières grasses s’ils avaient été vendus par le gouvernement sur les marchés mondiaux » (ci-dessous l’extrait du livre Negotiator:  The Life and Career of James B. Donovan de Philip J. Bigger ». 



« Normalement, le gouvernement quand il chiffre la valeur d’une contribution charitable en denrées excédentaires inscrit le prix le plus haut qu’il a payé aux producteurs.  En ce cas précis, il chercha évidemment à minimiser l’importance de la donation à cause des conséquences de politique intérieure qu’impliquait son cadeau à Castro ».  Mais le paiement tournera vite à une sorte de « machiavélisme de la poudre de lait » :  les Kennedy sont décidément des gens tortueux, surtout quand il s’agit de leur réputation de ne pas avoir cédé à Fidel Castro, ce qu’ils viennent pourtant de faire !!!  « Le gouvernement ne fut nullement remboursé en espèces pour sa donation de lait et de matières grasses.  Au contraire, par une astuce comptable dont la complexité laisse pantois, le gouvernement accepta comme « remboursement » quatre millions de livres d’un insecticide nommé Sevin » (de « l’Experimental Insecticide Seven Seven » en fait, celui qui a provoqué la catastrophe de Bophal en Inde, ici en publicité en 1957 !!!). 


« L’Union Carbide Company avait fait don à la Croix-Rouge d’une quantité d’insecticide évaluée à deux millions de dollars pour apporter sa contribution à l’échange de prisonniers.  Mais le Département du Commerce avait décidé que cet insecticide serait d’une importance économique stratégique certaine pour Castro, parce qu’il favoriserait sa récolte de canne à sucre.  Voici alors ce qu’il advint :  la Croix-Rouge accepta l’insecticide, puis le remit aussitôt à l’Agence pour le développement international, laquelle l’expédia en Inde, au Pakistan, en Algérie.  Le gouvernement accepta que l’insecticide remboursât de cette manière le lait et les matières grasses. Il ne s’agissait certes pas de la même chose que ces « fonds » qui, selon le Département de l’Agriculture, devaient être réunis pour « rembourser le gouvernement ».

La Baie des Cochons, un fiasco à 30 millions de dollars ?

Au final, le coût de l’opération « retour des prisonniers » devint surtout astronomique.  Mais bien en deçà au final des exigences de Castro, pourtant en situation de force  : »un calcul modeste de ce qu’il en a coûté au gouvernement pour se tirer des conséquences de la baie des Cochons atteindrait le chiffre de 29 793 000 dollars.  Chiffre qui comprendrait la perte fiscale de vingt millions de dollars à la suite des abattements consentis aux fabricants de médicaments pour leurs contributions charitables; 5 655 000 dollars en lait en poudre et en matières grasses; 4 000 000 dollars en versements secrets de la C.I.A. à des familles des prisonniers de la baie des Cochons pendant vingt mois; et 138 000 dollars au titre du Département de la Santé, de l’Éducation et du Bien-Être pour le retour des prisonniers (chaque .prisonnier reçut un chèque de cent dollars; les autres dépenses consistèrent en vêtements, logements et vivres) ».


Et comme le chiffre était élevé, l’administration Kennedy fit tout pour le rendre plus attrayant aux contribuables :  en somme, la « grande présidence Kennedy », de pure façade, dissimulera des boutiquiers du remboursement de la prise d’otages :  «  A cause des risques politiques inhérents à toute tractation avec Castro, le gouvernement estima préférable de camoufler sa participation à l’échange des prisonniers en agissant par l’entremise de Donovan et en usant jusqu’à un certain point de supercheries fiscales.  Selon lui, la situation était telle qu’il ne pouvait envisager un acte d’humanité qu’au prix de la plus grande prudence politique.  Néanmoins, Donovan réussit et la vie des prisonniers fut sauvée ».  Mais l’accord aura une faille de taille nous disent Ross et Wise. « Clause imprévue de l’accord :  Donovan persuada Castro de ne pas laisser repartir à vide les bateaux de la Croix-Rouge.  Castro commença alors à se débarrasser de milliers de réfugiés qui se trouvaient auparavant dans l’impossibilité de quitter Cuba, y compris cinq mille membres des familles des prisonniers.  Puis, en mars et avril 1963, Donovan obtint la libération de plus d’une trentaine d’Américains détenus dans les prisons castristes, dont trois membres de la C.I.A.  Le 3 juillet, quand le dernier cargo de médicaments arriva à Cuba, la Croix-Rouge américaine annonça promettre davantage s’il en était besoin.  En tout, le Département de l’Agriculture contribua pour un total de trente-cinq millions de livres, d’excédents alimentaires à l’échange des prisonniers — quinze millions de lait en poudre et vingt millions de matières grasses dont les Cubains étaient à court.  Mais l’administration redoutait d’être l’objet d’attaques politique, pour avoir aidé Castro.  Le contrat pour le lait et les autres matières grasses fut mis en veilleuse ».


Une question demeure avec ses sordides négociations :  les contacts tissés dès 1959 par Jack Ruby avec les cubains ont-ils pu servir à l’administration Kennedy et son envoyé Donovan, malgré l’opposition manifeste entre les soutiens de Ruby et du clan Kennedy  ???  Quelle place exacte Ruby, présenté plus tard comme « fervent admirateur de Kennedy », la « raison » donnée de l’assassinat d’Oswald, avait-il tenu dans le dispositif global de relations avec Cuba ???  N’a-t-on pas là une des clés de l’énigme, Ruby ayant été embarqué dans une opération bien tortueuse, sponsorisée par de très gros moyens financiers ?

Pendant les négociations, l’espionnage a continué


La veille même de l’assassinat, un événement est aussi passé inaperçu.  Une dépêche d’UPI en fait part de façon abrupte : « un avion « espion » U-2 qui serait en mission de reconnaissance au-dessus du Cuba communiste s’est écrasé mercredi dans le golfe du Mexique, à 40 miles au nord-ouest d’ici.  Des sources militaires à Washington ont déclaré que le pilote U-2 n’a pas signalé de problème de radio avant l’accident et que l’avion est probablement tombé à cause de problèmes mécaniques


Cependant, ils ont dit que l’accident aurait pu être le résultat d’une attaque cubaine.  Le pilote de l’U-2 a été identifié comme capitaine Joe E. Hyde Jr., 33 de La Grange ».  L’avion, un U-2 immatriculé 56-6683 du 4080th Strategic Reconnaissance Wing,  Davis-Monthan AFB revenait effectivement d’une énième mission de surveillance de type « Brass Knob » de l’île quand il s’était écrasé au nord ouest de Key West, en Floride.  L’avion (qui était encore tout métal à l’époque, ici à gauche au Panama) était tombé dans une vrille de spirale à plat de décrochage, dont il n’avait pas réussi à sortir.  L’engin qui volait constamment à ses limites de poussée de réacteur en atmosphère limitée, était « susceptible » sur ce point, tout le monde s’accorde à le dire.  Dans l’effervescence de l’assassinat, on a totalement oublié son cas.  On a bien repêché des débris de l’appareil, au siège éjectable manquant, mais le corps de Hyde n’a, lui, jamais été retrouvé.

Castro toujours prêt à négocier


Une fois Kennedy mis hors course, et Johnson à sa place à Washington, Castro enverra via l’ambassadeur Stevenson et la journaliste Howard la promesse express de ne rien faire contre ces survols peut-on lire dans « Back Channel to Cuba:  The Hidden History of Negotiations between Washington and Havana »  :  « Dans une note de suivi adressée au président le 24 juin (1964), marquée par le secret et le caractère personnel, l’ambassadeur Stevenson a transmis un message important de Castro sur les survols d’U-2:  «Rien n’arrivera à leurs avions et nous n’avons pas besoin de lui envoyer (cf à Johnson)  d’avertissement « ,  a-t-il déclaré (les avions U-2 survolant toujours l’île comme on vient de le voir).  En effet, Castro a promis que «il n’y aura pas de crise avant les élections de novembre», a déclaré Stevenson (novembre 1964, celle de l’élection de Johnson face au duo Barry Goldwater/William E. Miller).  « Il fera preuve de la plus grande retenue et nous pourrons nous détendre.».  Castro a estimé que «toutes nos crises pouvaient être évitées s’il existait un moyen de communiquer. [Castro] a supposé qu’il pouvait appeler [Lisa Howard] et qu’elle m’appellerait et que je vous conseillerais ».  Pour l’auteur, Castro souhaitait continuer avec Johnson l’apaisement commencé avant son arrivée, alors qu’il avait eu connaissance, pourtant, des multiples tentatives d’assassinat fomentées par les frères Kennedy.  « Au moment de l’entrevue, Howard posa une question à laquelle elle seule, Fidel et quelques autres au sein des gouvernements américain et cubain connaissaient déjà la réponse: «Vous avez dit à un moment après la mort du président Kennedy que vous croyiez que sous Kennedy allait se normaliser les relations entre Cuba et les États-Unis.  Qu’est-ce qui vous pousse à le croire?  En arrêtant de parler anglais, Castro répondit avec une discrétion diplomatique: « après trois ans de président des États-Unis, Kennedy avait beaucoup plus d’expérience qu’il ne l’avait au début, et je crois qu’il avait une meilleure compréhension des problèmes mondiaux et de Cuba.  Mon opinion est qu’il était en train de se persuader de ses erreurs envers Cuba, nous avons eu des preuves que certains changements se sont faits dans l’esprit du gouvernement des États-Unis.  Une nouvelle situation … et nous avions des preuves dont je ne veux pas parler maintenant.  Hors caméra, Castro a conféré en privé avec Howard sur le maintien des communications secrètes avec les États-Unis, qu’elle et lui avait initiées l’année précédente.  Il partage son point de vue selon lequel, à un moment donné, les USA devraient reconnaître la réalité de la révolution cubaine et venir à la table des négociations ».  Johnson enterrera en fait très vite le projet.  La lune de miel ne durera pas.  Quand Castro demandera le départ de la base de Guantanamo, en lui coupant l’eau pour faire pression, Johnson lui répondra indirectement en faisant venir une unité de production d’eau douce sur place. Et il ne reprendra jamais le rapprochement initié sous Kennedy.  Castro subira 74 tentatives d’assassinat pendant son mandat (et 184 sous Nixon, 64 sous Carter, 197 sous Reagan, 16 sous Bush Sr et 21 encore sous Clinton…).  Ceux-là, au moins, mais ce n’est pas une excuse, ne prétendaient pas comme Kennedy vouloir faire la paix AVEC Castro tout en cherchant en même temps à l’assassiner !!!





(1) c‘est une histoire venue tardivement, racontée par Ray et Mary LaFontaine, qui disent que John Elrod, arrêté comme étant le 4eme « tramp » (vagabond) à Dallas le 22 novembre 1963 à 14h45 aurait été placé en prison avec Oswald et un autre jeune délinquant de Memphis, Daniel Douglas.  Un autre homme les aurait rejoint en cellule, Lawrence Miller, à la tête ensanglantée puisqu’il venait d’avoir un accident de voiture après une course poursuite avec la police.  Dans le coffre de la Thunderbird de Miller, la police avait trouvé des armes :  « Dans la voiture la police a trouvé deux fils de calibre .30, des mitrailleuses, un pistolet calibre. 45″, une mitrailleuse légère  et deux fusils automatiques Browning.  Les armes ont été identifiées comme faisant partie du butin du cambriolage  le mercredi précédent de la boutique de l’armurier de la garde nationale du Texas à Terrell. ».  Oswald aurait alors dit à Elrod et à Douglas qu’il avait déjà vu Miller dans une chambre de motel avec quatre autres hommes, dont l’un étant Jack Ruby.  Oswald ayant raconté que ces hommes y compris Miller, avaient parlé d’argent, pour la négociation d »un  » contrat ».   « Les LaFontaine revendiquent la preuve d’un lien entre Ruby, Miller et Oswald en déclarant qu’Oswald, selon le récit d’Elrod, connaissait le propriétaire de boîte de nuit de Dallas Jack Ruby et un homme (Lawrence Miller) arrêté à Dallas alors qu’il transportait des armes volées le 18 novembre, 1963. Ces armes, selon le témoignage sous serment d’un agent fédéral, étaient destinées à un marchand de fusils de Dallas appelé John Thomas Masen.  Masen est important parce qu’il possédait «Le seul magasin dans la région de Dallas qui a vendu le type de munitions utilisées dans les tirs contre le président Kennedy».  Nous trouvons également que Ruby et Miller ont obtenu leurs armes volées de Fort Hood près de Killeen, au Texas.  Un agent de l’alcool, du tabac et des armes à feu (ATF) nommé Frank Ellsworth a visité Fort Hood en octobre 1963 et a questionné l’armée et les enquêteurs du FBI au sujet des vols.  En 1978, Ellsworth faisait allusion au Comité d’assassinats de la Chambre (HSCA), les enquêteurs «… m’ont dit que quelqu’un cherchait à les tromper ».  Ellsworth a découvert qu’un capitaine George Nonte Jr. était responsable de l’artillerie à la base.  « Nonte, décédé en 1978, avait un secret, et c’était l’un des plus grands experts mondiaux en matière d’armes à feu.  Il a finalement été l’auteur de nombreux livres sur les armes à feu. Il semble donc que Ruby ait été impliqué avec Masen dans une sorte d’opération d’armes à feu.  Ils ont travaillé avec l’aide de Nonte en utilisant des criminels comme Miller pour fournir des armes pour leurs activités néfastes ».

(2) extrait de « ACT OF RETRIBUTION: The Military-Industrial-Intelligence Establishment And … Par J.P. PHILLIPS « :  « le colonel Caston et ses associés gangsters ont proposé un accord au mari de Mme Rich.  Serait-il disposé à faire entrer clandestinement des armes à Cuba à bord d’un bateau qu’il utilisait alors pour faire sortir des réfugiés cubains?  (Rich, à l’époque, était engagé dans le transfert des réfugiés illégalement hors de Cuba vers les États-Unis.  Les armes en question, lui avait-on dit, avaient été «achetées» par le colonel Caston d’un dépôt de l’armée voisine et étaient emmagasinées dans un hangar derrière la maison que les Rich sont allés visiter.  Lorsque la cache d’armes a été ouverte Mme Rich s’était étonnée: «mon Dieu. . . C’était un dépôt d’approvisionnement de l’armée!  Il y avait des fusils; Il y avait un BAR qui restait de la guerre mondiale … Vingt ou trente cas de grenades à main.  Une demi-douzaine de mines terrestres …. Les Perrin-Richs ont exigé un prix élevé en contrepartie de leur participation à la contrebande d’armes à Cuba, d’autant plus qu’il contrevenait à la loi américaine. Une fois que l’affaire avait été conclue avec le Colonel Caston avec Perrin-Rich, ce dernier a téléphoné rapidement.  Quelques minutes plus tard, comme le rappelle Mme Perrin Rich, il y a eu  «un coup. . . sur la porte et qui arrive, mais mon petit ami Jack Ruby ! …. Vous auriez pu me renverser avec une plume.  Je me regardai, je l’ai regardé et nous nous sommes regardés. »Ruby et le colonel Caston ont alors quitté la pièce momentanément.  Mme Perrin Rich a remarqué« un renflement assez large sur l’endroit où était la poche de poitrine de Ruby ».



(3) le charretier-président était aussi un tombeur, qui trompait allègrement sa femme timorée jusqu’à l’intérieur de la Maison Blanche (comme Kennedy !!!) :  « L’affaire (avec Alice Glass – ici gauche-, la femme d’un de ses ardents supporters !) a continué jusqu’à la fin des années 1940.  Mais ce n’était pas la dernière de Johnson.  Une fois, il s’est vanté qu’il avait «plus de femmes par hasard que Kennedy n’avait jamais eues».  Quand Johnson est devenu président, il a continué à tromper sa femme, même à la Maison Blanche.  Une fois, après que Lady Bird eut appris  que son mari avait des relations sexuelles avec une de ses secrétaires sur un canapé du bureau ovale, Johnson a demandé au Service secret d’installer un système de sonnerie pour alerter le président chaque fois que sa femme était proche.  Cet incident s’est produit quelques mois seulement après son entrée en fonction. 


Un ancien agent des services secrets a déclaré: «si nous voyions Lady Bird se diriger vers l’ascenseur ou les escaliers, nous devions déclencher la sonnerie ».  (Kennedy n’avait donc rien inventé dans le genre !).  « En 1982, une femme nommée Madeleine Brown a tenu une conférence de presse au Dallas Press Club, lors de laquelle elle a affirmé qu’elle était la maîtresse de Johnson pendant 21 ans.  Brown a dit que Johnson l’a installée dans une maison de deux chambres avec une femme de ménage et lui a donné des cartes de crédit et des voitures.  Elle a également décrit Johnson comme «kinky» et a dit que leurs réunions duraient généralement environ 30 minutes (c’est une sorte de Chirac, la douche en moins).  Elle a dit que l’affaire a commencé en 1948 après une fête à l’hôtel Adolphus à Dallas et elle a continué jusqu’en 1967.  Le Dallas Morning News a publié les allégations sous le titre « une femme de Dallas prétend qu’elle était l’amante de LBJ » et l’histoire a provoqué une déclaration des pro- Bird Johnson et de la famille Johnson comme quoi la réclamation était fausse.  Brown a dit qu’elle voulait retirer l’enregistrement, après que des rapports publiés d’une affaire entre Johnson et Glass avaient été faits trois semaines plus tôt ».`


(4)  « connu sous le nom de  » Oncle Bebe  » par les deux enfants de Nixon, « Trisha et Julie, Rebozo a fréquemment offert aux filles – et à la femme de Nixon, Pat – des cadeaux onéreux.  Il a acheté une maison dans la banlieue pour Julie après avoir épousé David Eisenhower.  Le Saturday Evening Post, dans un article de mars 1987, en a fixé le prix à 137 000 dollars. Rebozo entrait et sortait de la Maison Blanche à sa guise, 


sans être suivi par les Services Secrets. Bien qu’il n’ait pas eu de travail au gouvernement, Rebozo avait son propre cabinet et son numéro de téléphone dans le bâtiment exécutif.  Quand il voyageait sur Air Force One, ce qui arrivait fréquemment, Bebe enfilait une veste de vol bleue portant le Sceau présidentiel et son nom. (La propre veste de vol de Nixon était inscrite «Le Président» – comme si personne ne le reconnaîtrait de fait simplement en le regardant).


Les liens entre le crime organisé et Rebozo étaient solides (à gauche l’héliport construit à côté de la propriété de Floride de Nixon à Key Biscayne).  Nixon résidait aussi dans Grand Cay, aux Bahamas, dans une maison bâtie sur une île complète –Walker’s Cay– de 125 acres, 


appartenant à Marc Abplanalp, l’inventeur de la valve pour aérosols.  « D’une part, il avait des liens juridiques et financiers avec «Big Al  » Polizzi, un gangster de Cleveland et le chef de file de la drogue.  Rebozo a construit un centre commercial à Miami, loué à des membres de la communauté d’exilés cubain de droite, et il a laissé la direction à Big Al, un marchand noir déclaré par le Bureau fédéral des stupéfiants comme «l’un des plus Membres influents du monde souterrain aux États-Unis. ‘ ‘ Nixon et Rebozo ont acheté des lots de terrains haut de gamme de Floride sur Key Biscayne, en obtenant des taux de négociation de Donald Berg, un partenaire d’affaires Rebozo connecté à la Mafia.  Le service secret a finalement conseillé à Nixon de cesser de s’associer avec Berg.  Le prêteur de l’une des propriétés de Nixon était Arthur Desser, qui a fait équipe avec le président des Teamsters Jimmy Hoffa et le gangster Meyer Lansky.  Nixon et Rebozo étaient des amis de James Crosby, le président d’une firme à plusieurs reprises liée à des gangsters de premier plan, et la Key Biscayne Bank de Rebozo était un pipeline soupçonné pour l’argent que la mafia écoulait du casino de Crosby aux Bahamas.  Dans les années 1960, les agents du FBI qui tenaient compte de la mafia avaient identifié le copain cubano-américain de Nixon comme un «associé non membre de la criminalité organisée».  Une boucle bien bouclée, non, avec les amis de « Bebe » !!!  En photo le « porteur de valises » Rebozo lors d’une partie de pêche à Miami en 1953… avec Johnson, et non Nixon (Nixon embarquait plutôt sur un bateau de visites touristiques appelé le Coco Lobo) !!!




Partie 30

Si l’on commence à mieux cerner les divers protagonistes ayant pu mener à Dallas, il demeure des interrogations sur certains pans de la politique de JFK pouvant expliquer sa fin rapide au bout d’à peine trois années de mandat, ce qui est peu pour se faire détester au point d’être victime d’un attentat très organisé à l’accomplissement parfait.  Et parmi ces choses ignorées ou mal connues, je vous en ai retrouvé une qui mérite toute votre attention.  Une autre Baie des Cochons avait été préparée et avait elle aussi échoué, mais elle était restée secrète.  La légende de Kennedy veut qu’il était devenu « pacifiste », grâce à l’influence d’une personne que nous nous avons vu à l’épisode 21.  Une légende fort écornée à voir les préparatifs placés sous la seule responsabilité de son frère Bobby, des préparatifs destinés à en finir avec Fidel Castro, alors qu’officiellement, le propos présidentiel consistait à évoquer des discussions avec le leader marxiste cubain.  JFK aura été l’un des présidents les plus pervers en politique, à découvrir cette incroyable mise en place d’une attaque militaire organisée de l’île de Cuba alors qu’il prônait officiellement être pacifiste .

Avant de faire du bateau, revenons d’abord sur la Dealey Plaza.  Ce qui est sidérant dans l’affaire d’Oswald, c’est la vitesse à laquelle un commissariat composé pour l’essentiel de policiers véreux, ou incapables, comme on a pu le voir, où croupissent un bon nombre de policiers profitant des largesses d’un Jack Ruby qui a tout compris à comment se faire oublier quand il le faut (et le montrera avec brio quelques heures plus tard) a réussi en moins de deux heures à conclure l’affaire, sans même, rappelons-le boucler le quartier et protéger la scène du crime.


 Oswald, en résumé, est très vite sorti du chapeau des policiers de Dallas… pour la simple raison que son rôle avait été écrit ainsi depuis longtemps.  Quels qu’aient été les tireurs, et quels qu’aient été les endroits d’où ils auraient pu tirer, le but était de désigner et au plus vite un coupable idéal, et un seul.  Pour des gens désireux d’engager un conflit mondial, un communiste avéré et déclaré devant les caméras de télévision, rôle que l’on avait demandé à Oswald de tenir quelques mois auparavant pour mieux pouvoir infiltrer certains réseaux ou contre-réseaux, était le « plus » amené sur un plateau.  Tout était écrit depuis longtemps et Oswald aurait dû être supprimé tout de suite dans le scénario prévu à l’avance.  Car, à bien regarder comment on a si vite fondu sur lui, on découvre vite un procédé et un plan élaboré de longue date.

Plus de services secrets que de civils

Dealey Plaza affiche alors la superficie record en nombre de petits chapeaux noirs, « pork-pie hat » ou autres, qui distinguent les inspecteurs de la police de leurs collègues en uniforme.  La gabardine de l’armée est aussi fort courue sur cet espace, où, à bien regarder au moment des tirs, il n’y avait que fort peu de monde.  On le rappelle, c’est la fin d’un circuit de visite présidentielle, Elm Street n’est qu’une bretelle échappatoire pour se rendre via l’autoroute au repas annoncé avec 2600 invités de la bonne société texane, celle qui vient en Stetson et bottes applaudir habituellement Johnson comme on applaudit le champion du rodéo (la scène de l’Etoffe des Héros ou Johnson offre aux cosmonautes un spectacle d’effeuillage résume parfaitement l’atmosphère de comice agricole géant que devait rejoindre Kennedy, : en fait c’était un hommage à Sally Rand, et sa célèbre danse de l’éventail, rôle joué par Peggy Davis).  


Parmi cette floraison tardive de feutres, des hommes se distinguent des autres. Ainsi James Powell, un agent de renseignement de l’armée alors impliqué dans la surveillance des dissidents nationaux, habillé ce jour-là en civil et que l’on retrouve tout en haut du Texas School Book de Dallas, à peine 10 minutes après les tirs.  L’homme n’est même pas en service, il est venu là sur sa journée de congés, et n’est pas officiellement au travail, donc.  Un véritable badaud.  


Du moins c’est ce qu’il clamera partout ce jour-là, et ce qu’il répétera aux policier de Dallas et à la commission Warren.  Juste avant de se retrouver en haut du dépôt, il avait été vu du côté du monticule du grassy knoll, ajouteront plusieurs témoins.  L’homme fait partie d’une unité de l’armée, le 112e Intelligence Group.  Il a beau être ce jour-là incognito, il a gardé de bons réflexes :  il a d’abord sorti son appareil photo Minolta 24×36 (à focale normale) pour prendre le dépôt de livres, dès le premier tir, puis s’est dirigé vers le tertre, et là il à fait savoir haut et clair au public qu’il était « l’agent spécial Powell« , phrase que retiendra un journaliste vite expulsé de l’endroit par ses soins, un gars de « The Washington Spectator » venu faire son reportage à Dallas. D’autres témoins se verront interdire l’accès à cet endroit par des policiers ou des agents des services secrets.  Puis il est retourné en haut de la bibliothèque.  En civil, mais jouant les militaires en mission, voilà bien une situation particulière chez notre homme.

Oswald était suivi de près, très près

Interrogé plus tard par l’ARRB, par A.Wray, il donnera des éléments fort importants sur ce pourquoi il était là, finalement.  C’était bien pour le travail, en fait.  « Eh bien, je suis membre du Groupe 112e INTC (Intelligence Corps).  Je réalise les enquêtes de sécurité pour les autorisations de sécurité sur le personnel militaire et civil qui travaillent par exemple, sur des bases de missiles ou ailleurs.  Tant qu’ une partie de leur vie est dans notre région :  Dallas, Texarkana, Amarillo, ce genre d’endroits.  Je suis responsable de la vérification de leur identité ; avec la vérification, éventuellement, de leurs dossiers de police.  Je vais interviewer les références qu’ils ont apportées, sur leur moralité et j’ajoute des références de caractères supplémentaires provenant des données amenées par les gens à qui nous avons donné le feu vert de sécurité ».  Wray : « Vous avez également eu une formation spéciale dans une enquête photographique ?  Oui, des enquêtes photos », répondra-t-il sobrement.  Notre homme avait démarré selon ses dires son reportage photo dès la descente d’avion de Kennedy, au Love Airport et avait suivi tout le trajet (étrange pour un « touriste » de passage à Dealey Plaza) … pour se retrouver ensuite en face de la fameuse bibliothèque, où il était monté pour faire la toute première photo de l’étage n°6 :  avouez qu’il avait du flair, notre fameux touriste !  Un premier interrogateur, A. Wray, de l’ARRB, pourtant chief Analyst for Military Records n’arrivera pas à lui faire pour autant redire la phrase entendue par d’autres de sa bouche ce jour-là… signifiant qu’il n’était pas venu en touriste mais qu’il était bien en mission.  Il n’empêche, lors de son premier interrogatoire il n’avait pas reconnu avoir chassé le journaliste du Grassy Knoll.  Pas couru jusque là, mais il avait entendu… trois tirs selon lui, comme il a pu le dire sans qu’on ne s’en émeuve trop à la commission tardive de l’ARBB de 1996  (en distinguant deux sortes de bruits différents sur les trois tirs laissant entendre… deux armes différentes ) :

POWELL:  Mon impression est  qu’il y a deux coups, peut-être trois.  Encore une fois, c’est un truc, si vous ne l’écoutez pas (attentivement), vous n’êtes pas sûr.  Mais en même temps, nous avons été formés pour être très attentifs et ainsi de suite, donc je … Le plus j’y réfléchis et à parler après ça,  je me souviens deux tirs assez rapidement ensemble, puis une pause, puis un troisième .


Ou une explosion – encore une fois, à ce moment-là je ne me suis pas rendu compte que c’étaient des coups de feu.  Vous ne voulez pas entendre des coups de feu dans une situation comme ça, vous voulez que ce soit autre chose.  Donc, c’est difficile, un peu difficile de vraiment l’enregistrer jusqu’à ce que je sois monté là-bas et entendu ce qui s’était passé et réalisé que c’étaient bien des coups de feu.
WRAY:  Avez-vous eu le sens de la direction à partir de laquelle les coups de feu sont venus?
POWELL:  Pas moyen de savoir cela, parce que de mon point de vue quand je l’ai entendu, vous savez, je n’étais pas à Dealey Plaza même, je m’approchais de Dealey Plaza.  C’est très ouvert, les choses peuvent faire écho là-dedans, il n’y a aucun moyen de savoir exactement la direction de laquelle ils sont venus.  Donc, jusqu’à ce que je suis arrivé là-bas et j’ai vu quelqu’un pointer dans le bâtiment, je n’avais aucun moyen de savoir ».

En changeant d’interrogateur, le 20 avril 1978, pour une autre audition du House Select Committee on Assassinations, c’est son patron, le colonel Jones qui était devenu un peu plus bavard sur les activités de ce fameux « Groupe 112e INTC » :

M. G. :  colonel Jones, je voudrais clarifier plusieurs points.  Combien de personnes du ministère de la Defense Intelligence ont-elles eues comme mission d’aider les services secrets à Dallas le jour de l’assassinat ?

MJ :  J’estime entre huit et douze.

M. G. :  Combien de ces personnes auraient été en civil ?

MJ : Toutes l’étaient.

M. G. :  Est ce que ces personnes de renseignement militaire avaient sur eux des autorisations des services secrets dans le cadre de leur travail de liaison avec eux ?

MJ :  Ils n’ont pas les pouvoirs des services secrets.  Ils étaient identifiés avec un certain type de signe, ou quelque chose sur leurs revers ;  ou avec un code de communication qui pouvait être identifié facilement dans la foule.  C’était pris en charge par les Services Secrets qui conseillaient le type de signal à utiliser, et ils n’ont pas les pouvoirs des services secrets .

MG :  J’ai plusieurs autres noms sur lesquels je voudrais vous poser une question. Est-ce que James W. Powell était l’un de ces agents de liaison ?

MJ :  Oui, il était capitaine et portait aussi des vêtements civils et avait été affecté à la Région 2 du Groupe 112 .

MG :  Etait-il, en fait, de service le jour de l’assassinat ?

M. J :  Oui, il l’était.


Bref, un agent en mission avait encore ouvertement menti lors de ses premières auditions et son propre chef l’avait reconnu !  En somme, Dealey Plaza, ce jour-là, était truffé de services d’espionnages divers :  il y avait plus d’espions et d’officiers de police de Dallas au mètre carré que de simples spectateurs !  Et comme le fait remarquer Prouty dans plusieurs reportages, pas une fenêtre de fermée par ses mêmes services secrets dans le coupe gorge de l’entrée d’Elm Street ! En somme, l’endroit était truffé d’enquêteurs mais aucun n’avait pris l’initiative de se poster sur les toits, ou de veiller à ce que personne n’y soit, comme auraient dû le faire des services secrets normaux.  Tous venus sur place pour rassembler le maximum de preuves de l’assassinat mais pas pour l’empêcher, à bien y regarder.  Etonnante attitude !  Le juge Garrisson avait bien compris le système, évoquant la piste d’un Oswald plutôt espion de l’ONI qu’autre chose, pris dans la tourmente de rivalités entre services secrets et le secret sur les opérations d’assassinat de Castro envisagé par les frères Kennedy alors qu’à l’extérieur ils parlaient à qui voulait l’entendre qu’ils voulaient faire la paix avec lui.  Powell n’était pas le seul du groupe à s’intéresser à Oswald.  Le dénommé Don Stringfellow, du bureau des mœurs du Bureau des services spéciaux du Département de la Police de Dallas, très en cheville avec le FBI, avait envoyé lui aussi au 112e Groupe INTC des informations obtenues d’Oswald dans lesquelles il avait parlé de sa défection pour Cuba en 1959 et le fait qu’il faisait partie du Parti communiste (il en avait la carte), ce qui en faisait obligatoirement quelqu’un à surveiller aux USA.  Un autre membre du FBI, Robert Barrett, qui recevait les rapports de Stringfellow au FBI, surveillait lui Dolan, un ami de Jack Ruby.  Or ce même Barrett fera partie de l’équipe qui est allée arrêter Oswald au Texas Theater.  Selon Dale K. Myers, dans « With Malice : Lee Harvey Oswald and the Murder of Officer J.D. Typait » Barrett aurait surpris Westbrook, autre officier du Département de la Police de Dallas, portant le portefeuille d’Oswald sur le site du meurtre de J.D. Tippit (Dale K. Myers, « With Malice : Lee Harvey Oswald and the Murder of Officer J.D. Typait »).

Récapitulatif de l’après Dealey Plaza


Car si on remonte un peu l’écheveau, que constate-t-on ?  Que l’on a un vice-président vite reparti déjà dans le Boeing présidentiel en n’oubliant pas d’emporter une personne qui peut lui faire prêter serment, la juge Sarah T. Hughes, une vieille amie, alors que le cercueil emmené à bord du quadriréacteur était donc… vide, comme on a pu le voir et le démontrer.  En somme, notre vice-président, qui se montrera ostensiblement fort stressé, et qui téléphonera aussi plusieurs fois en pleine opération d’Oswald (au Parkland Hospital !) pour obtenir au bout une version qui se tienne d’un seul tireur qui s’est envolé alors qu’au départ, le tireur aurait déjà dû être pincé, et cela sembla même passablement l’ennuyer à bord d’Air Force One (il téléphonera effectivement le lendemain au docteur en train de soigner Oswald en lui demandant qu’il obtienne ses aveux comme quoi il était seul tireur !).


Un élément du plan avait donc eu une ratée :  le coupable désigné à l’avance n’avait pas tout de suite été arrêté, ou même abattu.  Un policier Tippit abattu plus tard et on le tenait enfin, notre client potentiel rêvé, un communiste en prime, surveillé par beaucoup de gens comme on vient de le voir, que les policiers de Dallas allaient ramener et exhiber comme un trophée, devant une nuée de photographes arrivés on se demande encore comment sur place, le cigare aux lèvres !  Il avait réussi à s’éclipser du bâtiment (la Bibliothèque dans laquelle il travaillait) 



où il devait être cueilli et même abattu tout de suite, selon le plan d’origine.  Oswald se sentait déjà piégé, ce qu’il dira très vite lui-même lors de son arrestation en se qualifiant lui-même de « patsy » (pigeon).  Le long trajet effectué par Oswald après l’attentat pose aussi problème, en fait.  Cela ressemble plus à une errance d’un mec en proie à un sérieux doute sur comment se sortir d’un pétrin plutôt qu’un plan organisé (une errance conduisant cependant à un point de rendez-vous fixé, celui du cinéma) :


Un coup de fil d’une importance primordiale

Et c’est là qu’entre à nouveau en scène notre E.Jones.  Car celui qui était monté si vite au 6eme étage, sûr d’y trouver un assassin tout fait l’avait raté de peu, Oswald ayant senti le vent mauvais venir semble-t-il et s’était éclipsé, vraisemblablement dans le break de Clay Shaw accouru à toute vitesse, selon le procès Garrison.  Car c’est c’est ce même officier, comme par hasard, venu de Fort Sam Houston, au Texas, qui a contacté les bureaux du FBI à San Antonio et Dallas et leur a donné des informations détaillées concernant Oswald et « AJ Hidell », son alias présumé (Alex James Hidell), à partir des fichiers de renseignement de l’armée qu’il détenait (et qui était tout prêts à servir, visiblement !).  A partir de là, c’est l’agent Hosty du FBI, dont le numéro de téléphone secret sera retrouvé dans le carnet d’adresses d’Oswald, un Oswald qui était on l’a vu employé à la fois par le FBI et par la CIA, qui apportera sur un plateau au commissariat de Dallas les éléments nécessaires à la recherche du suspect.  Le 112 eme bataillon et le FBI travaillaient donc ensemble.  C’était en tout cas ce jour-là l’enquête la plus rapide du monde ou presque, puisque 2 heures et demi après le crime on avait à la fois coffré l’assassin présumé, retrouvé l’arme du crime et même…modifié le corps du trucidé pour qu’il corresponde parfaitement à ce qu’on allait raconter ensuite au public, une histoire prévue à l’avance, avec quelques accommodements ajoutés à la version originale !!!  Oswald n’était rien d’autre, dans l’histoire, qu’un agent dormant piégé.  Le pigeon parfait.  Quelqu’un qui travaillait pour le FBI (ou la CIA), mais qui s’était fait piéger !  « Patsy » avait-il clamé, car pigeon, il l’était.

Oswald travaillait bien avec le FBI


Le juge Garrison était arrivé à la même conclusion sur Oswald :  « J’étais intrigué par l’image d’Oswald laissant une note au secrétaire du Bureau.  Je me rappelais, de mon bref passage au F.B.I. à Seattle et à Tacoma comment les indicateurs communiquaient avec leur agent-contact.  Ils apportaient les renseignements dans une enveloppe cachetée, à son nom.  Les informateurs étaient modérément mais régulièrement payés.  Leur identité était protégée.  Ils étaient identifiés par un code, même dans les fichiers du Bureau.  Bref, je commençais à me demander si, dans les semaines précédant l’assassinat du Président, Oswald avait été un indicateur confidentiel du F.B.I., faisant ses rapports à l’agent spécial James Hosty.  Cette possibilité avait été évoquée dès 1964 par Waggoner Carr, alors procureur général du Texas, un homme d’une haute intégrité et d’une excellente réputation.  Il avait dit à la commission Warren au cours d’une audience secrète le 22 janvier 1964 qu’il avait acquis la preuve, par Allan Sweatt, chef de la division criminelle au bureau du shérif de Dallas, que Lee Oswald avait été employé par le F.B.I. comme agent confidentiel, sous le matricule 179 avec un salaire de 200 dollars par mois, en commençant plus d’un an avant et continuant jusqu’au jour même de l’assassinat du Président Kennedy.  Il y avait eu des fuites et cette choquante nouvelle avait paru dans la presse, notamment dans des articles de Joe Goulden du Philadelphia Enquirer le 8 décembre 1963, de Lonnie Hudkins du Houston Post le 1er janvier 1964, et de Harold Feldman dans The Nation du 27 janvier.  Après de considérables discussions, la commission Warren jugea nécessaire d’enquêter sur cette affaire.  Finalement, elle n’en fit rien.  Les trois journalistes ne furent même pas appelés à témoigner, pas plus que leur source, le chef de la division criminelle du shérif.  Avec le temps, les allégations de Waggoner Carr se perdirent dans le raz-de-marée d’informations et de spéculations sur l’attentat ».  La presse avait subodoré quelque chose que l’on avait vite enterré.  Et il n’y avait pas eu que le Philadelphia Enquirer, le Houston Post, et The Nation à avoir découvert le pot aux roses.  L’autre personne qui allait citer Oswald comme membre du FBI n’était autre que Clare Booth Luce.  Et elle va nous mener à un autre personnage intéressant…

La directrice de Life avait eu vent de l’affaire


Vous vous souvenez, je suppose, du couple Luce, et de ses liens avec les opérations anticastristes (et de l’inimitié de Clare Booth sinon sa haine envers Kennedy, elle est ici à droite en 1944 avec le De Lattre de Tassigny, alors général et futur Maréchal de France, indiqué bizarrement dans sa bio comme étant Jacques Phillipe Leclerc). 


Et bien elle aussi savait qu’Oswald travaillait pour le FBI.  Et elle l’avait appris de source sûre :  des réfugiés cubains eux-mêmes, qu’Oswald avait tenté de rejoindre.  Ce qu’elle semblait ignorer, c’est que les frères Kennedy avaient aussi les leurs, d’anti-castristes !!!  « Durant la nuit de l’assassinat du président Kennedy, Clare Booth Luce, la femme de l’éditeur de Time-Life, Henry Luce, a reçu un appel téléphonique de Julio Fernandez, un membre d’équipage d’un bateau d’attaque contre Castro qu’elle avait financièrement co-parrainé avec William Pawley.  Luce avait accepté de parrainer un bateau et son équipage de trois hommes, dont l’un d’entre eux était Julio Fernandez.  Elle avait rencontré ses commandos cubains à New York à trois reprises et avait publié un article à leur sujet dans le magazine Life.  Elle se référait à eux comme étant« mes garçons », mais jusqu’à ce que la nuit de l’assassinat, elle n’avait plus vu ou entendu parler d’eux depuis octobre 1962, lors de la crise des missiles, quand les raids avaient été abandonnés. La nuit de l’assassinat, Julio Fernandez a appelé Luce au téléphone et lui a dit qu’il avait des informations sur Lee Harvey Oswald, l’assassin présumé du président.  Selon Luce, Fernandez lui aurait dit qu’Oswald avait approché le groupe anti-cubain auquel Fernandez appartenait et avait offert ses services en tant « qu’assassin potentiel. »


Les Cubains n’avaient cependant pas confiance en Oswald,  » poursuit le rapport, ils le soupçonnaient d’être un communiste, et ils ont décidé de garder un œil sur lui.  Ils ont finalement pénétré la « cellule » d’Oswald et ont gardé des bandes enregistrées de ses entretiens, y compris ses vantardises comme quoi il pouvait tirer sur toute personne, même le secrétaire de la Marine. Fernandez a dit à Luce qu’Oswald avait pris de l’argent, et s’était rendu à Mexico, puis à Dallas.  Fernandez a dit qu’il avait toujours les enregistrements d’Oswald ainsi que des photographies de lui, et des échantillons des tracts qu’il avait distribués dans les rues de la Nouvelle-Orléans.  Luce a dit plus tard qu’elle avait conseillé à Fernandez de contacter le FBI immédiatement, et qu’elle n’avait pas plus pensé à l’incident de nouveau jusqu’à l’enquête Garrison en 1967.  Elle a à ce moment-là recontacté Fernandez, qui lui a dit que l’un des membres de son groupe avait depuis été brusquement expulsé et que l’autre avait été assassiné.  Lui-même, n’avait rein à voir avec l’assassinat de Kennedy. 


Or l’homme va rester dans l’ombre de toutes les enquêtes menées :  « quand l’enquêteur du Congrès Gaeton Fonzi a essayé de traquer Fernandez, Luce a dit que  » Julio Fernandez était  » peut-être  » un nom de guerre,  » des Cubains comme ceux utilisés par les visiteurs de Sylvia Odio ,  » Angelo  » et  » Leopoldo ,  » et le rapport du Congrès a conclu, que  » rien sur un tel individu n’a été trouvé.  » Mais il y a pourtant un Julio Fernandez, un suspect d’une enquête par la police de l’État de la Pennsylvanie et du FBI et dont les dossiers sont publiés parmi les pièces de la Commission Warren.  Ce Julio Fernandez était un professionnel cubain qui pouvait avoir eu connaissance d’une association entre Jack Ruby et Lee Oswald avant l’assassinat ».  


Ce qu’il y a de plus étonnant dans cette affaire c’est que Luce, qui avait tout fait pour acheter le film de Zapruder (cf à gauche sa caméra) pour ne pas le diffuser et ainsi maintenir l’idée d’un tireur isolé qui aurait été Oswald, n’aurait donc rien fait pour entrer en possession d’enregistrements qui auraient eux aussi nui à la thèse d’un Oswald non téléguidé !  A l’évidence, elle a dû négocier ses enregistrements de Fernandez, quitte à les détruire après, tant ils auraient mis en pièces la thèse officielle.  Le fait de laisser entendre que le fameux Fernandez ait pu être un pseudonyme montrait qu’elle ne souhaitait pas qu’il soit retrouvé.  Car ce personnage menait aux mêmes conclusions que le film de Zapruder :  Oswald n’avait pas agi seul.

Qui était donc ce « Julio Fernandez » ?

Car derrière le fameux Fernandez, c’était bien tout une organisation militaire secrète, derrière laquelle se cachaient en effet… les deux frères Kennedy.  Pendant que John faisait de beaux discours se paix, son frère, sur ses ordres, rencontrait des leaders anticastristes qui fomentaient des attaques militaires ou des projets d’assassinat de Fidel Castro.  Avec des opérations militaires déguisées dont une utilisant d’anciens bateaux de guerre américains.  John Kennedy avait eu beau freiner l’exécution du plan ourdi pour la Baie des Cochons, un plan concocté par la CIA, il préparait en douce un plan similaire, à l’insu de tous ou presque (mais peut-être pas de Richard Nixon, son grand rival qui était très proche des anticastristes !).  On a dit Allen Dulles machiavélique, mais les deux frères l’étaient pire encore (ce qui explique aussi leur fin tragique !).  « Bradley E. Ayres, dans son livre Zenith Secret, identifie Julio Fernandez en tant que chef d’équipe dans la maison des réfugiés de Point Mary, avec Karl, un agent de la CIA, lui-même directeur du projet Elliot Key.


Peu de temps après l’assassinat, Clare Booth Luce dit qu’elle a reçu un appel téléphonique de Julio Fernandez.  Un projet nommé à partir de la Zenith Technical Enterprises, le nom d’emprunt de la station JMWAVE de la CIA, dissimulée au milieu de du campus de l’University of Miami South, juste à côté de la base navale abandonnée de Richmond. Rip … nous a expliqué tous les détails des bateaux V-20 (des Wellcraft) utilisés dans les attaques de commandos.  Leur coque en forme de V de 20 pieds (dessinée par Ray Hunt Design) avaient été largement modifiée et renforcée, à un coût de plus de 30 000 dollars chacun. 


Ils étaient faits de fibre de verre de double épaisseur pour résister à de grandes vitesses élevées sur les mers ouvertes et ne pas s’endommager sur le corail et des objets immergés dans l’eau peu profonde.  Le blindage avait été incorporé dans la fibre de verre afin de protéger les réservoirs de carburant et les occupants.  De la mousse plastique et du caoutchouc, installés dans des endroits critiques, une protection supplémentaire contre les balles offraient à l’équipage un peu de sécurité dans le cockpit ouvert.  Equipé de moteurs de cent chevaux Greymarine, des moteurs internes jumeaux avec hélices relevables, les bateaux pouvaient voyager à 35 miles par heure, alors que les moteurs ne dépassaient même pas 75 pour cent de leur pleine puissance …. je me suis rappelé Bob nous dire que la « société » a été à la recherche de ce qui se faisait de mieux, de l’artisanat costaud, et s’efforçait d’améliorer la performance de la V-20 ….  »



En notes, le document précise l’usage d’un autre navire, beaucoup plus grand :  « Inconnu de Bradley Ayers, au moins jusqu’au 1er novembre 1963, où le New York Times a dévoilé une photo du Rex sur sa première page, et le fait que le navire avait été emprunté par la CIA à Anastasio Somoza au Nicargua (resté au pouvoir jusque 1956, date de sa mort par assassinat) », l’un des parrains de la Baie des Cochons et employé par la compagnie pétrolière Belcher et loué « comme une couverture » par Collins Radio, de Richardson, Texas (avec comme capitaine Captain Alejandro Brooks et soi-disant pour faire de « l'(electronic and oceanographic research !, » ).  Ce qu’ignorait aussi Ayers est le fait que Collins avait collaboré avec la CIA dans l’Opération Paperclip, et utilisé l’un des anciens scientifiques nazis dans le développement des bateaux rapides pour les commandos cubains en collaboration avec General Dynamics (Collins est ici à gauche avec son ami… Curtis le May).


Comme les automobiles et les avions, les bateaux utilisés par les commandos anticastristes ont laissé une trace papier qui mène aux gouvernement et de la défense de l’entreprise des entrepreneurs qui ont participé à ces opérations« .  Les autres bateaux utilisés étant des Duratech en aluminium à moteurs hors-bord Mercury,


qui seront photographiés sur le pont du Barbara J, un cargo de l’US Navy qui sera touché lors de l’invasion de la Baie des Cochons (photo ici). 


Les navires de la CIA étaient sous la direction de Gordon Campbell de la CIA. Mais deux autres navires démontraient le côté pervers des deux frères Kennedy :  deux vaisseaux lourdement armés déguisés en bateaux de recherche océanographique avaient été préparés en grand secret pour tenter de renverser Castro (les américains étant persuadés qu’ils provoqueraient une révolte du peuple à la Havane) ! Collins fera fortune avec la guerre du Viet-Nam, en devenant le principal fournisseur de l’armée de postes émetteurs sophistiqués, destinés surtout à l’espionnage, comme le modèle ici présenté en photo, un offert par un membre de la 101st Airborne Division Association, ceux qui faisaient partie de US Army’s 265th Radio Research de la 101st Airborne Division au Vietnam, entre 1967 et 1972.  L’engin avait dit-on été classé Top Secret pendant des années tant il était sophistiqué (et donc coûteux).  



Et comme c’est un petit monde, de comploteurs toute cette affaire on constate sans trop de surprise, ma foi, « qu’il sera plus tard révélé que la société Collins Radio avait non seulement loué le Rex et fourni l’équipement électronique utilisé dans les raids sur Cuba, mais aussi fourni les radios utilisées par le Strategic Air Command US Air Force (SAC), Air Force One et la flotte présidentielle d’avions (Missions Air Special – SAM), et qu’elle employait également Carl Mather, l’ami du policier tué à Dallas JD Tippit, dont la  voiture avait été vue sur le site de l’assassinat de Tippit avec Lee Harvey Oswald, l’assassin présumé du président, derrière le volant » nous apprend ici JFKCountercoup.

Le Rex, le Leda, et la proximité des Kennedy


On a vu dans les épisodes précédents un bon nombre de bateaux sillonner le Golfe du Mexique et les Keys de Floride bourrés d’armes destinées à Fidel Castro.  D’autres navires étaient au rendez-vous, pour s’attaquer à lui, plutôt.  Et parmi eux, deux navires bichonnés par les frères Kennedy, des bateaux dont a mis beaucoup de temps à révéler l’existence.  Les deux fleurons de la flotte concoctée par Kennedy étaient en effet le Rex et son « sister ship » le Leda.  Le Rex appartenait auparavant  à Bluefields, au Nicaragua, la firme du dictateur Somoza. « Avec un équipage de quarante exilés cubains, le Rex naviguait sous le drapeau bleu et blanc du Nicaragua, Ancien patrouilleur hors des États-Unis dans la Marine en 1940, l’ancien chasseur de sous-marins avait été sorti de la naphtaline à Green Cove (c’est en Floride, photo ici) et repeint en bleu foncé.  Remis à neuf avec des projecteurs surdimensionnés, un appareillage électronique complexe et un pont arrière et une grue pour abaisser les hors-bords de 20 pieds, les moteurs diesel de 3600 chevaux jumeaux du Rex lui donnaient une vitesse respectable de 20 noeuds. On a dit qu’il avait coûté à la CIA 500 000 dollars par an pour le maintenir en fonctionnement avec son sister ship le Leda, un des quatre autres navires et des dizaines de plus petits bateaux qui composaient la flotte de la CIA, apparemment supervisée par Gordon Campbell. »




Bref, c’était bien une mission militaire secrète, avec de grands moyens (1 million de dollars pour les deux chasseurs de sous-marins !); observée de très près par les deux frères Kennedy, Bobby se chargeant des relations directes avec les exilés, afin de ne pas montrer de proximité présidentielle avec eux (ça expliquera son silence pesant après l’assassinat, car il aurait dû révéler ses liens douteux !).  « Le navire-jumeau du Rex, le Leda, de Greytown, au Nicaragua, était enregistré chez Lake Cay Company, Inc., qui était censée être engagée dans des « campagnes océanographiques « .  Son capitaine, Gasper Brooks, était le frère du capitaine du Rex.  Un autre navire de la CIA, l’Explorer II, était détenu par Explorations Inc., de Miami Shores.  De petites embarcations motorisées avec moteurs à bord, appelées bateaux Swift (ou Patrol Craft Fast (PCF), ont été enregistrés chez Marine Survey Ace, présidée par un homme de relations publiques de la Nouvelle-Orléans qui travaillait pour ces groupes sponsorisés par la CIA comme « les amis pour un Cuba démocratique » . 




On retrouvera trace bien plus tard du modèle de bateau qui avait été retenu par les anticastristes dès son apparition, alors qu’il n’est apparu qu’en 1965 seulement dans l’armée US.  Les Swift boats (ou Patrol Craft Fast (PCF), étant ces bateaux rapides conçus par Stewart Seacraft Inc, à Berwick, en Louisiane, dans lesquels John Kerry tissera sa gloire pendant le Viet-Nam (on créera tout une polémique à ce propos), et dont on retrouvera un reportage plus de cinquante ans après d’un journaliste appelé Jim Nickless, de NBC News, dans lequel on pouvait voir notamment le leader Manuel Artime à l’été 1964, visitant Monkey Point, la base navale au Nicaragua du MRR.  Tout corrobore le fait que ce qu’avaient concocté les frères Kennedy était une organisation d’ampleur. Sur le cliché, l’homme derrière Artime semblant bien être… Rolando Masferrer !!!  Les anti-castristes en ce cas n’utilisaient pas de vieux rafiots, mais de tous nouveaux engins qui serviront de tests à ceux partant pour le Viet-Nam, deux ans avant leur introduction !!!  En réalité, il faut le rappeler, les Swift existaient déjà auparavant, car ils n’étaient que la militarisation d’un petit bateau d’assistance pour les plate-formes pétrolières du golf du Mexique (cf photo ici à droite).  Faisant eux aussi 50 pieds, ils auraient très bien pu être aussi les fameux engins de transport utilisés par Ruby pour approvisionner Castro (en ce cas le même engin aurait servi les deux camps opposés et encore une fois ce n’aurait pas été des « surplus », comme pour les jeeps !!!).

La CIA aux commandes, ou les Kennedy ?


Tout avait été organisé au départ sous le contrôle de la CIA précise ici « educationforum » :  « Les marins cubains du Rex étaient payés 300 dollars par mois, » rapportent Turner et Hinckle dans « Deadly Secrets:  The Cia-Mafia War Against Castro and the Assassination of J.F.K » :  « leurs dossiers d’inscriptions ont été écrits sur le compte d’une société de pêche commerciale.  La plupart de l’équipage avaient de l’expérience dans la marine commerçante cubaine.  Ils avaient été recrutés par une équipe de l’ancien équipe navale de Batista, pour la CIA.  La confiance politique était autant une exigence de l’emploi que le matelotage, et l’équipage a été soumis à des tests polygraphiques conçus pour chercher s’ils auraient ou avoir des sentiments pro-Castro rampants … naviguant entre West Palm Beach et Miami, l’équipage cubain s’occupait des canons des ponts inférieurs et sécurisait l’artillerie lourde du Rex – deux canons de marine de  40, le canon sans recul de .57, deux canons de 20 mm et deux mitrailleuses de calibre .50 – montés sur le pont supérieur du navire de recherche océanographique qui était maintenant devenu un navire de guerre « … les frères Kennedy, à ce moment là travaillaient donc toujours avec la CIA, et inversement.  Mais n’auraient-ils pas essayé de jouer avec le feu en reprenant l’opération à leur seul compte, c’est là tout le débat qui subsiste.



Du lourd


Deux anciens chasseurs de sous-marins à l’origine, reconnaissables à leur coque au pont droit et a leur cabine arrondie à hublots circulaires presque jointifs.  Un de ces chasseurs rapides d’U-Boot, des engins redoutés, capables aussi d’accélérer très vite tout en se permettant de circuler en haut-fonds, des temps où la meute allemande avait infesté le Golfe du Mexique et qu’il fallait naviguer vite pour les attraper. 


Lors de l’Operation « Roulement de tambour »  (Paukenschlag ou DrumBeat aux USA) dont j’avais parlé ici.  L’un d’entre eux (le PC-1265) était basé en 1944 à Guantanamo, c’est à dire sur l’île de Cuba même !  Le 1265 est un bon candidat au rôle de « Leda » : « décommissionné le 1er mai 1946, transféré à la gestion du War Shipping Administration le 3 décembre « son sort est inconnu » indique ici sa fiche.  Car quant à savoir de quel modèle exactement ce type de chasseur de sous-marins rapide était devenu le Leda, la piste du PC-1173 semble fort plausible également, sinon davantage encore (ci-dessus sa photo, montrant l’emplacement de l’emport de canaux de sauvetage).  L’engin avait participé au débarquement en Méditerranée en 1944 dans la Task Force 84.  Lancé le 26 juin 1943, rebaptisé l’Andalusia en 1956, décommissionné le 1 juillet 1960, on remarque qu’il a été sciemment détruit le 23 novembre 1965 par un tir d’avion provenant de l’USS America (CVA 66), à 200 miles à l’est du Cap Charles (en Virginie).  Or officiellement,  il avait été vendu à la ferraille.  Mais dans le journal de bord du porte-avion on ne trouve rien à cette date avant qu’il ne parte en Méditerranée.  Etait-ce l’un des deux qui aurait été repeint de ses couleurs originales avant d’être coulé ?  C’est une possibilité !  D’autres encore sont possibles, tel le PC-1125, atterri en Floride à Cove Springs dès 1947 et rebaptisé Cordele en 1956, dont le sort est lui aussi « inconnu ».  La ressemblance en tout cas est frappante avec la seule photo dont on dispose de son jumeau le Rex (la comparaison va jusqu’au radar resté inchangé !  De toute façon, les frères Kennedy avaient le choix :  on en a construit 362 du même modèle pendant la guerre.  Quant à savoir s’il avait choisi comme nom le Rex comme allusion au Casino flottant de Roselli le débat reste ouvert :  son père, ancien bootlegger devait le savoir en tout cas !).


Car c’était bien cela qui se préparaît

Changer d’apparence, on l’a vu, avait été leur lot.  L’opération d’envergure recourait également à des méthodes de camouflage administratif que l’on retrouvera plus tard, hélas (chez les avions dits de rendition de l’ère Bush).  « Le Rex était détenu officiellement par la Compagnie pétrolière Belcher, qui travaillait principalement dans le secteur de ravitaillement des navires de croisière.


Turner et Hinckle (dans « The Fish is Red ») écrivent que les livres de compte de Belcher ont montré qu’il a acquis le navire d’occasion de la société de Paragon Somza, le parent pauvre de la Paragon Air Service, Inc., une autre société fictive de la CIA. Belcher, à son tour, a loué le Rex à Collins Radio International de Dallas pour de la « recherche électronique et océanographique ».  Collins étant une division de Collins Radio de Cedar Rapids, Iowa. ; un homme de Miami qui était membre d’équipage sur le Villar, (le Pilar étant le yacht d’Hemingway !) avait remarqué l’étrange comportement du navire « c’était un drôle de navire.  Il changeait de couleurs tout le temps. Parfois, la coque était bleue avec un pont vert.  D’autres fois, il était gris avec un pont orange.  Mon ami m’a dit qu’il travaillait dans l’exploration pétrolière ».



Au siège de la Garde côtière à Miami, il n’y avait pas d’inscription pour aucun des navires de ces sociétés.  Le système consistant à repeindre les navires et à ne pas laisser de traces de leur enregistrements connaissant plus tard une grande expansion dans le domaine de l’aviation, comme on à pu le voir sous l’ère Bush père, Clinton, et Bush fils.  Les deux engins étant pourtant visibles :  ils faisaient plus de 50 mètres de long !  Les Kennedy avaient mis en place un système qui allait perdurer, hélas !  Quand à savoir si des navires de guerre pouvaient devenir des yachts, ce n’est pas un problème :  celui d’Onassis, le Christina, n’était en fait que la vieille frégate River Class HMCS Stormont (K327), bateau canadien lancé en 1942, devenu « Argo » avant d’être racheté par le futur mari… de la veuve de Kennedy (qui y a ajouté 4 millions de dollars de frais, un second acheteur grec, le milliardaire Yannis Papanicolaou, en ajoutant 50 pour le remettre en état au décès de Jackie Onassis).

Le « yacht » d’Alberto


Dans le livre « The Great Game in Cuba: CIA and the Cuban Revolution » de Joan Mellen, on découvre un autre aspect de ces manipulations de bateaux avec le cas d’Alberto Fernandez, qui avait rencontré Michael J.P. Malone (1) à Key Biscayne pour s’engager auprès de la CIA.  Idéaliste, il avait demandé à le faire sans compensation financière, au contraire de ses compatriotes cubains exilés, largement arrosés de milliers de dollars par Allen Dulles.  A Cuba, l’homme travaillait à l’Institut du Sucre, « pour protéger ses fonds de Castro », il était le fondateur de Unidad Revolucionaria, mouvement d’opposition à Batista, conçu en novembre 1960, avec Humberto Sorin Marin, lui aussi déçu de l’attitude progressive de Castro. 


A la CIA, le mouvement apparaît sous le nom de code de PBRUMEN.  Contre Batista, Alberto a déjà effectué à l’époque de nombreux voyages clandestins pour apporter des armes sur place, sans jamais se faire prendre.  Pour cela il va utiliser l’ILMAFE (la contraction des prénoms de ses 3 enfants), un yacht qui s’avérera vite trop petit pour approvisionner les anti-Batista.  Vint ensuite le Real, un vieux Chris Craft retapé.  Aidé par Dulles et financé par Michael Haider de la Standard Oil et les sucriers américains écartés par Castro, Fernandez achète 70 000 dollars un ancien chasseur de sous-marin de 116 pieds de type WAVR numéroté SC-1339 (décommissionné en 1947 appelé Air Swan et revendu à un Texan sous le nom de Tejana III)… dont 38 000 dollars fournis par la CIA.  Mais désormais, c’est pour approvisionner les anti-Castro. Pour déguiser la provenance, des fonds avait été créée « l’Inter-Key Transportatin Company« , une société écran dont le patron s’appelle Georges M.Kappes.  Le navire (en photo ci-dessus le sister ship Air Lapwing) sera conduit par Armando Rodriguez Alonso, un officier de la marine cubaine rebaptisé Robert Clark Stevens Jr dans les documents de la CIA.  Et son port d’attache sera la Nouvelle-Orleans.  Mais c’est ce qu’Alberto va découvrir comme « cadeau » à bord, offert par la CIA qui reste étonnant écrit Joan Mellen, :  « La CIA a fait savoir à Alberto que l’Agence fournirait plusieurs caisses d’armes à cet effort inaugural.  Plutôt méfiant, comme le craignait la CIA, Alberto a hésité avant de charger ces caisses sur le Tejana. – 


Voyons ce que nous faisons, dit Alberto. Ils avaient chargé le soir, éteignant toutes les lumières.  Alberto a consulté son capitaine cubain Armando Rodriguez Alonso et ils ont décidé d’ouvrir quelques paquets.  En découpant l’étanchéité, Alberto a découvert des boîtes de fusils Springfield datant de 1903.  Ils avaient été utilisés à l’origine par le général Pershing dans ses batailles avec Pancho Villa.  Les culasses de ces fusils étaient si décrépites qu’elles bougeaient rien qu’en les secouant. »  Historiquement, c’est le  M1 Garand qui avait remplacé le vieux Springfield dans l’armée US.  Détail surprenant à savoir :  après l’échec de la Baie des Cochons, Alberto a cherché un autre havre de paix pour préparer sa propre guerre :  « déterminé à conserver son indépendance vis-à-vis de la CIA, Alberto a formé des agents dans les deux Carolines et en Géorgie, ainsi qu’en Floride.  Voyageant sur la côte de la Floride à la recherche d’endroits d’entraînement, il a emmené quatre personnes du Tejana, et aucune de la CIA.  Un emplacement prometteur était «la clef d’Adam», possédée, cependant, par la relation de Richard Nixon, Bebe Rebozo.  Rebozo confia à Alberto qu’une nuit Nixon avait perdu 12 000 $ à l’Hôtel National de La Havane, puis dit avec hauteur qu’il leur enverrait un chèque ».

Une seconde Baie des Cochons tentée et restée méconnue


Le 21 octobre 1963, soit à peine un mois avant l’assassinat de Kennedy, on avait en fait assisté à un nouvel échec retentissant du plan Kennedy, un échec soigneusement camouflé aux médias.  Une sorte de sous expédition de la Baie des Cochons-bis, en quelque sorte !   » le Rex devait faire une mission spéciale dangereuse qui le porterait un demi-mile de la côte cubaine, bien dans la zone rouge de la défense côtière de Castro.  « Une fois avoir quitté Elliot Key, 


ils ont rencontré deux radeaux de caoutchouc noir, avec douze hommes vêtus de noir qui sont montés à bord du Rex.   » Ils étaient membres des « Commandos mambises« , l‘élite des commandos anticastristes de la CIA.  Ils avaient emprunté leur nom à des guérilleros déterminés qui avaient combattu la guerre d’indépendance de Cuba contre l’Espagne » (le nom venant de Juan Ethnnius Mamby). 


« Leur emblème était le Lone Star de Cuba.  Ils étaient les Bérets verts de la guerre secrète.  Les Commandos mambises ne comptaient aucun homme de plus de cinquante ans, la plupart des hommes n’avaient pas de famille qui aurait pu leur manquer.  Leur chef était le major Manuel Villafana, une sorte de Général Patton cubain connu pour sa sévérité et pour jurer comme un polonais, qui avait commandé l’aviation lors de la Baie des Cochons. (il est ici en photo, à l’extrême droite, au Nicaragua, à Puertos Cabezas, la base aérienne des cubains de Happy Valley, d’où étaient partis les B-26 pour combattre à la baie des Cochons). 


Le Major Villafana avait insisté pour que la CIA paie peu ses hommes, car il voulait qu’ils soient motivés par la haine, pas par l’argent « .  Les ordres qu’ils avaient reçus pour la mission de la nuit du 22 octobre 1963 disaient que leur objectif était Pinar del Rio, à l’extrémité ouest de l’île, près du phare du cap Corrientes.  Le phare du cap Corrientes était inexplicablement éteint cette nuit-là.  Le raid se ferait avec deux bateaux à moteur en fibre de verre de 20 pieds avec des moteurs internes de 100 chevaux munis de silencieux, et à double fond de coque pour les opérations amphibies avec, montés à l’arrière, les moteurs orientables servant de gouvernails.  Appelé  » moppies », (le surnom des bateaux de course off-shore en fibre de verre) 


«  ils avaient chacun deux mitrailleuses Browning de calibre 0.30 et une radio (nota :  c’étaient les mêmes engins qui avaient été photographiés sur le cargo « Barbara J » se rendant à la Baie des Cochons).  


Pour cette mission, des fusils de forte puissance et des explosifs C-4 avaient été transférés du Rex sur les bateaux rapides qui sont partis vers le rivage cubain dans l’obscurité . »  Ils se sont déplacés dans l’embouchure d’une rivière de la côte où ils avaient au rendez-vous avec deux « mambises » qui y avaient été infiltrés une semaine plus tôt.  Une fois près de la rive, ils ont gonflé des radeaux en caoutchouc noir équipés de moteurs hors-bord au fonctionnement silencieux, signalés entre eux par un feu clignotant infrarouge.  Au moment où un code erroné à été donné, ils ont alors reconnu être tombés dans un piège et ont ouvert le feu sur les rives au M-30.  « Le rivage s’est instantanément allumé de tirs de mitrailleuses rouges et bleues sur la rive comme sur les radeaux gonflables.  Un radeau a été déchiré par des balles traçantes, déversant ses morts ou les laissant mourants dans l’eau.  Les autres radeaux réussiront à atteindre la haute mer, et en fonçant,  les moppies étaient de retour vers le Rex avec des bateaux de patrouille cubains les poursuivant.  Les commandos abandonnés étaient restés vers la rive, où la milice de Castro les attendait  » . 

L’arrivée surprise d’un patrouilleur russe qui fait tout rater


L’opération tournant vite au fiasco, les Cubains s’étant équipés de matériels militaires soviétiques performants que les américains ne s’attendaient pas à voir débouler aussi vite dans les hauts du Golfe du Mexique.  « Dans le moppie plombé, le volant avait été rabattu.  Le quartier maître Luis Montero Carrazana, blessé, tenait toujours la colonne de direction d’une poigne ferme.  Il avait été soudainement encadré dans le projecteur d’un patrouilleur Russe P-6, et pour lui la guerre secrète était terminée.  L’autre moppie sétait dirigé en mer profonde et cherchait la place où était le Rex dans la nuit noire.  Le pilote du moppie gardait l’accélération jusqu’à ce qu’il atteigne les eaux internationales, dans lesquelles il s’arrêtera aux côtés un navire marchand pour être secouru après avoir annoncé être en détresse.  Le Rex s’était évanoui ».  Le capitaine Brooks était à la recherche des moppies, grâce à ses projecteurs.  Deux hélicoptères cubains ont largué des fusées éclairantes en grappes pour éclairer la mer où le Rex s’était dirigé vers le large. 


Pepe : « Comme nous avons franchi la frontière, j’ai vu les balises lumineuses du cargo , et je savais tout de suite ce qui allait se passer.  Le cargo a couru droit dans la lumière des torches.  Les Cubains pensaient que c’était nous.  Ils ont ouvert le feu sur lui. Le navire était le J. Louis, de 32 500 tonnes de propriété américaine (appartenant à Daniel Ludwig) un cargo battant pavillon libérien.  Il emportait une cargaison de bauxite de la Jamaïque, et se dirigeait vers Corpus Christi, au Texas.  A 00h40, cinq MiG-15 cubains l’ont mitraillé bien que personne n’a été blessé.


Le capitaine a communiqué par radio un SOS, « cargo sans armes sous attaque de Mig au large des côtes de Cuba ».  Des jets F – 4 Phantom partis de Key West, en Floride ont répondu, mais ont été rappelés avant d’atteindre Cuba.  Le Rex a été poursuivi par deux canonnières cubaines , et a rompu silence radio à la demande des conseils de Zenith Tech, qui lui a répondu : « Faites ce que vous avez à faire. »  Les Migs 15 étaient récents, ils étaient arrivés fin mai 1961, après l’épisode de la Baie des Cochons.  Castro avait reçu 20 Mig15 et 5 Mig UTI (sa version d’entraînement), des Mig-17 suivant les arrivées, 





le premier volant en décembre 1961 à partir de Cuba.  Deux Migs 21 avaient suivi en 1962 et 1963, voici le second sortant de son hangar de San-Antonio à Cuba.  Le Rex risquait gros.  Les cubains avaient aussi installé comme engins de défense anti-navire des missiles dérivés du Mig 15 :  l’AS-1 Kennel :


Castro rend l’affaire publique début novembre

Bref, on avait échappé de peu, encore une fois au déballage médiatique d’une Baie des Cochons bis.  Le New York Times, le 3 novembre, 1963 (19 jours seulement avant l’assassinat !!!) 


déballera une partie de l’affaire :  « les exilés cubains à bord du Rex ont avoué que le bateau avait été utilisé pour acheminer des armes à Cuba, et que « la CIA a organisé toutes les livraisons d’armes ».  « Luis Montero Carrazana a dit qu’il avait« auparavant débarqué douze infiltrés sur la côte nord de la province Matazzas d’un yacht qui avait un équipage d’agents de la CIA américaine. Le gouvernement américain n’a pas nié les accusations de Castro.  La mission Rex n’était pas la première pour laquelle Collins avait fourni une couverture pour les opérations de la CIA.  Deux semaines après la mort de Kennedy, le Rex et un autre navire mystérieux appelé Leda avaient encore quitté leurs ports de la Floride », reprenant en fait un journal de Floride.  Il faudra attendre pour que l’on sache ce qu’il était advenu exactement du Rex.  Comme le précise l’Ocala Star Banner du 14 mai 1964 (ici à gauche), on n’avait plus vu à quai le navire de 174 pieds de long (43 mètres) depuis octobre 1963 (voir coupure de journal ici à gauche).  C’est Fidel Castro qui avait rompu le silence, en montrant à la télévision trois personnes capturées :  Clemente Incian, Robert Lizano Rodriguez et Luis Montero, les trois ayant avoué travailler pour la CIA.  Ironie du sort, le Rex avait été mis en fuite par l’arrivée d’une vedette rapide russe, qui ressemblait fort au modèle de patrouilleur PT-109 qui avait fait la réputation de combattant de JFK :  une « Project 183 Bolshevik« , appellée aussi « P-6 » en Russie. 


Vedette rapide dont venait juste de s’équiper Cuba, qui en achètera douze aux russes dans les années qui suivront.  Construite en contreplaqué imprégné de résine avec ossature en aluminium, elle était le développement de la P-4, engin de référence chez les vedettes rapides.  Les Kennedy avaient sous-estimé les forces cubaines, pour la deuxième fois :  finalement, l’échec de la Baie des Cochons ne leur avait visiblement pas suffit !!!  Castro venait de leur infliger une humiliation de plus !!!

Amarrage indélicat


L’expédition avait été un raté de plus pour les Kennedy.  Une anecdote  révèle en tout cas leur côté pervers en politique.  La famille Kennedy avait son pied à terre… en Floride, à West Palm Beach.



Dans une maison achetée en 1933 par Joseph P. Kennedy Sr, et située au 1095 N. Ocean Boulevard. à Palm Beach.  Devenue la « Maison Blanche d’Hiver », elle sera mise en vente 7 millions de dollars en 1995. 




A côté, sur Peanut Island, il y avait même un bunker anti-nucléaire, pour le président qui descendait du Boeing présidentiel sur le tarmac de West Beach même.  A West Palm Beach, les Kennedys faisaient du bateau à voiles, où préféraient se promener à bord d’Honey Fitz, le yacht familial baptisé ainsi du nom du grand père.  Joe possédant un autre navire de 52 pieds, le Marlin.  Un bateau qui lui servait aussi à flirter avec sa « secrétaire » Janet Des Rosiers, qui était aussi sa (jeune) maîtresse connue de tous. L’exemple venait du père, chez les Kennedy !!!  Un jour que JFK envisageait de faire un tour en Honey Fitz, surprise…. à quelques pas de là, on avait amarré le Rex, venu jouer les yachts incognito, son armement dissimulé dans les cales.  JFK éclatera d’une colère noire, lorsqu’il constatera que le Rex était là pendant que lui aussi y était…. cela ne devait pas se savoir, cela ne devait pas être révélé.  Les préparatifs du Rex et du Leda ne devaient être connus de personne.  C’était bien ça le secret des Kennedy : pendant qu’officiellement ils faisaient répandre l’idée d’un accord possible avec Castro, ils préparaient son assassinat !



(1) « Pour la gestion du ranch à Cuba de Kleberg il y avait un autre personnage aussi peu connu de l’histoire qu’il ne le devrait:  Michael J. P. Malone. Malone était vice-président de la société de courtage de sucre Czarnikow-Rionda basé à Wall Street à New York.  Il avait servi plus tôt en tant qu’assistant principal de l’archevêque de New York, Francis, le cardinal Spellman, et était un homme si proche de la CIA qu’il avait au moins cinq « manipulateurs » de la CIA derrière lui. Malone était également proche de J. Edgar Hoover et de Frank O’Brien au bureau de New York du FBI, qui louait une maison à Key Biscayne.  Malone est le James Bond de cette histoire puisqu’il fait évaporer les gens des prisons de Fidel Castro ».

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