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vendredi 8 décembre 2017

L'ancien patron de Lafarge mis en examen pour «financement d'une entreprise terroriste»


L'ancien dirigeant du cimentier mis en cause pour avoir pour avoir acheté du pétrole au groupe terroriste Etat islamique, a été mis en examen pour «financement d'une entreprise terroriste» et «mise en danger de la vie d'autrui».

L'ancien patron du groupe LafargeHolcim, Eric Olsen, a été mis en examen le 7 décembre dans l'enquête sur le financement par le cimentier en 2013 et 2014 de plusieurs groupes djihadistes en Syrie, dont l'Etat islamique (EI), selon une  source judiciaire citée par l'AFP.

Eric Olsen, 53 ans, DRH puis directeur général adjoint du groupe français Lafarge à l'époque des faits, avant de devenir directeur général après la fusion avec le Suisse Holcim, a été mis en examen pour «financement d'une entreprise terroriste» et «mise en danger de la vie d'autrui» et placé sous contrôle judiciaire, a précisé cette source.

Il avait été placé en garde à vue le 6 décembre avec deux autres ex-responsables du groupe : Bruno Lafont, PDG de Lafarge de 2007 à 2015, et Christian Herrault, ancien directeur général adjoint chargé de plusieurs pays dont la Syrie.

5,6 millions de dollars versés à des factions armées

Le cimentier est mis en cause notamment pour avoir acheté du pétrole à l'Etat islamique, en violation de l'embargo décrété par l'Union européenne en 2011, et pour lui avoir remis de l'argent en passant par un intermédiaire afin de continuer à faire tourner son usine de Jalabiya (dans le nord du pays). De juillet 2012 à septembre 2014, la filiale syrienne (Lafarge Cement Syria, LCS) a versé environ 5,6 millions de dollars à diverses factions armées dont plus de 500 000 dollars à l'organisation d'Abou Bakr al-Baghdadi, d'après un rapport du cabinet américain Baker McKenzie.

Il est aussi reproché à LCS de ne pas avoir assuré la sécurité de ses employés syriens, restés seuls sur place alors que la direction de l'usine avait quitté la Syrie à l'été 2012.

Le 1er décembre, trois anciens cadres, dont deux ex-directeurs de l'usine de Jalabiya, ont été mis en examen. Les enquêteurs cherchent à savoir si la direction en France était au courant de la situation. Selon le cabinet Baker McKenzie, Eric Olsen assistait aux réunions du comité de sûreté et a «participé pleinement aux discussions concernant la sécurité de l'usine LCS».

Christian Herrault a pour sa part reconnu début 2017 que le groupe avait été victime d'une «économie de racket», a assuré en «avoir régulièrement informé Bruno Lafont» et que ce dernier «n'avait émis aucune objection à l'époque», d'après ce document.

Eric Olsen, nommé directeur général de LafargeHolcim en avril 2015, a démissionné deux ans plus tard, tandis que Bruno Lafont n'a pas demandé le renouvellement de son mandat d'administrateur et a aussi quitté la société.

Sollicité, LafargeHolcim a indiqué qu'elle «ne souhaitait pas commenter l'enquête en cours».