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vendredi 19 janvier 2018

Haïti, un « pays de merde » selon Trump, et la corruption de ses élites, entretenue par… les USA


Donald Trump: LE génie de la Maison Blanche


Haïti, qui ne s’est toujours pas relevé de son terrible tremblement de terre et des ouragans qui l’ont traversé depuis a fait l’objet hier d’un traitement de faveur du vocabulaire de charretier coutumier à Donald Trump (1).  Si Haïti est selon lui « un pays de merde » (2), il ferait mieux d’en découvrir et d’en comprendre les maux profonds et leurs origines véritables.  Ceux d’une corruption effrénée des élites de la nation depuis le règne désolant du père Aristide et de ses successeurs, dont un ex-chanteur de variété locale devenu président inconséquent qui a laissé les barons de la drogue envahir tout le territoire, ce qu’avait commencé à faire l’ex-curé défroqué devenu dictateur.  Les USA participant activement au dépeçage du pays, comme j’ai déjà pu vous l’expliquer en décrivant l’attitude inconsidérée du couple Clinton, les grands rivaux de Donald Trump, venus se gaver au passage avec la nomination de Bill, comme « président de la commission dite Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) ».  Un exemple encore relativement récent – le 5 janvier 2017-  avec l’arrestation de Guy Philippe, fraîchement élu sénateur du département de la Grand’Anse d’Haïti, celui-là même qui avait été à la tête du coup d’Etat pour renverser Aristide, aidé par des Navy Seals.  L’homme avait été coincé juste avant qu’il ne puisse prêter serment, le lundi suivant, ce qui lui aurait procuré l’immunité qu’il espérait.  A Haïti, c’est simple, le trafic de la coke est en effet à la tête du pays depuis des lustres maintenant (et ce n’est pas avec  Jovenel Moïse que ça va changer (3)).  Mise au point sur la situation actuelle en Haïti, donc, pour rectifier les propos insoutenables du pantin sans cervelle qui dirige les USA.

La phrase immonde de Donald Trump révèle avant tout une grande incompréhension de sa part du problème haïtien.  Sa proximité de pensée avec les néo-nazis explique en grande partie sa saillie (4).  Sur les sites d’extrême droite US, tels que celui de Jeff Rense, proche de Bannon, on n’hésite pas à montrer les désastreuses conditions de vie dans le pays et à en parler de la même façon, en effet.  L’exemple ci-contre  à droite le démontre sans ambiguïté.



Trump a beau tenter de minimiser ses propos, maladroitement d’ailleurs, il parle de la même façon que ses fascisants, à l’évidence.  Car ce que Trump méconnaît, c’est que le pouvoir en place en Haïti doit tout aux USA, qui ont toujours poussé les mêmes personnes, dont ils connaissaient pourtant les implications dans le trafic de drogue.  A cet égard, l’élection de Moise Jovenel a bien été une catastrophe pour le pays, comme l’avait si justement formulé Frédéric Thomas ici dans Libération.  Le dauphin de Martelly, cet ex-vedette du showbiz devenu président, marche en effet sur les traces corrompues de ce dernier.  Avec un soutien de taille, celui dont avait bénéficié son prédécesseur  : « En effet, Michel Martelly, malgré ses frasques, a reçu jusqu’au bout le soutien des Etats-Unis, de l’Union européenne et de l’OAE [Organisation des Etats américains, un espace de coopération entre 35 Etats américains, ndlr].  Jovenel Moïse aussi.  Les autres candidats face à lui s’étaient montrés, eux, plus indépendants.  Du moins dans les paroles.  En octobre 2015, l’Occident avait condamné le choix du Conseil électoral provisoire d’annuler, pour fraude, les résultats du premier tour de la présidentielle qui donnaient déjà Moïse vainqueur.  L’UE avait même retiré sa mission d’observation des élections.  Finalement, ce scrutin s’est déroulé sans incident majeur et, pourtant, avec beaucoup moins de financements.  C’est un très bon signe, mais l’élection de Moïse va signifier un retour en arrière, et la mise à mal d’institutions démocratiques déjà fragiles ».  En somme, Trump décrète hier Haïti «Etat de merde », un état qui est aussi celui que les Etats-Unis ont toujours soutenu, ce qui ne manque pas d’ironie.  Allez comprendre…  Les USA ont donc fait élire Jovenel Moïse, pour dire après que son pays est un « pays de merde »… ???  Surprenante déclaration (à droite « l’humour » sordide de l’extrême droite US à propos d’Haïti avec la photo de ce qui est présenté comme la « beauté des autres cultures »:  en prime, la photo a été prise à Lagos au Nigeria, et non à Haïti, mais l’extrême droite à la Trump ne s’embarrasse pas avec les faits, à fabriquer constamment des fake-news (5) !!) !

La livraison express de Philippe, trafiquant ayant fait campagne pour Moïse



Un « pays de merde », dont le président actuel n’est que la potiche installée par son prédécesseur, mouillé jusqu’au coup dans le trafic de drogues.  Le 5 janvier 2017, c’est justement un de ses proches, Guy Philippe (ici à droite), ancien chef de la police de Cap-Haïtien en octobre 2000,  qui avait été arrêté près de Port-au-Prince par des policiers haïtiens et aussitôt remis aux Etats-Unis pour qu’il y soit jugé, à la suite d’une plainte pour… trafic de drogue datant de… 2005.  Il avait fallu faire vite, à l’époque, car le lundi suivant, en devenant sénateur (il venait d’être élu !) il aurait bénéficié d’une immunité parlementaire le protégeant.  Les haïtiens avaient crié à l’enlèvement par les américains…  On avait pu en effet voir l’homme monter dans un Beechcraft de la DEA, immatriculé N5888K (ici à gauche).  S’il intéressait autant la DEA, c’est parce qu’il avait beaucoup à dire, et pas seulement sur la période Aristide… L’homme a été emmené à son procès aux USA après avoir changé de type de défense et avoir plaidé coupable « dans le cadre d’un accord avec le procureur en échange de sa collaboration » comme on dit là-bas (à savoir avoir donné beaucoup de renseignements sur son réseau pour voir sa peine allégée).  Le 22 juin 2017 il a été condamné à 9 ans de prison pour trafic de drogue et blanchiment.


 « Ex-haut responsable de la police haïtienne, il aurait reçu selon la justice plus de 1,5 million de dollars (1,3 million d’euros) de pots de vin pour assurer la transfert sans encombre de cargaisons de stupéfiants » avait-on alors pu lire sur son sort.  Il risquait alors 30 ans d’emprisonnement pour trafic de coke : son « accord » passé semble lui avoir été profitable au final !  Au final aussi, sa condamnation n’avait porté que sur « conspiration pour blanchir des instruments monétaires » …  avec lesquels il avait notamment acheté une luxueuse villa à Broward County, en Floride.  Difficile pour les américains de l’ignorer.  Qu’avait-il avoué au juge chargé de l’affaire, voilà qui serait intéressant à connaître.  Avait-il expliqué sa présence durant toute la durée de la campagne électorale haïtienne… auprès de celui qui est devenu depuis président du pays, comme le montre la photo ici à gauche ?  Ce n’est pas tous les jours qu’un président se pavane en compagnie d’un trafiquant de coke (quoique, remarquez…(6).  Il avait néanmoins avoué que sa femme et lui « ont maintenu un compte bancaire conjoint à First Union National Bank à Miami, en Floride. Entre juin 1999 et décembre 2002, Philippe a sciemment transporté plus de 376 000 dollars américains provenant de la vente de cocaïne d’Haïti et de l’Équateur à ce compte First Union National Bank sous le nom d’autres personnes.  Philippe s’est également sciemment arrangé pour que plus de 70 000 dollars U.S. des ventes de la drogue soient déposés dans ce compte.



Chacun de ces dépôts en espèces a été effectué en montants inférieurs à 10 000 dollars pour éviter les exigences de déclaration » (des dépôts de moins de 10 000 dollars, pour éviter le signalement bancaire sont un phénomène bien connu ici dans la série Coke en Stock).   Ce que ne pouvait ignorer le futur président !!!  En septembre 2016, Philippe savait très bien ce qui l’attendait s’il n’était pas élu, et il le craignait déjà.  Mais à l’époque, il se considérait toujours comme intouchable.  Ou comme… très  protégé.  A noter que le Beechcraft 350 qui l’a emmené aux USA est un vétéran… de la guerre en Afghanistan :  le voici photographié muni de son pod cargo en novembre 2009 au Koweit.  Affilié désormais au Département de la justice, on l’avait vu passer par l’Allemagne en 2013Ici une vue en mouvement du pod.  L’élément sous le fuselage provient de  Commuter Air Technology (CAT).

L’encombrant ambassadeur Latortue


Haïti, un « pays de merde », dont Wikileaks avait présenté l’ambassadeur aux USA sous une drôle de forme :  Trump, dont on sait qu’il a nourri sa campagne anti-Clinton avec les révélations d’Assange, ne pouvait donc ignorer en effet qui était celui qu’avait choisi Martelly comme nouvel ambassadeur du pays, à savoir le sénateur Youri Latortue, résidant habituel de Floride, l’un des hommes les plus corrompus du pays, et de loin. Les USA étaient au courant en effet de ceux qui entouraient le futur président d’Haïti, avant même son élection :  dès le 20 juin 2007,  le chargé d’affaires US, Thomas Tighe, « Chief Operating Officer of the Peace Corps » avait fait remarquer dans un câble que Youri était « susceptible de soutien, sans y participer, à des activités criminelles ».  Alerté certainement de cette fuite, Latortue avait aussitôt demandé une rencontre avec l’ambassade qui l’avait reçu le 18 juin 2007, pour se couvrir en quelque sorte.  Le 27 juin, un autre câble intercepté par Wikileaks décrivait mieux encore le personnage : « adversaire du gouvernement et candidat à la présidence future, son crédit a fortement augmenté ces derniers mois, même si les Haïtiens assument largement qu’il a été impliqué dans le trafic de drogue et est toujours directement liée à l’activité criminelle dans sa base d’attache de l’Artibonite. « Hélas, conclut-elle, » l’influence de Latortue fait qu’il est de plus en plus difficile pour le poste [de l’ambassade] de le fuir complètement, mais nous maintiendrons notre politique de le tenir à distance.



«  Malgré les rumeurs, l’ambassadeur lui avait répété sa confiance :  la tentative de séduction de Latortue envers l’ambassade semblait avoir été plutôt transparente. « J’ai clôt ces remarques sur ses ambitions politiques en avouant qu’il a toujours été, et continuera d’être, un ami des Etats-Unis ».  Sanderson a écrit:  « Il a dit qu’il reçoit de Cuba et du Venezuela des offres de visite, mais il refuse toujours parce que ces pays ne représentent pas sa façon de penser. »  Il a également affirmé avoir conseillé à d’autres officiels gouvernementaux et parlementaires d’accepter ces offres et d’éviter de monter les États-Unis et le Venezuela avec  Cuba les uns contre les autres.  »  Bien que Sanderson ait remarqué « l’ambition politique flagrante de Latortue » (…) de nombreux Haïtiens pensent naturellement que Latortue jouera un rôle plus important dans la politique, qu’il  va consolider sa puissance, et le considère comme un prétendant sérieux à la présidence, même s’il devient le porte-drapeau de la corruption politique en Haïti. «  Les américains savaient à qui ils avaient à faire avec lui : « L’ambassade a continué à recueillir de nombreux rapports à de nombreux endroits sur ce diable de Youri.  Par exemple, un « représentant de la société civile » (Dont le nom est enlevé pour sa sécurité) « croit que Gonaïves a souffert de l’insécurité « qui était une forme d’opposition au gouvernement haïtien » Causé par des personnes politiquement ambitieuses, « dont certains devraient être derrière les barreaux, mais qui cherchent plutôt un bureau (ministériel s’entend).  Vous savez de qui je parle. » Il a dit qu ‘« En raison de ses liens établis de longue date avec les gangs, Latortue fait partie d’une forte minorité en mesure de perturber des événements qui soutiennent le Premier ministre Alexis, comme on le voit lorsque les manifestants ont jeté des pierres sur Alexis au cours des funérailles du juge Hugues St. Pierre et qui prétendaient que Latortue stockait des armes ».  Pour mieux cerner encore l’atmosphère haïtienne, il faut savoir que le même Latortue était en 2016 le président de la Commission sénatoriale permanente « Éthique et Anti-corruption » !!!

L’ami Damian, venu de Washington 



Les américains ont toujours été bien présents en Haïti.  Latortue et Martelly partagent plein de choses; et surtout ils ont des amis en commun, comme le faisait remarquer ici un observateur d’Al Jazeera, dès la victoire annoncée de Martelly : « cela augure dangereusement pour Haïti, mais Martelly a peut-être plus en commun avec Gérard Latortue, le chef de l’État imposé à Haïti après le coup d’État de 2004 soutenu par les États-Unis contre Aristide. Animateur de talk-show du sud de la Floride, Latortue, comme Martelly, n’avait aucune expérience en politique.  Mais, comme Martelly, il avait des amis à Washington.  Au cours de brefs passages dans le bureau de Latortue, 2004 – 2006, Haïti a connu quelque 4 000 meurtres politiques, selon The Lancet – alors que des centaines de membres du Fanmi Lavalas, des partisans d’Aristide et les dirigeants des mouvements sociaux ont été enfermés – En général, sur de fausses accusations.



Les amis de Latortue à Washington regardaient dans l’autre sens.  Les amis de Martelly à Washington incluent Damian Merlo, son directeur de campagne présidentielle.  Le CV de Merlo devrait alarmer toute personne concernée par la démocratie en Haïti.  Merlo a travaillé pour Otto Reich, (il a aussi été ambassadeur au Venezuela) le vétéran de l’affaire des Contras en Iran et un partisan des coups d’État au Honduras et au Venezuela.  Merlo a également travaillé avec l’International Republican Institute, qui – sous la bannière de la «promotion de la démocratie» – finance des organisations de la «société civile» pour déstabiliser les gouvernements, cela semble bien être un problème ».  Trump peut-il ignorer à ce point la politique extérieure pour ne pas comprendre le rôle de l’envoyé de Reich, qui lui-même était devenu le conseiller aux affaires sud-américaines de McCain ?  Peut-il ignorer à ce point le rôle joué depuis des décennies à Haïti, par les USA ???  Peut-il ignorer tout ça alors qu’un de ses principaux opposants républicains, Marco Rubio (qu’il secoue ici), est aussi un des grands relais d’Haïti au sein du Congrès US ???  Peut-il être aussi… ignorant ?  Ou aussi imbécile : car c’est bien lui, pourtant, qui a nommé Mark Green, l’ancien directeur de l’International Republican Institute  comme Administrator of the United States Agency for International Development !!!  Trump peut-il ignorer l’historique même des interventions américaines en Haïti ?  Aurait-il déjà oublié que « de 2001 à 2004, Guy Philippe a dirigé le Front pour la libération et la reconstruction nationales (FLRN), une force de quelques centaines de «rebelles» paramilitaires basés principalement en République dominicaine, dans des raids frontaliers contre le gouvernement d’Aristide, qui a finalement été renversé, avec l’aide d’une équipe US SEAL, lors d’un coup d’Etat le 29 février 2004. »  Ce sont ceux qui sont censés avoir capturé Ben Laden qui ont installé le successeur d’Aristide (7) !!!

La mine d’or des téléphones portables… irlandais





Latortue et Martelly, tous deux jamais en reste lorsqu’il s’agit de voyager aux frais de la princesse en l’occurence celle de Digicel, entreprise d’installation de réseaux de téléphones portables dans les caraïbes, dirigée par Denis O’Brien, comme ici lors d’une réception des deux couples haïtiens à… Dublin (ici-dessus), d’où le groupe est originaire. L’homme, à la tête de la United Nations Broadband Commission tente de faire la pluie et le beau temps dans les réseaux, là-bas comme ailleurs. Comme par hasard, on retrouve le même individu essayant de s’attire l’influence de Clinton dans la région.  Très présent dans la vie politique locale, Martelly n’a pas hésité à lui refiler une breloque, en échange.



Sur place, ses émetteurs sont toujours aussi peu efficaces (le mot est faible), au point de faire débat au plus haut sommet de l’Etat:  « « À rappeler que, face aux problèmes existant dans le secteur de la télécommunication, en Haiti, le président de la République s’est entretenu, au cours de la semaine écoulée, au Palais national avec les responsables de ces 2 compagnies opérant sur le marché.


La chambre des députés, pour sa part, avait invité le Premier ministre Jack Guy Lafontant au Parlement, en vue de fournir des explications relatives au fonctionnement de ces compagnies.  Le chef du gouvernement n’avait pas raté l’occasion d’affirmer que lui aussi il est une victime de ces opérateurs de téléphonie mobile » disait récemment et fort pudiquement Vant Bef Info.


Les Haïtiens, escroqués jusqu’à »au trognon… quand ce ne sont pas les catastrophes naturelles qui leur tombent dessus, à répétition.  On y meurt sans le sou, en Haïti.  Et on y est enterré  comme des gueux; le corps abandonné en pleine rue faute d’argent pour l’enterrement.  Mais on a la 3G ou la 4 ?) !  A Haïti, on tombe aussi au coin d’un rue sur des petites boutiques qui s’occupent de recharger votre téléphone, à partir de batteries de voiture, vu que l’électricité manque encore partout, ou presque… qui a dit mettre la charrue avant les bœufs, ou les profits immédiats en premier, là-bas ?  Le pays demeure une terre d’exploitation infâme.  On y vend à tour de bras des téléphones portables alors que le réseau électrique est un véritable désastre.  Pas d’infrastructure de fond de faites, des branchements sauvages partout dans les rues (ici-dessus).  L’immédiat, des bénéfices au plus vite, et c’est tout…. le résultat des politiques désastreuses menées par les dirigeants choisis par les Etats-Unis….


Car en prime que trouve-t-on là bas comme installeurs de lignes électriques ?  Des sociétés US bien sûr, telle Poudre Valley REA,  du groupe Touchstone Energy Cooperative. Ce sont eux que l’on trouve comme envoyés volontaires pour tenter de rétablir l’électricité  là où elle fait toujours défaut, que ce soit après le tremblement de terre ou le passage de Matthew.  Entre-temps, fortune faite depuis longtemps, O’Brien pouvait bien recevoir son tout nouveau jet privé, délivré le 21 novembre 2015 à Dublin même.  Un Gulfstream G650ER dernier cri, coûtant 60 millions d’euros… et inscrit bien entendu sur l’île de Man, tant qu’à faire.  En juin, en businessman avisé, il avait mis en vente le précédent acheté en 2013 (le G650 S/N 6032, M-GSIX, ici à gauche (mis en vente chez ADN par Ogara Jets).  Le nouveau est immatriculé « MySix », autrement dit M-YSIX.  On le reconnait aisément à son petit drapeau irlandais peint sur la queue :


La surtaxe comme rente


Pendant qu’il sillonne le monde et toute la Caraïbe, O Bien ne pense pas trop, semble-t-il, à un problème particulier à Haiti :  celui de la surtaxe décidée en 2011 par un un arrêté présidentiel qui avait fixé le prix plancher des appels entrants internationaux à vingt-trois centimes de dollar américain (USD 0.23) à la minute.  Sur ces vingt-trois centimes de dollar, cinq centimes devaient être versés par les opérateurs à l’Etat haïtien.  Si l’initiative pouvait sembler profitable c’est surtout le flou sur sa légalité et surtout sur l’utilisation des fonds ainsi collectés qui posedepuis problème.


L’argent aurait du atterrir au PSUGO (Programme de Scolarisation Universelle Gratuite Obligatoire).  Là encore, il  y a eu œuvre de corruption ; le site Rezo Nodwes notant ici les erreurs commises avec, selon eux, « une hausse des prix entraînée par cette surtaxe,, une baisse des volumes, une augmentation de la fraude, et un arrêt de la croissance dans le secteur ».  « La dette du PSUGO envers les enseignants s’élève à plusieurs milliards de gourdes » (cf la monnaie du pays), toujours selon le même journal, ainsi que la découverte « des scandales à répétition étalés dans la presse relatifs à des gabegies, vols dans le programme PSUGO ». Le problème porte sur une somme colossale, puisque toujours selon le même journal « Cent Trente Huit Millions Huit Cent Neuf mille Cent Quatre Vingt Neuf dollars américains et Quatre Vingt Cinq Centimes (138.809.189, 85 USD) ont été collectés durant la période juin 2011 à décembre 2016… » Au final, un tel désastre que la Banque Mondiale s’est retrouvée obligée d’intervenir avec une somme conséquente pour résoudre le problème : « le 26 octobre 2017 – Le Conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé deux subventions totalisant 35 millions de dollars pour améliorer l’accès à l’électricité de plus de deux millions d’Haïtiens et accroître les investissements dans les énergies renouvelables dans les zones rurales et urbaines défavorisées «  avait-on appris.  Des téléphones portables à foison… sans toujours l’électricité !  La situation est surréaliste là-bas !

L’ami irlandais des Clinton et de Martelly


On arriverait presqu’à comprendre (je n’ai pas dit accepter) les propos de Trump car au final ce n’est pas Haïti qu’il déteste le plus, mais le fait que les Clinton y aient fait, comme j’ai pu vous l’expliquer le lit de leur fameuse et juteuse fondation.  L’équipe de Trump s’en prenant en priorité aux les liens des Clinton durant la campagne électorale avec notamment… Digiciel : « dans un passé récent Trump s’était attaqué à sa rivale à travers un bon ami des Clinton dans le secteur Telecom en Haïti.  En effet dans un long email adresse aux medias intitulé « Denis O’Brien, un autre ami corrompu de Clinton », l’équipe de campagne de Donald Trump avait fait plusieurs commentaires désobligeants au sujet de l’actionnaire majoritaire de Digicel (…).  Il s’en était pris également à la Fondation Clinton (aujourd’hui sous enquête du FBI) qui, dit-il, aurait reçu 20 à 25 millions USD de la Digicel, l’opérateur téléphonique justement qui collecte plus de 85% des de cette surtaxe sur les appels internationaux qui frappe le consommateur américain, les transporteurs américains et la diaspora haïtienne et qui avoisine mensuellement les 2,3 millions de dollars.  Les Clinton semblent avoir mesuré les risques.  Ils viennent de promettre de mettre un terme très bientôt aux activités de la Clinton Global Initiative (Atansyon pa kapon) ».  Trump est certes un idiot, mais autour de lui on sait que les Clinton ont toujours été des rapaces, question finances, depuis le temps de la Mena en Arkansas...



Des maisons de paille, comme dans la fable des trois petits cochons


Haïti, après avoir été dévasté par un tremblement de terre et des ouragans, a également été dévasté par la prédation des Clinton. Ces derniers ont par exemple fait parvenir des millions de dollars de prêts fédéraux à une entreprise appelée InnoVida, dirigée par Claudio Osorio, un gros donateur des Clinton.



Le conseil d’administration de la société d’Osorio avait par exemple à sa tête le général Wesley Clark, un vieil ami des Clinton; mais aussi  Jonathan Mantz, directeur financier d’Hillary en 2008; et Chris Korge, qui a aidé à amasser des millions pour la campagne d’Hillary. Un  beau panier de crabes (de cocotiers ?).



L’organisation sentait fort le copinage. Le but premier d’InnoVida, était de construire rapidement des maisons après le désastre du tremblement de terre.  Des maisons faites de plaques de résine, de fibre de verre et de polyuréthane.  Or la société n’a jamais construit là-bas une seule bâtisse sur place !!!  « Plusieurs copains de Clinton se sont présentés avec Bill à la 2011 Housing Expo qui a coûté plus de 2 millions de dollars à la scène.  Bill Clinton a déclaré que ce serait un modèle pour la construction de milliers… « Une enquête a révélé qu’Osorio avait reçu des fonds de l’entreprise pour payer son manoir de Miami Beach, sa Maserati et son chalet de ski du Colorado.  J’ai plaidé coupable de fraude électronique et de blanchiment d’argent en 2013 et purge actuellement une peine d’emprisonnement de douze ans pour des accusations de fraude liées au prêt de maisons en Haïti.


 En réalité, aucune maison n’a été construite.  Quelques douzaines d’unités modèles ont été construites mais elles n’ont même pas été vendues.  Au contraire, elles sont maintenant abandonnées et ont été prises en charge par des squatter » note le site « trumpien » Clifton News. Détail intéressant : Osorio est de nationalité vénézuélienne… il a été effectivement condamné en 2013 à douze ans et demi de prison pour fraude fiscale.  Il avait reçu exactement 3.5 millions de dollars de prêts de US Overseas Private Investment Corporation (OPIC) : les amis de Trump avaient évoqué 10 millions.  En oubliant au passage qu’Osorio n’avait pas arrosé que le camp d’Hillary.

Tous venus se servir à la soupe haïtienne


L’ancien gouverneur Jeb Bush, rival un court temps de Trump dans la course à la présidence, avait lui aussi reçu de l’argent, et pas qu’un peu: 469 000 dollars (près d’1/2 million !) mais il avait accepté d’en rendre une partie : 270 000 dollars avaient été retournés.  L’attitude depuis toujours des USA vis-à-vis d’Haïti est la même : venir s’y servir et se gaver, et laisser la population dans le plus complet dénuement.  L’échec de Martelly est patent et visible en effet.  Le journal Le Monde en a retrouvé un exemple significatif.  C’est une ville complète, appelée depuis « village Martelly ». Un projet immobilier construit à la Morne-à-Cabri (aujourd’hui Lumane Casimir).  3000 appartements devaient être construits et, en 2016, la moitié à peine étaient sortis de terre.


Le projet avait reçu un financement… vénézuélien. « Financé par le fonds vénézuélien Petrocaribe, exécuté par un affairiste dominicain, ce projet a été implanté dans une zone aride, sans eau ni électricité, et sans emploi à proximité.  Les loyers s’avèrent trop élevés pour les classes populaires auxquelles les logements étaient au départ destinés.  Même si la vie y prend peu à peu forme, la nouvelle cité est le miroir de la politique haïtienne menée depuis des décennies : corruption, manque de planification et gaspillage de l’aide internationale » résumait le Monde en montrant les remarquables photos de Corentin Fohlen  qui est resté des mois sur place pour rapporter ce reportage saisissant d’une politique misérable, celle d’un président j’menfoutiste qui a méprisé son propre peuple. (la photo de droite est de lui c’est édité chez l’excellent  Light Motiv, installé au Nord de la France, une maison d’édition à recommander, créée en 2007 par Eric Le Brun).  A Haïti, quand on n’installe pas de téléphone dans des zones où il n’y pas d’électricité, on bâtit des maisons loin de tout lieu de travail, pour aider la population bien sûr.  C’est surréaliste !!!  Huit ans après le séisme, des gens vivent toujours dans des conditions effroyables de précarité, à Haïti (photo) !

Et tour cela n’est qu’un aspect du désastre haïtien.




(1) l’homme qui vend à la Norvège, qui n’est donc pas en Afrique selon lui, les avions de Call of Duty… Quant à l’une de ses conseillères, la secrétaire du Homeland Security, Kirstjen Nielsen, elle brille aussi par son intelligence en ayant déclaré qu’elle ne savait pas si les blancs étaient les plus représentés en Norvège… Trump est aussi entouré d’imbéciles.  A son image.

(2)  le 23 décembre 2017, deux journalistes du New York Times avaient expliqué, consternés, que Donald Trump avait dit devant eux que « les Haïtiens avaient tous le Sida ». »


(3) durant sa campagne on avait découvert qu’il était le propriétaire d’une aire d’atterrissage clandestine d’avions de la drogue.  Le directeur de l’UCREF (l’homme à la tête de l’Unité centrale de renseignements financiers) Jean-François Sonel,  avait émis un rapport catastrophique sur lui en août 2016.  En voici l’une des conclusions : « En outre, certains montants de dépôts retracés sur ses comptes paraissent évocateurs.  Par exemple, le 21 janvier 2013, est créditée sur le compte commercial # 560120339 de la Banque Populaire Haïtienne (BPH) une somme de un million cinq cent soixante-dix mille gourdes (1,570,000.00), et des dépôts journaliers s’élevant à cinq millions cinq cent cinquante-deux mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf dollars américains & 50/100 (USD 5, 552,999.50) sont effectués sur le compte conjoint # 0340000272 de la Banque Nationale de Crédit (BNC) du 16 janvier 2012 au 29 avril 2013.  Un nombre important de chèques est émis sur un compte ouvert au nom d’une entité commerciale à l’ordre notamment de deux bénéficiaires spécifiques : Isoncs Etienne et Winsky Knagg.  Ce sont des acquisitions et des chiffres non soutenus par des opérations salariales et/ou commerciales.  Au regard de ce qui précède, il est possible que Monsieur Jovenel Moïse manipule des fonds qui n’ont rien à voir avec ses entreprises.


En attendant la réception d’autres documents, ce rapport partiel est transmis aux autorités compétentes pour les suites utiles, et ce, conformément à l’article 35 de la loi du 11 novembre 2013 relative au blanchiment et au financement du terrorisme. » En juin dernier, Jovenel était toujours en train de s’en prendre à Sonel, l’accusant d’avoir usurpé sa place.  Le président actuel clamant à son encontre dans le Nouvelliste que « Vous avez monté un dossier de toutes pièces contre moi parce que j’ai réussi ma vie dans un pays où personne n’a le droit de réussir ou encore dans un pays où une classe de personnes n’a pas le droit de réussir ».  Et juste après la mise en garde, il proférait des menaces :  « selon lui, les allégations de l’Unité centrale de renseignements financiers l’ont beaucoup fait souffrir et qu’il a eu honte des questionnements de son fils. « Moi, comme chef de l’Etat, je prends la décision de redresser les institutions afin que l’UCREF et l’ULCC ne soient pas instrumentalisées, comme elles avaient l’habitude de raquetter les gens dans le temps.  J’ai les dossiers !  Ils étaient des maîtres chanteurs… », a fulminé Jovenel Moïse.  « La corruption gangrène le pays.  Je vais apporter des corrections… », a déclaré le chef de l’Etat. « Je ne suis pas là pour faire la chasse aux sorcières », a-t-il garanti ».  Quoique, tout son discours y ressemble fortement, à constamment pointer du doigt celui qui a monté un lourd dossier contre ses agissements et arrangements financiers passés.  Car Jovenel a bien tenté de remplacer l’homme qui avait enquêté sur lui, mais son successeur s’était désisté :  « nommé par arrêté présidentiel à la tête de l’Unité centrale de renseignements financiers, Fritz Jean n’a pas pris ses fonctions à cause de ses « réserves».  L’intéressé ne se sentirait pas confortable avec la procédure visant au remplacement de Sonel Jean-François »… le 7 juillet, Jovenel éjectait enfin Sonel en le faisant remplacer par Joseph Oldy Bellegarde. Une décision… en réalité illégale, Sonel ayant un mandat de trois ans.  Sonel est l’un de ceux qui connait le mieux le parcours sinueux du président en place.  Et son propos est fort.  Et le qu’il a réuni bien épais.

(4) ils ont tout de suite salué d’ailleurs leur proximité de pensée avec la saillie présidentielle …


(5) La photo qui est apparue pour la première fois en 2008 dans un article du Der Spiegel allemand, n’a eu de cesse d’être recopiée partout et d’être attribuée à d’autres pays parfois.  Ainsi ici, où elle est présentée comme étant…. béninoise.  A comparer à ce reportage saisissant sur comment les « super-riches » nigérians voyagent… en jets privés !  La liste des jets nigérians est là, j’y reviendrai sans doute un jour.  Sur le cas de gens tels que David Oyedepo, l’évêque de l’Eglise « Faith Tabernacle and Living Faith Church Worldwide », qui possède pas moins de 4 jets, et non des moindres – des Gulfstream G550 et VG450 ainsi que des Bombardiers 604, tel le N664D ici à droite.

(6) en fait il y a pas mal de similitudes : au Mali aussi… on prenait des otages comme en Haïti et le président – et son épouse– étaient mêlés au trafic :  « Un autre phénomène a pris de l’ampleur au Mali à côté de ce trafic de drogue : Ce sont les prises d’otage.  Le Mali est un véritable sanctuaire pour les preneurs d’otage.  Une industrie du rapt s’est développée.  Le régime d’Amadou Toumani Touré en a largement profité.  L’ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Mali, par ailleurs chargée des Affaires africaines au Département d’Etat, a levé un coin de voile sur cette industrie des enlèvements et les connections entre les preneurs d’otages et les dirigeants au sommet de l’Etat malien.  Mme Vicki Huddleston a révélé sur la télé (une chaîne de télévision française), que la France a payé 17 millions de dollars Us en 2010 pour libérer des français pris en otage dans une mine d’uranium au Niger et qu’entre 2004 et 2011, plusieurs pays européens auraient versé 89 millions de dollars Us pour obtenir des libérations d’otage.  Concernant les prises d’otage, la presse française a révélé que des liasses de billet qui ont servi à payer les rançons aux ravisseurs qui détenaient des ressortissants occidentaux dans le nord du Mali, avaient été retrouvées entre les mains de l’épouse de l’ancien Président du Mali venue faire du shoping à Paris !  Les services de renseignement français ont conclu à l’implication directe du régime d’Amadou Toumani Touré qui a largement bénéficié des dividendes de ces enlèvements.  Ils ont également indexé le leader d’Ansar-Eddine Iyad Ag Aly qui aurait constitué un tandem avec l’ancien Président dans les transactions avec les groupes terroristes notamment AQMI, à l’issue desquelles ils se seraient tapés de juteuses commissions ».  ATT, hélas vient de rentrer au pays… (oubliées les menaces pour « haute trahison ») on revient toujours au « Boeing du désert » !


(7) lui aussi a été embarqué fissa en avion : « Le 29 février 2004, le président Aristide quitta Haïti à bord d’un avion américain, accompagné par le personnel de sécurité de l’armée américaine.  La controverse demeure quant à l’étendue de l’implication des États-Unis dans le départ d’Aristide et si oui ou non le départ était volontaire.  Aristide compare son départ à un enlèvement. » relire ici l’article « L’art de chasser un dictateur »… depuis, Aristide a remis les pieds en Haïti.. en 2011 déjà, revenu bien entendu en luxueux Gulfstream (ici-dessus).

sur Latortue, relire ici :

https://www.canadahaitiaction.ca/content/wikileaks-révèle-youri-latortue«mafieux-vendeur-de-drogue-champion-de-la-corruption-politiqu




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