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lundi 6 novembre 2017

La démission du Premier ministre libanais imposée par l'Arabie Saoudite


Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a accusé l'Arabie saoudite d'avoir contraint le Premier ministre Saad Hariri à la démission. Le Liban, pays aux équilibres fragiles, pourrait replonger dans de nouvelles violences.

«Il est clair que la démission était une décision saoudienne qui a été imposée au Premier ministre Hariri. Ce n'était ni son intention, ni sa volonté, ni sa décision», a déclaré Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, lors d'un discours retransmis à la télévision.

Le 4 novembre, depuis Ryad, la capitale saoudienne, Saad Hariri a annoncé de manière inattendue sa démission, accusant le mouvement armé Hezbollah et son allié iranien de «mainmise» sur le Liban, une accusation formellement rejetée par Téhéran.

«Nous n'avons pas souhaité cette démission», a réagi le chef du Hezbollah, dont le mouvement participe au gouvernement de Saad Hariri depuis près d'un an.

Hassan Nasrallah a en outre refusé de répondre directement aux accusations du Premier ministre démissionnaire. Selon lui, «il s'agit d'un texte saoudien». Il a toutefois qualifié son contenu de «très dur».

En annonçant sa démission, Saad Hariri a affirmé que le Hezbollah avait imposé une situation de «fait accompli par la force de ses armes» et prévenu que la main de l'Iran serait coupée si elle s'ingérait davantage dans les affaires des pays arabes.

Le chef du Hezbollah s'est notamment interrogé sur le timing de cette démission. Pour lui «les choses se déroulaient normalement [...] au sein du gouvernement» libanais et rien ne laissait présager une telle issue.

Cette démission surprise a immédiatement fait craindre que le Liban, pays profondément divisé entre un camp emmené par Saad Hariri et un autre dirigé par le Hezbollah, ne plonge dans de nouvelles violences.

Mais le chef du parti chiite a appelé au «calme, à la patience et à attendre que les raisons [de la démission] se clarifient».

Il s'est également posé la question sur la situation même de l'ex-Premier ministre libanais, qui avait annoncé sa démission depuis l'Arabie saoudite.

«Est-il assigné à résidence ? Va-t-on le laisser rentrer ? Ce sont des inquiétudes légitimes», a précisé Hassan Nasrallah, alors que l'annonce de cette démission a coïncidé avec le jour d'une purge sans précédent parmi des princes, des ministres et des hommes d'affaires en Arabie saoudite que les autorités assimilent à une opération anticorruption.

D'après lui, Saad Hariri serait attendu au Liban le 9 novembre. Il a toutefois précisé que ce retour ne serait possible que «si on lui permet de revenir».

Une source au sein de la présidence de la République a fait savoir à l'AFP que le président Michel Aoun attendrait le retour de Saad Hariri pour se prononcer sur cette démission. 

Hassan Nasrallah a tenu à minimiser les risques de violences entre camps libanais rivaux et même d'une nouvelle guerre entre son parti et son ennemi juré, Israël.

«Nous appelons [...] à ne pas prêter l'oreille aux discours alarmistes [...] à ne pas s'inquiéter. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter», a-t-il précisé avant d'ajouter : «Nous réagirons avec responsabilité et calme [...] nous sommes soucieux de la sécurité.»

D'après lui, «Israël ne s'embarquera pas dans une guerre contre le Liban à moins de garantir une guerre rapide, décisive et pas coûteuse».

Lire aussi : Pour son plus vaste exercice militaire en 20 ans, Israël simulera une intervention au Liban

En 2006, Israël et le parti chiite s'étaient livrés à une guerre destructrice au Liban. Depuis des mois, des dirigeants israéliens menacent de s'en prendre au Hezbollah et aux infrastructures civiles libanaises dans le cas d'un nouveau conflit.