Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

jeudi 25 septembre 2014

Comment Daech empoche 3 millions de dollars par jour


Selon les estimations des services de renseignement américains, rendues publiques la semaine dernière, l’Etat islamique (ou Daech) engrangerait jusqu’à trois millions de dollars quotidiennement, ce qui en fait l’une des organisations terroristes les plus riches de l’Histoire.

Le groupe a désespérément besoin de cet argent, étant donné que "la gestion d’un califat n’est pas donnée", selon les termes d’un fonctionnaire américain à la chaîne NBC. L’EI doit armer et nourrir ses brigades, et leur verser une solde. Il verse également une pension aux familles des militants tués, et doit trouver les moyens d’administrer le territoire qu’il a capturé.

C'est d'ailleurs dans le but de les pénaliser financièrement que les Etats-Unis ont intensifié leurs frappes mercredi 24 septembre en Syrie, visant notamment des raffineries contrôlées par Daesh.

Voici d’où le groupe jihadiste tire ses ressources :

1. LES RICHES DONATEURS

Comme tous les autres groupes militants qui combattent en Syrie, l’Etat islamique a d’abord pu compter sur l’argent de riches sympathisants déterminés à soutenir les Sunnites dans leur guerre contre Bachar el-Assad.

La plupart de ces fonds proviennent des pays du Golfe, où des donateurs acheminent des millions vers la frontière turco-syrienne, à destination des combattants islamistes. Les gouvernements de l’Arabie saoudite, du Qatar et du Koweït ont également financé en secret les groupes radicaux sunnites qui combattent el-Assad.

Michael Stephens, directeur du Royal United Services Institute, au Qatar, a récemment déclaré à la BBC qu’à la différence des donateurs qui financent directement l’Etat islamique, les Etats du Golfe soutiennent d’autres groupes, comme le front al-Nosra, Liwa al-Tawhid, Ahrar al-Sham et Jaish al-Isla. Cependant, des militants de ces groupes armés se sont alliés à l’Etat islamique ces derniers mois, et certains ont même rejoint l’organisation — ce qui signifie que l’argent des pays du Golfe parvient indirectement à l’Etat islamique. Pourtant, Stephens a ajouté que ces donations ne représentaient plus qu’un pourcentage infime du financement de l’organisation terroriste. Les fonds proviennent en priorité des impôts auxquels sont soumises les populations des territoires sous contrôle de l’Etat islamique.

2. LES PILLAGES

Depuis le début de son offensive massive en Irak, au mois de juin, l’Etat islamique a réussi à s’emparer d’un territoire à peu près aussi vaste que le Royaume-Uni, à cheval sur l’Irak et la Syrie. Les militants ont pu voler des millions de dollars en liquide et des équipements dans les banques et les installations militaires désertées pendant la campagne, selon l’Associated Press.

"Le travail de collecte de fonds s’apparente à celui des organisations mafieuses », expliquait un officier des renseignements américains à l’AP la semaine dernière. « Il est bien organisé, méthodique et repose sur l’intimidation et la violence."

3. LA CONTREBANDE ET LES IMPOTS

L’Etat islamique a aussi mis en place un système de taxes dans les territoires qu’il occupe. Le Council on Foreign Relations estime que les entreprises, petites et grandes, y contribuaient déjà à hauteur de plus de huit millions de dollars par mois, avant même que la deuxième plus grande ville du pays, Mossoul, ne tombe dans les mains de l’EI en juin.

On pense par ailleurs que le groupe a récolté des millions of dollars grâce au commerce illégal d’antiquités. Le Guardian a écrit en juin que l’Etat islamique avait empoché au moins trente-six millions de dollars dans une seule province syrienne en vendant des objets vieux de parfois huit mille ans. Dans un édito pour le New York Times, Amr al-Azm, Salam al-Kuntar et Brian Daniels ont écrit que les militants profitaient principalement de cette manne en autorisant les habitants du coin à creuser sur les sites archéologiques avant de prélever une taxe sur les sommes récoltées.

4. LE PETROLE

Le pétrole semble être la principale source de revenus de l’Etat islamique à l’heure actuelle. Les militants extraient du brut dans une douzaine de champs de pétrole dont ils se sont emparés en Syrie et en Irak. Ils l’exportent directement ou l’envoient dans de petites raffineries, avant de l’acheminer par d’anciens chemins de contrebande dans les pays voisins, où il est vendu à bas prix au marché noir en Turquie et, en plus petites quantités, au régime syrien.

Luay al-Khatteeb, professeur adjoint au Doha Center du Brookings Institution, au Qatar, a indiqué au New York Times que les territoires sous le contrôle de l’Etat islamique produisaient actuellement entre 25 000 et 40 000 barils par jour, ce qui pouvait lui rapporter environ 1,2 million de dollars au marché noir.
syria oil fields

De la fumée s’élève des ruines fumantes d’une raffinerie au-dessus des champs pétroliers de la ville de Ramlan, le 20 octobre 2013, près de la ville kurde de Derik. (FABIO BUCCIARELLI/AFP)

5. LES KIDNAPPINGS ET LE TRAFIC D’ÊTRES HUMAINS

On estime enfin que l’Etat islamique a récolté des millions grâce au trafic d’être humains et aux rançons. Al-Khatteeb a expliqué à l’Associated Press que l’organisation revendait des femmes et des enfants kidnappés à des marchands d’esclaves.

Les militants ont également obtenu des millions grâce aux rançons payées par les familles et les gouvernements de certains otages. Si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont annoncé publiquement qu’ils ne paieraient pas les rançons exigées pour libérer leurs ressortissants, plusieurs pays européens ont versé des millions aux ravisseurs. Selon les déclarations récentes de fonctionnaires américains sur NBC, certains gouvernements ont versé des rançons à sept chiffres.


 Eline Gordts

"La Suisse sous-évalue le risque terroriste sur son territoire"


A la différence de ses voisins, Berne préfère ne pas communiquer sur le risque réel ou supposé d'attentat.
 [Keystone]



Interrogé par RTSinfo, le politologue Frédéric Esposito estime que la Suisse "pourrait être une cible potentielle" des djihadistes au vu de la portée symbolique de villes comme Genève.


Frédéric Esposito, spécialiste des nouveaux enjeux de sécurité.
[Capture d'écran - RTS]



RTSinfo: La Suisse est-elle en alerte face à une éventuelle menace?

Frédéric Esposito: "La Suisse devrait être en alerte comme tous les pays européens depuis qu'on a identifié, il y a environ deux ans, que des jeunes partaient faire le djihad en Syrie et risquaient de revenir avec des intentions plus ou moins pacifiques.

Au-delà de cela, la Suisse reste un pays occidental à majorité chrétienne aux yeux des djihadistes. S'il est vrai que le terrorisme moderne privilégie les villes où les concentrations de population sont élevées pour faire le plus de victimes possibles, il ne faut pas négliger la dimension symbolique. Genève, par exemple, se définit comme ville de paix, elle abrite beaucoup d'organisations internationales et d'ONG associées aux pays occidentaux et pourrait être une cible potentielle."

Sommes-nous prêts à réagir en cas d'attaque sur le sol suisse?

"A mon avis, la Suisse sous-évalue le risque terroriste sur son territoire. Elle est prisonnière d'une approche sécuritaire qui accorde une grande place aux cantons. Si ces derniers sont compétents, ils dépendent de l'autorité fédérale pour prendre des décisions importantes. Cela peut limiter notre capacité à agir rapidement.

En cas d'attaque de grande ampleur, la police et l'armée seraient bien sûr mobilisées, mais il pourrait y avoir des problèmes de coordination. Nous n'avons pas en Suisse de force comparable au GIGN français extrêmement rapide et spécialisée dans les opérations de contre-terrorisme."

La Suisse devrait-elle mettre en place de nouvelles mesures de sécurité dans les gares ou devant les écoles, comme c'est le cas en France?

"La France a été victime dans les années 1990 d'attentats violents sur son réseau ferré, comme au métro Saint-Michel à Paris, et a donc réagi en supprimant les casiers et les poubelles dans les gares. Ces mesures sont désormais bien acceptées par les voyageurs, comme nous acceptons en Suisse les contrôles dans les aéroports ou la nécessité de ne pas laisser un bagage sans surveillance.

La Confédération n’a pas connu de vagues d’attentats et cela permet aussi d’expliquer pourquoi notre politique antiterroriste diffère du cas français. De même, les autorités helvétiques ne communiquent pas sur le risque réel ou supposé d’attentat comme certains de nos voisins européens, permettant aussi de ne pas affoler la population. Pour autant la participation de citoyens suisses au djihad global, comme en Syrie par exemple, modifie la perception de la menace qui peut paraître plus concrète."

Comment le risque terroriste a-t-il évolué depuis le 11 septembre 2001?

"Le terrorisme a évolué ces treize dernières années. On est passé d'un terrorisme globalisé, qui pouvait frapper partout, à un terrorisme régionalisé. Des groupes djihadistes contrôlent certains territoires et des Occidentaux quittent leur pays pour aller combattre sur place. La menace s'est individualisée.

Des cas récents comme le tueur du Musée juif de Bruxelles ou l'affaire Merah à Toulouse sont emblématiques de ce phénomène. Or ces cas bouleversent les schémas d'approche du terrorisme. Une telle évolution du profil des terroristes n'avait pas été anticipée. Des moyens militaires et des renseignements ultra-performants ne suffisent pas.

Il faut réfléchir à de nouveaux outils et traiter de questions politiquement sensibles, comme celle de l’intégration afin de comprendre pourquoi des thèses aussi radicales que celles défendues par l’EI peuvent séduire des concitoyens."

Juliette Galeazzi

Un nouveau chef pour les services de renseignement pakistanais




Chaque changement à la tête des services de renseignement pakistanais est à suivre de près, quand on connaît les liens de ces derniers avec le mouvement taleb afghan et les doutes dont ils ont fait l’objet depuis le raid des forces spéciales américaines contre Oussama Ben Laden, le chef d’al-Qaïda, en mai 2011, à Abbottabad.

Et cela d’autant plus que le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, va prendre se terminer à la fin de cette année. Certes, le déblocage de la situation politique afghane, avec l’élection d’Ashraf Ghani à la présidence – reconnue par l’autre candidat, Abdullah Abdullah, qui l’avait contestée – permettra de lancer une nouvelle mission de l’Otan afin de soutenir les forces de sécurité. Mais sera-ce suffisant?

Or, la politique d’Islamabad – ou de ses services secrets – est de soutenir les groupes insurgés afghans avec l’idée de briser les liens entre Kaboul et New Delhi et se ménager une profondeur stratégique dans le cas d’une nouvelle guerre avec l’Inde. En 2011, l’amiral Mullen, alors chef d’état-major interarmées américain, avait accusé l’ISI de mener une « guerre par procuration » en Afghanistan en soutenant des groupes insurgés afghans, dont le réseau Haqqani et les taliban.

Seulement, le Pakistan doit aussi faire face aux attaques terroristes menées par ses propres taliban, c’est dire ceux du TTP (Tehrik-e-Taliban). Mais pour l’ISI, il y a les bons et les mauvais jihadistes. Les premiers sont ceux qui peuvent servir leurs desseins. Les seconds sont ceux qui s’attaquent aux autorités pakistanaises.

Depuis 2012, le général Zaheer ul-Islam avait été nommé à la tête de l’ISI, qui étaient alors au centre de plusieurs polémiques. Mais ce dernier sera remplacé, en novembre prochain, par le lieutenant général Rizwan Akhtar, le commandant des Rangers, un corps de paramilitaires, jusqu’alors affecté dans la province de Sind, dans la capitale est Karachi, régulièrement visée par des attentats (dont un récemment revendiqué par al-Qaïda pour le sous-continent indien, dont la création a récemment été annoncée).

Auparavant, lieutenant général Rizwan Akhtar avait été en poste, de 2007 à 2010, dans la zone tribale du Sud-Waziristan, où l’armée pakistanaise mena une opération contre des éléments jihadistes. Le prochain chef de l’ISI est diplômé du Collège militaire de Quetta et de l’Université de la Défense nationale d’Islamabad. Il a également reçu une formation aux États-Unis.

Le choix de Rizwan Akhtar a été proposé (imposé?) par le général Raheel Sharif, le chef de l’armée pakistanaise depuis 2013. Ce dernier a d’ailleurs profité d’une vague de nominations pour placer des hommes de confiance aux postes clés. Les militaires ont toujours un rôle important au Pakistan (ils l’ont gouverné pendant 30 ans depuis l’indépendance de 1947).

En outre, le pouvoir civil est fragilisé par des mouvements de contestation. Il a été dit que des généraux avaient eu l’intention, pendant un temps, de renverser l’actuel Premier ministre, Nawaz Sharif, lequel avait déjà connu pareille mésaventure en 1999 lors du coup d’État fomenté par le général Musharraf.

Le leader des F-16 émiratis engagés dans les premiers raids aériens en Syrie était une femme


Le commandant Mariam al-Mansouri, 35 ans, a été la première femme émiratie à piloter un avion de combat, selon des médias locaux. Elle a participé aux premières frappes aériennes menées par Washington et ses alliés contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie


Si les autorités saoudiennes ont diffusé les photographies des équipages de la Royal Saudi Air Force qui ont pris part aux frappes aériennes contre les positions de l’ »État islamique » (EI, Daesh) en Syrie, dans la nuit du 22 au 23 septembre, leurs homologues émiraties ont, semble-t-il, été plus discrètes. Enfin presque.

En effet, la photographie du commandant Mariam al-Mansour a rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Et pour cause : cette femme de 35 ans a commandé la formation d’avions F-16 au cours de cette première opération en Syrie. Cette information a été confirmée ce 25 septembre par Yousef Al Otaiba, l’ambassadeur des Émirats aux États-Unis.

Issue d’une famille de 8 enfants, Mariam al-Mansour rêvait de devenir pilote de chasse quand elle était adolescente. Chose qui était impensable il y a encore peu. Finalement, les autorités militaires des Émirats décidèrent – en 2007 – d’ouvrir les portes du Khalifa bin Zayed Air College aux personnels féminins. Une chance que la jeune femme, diplôme de littérature en poche, ne manqua pas.

« Au lieu de rivaliser avec ses homologues masculins, Al-Mansouri a déclaré au magazine Al Watan Deraa qu’elle s’était concentrée sur la compétition avec elle-même pour améliorer ses compétences » rapporte le quotidien The National. Et d’ajouter qu’elle « n’a reçu aucun traitement de faveur lors de sa formation en raison de son sexe. » « Tout le monde doit avoir le même niveau de compétence au combat », a-t-elle aussi estimé.

Abou Youssef al-Turki (meilleur THP d’al-Qaïda en Syrie) a été neutralisé


Abou Youssef al-Turki (gauche), le talentueux franc-tireur d'el-Qaëda en Syrie, tué le 23 septembre suite aux frappes de la coalition internationale en Syrie. Photo Facebook


Après les frappes effectuées la veille contre l’État islamique (EI, ou Daesh) et le groupe terroriste Khorasan, lié au Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, l’aviation américaine a mené 5 nouveaux raids aériens dans l’ouest de Bagdad, au sud-est d’Erbil et dans le nord-ouest de la Syrie. Il est probable que l’un d’entre eux ait eu lieu dans les environs de la ville kurde d’Aïn al-Arab, laquelle est encerclée par les jihadistes.

Ces nouvelles frappes ont permis de détruire des « plusieurs véhicules de l’EI, des positions de combat et une cache d’armes », a précisé l’US Centcom, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient.

Quant aux premiers raids menés en Syrie par les forces américaines, appuyées par la Jordanie, Bahreïn, le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis (tous ont désormais confirmé leur participation), la conseillère à la sécurité nationale du président Obama, Susan Rice, a estimé qu’elles ont eu un « impact important ».

« Clairement, ce n’était que le début, une première vague et nous sommes très satisfaits de notre succès », a-t-elle affirmé lors d’un entretien accordé à la chaîne NBC. Cependant, elle n’a pas pu confirmer la mort de Muhsin al-Fadhli, le chef de Khorasan, qui, selon les autorités américaines, s’apprêtait à commettre un attentat d’envergure aux États-Unis et en Europe.

« Nous ne pouvons pas le confirmer pour le moment. Nous avons vu des témoignages sur les réseaux sociaux à ce propos mais nous allons continuer à surveiller pour voir si c’est effectivement le cas », a affirmé Mme Rice.

A priori, les frappes de la coalition ont sérieusement secoué le Front al-Nosra, lesquels auraient perdu une cinquantaine d’hommes. La branche syrienne d’al-Qaïda aurait ainsi évacué ses bases situées dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Ce repli a été confirmé par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui a également indiqué que le groupe salafiste Ahrar al Cham, la principale composante du Front islamique qui semblait être traversée par des dissensions entre modérés et extrémistes, est sur le point d’en faire de même.

Au total, le Front al-Nosra aurait perdu une cinquantaine d’hommes. Si le sort de Muhsin al-Fadhli est encore inconnu, celui d’Abou Youssef al-Turki ne fait guère de doute : il a été tué dans la province d’Idlib.

Âgé de 47 ans, ce jihadiste turc était considéré comme le meilleur tireur d’élite du Front al-Nosra. « Il était le sixième meilleur ‘sniper’ au monde et il a formé 400 autres tireurs. Que Dieu accueille ton âme, tireur de notre Front », a réagi, sur Twitter, un certain Moussab al Assir, un militant d’al-Nosra.

Les Émirats arabes unis ont frappé mercredi soir 12 raffineries contrôlées par l'EI dans l'Est syrien


En prenant le contrôle de plusieurs régions en Syrie et en Irak, l’ »État islamique » (EI ou Daesh) a mis la main sur des installations pétrolières, ce qui lui permet d’assurer une partie de son financement en produisant jusqu’à 100.000 barils de brut par jour, selon une estimation de l’Agence d’information sur l’énergie (AIE).

« L’EI dispose également de ressources financières. En stock, on estime qu’il pourrait puiser dans une réserve de un à deux milliards de dollars. En flux, il organise un système économique pour se financer en visant prioritairement les ressources que constituent les puits de pétrole – il commercialise du pétrole, via des détaillants locaux au prix compétitif de 20 dollars le baril –, les postes frontaliers, les barrages, et une forme d’activité économique dans les villes qu’il gère », a récemment expliqué Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une audition devant les députés et les sénateurs des commissions concernées par les affaires militaires.

Par conséquent, empêcher l’EI de se financer grâce au trafic de produits pétroliers est l’un des objectifs de la coalition emmenée par les États-Unis. D’où de nouvelles frappes aériennes effectuées dans la nuit du 24 au 24 septembre en Syrie avec le concours de l’Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis, qui y ont engagé une nouvelle fois leurs forces aériennes.

Selon l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen Orient et l’Asie centrale, 13 frappes aériennes ont visé des raffineries pétrolières modulaires dans les secteurs de Mayadine, de Hassaké et d’Abou Kamal, situés dans l’est de la Syrie.

« Nous évaluons encore le résultat des attaques menées contre les raffineries, mais les premiers retours montrent que ces frappes sont une réussite », a indiqué l’US Centcom, qui précise par ailleurs que les raffineries modulaires visées « fournissent du carburant pour les opérations de l’EI, des fonds pour financer la poursuite de leurs attaques en Irak et en Syrie et un actif économique susceptible d’appuyer leurs opérations futures ».

Ces installations permettaient de produire entre 300 et 500 barils de pétrole raffiné par jour, ce qui, toujours d’après l’US Centcom, représente 2 millions de dollars de recettes par jour pour l’EI.

Les pilotes saoudiens ayant participé aux frappes contre l’EI menacés de mort sur les réseaux sociaux

Au cours de la nuit du 23 au 24 septembre, des avions de combat saoudiens ont été une nouvelle fois impliqués dans les raids aériens ayant visé les installations pétrolières contrôlées par les jihadistes de l’ »État islamique » (EI ou Daesh) en Syrie. En effet, et comme d’autres pays arabes (Jordanie, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn), l’Arabie Saoudite fait partie de la coalition emmenée par les États-Unis.

Et visiblement, Riyad entend que cela se sache, après avoir été mis à l’index pour son rôle supposé dans le financement de groupes jihadistes hostiles au régime de Bachar el-Assad.

« L’État saoudien ainsi que l’establishment religieux n’ont jamais ouvertement financé l’État islamique qui représente pour eux une menace directe et indirecte à plus d’un titre », a toutefois relativisé, dans les colonnes du Point.fr, Nabil Mouline, spécialiste de l’Arabie saoudite au CNRS et à Stanford. « En revanche, a-t-il ajouté, il a pu exister un certain laisser-aller au sommet de l’État, dont ont profité tout à la fois des acteurs privés, des réseaux souterrains informels et des personnalités politiques pour financer les jjihadistes. »

Aussi, après les premières frappes effectuées en Syrie au début de cette semaine, les autorités saoudiennes n’ont pas manquer de louer les qualités de leurs aviateurs en donnant leurs noms ainsi que leurs photographies à la presse, notamment via l’agence officielle SPA. « Mes fils, les pilotes, se sont acquittés de leur obligation envers leur religion, leur patrie et leur roi », a même commenté le prince Salmane

C’est ainsi que l’on a appris que deux membres de la famille royale saoudienne ont pris part à ces opérations en Syrie, à savoir les fils des princes Salmane ben Abdelaziz Al Saoud (ministre de la Défense) et Bandar ben Sultan ben Abdelaziz Al Saoud, l’ancien chef des renseignements saoudiens.

Seulement, publier les photographies de ces pilotes n’était sans doute pas la meilleure chose à faire en terme de sécurité car elles circulent désormais sur les réseaux sociaux… Et les aviateurs saoudiens sont maintenant menacés de mort par les jihadistes de l’EI et leurs soutiens.

Or, parmi les combattants étrangers de Daesh, les jihadistes saoudiens sont les plus nombreux (on parle de plusieurs milliers…). Et cela, malgré la menace de peines de prison (allant de 5 à 30 ans) pour ceux qui seraient tentés de rejoindre la Syrie et l’Irak et les déclarations du grand mufti d’Arabie Saoudite, Abdel Aziz Al-Cheikh, pour qui les jihadistes sont l’ »ennemi numéro un de l’islam ».

Dans les années 2000, la même chose s’était produite avec al-Qaïda. De nombreux Saoudiens étaient partis combattre en Afghanistan et en Irak. Ce qui donna lieu, entre 2003 et 2006, à des attentats commis dans le royaume…

Comment les vidéos des djihadistes sont-elles authentifiées?


Sur quels éléments les experts se fondent-ils pour affirmer avec certitude qu'un document est authentique? Et jusqu'à quel niveau de détail vont les renseignements qu'ils peuvent glaner pendant leur analyse?

Quel est le vecteur de diffusion?

"Le canal de diffusion d'un enregistrement est important", explique Jean-Charles Brisard, spécialiste du terrorisme. "Est-ce un canal particulier ou classique? Quel est l'intermédiaire? Est-ce un forum connu utilisé de manière régulière par cette organisation? S'agit-il d'un compte Facebook ou Twitter connu?", telles sont les premières questions que les experts vont se poser.

Ensuite, explique Jean-Charles Brisard, le support lui-même, bien entendu, est analysé très finement. Des logiciels sont utilisés pour "voir si l'enregistrement a été altéré, s'il y a des coupes, s'il s'agit d'un montage, s'il y a des superpositions d'images", explique-t-il.

Que vaut la cohérence du contenu?

Puis intervient l'expertise du contenu, de sa cohérence. Les enquêteurs vont chercher à reconnaître un leader terroriste. S'il s'agit d'un dirigeant et qu'il est visible, ils vont "utiliser la reconnaissance vocale, et "s'attacher aux aspects physiques, au besoin à l'aide d'une reconnaissance faciale". Dans le cas de ces vidéos de décapitation, Alain Rodier, du Centre de recherche sur le renseignement (CF2R), explique avoir été marqué par la présence d'une "arme portée sous l'aisselle par le tueur" qui semble bien être la même.

Si Jean-Paul Rouiller, du Centre genevois d'analyse du terrorisme (GCTAT), s'accorde sur la présence d'une même arme, la gestuelle et la voix des deux "exécuteurs" lui paraissent totalement différentes. Il s'agirait donc selon lui de deux individus distincts. En revanche, l'expert explique que les deux vidéos sont construites de la même façon en "triptyque". Trois séquences déroulent une espèce de parodie de procès qui se détaille ainsi: "On dit tout d'abord, à qui la faute revient avec la séquence sur Obama, ensuite, avec le corps du message, la victime explique pourquoi elle est condamnée, puis vient la sentence, 'Nous l'EI condamnons cette personne à mort'".

Jean-Paul Rouiller remarque que la séquence même de l'exécution est différente selon les personnes visées. Ainsi, l'EI procède à l'exécution de traites à sa cause "par une balle dans la tête" ou "expose ces personnes dans un lieu public pour montrer l'ignominie de leur action", mais "la mise en scène, la manière de filmer" étaient très différentes pour le cas des deux journalistes américains. Selon l'expert, la volonté de l'EI serait de marquer "une communication d'Etat à Etat, voire à une coalition d'Etats".

Quels renseignements peut-on tirer de ces vidéos?

Jean-Charles Brisard explique que l'œil inexpérimenté a tendance "à se focaliser sur le premier plan". Mais le spécialiste explique "avoir vu des agrandissements de l'arrière-plan de la première vidéo (NDLR: celle qui montre James Foley) où l'on voit énormément de choses, de la végétation, des habitations. On peut constater que la scène est filmée vraisemblablement sur une colline, en surplomb d'une vallée, toutes choses qu'on ne voit pas forcément au premier visionnage".

En fonction du positionnement de la végétation, de l'escarpement, les enquêteurs ont pu en l'occurrence déterminer de manière très précise où a été tournée cette vidéo.

Quand vient enfin le moment de déterminer les dates, la position du soleil, l'intensité de la lumière, la position des caméras vont jouer un rôle important. Si l'on a une signature identique de la lumière, de la végétation, cela permet de déterminer au moins si les décapitations ont été effectuées à une date rapprochée

David NAMIAS 

mercredi 24 septembre 2014

La Turquie a négocié avec Daech pour faire libérer ses otages


Opération de sauvetage ou échange?

Interrogé par les journalistes sur la possibilité qu'il y ait eu un échange des otages contre des combattants de l'EI prisonniers, Recep Tayyip Erdogan a répondu: "Peu importe qu'il y ait eu un échange ou pas. Le plus important, c'est que (les otages) sont de retour et réunis à leurs familles". Samedi, à l'annonce de la libération de ces 46 otages enlevés en juin à Mossoul, dans le nord de l'Irak, Recep Tayyip Erdogan avait parlé d'une "opération de sauvetage secrète" des services turcs de renseignement. Les otages, des diplomates et leurs familles, ainsi que des membres des services secrets turcs, avaient été enlevés lorsque les combattants de l'EI s'étaient emparés de la ville en juin.

La Turquie, membre de l'Otan et l'un des principaux alliés de Washington dans la région, a refusé jusqu'à présent de participer aux combats contre les jihadistes de l'EI, ou même d'autoriser l'usage de ses bases aériennes pour des frappes contre le groupe jihadiste, donnant notamment pour raison de ce refus l'inquiétude quant au sort de ses ressortissants retenus en otages.

La Turquie a les mains libres contre Daech

Recep Tayyip Erdogan a indiqué dimanche que la Turquie pourrait changer d'avis au moins partiellement maintenant qu'ils ont été libérés. "Nous aurions pu dire oui lorsqu'on nous a demandé d'entrer dans la coalition (internationale contre l'EI), mais nous ne pouvions pas le faire à l'époque. Nous leur avons dit que nous ne pouvions rien faire tant que le sort des otages n'était pas réglé", a-t-il déclaré. "Nous avons dit que nous ne pouvons pas jouer de rôle dans la coalition, mais nous pouvons arriver à une feuille de route après des négociations intensives avec les membres de la coalition", a-t-il ajouté.

Recep Tayyip Erdogan a également indiqué qu'il avait discuté avec le président américain Barack Obama, lors du sommet de l'OTAN début septembre, de la possibilité de créer une "zone tampon" le long des frontières de la Turquie avec l'Irak et la Syrie. Il a ajouté qu'il aurait peut-être l'occasion de s'entretenir de ce sujet avec le vice-président américain Joe Biden à l'ONU.

L’affaire des otages 

Selon le quotidien turc Hürriyet, les 49 otages turcs de l’Émirat islamique (dont le consul général de Mossoul et des soldats des Forces spéciales), qui viennent d’être libérés après 101 jours de détention, auraient été échangés contre des membres de l’Émirat islamique détenus par un autre groupe jihadistes en Syrie.

Cette version contredit celle du Parti communiste turc pour qui il n’y avait plus d’otages turcs depuis longtemps et cette affaire était une mise en scène de l’administration Erdoğan pour justifier sa position politique.

Elle ne correspond pas au fait que, par ailleurs, la Turquie et le Qatar ont proposé leur médiation entre le gouvernement libanais et l’Émirat islamique à propos des soldats et policiers libanais otages à Ersal. Lors d’une conférence de presse, le Premier ministre libanais Tammam Salam a publiquement remercié les deux pays qu’il considère comme « proches » (sic) de l’Émirat islamique.

Lors de la prise de Mossoul (Irak), l’Émirat islamique avait fait prisonniers le personnel du consulat turc et leurs familles, ainsi que les soldats chargés de leur protection. Par la suite, le gouvernement turc avait évoqué le sort de ses otages pour justifier sa non-intervention dans le conflit. Cette affaire n’est pas sans rappeler l’arrestation, le 4 juillet 2003, de 11 membres des forces spéciales turques par l’armée états-unienne à Souleimanieh (Irak). Il s’en était suivi un attentisme turc en Irak.

De tous ces éléments, on peut logiquement émettre l’hypothèse que l’Émirat islamique avait pris ces otages pour permettre à la Turquie de justifier sa non-intervention. Puis que les otages ont été restitués rapidement à la Turquie qui ne l’a pas annoncé. Enfin que la Turquie conserve les excellentes relations qu’elle avait avec l’Émirat islamique avant son invasion de l’Irak.

Plus de moyens pour l'armée Suisse


L’armée pourra faire des achats à raison de 771 millions de francs cette année. Après le Conseil des Etats, le National a accepté hier le programme d’armement 2014. Dans la foulée, il a exigé une augmentation des moyens pour la défense, malgré le refus du Gripen par le peuple. Le gouvernement a beau s’opposer à une augmentation du budget militaire, la Chambre du peuple n’en démord pas. Pour elle, l’armée doit disposer de moyens atteignant 5 milliards de francs par année.

Par 107 voix contre 73, la majorité de droite a adopté une motion de sa commission réclamant un programme d’armement «plus» d’ici fin février. Le but de ce texte, qui doit encore obtenir l’aval du Conseil des Etats, est de combler les «lacunes criantes» en matière d’équipement.

Pendant des années, l’armée s’est serré la ceinture en prévision de l’achat des avions Gripen, a lancé Jakob Büchler (pdc/SG). Il est désormais temps de combler les lacunes résultant de cette période de vaches maigres. Sinon, «nous pourrons bientôt déclarer notre armée sinistrée», a renchéri Roger Golay (mcg/GE).

Pour financer le surplus en faveur des militaires, la Chambre du peuple veut puiser dans le fonds constitué en prévision de l’achat avorté de 22 avions de combat. Quelque 300 millions de francs par an étaient réservés dans le budget de 2014 à 2016.


«Le salut à des hommes en uniforme le plus dégradant de tous»


En descendant de son hélicoptère qui l'emmène mardi après-midi aux Nations Unies, à New York, Obama tenait dans sa main un gobelet de café qui l'a empêché de saluer correctement deux soldats. 


Sarah Palin a sauté sur l'occasion pour tacler le président: «Forces armées américaines, nos excuses», a posté la gouverneure de l'Alaska sur Facebook.

Des experts ont calmé le jeu en expliquant que le protocole n'exige pas qu'un président salue les militaires en retour. ABC explique que c'est Ronald Reagan, en 1986, qui a pris cette habitude.

Ce même protocole dicterait cependant qu'un individu ne doit pas faire de salut militaire si ses deux mains ne sont pas libres.

«Un salut militaire correct n'est pas banal. Ce n'est pas non plus un scandale. Mais le président doit faire les choses de manière respectueuse»

TF121

Le SRC déjoue un attentat en Suisse grâce à un service "ami"


Trois Irakiens auraient prévu de mener un attentat en Suisse, avec des explosifs et des gaz mortels. Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) l’aurait appris d’un service secret «ami».



Le service secret d’un pays «ami» a prévenu le Service de renseignement de la Confédération (SRC) que trois Irakiens avaient l’intention de commettre un attentat en Suisse, rapporte le Tages-Anzeiger dans son édition de ce mercredi 24 septembre.

Les terroristes présumés, qui étaient en train de monter une cellule de l’État islamique, se trouvent depuis le printemps en détention préventive dans plusieurs prisons bernoises.

Le service secret partenaire, qui surveillait les communications des trois hommes, a fait savoir à ses confrères helvètes qu’il y avait des indices sérieux selon lesquels ils allaient lancer une attaque contre la Suisse.

La police judiciaire s’est alors mise à son tour à écouter le trio et s’est décidée à intervenir lorsqu’il s’est avéré qu’il essayait de se procurer du matériel pour des actes terroristes. Fin mars 2014, les Irakiens ont été arrêtés.

Soupçons de pornographie avec des mineurs

Les trois terroristes présumés ont entre 28 et 33 ans. Un vit en Argovie, un à Schaffhouse et le troisième a donné comme dernier domicile fixe la capitale syrienne, Damas. Au moins un d’entre eux est un requérant d’asile.

Le Ministère public de la Confédération (MPC) a ouvert une enquête pour mise en danger d’autrui par des explosifs et des gaz létaux, participation ou soutien à une organisation terroriste et propagande terroriste.

Les Irakiens sont également soupçonnés de pornographie illégale avec des mineurs.

Des avocats bernois défendent les trois hommes contre ces lourdes accusations et contre leur incarcération. Pour l’heure sans succès. Le Tribunal cantonal bernois des mesures de contrainte et le Tribunal pénal fédéral ont rejeté plusieurs demandes de libération.

Selon Rolf Tophoven, expert allemand en terrorisme, la menace d'attentats perpétrés en Europe par des membres de l'EI est plus élevée qu'avant. Le développement de l'EI en Irak et en Syrie ainsi que les récents efforts réalisés pour combattre ce groupe terroriste sont deux raisons pour lesquelles il ne faudrait pas prendre la situation à la légère. Contrairement aux autorités allemandes et helvétiques, Rolf Tophoven affirme que la menace est bien plus concrète que l'on pense. Selon lui, la coopération des différents services secrets est essentielle pour lutter contre ces groupes de terroristes. Il est aussi important de surveiller les personnes revenant dans leur pays après avoir combattu au service de l'EI, note l'expert. Néanmoins, rappelle-t-il, les citoyens devraient éviter de paniquer. Ne plus prendre l'avion ou ne plus voyager en transports publics sont, selon lui, des mesures de précaution un peu exagérées.

Syrie: 2ème jour de frappes


Un avion de l'armée américaine venant de conduire des missions contre des positions de l'Etat islamique, 
le 23 septembre 2014. - © Brian Stephens - US Navy - AFP 


Ces frappes interviennent près de 24 heures après les premières frappes menées par Washington et ses alliés arabes.

La coalition dirigée par les Etats-Unis a frappé dans la nuit des positions de l'organisation Daesh (l'acronyme arabe de l'Etat islamique) dans les environs de la ville d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), encerclée par le groupe extrémiste, selon une ONG.

"Avant et après minuit, des avions venus de Turquie ont lancé plusieurs frappes sur des positions et des routes d'approvisionnement de l'EI à près de 35 km à l'ouest et au sud de Kobané", située à la frontière avec la Turquie, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Ces raids interviennent près de 24 heures après les premières frappes menées par Washington et ses alliés arabes contre l'organisation jihadiste sur le sol syrien depuis le début de la lutte contre l'EI.

Il semble que le véritable objectif soit une autre entité nommée par le Renseignement US le « Groupe Khorasan ». Khorasan est le nom médiéval de l’Afghanistan et d’une partie de l’Iran. Il y a cinq jours, le directeur national du Renseignement US, James Clapper, avait pour la première fois cité ce groupe, assurant qu’il était composé d’anciens d’Afghanistan et qu’il recrutait des jihadistes en Syrie pour combattre sur le sol occidental.

WANTED
Muhsin al-Fadhli et Adel Radi Saqr al-Wahabi al-Harbi

Selon le New York Times, citant le département d’État, son leader Muhsin Al-Fadli (photo) aurait été un intime d’Oussama Ben Laden et aurait été impliqué dans les attentats du 11-Septembre. Le nom de Muhsin Al-Fadli avait été cité en 2005 par le président George W. Bush qui l’avait désigné comme responsable de l’attentat contre le pétrolier français Limburg au Yémen.

Selon Washington, il aurait aidé Abou Moussab al-Zarkaoui (le fondateur de ce qui allait devenir plus tard l’EI) contre les troupes américaines en Irak.

On trouve ensuite sa trace en Iran, où il a été dit qu’il avait remplacé Abdel Aziz Khalil Ezedin (alias Yasin al-Suri) en tant que chef d’Al-Qaïda dans ce pays. Et, en 2012, sa tête avait été mise à prix par Washington à 7 millions de dollars.

Les relations entre les autorités iraniennes et l’organisation fondée par Ben Laden ont toujours été complexes et ambigues.

« Les deux sont historiquement alliés dans leur lutte contre l’Occident depuis 2001. L’Iran est devenu un territoire de transit pour nombre de combattants jihadistes en route ou de retour d’Afghanistan. (…) Les autorités iraniennes ont toujours soufflé le chaud et le froid, jouant des laisser-passer et des expulsions de combattants liés à Al-Qaida selon ses intérêts. Leur objectif était de montrer qu’elles étaient capables d’arrêter ces transits de jihadistes, mais qu’elle pouvait aussi, quand elle le désirait, fermer les yeux. (…) Lorsque des divergences d’intérêts apparaissaient entre l’Iran et Al-Qaida, les combattants de la nébuleuse jihadiste se trouvaient inquiétés, voire expulsés », expliquait, dans les colonnes du Monde, Dominique Thomas, un spécialiste des réseaux terroristes.

À la mi-2013, al-Fadhli s’est installé en Syrie. On l’a su grâce à une enquête de l’Arab Times, publiée en mars dernier, et selon laquelle il aurait agi sur ordre d’Ayman al-Zawahiri, le successeur de Ben Laden à la tête d’al-Qaïda, pour trancher le différent entre le Front al-Nosra et l’EI (qui s’appelait encore à l’époque « État islamique en Irak et au Levant, EIIL).

Tout cela était resté relativement confidentiel jusqu’à ce une récente intervention de James Clapper, le directeur du renseignement américain (DNI). Ainsi, selon ce dernier, « en termes de menace pour la patrie, Khorasan pose une menace au moins aussi grande menace que celle de l’État islamique », a-t-il affirmé. Et pour les responsables de services d’outre-Atlantique, le fait de se focaliser sur l’EI a permis à Muhsin al-Fadhli de se faire très discret.

Or, le plus grand danger immédiat, selon eux, ne vient pas forcément de l’EI, qui est, pour le moment, dans une logique de conquête territoriale, mais plutôt de Khorasan. Pourquoi? Parce que ce groupe, composés de vétérans du jihad, s’attacherait à recruter en priorité des jihadistes occidentaux et qu’il s’est spécialisé dans les attaques commises avec des explosifs dissimulés, à l’instar d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), avec qui il aurait des liens.

La décision prise en juillet dernier par les autorités américaines d’interdire à bord des avions les téléphones et les ordinateurs portables aux batteries déchargées aurait un lien avec les activités de Khorasan.

« Les efforts répétés du groupe pour dissimuler des explosifs dans les avions montrent à quel point ils persévèrent à réaliser des attaques de grande envergure contre l’Occident, mais aussi leurs connaissances des systèmes de sécurité occidentaux et leurs efforts pour s’y adapter », a expliqué Nicolas Rasmussen, le directeur adjoint du Centre national de lutte contre le terrorisme, lors d’une audition récente devant une commission du Sénat américain.

Visiblement, le danger était important de voir le groupe Khorasan de passer à l’action dans un avenir proche. D’où le bombardement de ses installations par les forces américaines. Au total, les 8 frappes effectuées ont visé des camps d’entraînement, une installation de production d’explosifs et de munitions, un bâtiment de communication et des installations de commandement

« Les Etats-Unis espèrent ainsi avoir empêché la préparation d’attaques imminentes contre les intérêts américains et occidentaux, menée par un réseau composé de vétérans aguerris d’Al-Qaïda – un réseau parfois appelé groupe Khorassan – qui a trouvé refuge en Syrie où il peut tranquillement préparer des attaques ou attentats, construire et tester des engins explosifs, et recruter des Occidentaux pour mener ces attaques », a expliqué l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, dans un communiqué.

TF121

Jordanie: le prédicateur islamiste Abou Qatada acquitté et relâché



Le prédicateur islamiste Abou Qatada a été acquitté et relâché en Jordanie, où il était détenu et jugé pour terrorisme depuis son extradition en juillet 2013 du Royaume-Uni.
   
Le Jordanien Abou Qatada, de son vrai nom Omar Mahmoud Othmane, a quitté en début d'après-midi la prison d'al-Mouaqqar (45 km au sud-est d'Amman), où de nombreux proches l'attendaient à la sortie, selon un photographe de l'AFP. Il s'est rendu ensuite dans sa résidence familiale à Amman.
   
L'islamiste était jugé en Jordanie devant la Cour de sûreté de l'Etat depuis son extradition de Grande-Bretagne en juillet 2013 à l'issue d'une saga judiciaire et diplomatique de près de 10 ans.
   
Cette cour l'a acquitté mercredi de l'accusation de planification d'attentats terroristes contre des touristes en 2000 et décidé "sa libération immédiate", a indiqué une source judiciaire à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.
   
Le tribunal n'a pas trouvé de preuves pour soutenir l'accusation contre Abou Qatada, il l'a donc acquitté et il sera libéré, a-t-on ajouté de même source.
   
A l'annonce du jugement, le prédicateur a fondu en larmes et plusieurs membres de sa famille présents au tribunal ont crié "Dieu est le plus grand" et applaudi la décision.

Hervé Gourdel a été exécuté


Guide de haute montagne depuis 1987, 
Hervé Gourdel organisait des stages dans l'Atlas marocain depuis vingt ans.
 © NO CREDIT / SIPA 


Les djihadistes de l'État islamique (EI) ont fait leur première victime française. Hervé Pierre Gourdel, un Niçois de 55 ans, a été sauvagement exécuté, d'après une vidéo qui n'a pas encore été identifiée. Il a été décapité par les "soldats du califat", un groupe islamiste algérien ayant fait allégeance à l'EI il y a à peine une semaine. Guide de haute montagne d'expérience, Hervé Gourdel était arrivé en Algérie samedi dernier.

Dans une interview à L'Express, sa mère a affirmé qu'il devait effectuer un trekking d'une dizaine de jours dans le massif montagneux du Djurdjura. "Nous avons pu le joindre au téléphone hier (dimanche) après-midi, a expliqué sa mère au site de l'hebdomadaire. "Tout allait bien. Il nous a dit qu'il entamait une randonnée de deux jours et qu'il serait peut-être difficilement joignable. Ensuite, il comptait ouvrir une nouvelle voie dans le massif."

"Un homme unanimement apprécié" (Éric Ciotti, député)

Sur son site internet professionnel, Hervé Gourdel déclarait avoir découvert la montagne dans le Mercantour. "Dès lors, je n'ai eu qu'une envie, y revenir le plus souvent possible !" écrivait-il. Guide de haute montagne depuis 1987, il est décrit par Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, comme un "homme unanimement apprécié tant pour ses compétences que pour ses qualités humaines", rapporte l'Agence France-Presse. À l'origine d'un bureau de guides de montagne d'été créé aux portes du parc national, Hervé Gourdel assumait pleinement son choix de carrière.

"Le diplôme de guide m'a permis de gagner ma vie loin des bureaux en grimpant, en skiant, en parcourant des cours d'eau, en parlant de la montagne..., en transmettant un enthousiasme et des connaissances !" écrivait-il sur son site internet. Outre les voyages, Hervé Gourdel cultivait également une passion pour la photographie. "C'est dans l'Atlas marocain que j'ai commencé à évoluer, explique-t-il. J'ai eu envie de ramener des images des gens qui y vivent." Pendant vingt ans, le guide niçois a organisé des stages pour former des accompagnateurs en montagne et ainsi transmettre sa passion.

Hervé Gourdel implore François Hollande

Ironie du sort, c'est dans la même chaîne de montagnes de l'Atlas, du côté algérien cette fois, que le guide de haute montagne a été enlevé dimanche en compagnie de ses accompagnateurs algériens. En Algérie, cette splendide région montagneuse est devenue depuis 1992 le sanctuaire des groupes islamistes engagés dans la lutte contre le gouvernement algérien. Cachés dans les montagnes de l'Atlas algérien, où ils ont creusé de nombreuses grottes et de multiples tunnels pendant la décennie noire du terrorisme (1992-2002), les djihadistes continuent à infliger de sévères pertes à l'armée algérienne, qui éprouve les plus grandes peines à les en déloger.

Dans la vidéo diffusée lundi soir, Hervé Gourdel était entouré de deux hommes armés encagoulés. L'otage affirmait être retenu par le groupe armé Jund-Al-Khilafah (les soldats du califat). Née pendant la guerre civile algérienne, cette faction d'une centaine d'hommes, née sous l'appellation "brigades de Thénia", a tout d'abord servi sous les ordres du Groupe islamique armé (GIA), connu en France pour son implication dans la vague d'attentats de 1995 dans le RER parisien. À sa tête, Abdelmalek Gouri, un vétéran du djihad en Afghanistan, surnommé Khaled Abou Slimane. Ce djihadiste algérien a participé en 2006 à la création d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), dont il est devenu l'un des 12 "émirs" locaux.

Mais, en juillet 2014, il sent le vent djihadiste tourner en faveur de l'organisation État islamique, qui vient de proclamer un "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak. Il prend alors ses distances avec Aqmi et prête allégeance, le 16 septembre dernier, au chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, devenu calife autoproclamé. "Si tu disposes de plusieurs armées en Irak et d'une armée en Syrie, considère que tu disposes en Algérie de lances que tu peux tirer dans n'importe quelle direction", lui écrit Khaled Abou Slimane.

"Après le 1er octobre, si je rentre !"

L'appel de l'EI à la vengeance contre "les méchants et sales Français", en réponse aux bombardements de leurs positions en Irak, arrive à point nommé pour les "soldats du califat". Ceux-ci ne tardent pas à appliquer les ordres de la maison mère et reproduire ses méthodes radicales. Illustration macabre de cette motivation, les ravisseurs ont relâché la totalité des randonneurs algériens qu'ils avaient kidnappés. Pas le Français. Après les deux journalistes américains James Foley et Steven Sotloff, décapités en août, puis le travailleur humanitaire David Haines, exécuté le 13 septembre, Hervé Gourdel est le quatrième otage occidental abattu par l'organisation État islamique.

Mais à la différence des trois ressortissants anglo-saxons, Hervé Gourdel a été tué à des milliers de kilomètres du territoire contrôlé par l'EI en Syrie et en Irak. Preuve qu'il ne se doutait nullement du danger qui le guettait, le guide français ironisait sur Facebook, peu avant son départ, à un ami qui lui demandait s'ils pouvaient bientôt déjeuner ensemble : "Quand je rentre d'Algérie, après le premier octobre, si je rentre !"

Armin Arefi 

L'intrus de la Maison Blanche détenait 800 cartouches dans sa voiture


L'homme qui s'est introduit dans la Maison Blanche vendredi, après avoir sauté par-dessus une barrière de sécurité et couru jusqu'à l'édifice, détenait 800 cartouches dans sa voiture, a déclaré lundi 22 septembre David Mudd, un procureur fédéral.

Vêtu d'une combinaison orange, Omar Gonzalez, 42 ans, un ancien combattant d'Irak, arrêté à l'intérieur de l'édifice en possession d'un canif avec une lame de 9 centimètres, a été présenté lundi devant un tribunal fédéral de Washington.

« L'intérêt porté par M. Gonzales à la Maison Blanche et l'accumulation de munitions (…) en font un danger pour le président », a déclaré à l'audience M. Mudd. Il a ajouté que deux hachettes et une machette avaient également été retrouvées dans la voiture de ce « SDF, sans revenu », garée près de la Maison Blanche.

M. Gonzalez a été inculpé samedi par le tribunal fédéral d'entrée illégale avec possession d'arme dangereuse et encourt une peine de dix ans de prison. Il a été maintenu en détention jusqu'à la prochaine audience, fixée au 1er octobre. Après cet incident, une enquête a été ouverte sur la sécurité de la Maison Blanche.

Dans un communiqué, le secrétaire à la sécurité intérieure, Jeh Johnson, a également pris la défense du Secret Service, qui fait partie de son département.

« Je vous encourage tous à ne pas tirer de conclusions trop hâtives et à ne pas préjuger de la qualité du personnel de sécurité, qui n'a que quelques secondes pour agir avant que tous les faits soient connus. Il est important de se rappeler que le service secret américain compte parmi les meilleurs, si ce n'est le meilleur service de protection du monde. »



Le beau-frère de Merah et 2 djihadistes interpellés à leur retour de Syrie


Selon leur version des faits, ces trois candidats au djihad, connus des services de renseignements, ont été emprisonnés par le groupe État islamique.

Ils étaient partis la fleur au fusil en début d'année. Trois djihadistes présumés, dont le mari de Souad Merah, ont été interpellés mardi à l'aéroport d'Orly, près de Paris. Très surveillés par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), les Toulousains avaient jusqu'ici pu déjouer les multiples filatures des services de renseignements. Imad D., 27 ans, Abdelwahed B., 29 ans, et Gael M., 24 ans, ont séjourné quelques mois en Syrie. Et, selon leurs déclarations, leur aventure ne se serait pas déroulée comme prévu.

Ils auraient été emprisonnés par l'organisation État islamique peu de temps après avoir posé le pied dans la région de Raqqa. C'est ce qu'ils ont déclaré aux policiers turcs qui les ont interpellés au mois d'août après avoir franchi la frontière sur le chemin du retour vers Paris. Réalité ou stratégie de défense pour éviter la détention préventive qu'ils risquent après les quatre-vingt-seize heures de garde à vue qu'ils effectueront au siège de la DGSI à Levallois-Perret ?

Imad D., un profil inquiétant

À 27 ans, Imad D. est un vieux routier du djihadisme. Ami d'adolescence de Mohamed Merah, qui était d'un an son cadet, et de Miloud Chachou, un jeune homme originaire du quartier des Izards, à Toulouse, mort en affrontant les forces américaines en Irak en 2007, Imad D. avait été condamné en 2009 à trois ans et demi de prison. Après plusieurs séjours en Syrie, il s'était fait pincer par la division nationale antiterroriste pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

En 2005, un réseau salafiste s'était constitué autour d'Olivier Corel, 68 ans, un gourou islamiste installé à Artigat (Ariège) qui envoyait des candidats au martyre en Irak. Après sa condamnation, Imad D. a poursuivi son activisme. Entre 2012 et 2014, il était surveillé par la DGSI. Les enquêteurs ont pu noter non seulement ses faits et gestes, mais également la réalité de ses accointances avec les militants radicaux de l'Hexagone et notamment de la région parisienne. Selon nos informations, il a mis hors d'état de nuire tout un système de surveillance vidéo et audio installé par les enquêteurs des services de renseignements. Il aurait également participé au passage à tabac d'un individu de sa mouvance, suspecté d'être un informateur de la DGSI. "Imad D. a le profil pour commettre un attentat en France. Il dispose des contacts pour l'organiser. Son retour est inquiétant", indique une source.

Un peu falot

Abdelwahed B., le "mari" de Souad Merah - ils sont mariés religieusement depuis 2010 et ont deux enfants, dont le dernier se prénomme Mohamed -, est lui aussi impliqué dans la nébuleuse salafiste. Surveillé par les services de renseignements, l'individu est considéré comme un peu falot. Il a effectué plusieurs séjours en Égypte avec Souad Merah, notamment pour suivre des cours de religion. La rumeur des cités toulousaines veut que Souad et lui soient aujourd'hui séparés.

Gael M. est un converti originaire d'Albi qui a fréquenté un temps la communauté islamiste d'Artigat.


Aziz Zemouri 

mardi 23 septembre 2014

Daesh-État islamique : la guerre des noms a commencé


Ou pourquoi la France veut effacer l'expression "État islamique", au profit de l'acronyme arabe "Daesh", pour qualifier les djihadistes en Syrie et en Irak.

Un employé gouvernemental indonésien efface le drapeau de l'organisation État islamique peint sur un mur de la ville de Surakarta City. © AGOES RUDIANTO / CITIZENSIDE 


La France est une pionnière. Elle est en effet le premier pays à avoir adopté officiellement l'appellation "Daesh" pour désigner l'État islamique, organisation djihadiste qui a proclamé en juillet un califat à cheval sur l'Irak et la Syrie. "Le groupe terroriste dont il s'agit n'est pas un État, il voudrait l'être, mais il ne l'est pas", a déclaré mercredi Laurent Fabius au perchoir de l'Assemblée nationale. "Je vous demande de ne plus utiliser le terme d'État islamique, car cela occasionne une confusion entre islam, islamistes et musulmans. Il s'agit de ce que les Arabes appellent Daesh et que j'appellerai pour ma part les égorgeurs de Daesh."

Depuis le 9 septembre, tous les communiqués du Quai d'Orsay et de l'Élysée portent cette mention. Que signifie-t-elle ? Daesh n'est autre que l'acronyme arabe de Dowlat al-Islamiyah f'al-Iraq wa Belaad al-sham, comprenez l'État islamique en Irak et au Levant (pays bordant la côte orientale de la mer Méditerranée). Créée en 2004, au lendemain de l'intervention américaine en Irak, l'organisation djihadiste est née sous les traits d'al-Qaida en Mésopotamie. En 2006, elle englobe plusieurs groupes d'insurgés et devient l'État islamique en Irak.

"Connotation péjorative"

En difficulté face aux forces américaines et aux milices sunnites, l'organisation, dirigée depuis 2010 par l'Irakien Abou Bakr al-Bagdadi, trouve un second souffle à la faveur du conflit syrien, qui lui permet d'étendre son influence dans la région. Elle devient en 2013 l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Contrairement aux autres groupes djihadistes, son but est de rétablir le califat islamique (tombé en 1924) d'Irak au Liban, en passant par la Jordanie et la Palestine. Commentant la spectaculaire percée de l'organisation djihadiste en Syrie, ce sont des opposants syriens qui évoquent pour la première fois le terme "Daesh" sur le plateau de la chaîne d'information saoudienne Al-Arabiya.


"Cette appellation a été ensuite institutionnalisée par les chaînes opposées à ce groupe, car elle ne contient pas les termes "État" ni "islamique", et possède une connotation péjorative", explique Wassim Nasr, journaliste spécialiste des questions djihadistes à France 24. "En effet, l'acronyme Daesh ressemble au mot arabe daes ("celui qui écrase du pied"), mais aussi au terme dahes ("celui qui sonne la discorde"), en référence aux batailles de Dahes wal Ghabra (entre 608 et 650 après J.-C.) au cours desquelles les tribus arabes se sont entretuées avant d'être unies par l'islam."

Couper la langue

Depuis son apparition en 2013, le nom Daesh fait enrager les djihadistes, d'autant que l'utilisation d'acronymes est extrêmement rare dans le monde arabe. À Mossul, plusieurs habitants ont d'ailleurs affirmé en juin à Associated Press avoir été menacés de se faire couper la langue s'ils prononçaient ce mot. À l'époque, le mot Daesh est encore relativement inconnu en France, les journalistes désignant le groupe sous l'acronyme EIIL (État islamique en Irak et au Levant). Même chose dans les pays anglo-saxons, où l'on parle d'ISIS (Islamic State in Iraq and in Syria) ou d'ISIL (Islamic State in Iraq and in Levant).

Mais la donne change dès juillet 2014. Après avoir mis en déroute l'armée irakienne, l'EIIL proclame un califat allant de la province d'Alep, au nord de la Syrie, à celle de Diyala, à l'est de l'Irak. Et devient l'État islamique (EI). À sa tête, le "calife Ibrahim", nouveau nom du chef djihadiste irakien Abou Bakr al-Baghdadi, appelle les musulmans du monde entier à rejoindre son État. "Dans chaque territoire conquis, l'organisation met en place une administration ainsi que des institutions embryonnaires, comme des tribunaux religieux, un Conseil de la vie, et des services sociaux", explique Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes au cabinet NGC Consulting. "Les djihadistes se greffent sur l'ancienne administration. Tous les fonctionnaires qui acceptent de leur prêter allégeance restent à leur poste." Et l'expert de conclure : "Si leur État n'est pas reconnu par l'ONU et ne bat pas sa propre monnaie, il ne possède pas moins d'institutions que l'Afghanistan à l'époque des Talibans."

"Ennemi de l'Islam" (John Kerry)

Comme jadis en Afghanistan, cet État islamique autoproclamé applique une version ultra-rigoriste de la charia. Ses combattants multiplient les exactions contre tous ceux qui refusent de s'y plier - notamment les minorités yézidis et chrétiennes d'Irak -, forçant des dizaines de milliers d'entre eux à la fuite. Un "nettoyage ethnique" condamné par l'ONU qui pousse les États-Unis à intervenir en bombardant les positions djihadistes dès le 9 août. En représailles, l'EI décapite deux journalistes américains et un humanitaire anglais, choquant le monde entier et renforçant la détermination de Barack Obama à en venir à bout.

"Ce groupe se fait appeler État islamique mais il faut que deux choses soient claires : ISIL n'est pas islamique", s'est insurgé le 10 septembre le président américain. "Aucune religion ne cautionne le meurtre d'innocents et la majorité des victimes de l'ISIL sont des musulmans. ISIL n'est certainement pas un État. Il était auparavant la branche d'al-Qaida en Irak." Son secrétaire d'État John Kerry propose donc un nouveau nom : "L'ennemi de l'Islam". Mais pas "Daesh", pourtant si cher à la France. "Le choix du gouvernement français est tout à fait logique", estime le spécialiste Romain Caillet. "En utilisant "Daesh", la France choisit un terme partial et frontal, car il est en guerre contre cette organisation."

Objectivité

Mais qu'en est-il des journalistes qui traitent des crises en Irak et en Syrie ? L'Agence France Presse (AFP) a tranché. Sur le blog Making of, la directrice de l'information de l'AFP, Michèle Léridon, explique pourquoi son agence de presse n'utilise plus "État islamique". Tout d'abord car "il ne s'agit pas d'un véritable État, avec des frontières et une reconnaissance internationale". Mais aussi parce que "les valeurs dont se réclame cette organisation ne sont en rien islamiques". Au Point, nous parlerons plus volontiers d'"organisation État islamique" mais pas de "Daesh". Pour ne pas servir la propagande des djihadistes tout en conservant notre objectivité de journaliste.

Armin Arefi 

Khorasan, un rival syrien de Daesh qui pourrait frapper l'Occident


Daesh ou l'Etat islamique, n'a pas le monopole de la terreur islamiste. D'autres groupes affiliés à al-Qaïda, semblent davantage axés sur les frappes à l'étranger. Parmi eux, Khorasan inquiète tout particulièrement les services de renseignement américains, alerte le New York Times.

Si Daesh est incontestablement la "valeur montante" du terrorisme islamiste au Moyen-Orient et maintenant jusqu'au Maghreb, les services américains alertent sur les velléités de groupes rivaux d'exporter la terreur jusqu'en Occident. Dans la nébuleuse que constitue la mouvance terroriste, Khorasan est, rapporte le New York Times, l'un des plus susceptibles de frapper à l'étranger et représente, plus que l'Etat islamique (EI), un danger immédiat. 

Ce groupuscule fondé par un ancien d'al-Qaïda retient donc toute l'attention des services américains. "En termes de menace directe, Khorasan pose un danger aussi grand que l'État islamique", a affirmé jeudi le directeur du renseignement national James Clapper.

Khorasan, fondé par un ancien proche de Ben Laden

Le New York Times explique que Khorasan est une émanation d'al-Nosra, filiale d'al-Qaïda en Syrie. Le groupe est dirigé par Muhsin al-Fadhli. Selon le département d'Etat, ce trentenaire pisté depuis une décennie par le renseignement américain a un lourd passé de terroriste. Ancien proche de Ben Laden, on rapporte qu'il avait été l'un des rares à être courant du projet des attentats du 11-Septembre, avant qu'ils n'aient lieu. Originaire du Koweït, Fadhli a ensuite servi d'intermédiaire pour le compte d'al-Qaïda auprès de riches financiers jihadistes et supervisé des transferts de fonds à travers la région. Parmi ses "faits d'armes", il aurait en 2002 participé à l'attaque d'un pétrolier français au large des côtes du Yémen. En 2012, une récompense de 7 millions de dollars est offerte par les Américains pour sa capture.

Aujourd'hui, la méthode de prédilection pour frapper à l'étranger serait le recours à des explosifs dissimulés, explique le journal.

L'EI plus occupé à renforcer son "califat" qu'à frapper à l'étranger

Ainsi, si une attaque coordonnée par Daesh n'est pas à écarter, cette organisation reste "davantage concentrée sur la consolidation de ses conquêtes en Syrie et en Irak que sur des attaques à l'Ouest". Le quotidien note que "la montée de l'État islamique a émoussé l'élan de ses groupes rivaux en Syrie, dont al-Nostra". Cette rivalité est encore renforcée par le fait que l'expansion de Daesh dans le nord de l'Irak, région riche en pétrole, a privé d'une partie de ses ressources certaines organisations et convaincu une partie de ses combattants de rejoindre les forces d'un "califat" autoproclamé. 

Mais les attaques menées par la coalition dirigée par les Américains en Irak, et maintenant en Syrie, pourraient changer la donne.

Marwan Qawasmeh et Amer Abou Eisheh ont été éliminés par le Shin Bet


Marwan Qawasmeh (à gauche) et Amer Abou Eisheh, soupçonnés d'être les auteurs du meurtre des trois adolescents israéliens, à l'origine de l'intervention de Tsahal dans la bande de Gaza au mois de juillet, ont été abattus à Hébron, lors d'une opération menée par l'armée et les services de renseignement intérieurs.


en hébreu, שב"כ "Shabak" est un acronyme de Shérūt ha-Bītāhōn ha-Klālī שירות ביטחון כללי)
 aussi connu sous le nom de Shin Bet 



«Durant la nuit, l'armée israélienne a mené une opération durant laquelle Marwan Qawasmeh et Amer Abou Eisheh, assassins de trois jeunes Israéliens, ont été tués lors d'un échange de tirs», a précisé le porte-parole Peter Lerner sur son compte Twitter.

La mort des trois jeunes Israéliens avait créé un climat d'extrême tension qui a précédé l'offensive lancée le 8 juillet par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza, qui a fait près de 2200 morts côté palestinien et 73 du côté israélien.

Marwan Qawasmeh et Amer Abou Eisheh ont été repérés dans une maison de Hébron, qui a été prise d'assaut par des soldats et des agents du Shin Beth, le service de sécurité intérieure. Ces Palestiniens étaient activement recherchés depuis l'enlèvement d'Eyal Yifrach, Naftali Frenkel et Gilad Shaer qui faisaient de l'auto-stop près d'un bloc de colonies en Cisjordanie le 12 juin et la découverte de leurs corps le 30 juin. Selon des habitants, des soldats ont encerclé la demeure avant l'aube et des tirs ont éclaté. Les deux Palestiniens ont été abattus durant cette fusillade, a expliqué M. Lerner.

Tous deux étaient affiliés au Hamas. Après avoir d'abord nié, l'organisation radicale qui contrôle la bande de Gaza avait admis que certains de ses militants étaient responsables de l'assassinat, mais assuré que la direction du mouvement ne savait pas qu'ils allaient passer à l'action.

TF121

Syrie : plus de 120 djihadistes de Daesh neutralisés




L'armée américaine et ses "partenaires" ont commencé à bombarder des positions de l'Etat islamique en Syrie, mardi matin. Au moins 120 jihadistes ont été tués.


Les images captées mardi du pont de l'USS Philippine Sea: 


Les frappes menées au moyen d'avions de chasse, de bombardiers ou de missiles Tomahawk tirés depuis des navires, ont visé des centres de l'EI dans le nord, le nord-est et l'est de la Syrie.

Dans la ville de Raqa, principal bastion de l'EI, "de nombreux civils vivant près des positions de l'EI se sont enfuis", a indiqué un militant sur place se faisant appeler Abou Youssef. "Ils se réfugient dans la province car la frontière avec la Turquie du côté de Raqa est fermée", a-t-il précisé. L'OSDH a fait état de près de 20 frappes sur Raqa et les localités proches de Tabqa, Aïn Issa et Tall Abyad. Plus de 20 djihadistes ont péri dans des raids sur deux positions de l'EI dans la province, qui ont "détruit complètement leurs véhicules". "Les habitants ont été pris par surprise. Ils n'étaient pas sûrs que ces frappes allaient se produire", témoigne le militant. "Les combattants de l'EI n'ont pas totalement abandonné leurs positions. Ils se redéploient afin de ne pas se trouver trop nombreux dans un lieu précis", selon lui.

Explosions "très puissantes" 

La coalition a également mené 22 frappes dans la région de Boukamal frontalière de l'Irak et située dans la province pétrolière de Deir Ezzor dans l'est de la Syrie, selon l'OSDH et des militants. Huit autres frappes ont visé d'autres positions dans la province de Deir Ezzor. "Les explosions étaient très puissantes", a relaté un militant présent à Boukamal, en témoignant également de la fuite des résidents vivant à proximité des positions de l'EI. "On peut voir les véhicules de l'EI circuler dans les rues" et certains d'entre eux transportent "des missiles antiaériens", a précisé ce militant qui se fait appeler Assi al-Hussein. "Les écoles ont fermé", a-t-il ajouté. En outre, trois frappes ont visé la ville de Chaddadé dans la province de Hassaka (Nord-Est), selon l'OSDH.

Les avions de la coalition ont également ciblé des positions de combattants d'al-Qaida, tuant 50 d'entre eux dans l'ouest de la province septentrionale d'Alep ainsi que huit civils, dont une femme et trois enfants, selon un bilan de l'OSDH. Ces positions appartiennent au Front Al-Nosra, branche syrienne d'al-Qaida, a précisé l'ONG. Le Pentagone a confirmé avoir mené, sans ses alliés, des frappes contre un groupe autre que l'EI, affirmant qu'il s'agissait du groupe Khorassan, composé de vétérans d'al-Qaida et qui coopère avec Al-Nosra en utilisant ses bases et ses ressources, selon des experts.


TF121

Golan: un avion militaire syrien abattu par l'armée israélienne


Un avion syrien en feu après avoir été touché par l'armée israélienne au dessus du Golan, le 23 septembre 2014. - © Jalaa Marey - AFP 


L'avion militaire syrien aurait "franchi la ligne frontière" du plateau du Golan et se serait infiltré dans la partie qu'Israël occupe depuis 1967. Les deux membres de l'équipage auraient réussi à abandonner l'appareil avant qu'il ne s'écrase.

Israël a abattu mardi un avion militaire syrien au-dessus du Golan, son ministre de la Défense prévenant qu'il riposterait "avec force" à toute intrusion dans la partie du plateau qu'il occupe. "Un avion syrien qui s'était infiltré dans l'espace aérien sur le plateau du Golan a été abattu par une batterie de (missiles) Patriot de défense aérienne", a annoncé le porte-parole de l'armée sur son compte Twitter.


Une source militaire syrienne, citée par la télévision d'Etat, a confirmé qu'un appareil militaire syrien avait été abattu, accusant l'Etat hébreu de soutenir les jihadistes qui multiplient les exactions en Syrie. "Dans le cadre de son soutien aux groupes terroristes Etat islamique (EI) et Front al-Nosra, et en violation flagrante de la résolution 2170 du conseil de sécurité de l'ONU, Israël a attaqué un avion militaire syrien et l'abattu", a dit cette source. 

Adoptée à la mi-août, la résolution 2170 vise à empêcher le recrutement et le financement des groupes jihadistes en Syrie et en Irak. 

"L'avion a franchi la ligne frontière"

Il s'agit de l'incident le plus grave sur le plateau du Golan depuis le début en 2011 de la guerre en Syrie. 

Le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a prévenu dans un communiqué qu'"Israël ne permettra à personne, qu'il s'agisse d'un Etat ou d'une organisation terroriste, de menacer notre sécurité et de violer notre souveraineté". "Nous réagirons avec force contre toute tentative de ce genre qu'elle soit le résultat d'une erreur ou d'une intention délibérée", a-t-il ajouté. 

Selon lui, "l'avion de combat syrien abattu s'est approché du territoire israélien sur le plateau du Golan de façon menaçante et il a même franchi la ligne frontière". 

Les deux pays toujours officiellement en guerre

Selon la radio publique, l'appareil syrien, un Soukhoï 24, a pénétré de 800 mètres dans l'espace aérien qu'Israël affirme contrôler au-dessus du Golan. Il volait à une altitude de 10.000 à 14.000 pieds. Les deux membres de l'équipage ont apparemment réussi à abandonner l'appareil avant qu'il ne s'écrase, a poursuivi la radio. Israël a pour politique de tirer contre tout avion de combat qui pénètre son espace aérien. 

Israël, officiellement toujours en état de guerre avec la Syrie, occupe depuis 1967 environ 1.200 kilomètres carrés du plateau du Golan qu'il a annexés, même si cette décision n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. Environ 510 km2 du plateau restent sous contrôle syrien.

Qui est le groupe terroriste qui a enlevé un guide de montagne français en Kabylie?




Quelques heures, à peine, après la diffusion d’un message du porte-parole de l’État islamique (EI, ou Daesh) appelant au meurtre de ressortissants français et américains, un groupe algérien, appelé Jund al-Khilafah en Algérie (les « soldats du califat »), a revendiqué l’enlèvement d’Hervé Gourdel, un guide de montage originaire de Nice, parti en Kabylie pour un trek d’une dizaine de jours.

Ce guide âgé de 55 ans avait loué un chalet Tikjda, entre Tizi Ouzou et Bouira (120 km à l’est d’Alger), en Kabylie, une région montagneuse et boisée, connue pour être infestée de brigands et de groupes islamistes extrémistes. Il a été kidnappé le 21 septembre au soir, soit avant la diffusion du communiqué de l’EI.

La revendication de cet enlèvement n’a pas tardé. Le 22 septembre, une vidéo montrant l’otage français, encadré par deux hommes masqués et armés, a été diffusée. « Je laisse à Hollande, le président de l’Etat français criminel, le soin d’arrêter les attaques contre l’Etat islamique dans les 24 heures qui suivent la publication de ce communiqué ou son ressortissant Hervé Gourdel sera égorgé », a affirmé l’un d’eux, en référence à l’opération Chammal, lancée par la France le 19 septembre.

« Nous essayons de faire le maximum pour libérer les otages », a répondu Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères. « Mais, a-t-il ajouté, un groupe terroriste ne peut pas infléchir la position de la France (…) Pas question de céder aussi peu que ce soit aux menaces d’un groupe terroriste ».

Le Jund al-Khilafah en Algérie est une entité créée il y a une dizaine de jours. Ce nom peut faire penser à celui de l’organisation qui, installée à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, avait revendiqué, en mars 2012, les meurtres commis par Mohamed Merah. Son chef, Moez Garsallaoui, a depuis été tué lors d’un raid aérien. Mais, a priori, il n’y a aucun lien entre les deux : l’on retrouve souvent les mêmes appellations au sein de la mouvance jihadiste (on ne compte plus les Ansar al-Sharia par exemple).

En fait, le Jund al-Khilafah en Algérie est un groupe dissident d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui a annoncé, le 13 septembre dernier, son allégeance à l’EI, auquel on prête l’intention de s’implanter en Algérie et en Libye.

L’instauration d’un califat à cheval entre la Syrie et l’Irak a fait bouger les lignes chez les jihadistes. Et, visiblement, al-Qaïda est en perte de vitesse. Quant à sa branche maghrébine, elle est traversée par les dissensions. En 2012, l’un de ses cadres, Mokhtar Belmokhtar, l’a quitté pour fonder les « Signataires par le sang » avant de se rapprocher du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) afin de former l’organisation al-Mourabitoune. Est apparu également, dans le même temps, le « Mouvement des fils du Sahara pour la justice », issu lui aussi d’une dissidence d’AQMI. Mais dans un cas comme dans l’autre, il n’était pas question d’une allégeance à l’EI.

Le Jund al-Khilafah en Algérie a donc franchi ce pas, tout comme l’avait fait avant lui Abou Abdallah Othmane El-Acimi, un ex-cadre d’AQMI. L’on ignore exactement quels sont ses moyens et ses effectifs, si ce n’est qu’il se compose, selon ses affirmations, de « cellules dormantes dans le centre de l’Algérie ». Ce groupe est commandé par un certain Abdelmalek el-Gouri, alias Khaled Abou Souleiman.

Cette tendance risque de s’accentuer dans les semaines qui viennent. « Nous savons que des figures influentes de l’organisation qui souhaitent suivre Abou Bakr Al-Baghdadi (ndlr, le chef de l’EI) préfèrent attendre avant de se prononcer, car ils savent que cela fragiliserait la structure », a confié un officier algérien sous couvert de l’anonymat, à Maghrebia.

Cela étant, il y a de quoi être particulièrement inquiet pour le sort d’Hervé Gourdel dans la mesure où le Jund al-Khilafah en Algérie voudra montrer sa détermination et ainsi, asseoir sa crédibilité aux yeux de ses nouveaux chefs.

lundi 22 septembre 2014

La montée au pouvoir de Nicolas Sarkozy ou la conquète


Nicolas Sarkozy doit être jugé à son action et non pas d’après sa personnalité. Mais lorsque son action surprend jusqu’à ses propres électeurs, il est légitime de se pencher en détail sur sa biographie et de s’interroger sur les alliances qui l’ont conduit au pouvoir...


Les Français, lassés des trop longues présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac, ont élu Nicolas Sarkozy en comptant sur son énergie pour revitaliser leur pays. Ils espéraient une rupture avec des années d’immobilisme et des idéologies surannées. Ils ont eu une rupture avec les principes qui fondent la nation française. Ils ont été stupéfaits par cet « hyper-président », se saisissant chaque jour d’un nouveau dossier, aspirant à lui la droite et la gauche, bousculant tous les repères jusqu’à créer une complète confusion.

Comme des enfants qui viennent de faire une grosse bêtise, les Français sont trop occupés à se trouver des excuses pour admettre l’ampleur des dégâts et leur naïveté. Ils refusent d’autant plus de voir qui est vraiment Nicolas Sarkozy, qu’ils auraient dû s’en rendre compte depuis longtemps.

C’est que l’homme est habile. Comme un illusionniste, il a détourné leur attention en offrant sa vie privée en spectacle et en posant dans les magazines people, jusqu’à leur faire oublier son parcours politique.

Que l’on comprenne bien le sens de cet article : il ne s’agit pas de reprocher à M. Sarkozy ses liens familiaux, amicaux et professionnels, mais de lui reprocher d’avoir caché ses attaches aux Français qui ont cru, à tort, élire un homme libre.

Pour comprendre comment un homme en qui tous s’accordent aujourd’hui à voir l’agent des États-Unis et d’Israël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la République française, il nous faut revenir en arrière. Très en arrière. Il nous faut emprunter une longue digression au cours de laquelle nous présenterons les protagonistes qui trouvent aujourd’hui leur revanche.

Généalogie familiale et historique

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les services secrets états-uniens s’appuient sur le parrain italo-US Lucky Luciano pour contrôler la sécurité des ports américains et pour préparer le débarquement allié en Sicile. Les contacts de Luciano avec les services US passent notamment par Frank Wisner Sr. puis, lorsque le « parrain » est libéré et s’exile en Italie, par son « ambassadeur » corse, Étienne Léandri.

  Lucky Luciano fut certainement le criminel dont l'influence historique fut la plus grande. Le magazine Times l'a classé parmi les principaux bâtisseurs d'empire du XXe siècle: un empire du crime. Deuxième « Capo di tutti Capi » (chef de tous les chefs) après l'assassinat de Salvatore Maranzano, Luciano a été le véritable créateur du trafic international d'héroïne. Il fut toute sa vie le grand ami et frère d’armes du célèbre Al Capone.

 En 1958, les États-Unis, inquiets d’une possible victoire du FLN en Algérie qui ouvrirait l’Afrique du Nord à l’influence soviétique, décident de susciter un coup d’État militaire en France. L’opération est organisée conjointement par la Direction de la planification de la CIA —théoriquement dirigée par Frank Wisner Sr.— et par l’OTAN. Mais c’est son successeur, Allan Dulles, qui supervise le coup. Depuis Alger, des généraux français créent un Comité de salut public qui exerce une pression sur le pouvoir civil parisien et le contraint à voter les pleins pouvoirs au général De Gaulle sans avoir besoin de recourir à la force.

Or, Charles De Gaulle n’est pas le pion que les Anglo-Saxons croient pouvoir manipuler. Dans un premier temps, il tente de sortir de la contradiction coloniale en accordant une large autonomie aux territoires d’outre-mer au sein d’une Union française. Mais il est déjà trop tard pour sauver l’Empire français car les peuples colonisés ne croient plus aux promesses de la métropole et exigent leur indépendance. Après avoir conduit victorieusement de féroces campagnes de répression contre les indépendantistes, De Gaulle se rend à l’évidence. Faisant preuve d’une rare sagesse politique, il décide d’accorder à chaque colonie son indépendance.

Cette volte-face est vécue comme une trahison par la plupart de ceux qui l’ont porté au pouvoir. La CIA et l’OTAN soutiennent alors toutes sortes de complots pour l’éliminer, dont un putsch manqué et une quarantaine de tentatives d’assassinat. Toutefois, certains de ses partisans approuvent son évolution politique. Autour de Charles Pasqua, ils créent le SAC, une milice pour le protéger.

Pasqua est à la fois un truand corse et un ancien résistant. Il a épousé la fille d’un bootlegger canadien qui fit fortune durant la prohibition. Il dirige la société Ricard qui, après avoir commercialisé de l’absinthe, un alcool prohibé, se respectabilise en vendant de l’anisette. Cependant, la société continue à servir de couverture pour toutes sortes de trafics en relation avec la famille italo-new-yorkaise des Genovese, celle de Lucky Luciano. Il n’est donc pas étonnant que Pasqua fasse appel à Étienne Léandri (« l’ambassadeur » de Luciano) pour recruter des gros bras et constituer la milice gaulliste. Un troisième homme joue un grand rôle dans la formation du SAC, l’ancien garde du corps de De Gaulle, Achille Peretti —un Corse lui aussi—.

Ainsi défendu, De Gaulle dessine avec panache une politique d’indépendance nationale. Tout en affirmant son appartenance au camp atlantique, il remet en cause le leadership anglo-saxon. Il s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun européen (1961 et 1967) ; Il refuse le déploiement des casques de l’ONU au Congo (1961) ; il encourage les États latino-américains à s’affranchir de l’impérialisme US (discours de Mexico, 1964) ; Il expulse l’OTAN de France et se retire du Commandement intégré de l’Alliance atlantique (1966) ; Il dénonce la Guerre du Viêt-nam (discours de Phnon Penh, 1966) ; Il condamne l’expansionnisme israélien lors de la Guerre des Six jours (1967) ; Il soutient l’indépendance du Québec (discours de Montréal 1967) ; etc.

Simultanément, De Gaulle consolide la puissance de la France en la dotant d’un complexe militaro-industriel incluant la force de dissuasion nucléaire, et en garantissant son approvisionnement énergétique. Il éloigne utilement les encombrants Corses de son entourage en leur confiant des missions à l’étranger. Ainsi Étienne Léandri devient-il le trader du groupe Elf (aujourd’hui Total), tandis que Charles Pasqua devient l’homme de confiance des chefs d’États d’Afrique francophone.

Conscient qu’il ne peut défier les Anglo-Saxons sur tous les terrains à la fois, De Gaulle s’allie à la famille Rothschild. Il choisit comme Premier ministre le fondé de pouvoir de la Banque, Georges Pompidou. Les deux hommes forment un tandem efficace. L’audace politique du premier ne perd jamais de vue le réalisme économique du second.

Lorsque De Gaulle démissionne, en 1969, Georges Pompidou lui succède brièvement à la présidence avant d’être emporté par un cancer. Les gaullistes historiques n’admettent pas son leadership et s’inquiètent de son tropisme anglophile. Ils hurlent à la trahison lorsque Pompidou, secondé par le secrétaire général de l’Élysée Edouard Balladur, fait entrer « la perfide Albion » dans le Marché commun européen.

Naissance et premiers pas en politique de Nicolas Sarkozy

Ce décor étant planté, revenons-en à notre personnage principal, Nicolas Sarkozy. Né en 1955, il est le fils d’un noble catholique hongrois, Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en France après avoir fuit l’Armée rouge, et d’Andrée Mallah, une roturière juive originaire de Thessalonique. Après avoir eu trois enfants (Guillaume, Nicolas et François), le couple divorce. Pal Sarkosy de Nagy-Bocsa se remarie avec une aristocrate, Christine de Ganay, dont il aura deux enfants (Pierre-Olivier et Caroline). Nicolas ne sera pas élevé par ses seuls parents, mais balloté dans cette famille recomposée.

Sa mère est devenue la secrétaire d’Achille Peretti. Après avoir co-fondé le SAC, le garde du corps de De Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique. Il avait été élu député et maire de Neuilly-sur-Seine, la plus riche banlieue résidentielle de la capitale, puis président de l’Assemblée nationale.

Malheureusement, en 1972, Achille Peretti est gravement mis en cause. Aux États-Unis, le magazine Time révèle l’existence d’une organisation criminelle secrète « l’Union corse » qui contrôlerait une grande partie du trafic de stupéfiants entre l’Europe et l’Amérique, la fameuse « French connexion » qu’Hollywood devait porter à l’écran. S’appuyant sur des auditions parlementaires et sur ses propres investigations, le Times cite le nom d’un chef mafieux, Jean Venturi, arrêté quelques années plus tôt au Canada, et qui n’est autre que le délégué commercial de Charles Pasqua pour la société d’alcool Ricard. On évoque le nom de plusieurs familles qui dirigeraient « l’Union corse », dont les Peretti. Achille nie, mais doit renoncer à la présidence de l’Assemblée nationale et échappe même à un « suicide ».

En 1977, Pal Sarkozy se sépare de sa seconde épouse, Christine de Ganay, laquelle se lie alors avec le n°2 de l’administration centrale du département d’État des États-Unis. Elle l’épouse et s’installe avec lui en Amérique. Le monde étant petit, c’est bien connu, son mari n’est autre que Frank Wisner Jr., fils du précédent. Les fonctions de Junior à la CIA ne sont pas connues, mais il clair qu’il y joue un rôle important. Nicolas, qui reste proche de sa belle-mère, de son demi-frère et de sa demi-sœur, commence à se tourner vers les États-Unis où il « bénéficie » des programmes de formation du département d’État.

À la même période, Nicolas Sarkozy adhère au parti gaulliste. Il y fréquente d’autant plus rapidement Charles Pasqua que celui-ci n’est pas seulement un leader national, mais aussi le responsable de la section départementale des Hauts-de-Seine.

En 1982, Nicolas Sarkozy, ayant terminé ses études de droit et s’étant inscrit au barreau, épouse la nièce d’Achille Peretti. Son témoin de mariage est Charles Pasqua. En tant qu’avocat, MeSarkozy défend les intérêts des amis corses de ses mentors. Il acquiert une propriété sur l’île de beauté, à Vico, et pense sérieusement à  corsiser son nom en remplaçant le « y » par un « i » : Sarkozi. Car il vénère Achille Peretti comme un dieu. La conquête du pouvoir exige des sacrifices, à tel point que l’année suivante, il est élu maire de Neuilly-sur-Seine en remplacement de son idole, mentor et bel-oncle, Achille Peretti, terrassé par une crise cardiaque qui tombe étrangement à pic, aucune autopsie ne sera faite.

Nicolas Sarkozy commence sa carrière politique...

Cependant, Nicolas ne tarde pas à trahir sa femme et, dès 1984, il poursuit une liaison cachée avec Cécilia, l’épouse du plus célèbre animateur de télévision français de l’époque, Jacques Martin, dont il a fait la connaissance en célébrant leur mariage en qualité de maire de Neuilly. Cette double vie dure cinq ans, avant que les amants ne quittent leurs conjoints respectifs pour construire un nouveau foyer.

Nicolas est le témoin de mariage, en 1992, de la fille de Jacques Chirac, Claude, avec un éditorialiste du Figaro. Il ne peut s’empêcher de séduire Claude et de mener une brève relation avec elle, tandis qu’il vit officiellement avec Cécilia. Le mari trompé se suicide en absorbant des drogues…L’affaire est bouclée précipitamment comme un constat d’évidence sans chercher peut-être, on ne sait pas, une autre piste… La rupture est brutale et sans retour entre un Jacques Chirac lucide et Nicolas Sarkozy.

En 1993, la gauche perd les élections législatives. Le président François Mitterrand refuse de démissionner et entre en cohabitation avec un Premier ministre de droite. Jacques Chirac, qui ambitionne la présidence et pense alors former avec Edouard Balladur un tandem comparable à celui de De Gaulle et Pompidou, refuse d’être à nouveau Premier ministre et laisse la place à son « ami de trente ans », Edouard Balladur. Malgré son passé sulfureux, Charles Pasqua devient ministre de l’Intérieur. S’il conserve la haute main sur la marijuana marocaine, il profite de sa situation pour légaliser ses autres activités en prenant le contrôle des casinos, jeux et courses en Afrique francophone. Il tisse aussi des liens en Arabie saoudite et en Israël et devient officier d’honneur du Mossad. Nicolas Sarkozy, quant à lui, est maire de Neuilly-sur-Seine, ministre du Budget et porte-parole du gouvernement.

La prise d'otages de la maternelle de Neuilly a lieu le jeudi 13 mai 1993. Érick Schmitt, un entrepreneur chômeur dépressif, retient en otage une classe de maternelle, armé d'un pistolet d'alarme et ceinturé d'explosifs, durant deux jours. Le preneur d'otages, qui se fait appeler « HB » pour « Human Bomb », est tué lors de l'assaut du RAID. Il n'y a aucune victime parmi les otages.

De nombreux médias couvrent l'évènement. Des journalistes campent devant l'école. La prise d'otages devient un évènement national. Nicolas Sarkozy, à l'époque maire de Neuilly-sur-Seine - ainsi que ministre du Budget et porte-parole du gouvernement - intervient dans les négociations pour que Schmitt relâche des enfants ; on voit Sarkozy à la télévision sortir de l'école un enfant dans les bras…

Après deux jours de tension sans dormir, dans un état d'esprit suicidaire, Érick Schmitt montre des signes de fatigue. Le RAID décide alors de passer à l'action lorsqu'il s'endormira. Le matin du 15 mai, le preneur d'otages s'assoupit. Évelyne Lambert (alors médecin-capitaine des pompiers de Paris) vérifie qu'il est endormi, en le secouant et en faisant bouger bruyamment des meubles par les enfants. Celui-ci reste inerte. Elle fait alors le signal convenu. Aux environ de 7h25, huit policiers du RAID pénètrent dans la salle de classe pour extraire les six derniers enfants. Durant l'intervention, Schmitt est tué de trois balles dans la tête tirées à un mètre par le policier Daniel Boulanger… Les circonstances de cette mort créent une polémique.

D'après le journal L'Humanité, Érick Schmitt était un entrepreneur du Languedoc-Roussillon, passionné de pêche, né en 1950, et ayant travaillé à Paris dans les années 1970. Il arrive à Cers près de Béziers avec sa famille en 1963 après avoir quitté l'Algérie. Puis il part travailler à Paris, au début des années 1970, où il est employé par une société d’informatique (SSII) en région parisienne. Suite à son expérience parisienne il crée une société informatique à Béziers qui sera mise en faillite quatre années plus tard. Érick Schmitt reste alors inscrit comme chômeur à l’ANPE de Béziers durant une année.

Ce qu’on sait moins c’est que c’est Charles Pasqua en personne, alors minsitre de l’intérieur du gouvernement Edouard Balladur, qui a ordonné l’éxécution sommaire du preneur d’otages…D’ailleurs, quelques mois plus tard, Alain Vogelweith et Béatrice Patrie, deux cadres du syndicat de la magistrature, publient La Mort hors la loi d’Érick Schmitt. Selon cet ouvrage, lors du tir le preneur d'otages s'était endormi, le détonateur hors de portée. Les deux auteurs ont été poursuivis pour diffamation par Charles Pasqua.

Ce qu’on sait moins encore c’est que certaines personnes ( peut-être des hommes d’Etat français, dont certains membres de la CIA pour ne pas les nommer…)  aurait promis la somme de 10 millions de francs à Erick Schmitt, alors dans le besoin, pour accomplir cette prise d’otages artificielle, en lui promettant de ne pas croupir en prison au-delà de 5 années. L’argent valait bien quelques années de prison. Cet homme n’aurait pas du accepter sans garantie un tel pacte avec des loups, car il était en effet bien plus économique de le tuer d’une part, et d’autre part cela était bien plus prudent ainsi car un mort ne parle jamais.

Cet épisode a conféré une popularité et une autorité sans bornes à Nicolas Sarkozy, ce qui pour un homme de droite dans une France sous Mitterrand, était un pied de nez remarquable et provocateur fait à la gauche, sans compter qu’au passage il remercie dans cette opération son ami de toujours et fidèle « porte-flingue » Hortefeux Brice (HB), pour lui signifier qu’un jour ils monteront "ensemble" au pouvoir…

La mégalomanie et le narcissisme délirant sont les qualités premières d’un dictateur. Sarkozy réussit auprès de l’opinion publique à se faire passer pour un sauveur, un homme politique intègre et courageux… Réputation très utile pour faciliter à l’avenir des élections à remporter…




À Washington, Frank Wisner Jr. a pris la succession de Paul Wolfowitz comme responsable de la planification politique au département de la Défense. Personne ne remarque les liens qui l’unissent au porte-parole du gouvernement français Nicolas Sarkozy.

C’est alors que reprend au sein du parti gaulliste la tension que l’on avait connu trente ans plus tôt entre les gaullistes historiques et la droite financière, incarnée par Balladur. La nouveauté, c’est que Charles Pasqua et avec lui le jeune Nicolas Sarkozy trahissent Jacques Chirac pour se rapprocher du courant Rothschild. Tout dérape. Le conflit atteindra son apogée en 1995 lorsque Édouard Balladur se présentera contre son ex-ami Jacques Chirac à l’élection présidentielle, et sera battu. Surtout, suivant les instructions de Londres et de Washington, le gouvernement Balladur ouvre les négociations d’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN des États d’Europe centrale et orientale, affranchis de la tutelle soviétique.

Rien ne va plus dans le parti gaulliste où les amis d’hier sont près de s’entre-tuer. Pour financer sa campagne électorale, Edouard Balladur tente de faire main basse sur la caisse noire du parti gaulliste, cachée dans la double comptabilité du pétrolier Elf. À peine le vieux Étienne Léandri mort, les juges perquisitionnent la société et ses dirigeants sont incarcérés… Mais hélas Balladur, Pasqua et Sarkozy ne parviendront jamais à récupérer le magot. Pour ne pas pleurer l’assassinat d’Etienne Léandri, rappelons juste que ce dernier était un ancien de la Gestapo et qu’il avait prospéré durant toute la seconde guerre mondiale dans le trafic d’héroïne…

Exilé mais non vaincu 

Tout au long de son premier mandat, Jacques Chirac tient Nicolas Sarkozy et sa clique à distance. L’homme se fait discret durant cette longue traversée du désert. Discrètement, il continue à nouer des relations dans les cercles financiers, tout autant qu’autour du Hongrois se multiplie discrètement les suicides, une épidémie parisienne terrible qu’on a trop souvent tort de négliger.

En 1996, Nicolas Sarkozy ayant enfin réussi à clore une procédure de divorce ( ouf ! tout le monde reste miraculeusement en vie !) qui n’en finissait pas se marie avec Cécilia. Ils ont pour témoins les deux milliardaires Martin Bouygues et Bernard Arnaud (l’homme le plus riche du pays).

Les derniers préparatifs

Bien avant la crise irakienne, Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la destruction du courant gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. Ils agissent en trois temps : d’abord l’élimination de la direction du parti gaulliste et la prise de contrôle de cet appareil, puis l’élimination du principal rival de droite et l’investiture du parti gaulliste à l’élection présidentielle, enfin l’élimination de tout challenger sérieux à gauche de manière à être certain d’emporter l’élection présidentielle.

Pendant des années, les médias sont tenus en haleine par les révélations posthumes d’un promoteur immobilier. Avant de décéder d’une grave maladie, il a enregistré pour une raison jamais élucidée une confession en vidéo. Pour une raison encore plus obscure, la « cassette » échoue dans les mains d’un hiérarque du Parti socialiste, Dominique Strauss-Khan, ami et allié de Sarkozy, autant pro-israélien et pro-américain sinon plus que ce dernier, qui la fait parvenir indirectement à la presse.

Si les aveux du promoteur ne débouchent sur aucune sanction judiciaire, ils ouvrent une boîte de Pandore. La principale victime des affaires successives sera le Premier ministre Alain Juppé. Pour protéger Chirac, il assume seul toutes les infractions pénales. La mise à l’écart de Juppé laisse la voie libre à Nicolas Sarkozy pour prendre la direction du parti gaulliste.

Sarkozy, grâce à son nouveau levier d’influence, exploite alors sa position pour contraindre Jacques Chirac à le reprendre au gouvernement, malgré leur haine réciproque. Il sera en définitive, ministre de l’Intérieur. Erreur ! À ce poste, il contrôle les préfets et le renseignement intérieur qu’il utilise pour noyauter les grandes administrations françaises, corrompre à coups de pot-de-vin et placer des agents fidèles.

Il s’occupe aussi des affaires corses. Le préfet Claude Érignac a été assassiné bien qu’il n’ait pas été revendiqué, le meurtre a immédiatement été interprété comme un défi lancé par les indépendantistes à la République. Après une longue traque, la police parvient à arrêter un suspect en fuite, Yvan Colonna, fils d’un député socialiste. Faisant fi de la présomption d’innocence, Nicolas Sarkozy annonce cette interpellation en accusant, sans aucune preuve, le suspect d’être l’assassin. C’est que la nouvelle est trop belle à deux jours du référendum que le ministre de l’Intérieur organise en Corse pour modifier le statut de l’île... Quoi qu’il en soit, les électeurs rejettent le projet Sarkozy qui, selon certains, favorise les intérêts mafieux. Non mais franchement, les gens sont paranos...

Bien qu’Yvan Colonna ait ultérieurement été reconnu coupable, il a toujours clamé son innocence et aucune preuve matérielle n’a été trouvée contre lui. Étrangement, l’homme s’est muré dans le silence, préférant être condamné que de révéler ce qu’il sait. 

Nous révélons ici que le préfet Érignac n’a pas été tué par des nationalistes, mais abattu par un tueur à gage, immédiatement exfiltré vers l’Angola où il a été engagé à la sécurité du groupe Elf. Le mobile du crime était précisément lié aux fonctions antérieures d’Érignac, responsable des réseaux africains de Charles Pasqua au ministère de la Coopération. Quand à Yvan Colonna, c’est un ami personnel de Nicolas Sarkozy depuis des décennies et leurs enfants se sont fréquentés.

Une nouvelle affaire éclate : de faux listings circulent qui accusent mensongèrement plusieurs personnalités de cacher des comptes bancaires au Luxembourg, chez Clearstream. Parmi les personnalités diffamées : Nicolas Sarkozy. Il porte plainte et sous-entend que son rival de droite à l’élection présidentielle, le Premier ministre Dominique de Villepin, a organisé cette machination. Il ne cache pas son intention de le faire jeter en prison. 
 
En réalité, les faux listings ont été mis en circulation par des membres de la Fondation franco-américaine, dont John Negroponte était président et dont Frank Wisner Jr. est administrateur. Ce que les juges ignorent et que nous révélons ici, c’est que les listings ont été fabriqués à Londres par une officine commune de la CIA et du MI6, Hakluyt & Co, dont Frank Wisner Jr. est également administrateur...

Villepin se défend de ce dont on l’accuse, mais il est mis en examen, assigné à résidence et, de facto, écarté provisoirement de la vie politique. La voie est libre à droite pour Nicolas Sarkozy ( c'est toujours mieux qu'un meurtre à coups de hache...).

Reste à neutraliser les candidatures d’opposition. Les cotisations d’adhésion au parti socialiste sont réduites à un niveau symbolique pour attirer de nouveaux militants. Soudainement des milliers de jeunes prennent leur carte. Parmi eux, au moins dix mille nouveaux adhérents sont en réalité des militants du Parti trotskiste « lambertiste » (du nom de son fondateur Pierre Lambert). Cette petite formation d’extrême gauche s’est historiquement mise au service de la CIA contre les communistes staliniens durant la Guerre froide (Elle est l’équivalent du SD/USA de Max Shatchman, qui a formé les néoconservateurs aux USA). Ce n’est pas la première fois que les « lambertistes » infiltrent le Parti socialiste. Ils y ont notamment placé deux célèbres agents de la CIA : Lionel Jospin (qui est devenu Premier ministre) et Jean-Christophe Cambadélis, le principal conseiller de Dominique Strauss-Kahn, tous membres d'ailleurs comme Nicolas Sarkozy du cercle de réflexion Le Siècle...

Des primaires sont organisées au sein du Parti socialiste pour désigner son candidat à l’élection présidentielle. Deux personnalités sont en concurrence : Laurent Fabius et Ségolène Royal. Seul le premier représente un danger pour Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn entre dans la course avec pour mission d’éliminer Fabius au dernier moment. Ce qu’il sera en mesure de faire grâce aux votes des militants « lambertistes » infiltrés, qui portent leur suffrages non pas sur son nom, mais sur celui de Royal. 
 
L’opération est possible parce que Strauss-Kahn est depuis longtemps sur le payroll des États-Unis. Les Français ignorent qu’il donne des cours à Stanford, où il a été embauché par le prévot de l’université, Condoleezza Rice...

Dès sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy et Condoleezza Rice remercieront Strauss-Kahn en le faisant élire à la direction du Fonds monétaire international…

La montée sur le trône

Le soir du second tour de l’élection présidentielle, lorsque les instituts de sondages annoncent sa victoire probable, Nicolas Sarkozy prononce un bref discours à la nation depuis son QG de campagne. Puis, contrairement à tous les usages, il ne va pas faire la fête avec les militants de son parti, mais il se rend au Fouquet’s. La célèbre brasserie des Champs-Élysées, qui était jadis le rendez-vous de « l’Union corse » est aujourd’hui la propriété du casinotier Dominique Desseigne. Il a été mis à disposition du président élu pour y recevoir ses amis et les principaux donateurs de sa campagne. Une centaine d’invités s’y bousculent, les hommes les plus riches de France y côtoient les patrons de casinos.

Puis le président élu s’offre quelques jours de repos bien mérités. Conduit en Falcon-900 privé à Malte, il s’y repose sur le Paloma, le yacht de 65 mètres de son ami Vincent Bolloré, un milliardaire formé à la Banque Rothschild.

Enfin, Nicolas Sarkozy est investi président de la République française. Le premier décret qu’il signe n’est pas pour proclamer une amnistie, mais pour autoriser les casinos de ses amis Desseigne et Partouche à multiplier les machines à sous.

Il forme son équipe de travail et son gouvernement. Sans surprise, on y retrouve un bien trouble propriétaire de casinos (le ministre de la Jeunesse et des Sports) et le lobbyiste des casinos de l’ami Desseigne (qui devient porte-parole du parti « gaulliste »).

Nicolas Sarkozy s’appuie avant tout sur quatre hommes : 

1. Claude Guéant, secrétaire général du palais de l’Élysée. C’est l’ancien bras droit de Charles Pasqua. 
2. François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Élysée. C’est un associé-gérant de la Banque Rothschild. 
3. Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique. Fils de l’ancien directeur de l’Agence juive. Ambassadeur de France à l’ONU, il fut relevé de ses fonctions par Chirac qui le jugeait trop proche de George Bush. 
4. Alain Bauer, l’homme de l’ombre. Son nom n’apparaît pas dans les annuaires. Il est chargé des services de renseignement. Ancien Grand-Maître du Grand Orient de France (la principale obédience maçonnique française) et ancien n°2 de la National Security Agency états-unienne en Europe.

Frank Wisner Jr., qui a été nommé entre temps envoyé spécial du président Bush pour l’indépendance du Kosovo, insiste pour que Bernard Kouchner soit nommé ministre des Affaires étrangères avec une double mission prioritaire : l’indépendance du Kosovo et la liquidation de la politique arabe de la France.

Kouchner a débuté sa carrière en participant à la création d’une ONG humanitaire. Grâce aux financements de la National Endowment for Democracy( organisation financée elle-même par la CIA), il a participé aux opérations de Zbigniew Brzezinski en Afghanistan, aux côtés d’Oussama Ben Laden et des frères Karzaï contre les Soviétiques. On le retrouve dans les années 90 auprès d’Alija Izetbegoviç en Bosnie-Herzégovine. De 1999 à 2001, il a été Haut représentant de l’ONU au Kosovo.

Sous le contrôle de Wali, le frère cadet du président Hamid Karzaï, l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial de pavot. Le suc est transformé sur place en héroïne et transporté par l’US Air Force à Camp Bondsteed (Kosovo)... Là, la drogue est prise en charge par les hommes d’Haçim Thaçi qui l’écoulent principalement en Europe. Les bénéfices sont utilisés pour financer les opérations illégales de la CIA...On peut comprendre aujourd’hui pourquoi l’ONU s’est dressé contre la Serbie qui ne voulait pas de drogue ni d'ingérence américaine en Europe, car maintenant cela a décuplé la consommation de drogue en Europe et renforcer les mafias islamistes et le portefeuille de la CIA au détriment des intérêts européens…

Karzaï et Thaçi sont des amis personnels de longue date de Bernard Kouchner, qui officiellement  « ignore » leurs activités criminelles malgré les rapports internationaux qui y ont été consacrés.

Pour compléter son gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme Christine Lagarde, ministre de l’Économie et des Finances. Elle a fait toute sa carrière aux États-Unis où elle a dirigé le prestigieux cabinet de juristes Baker & McKenzie. Au sein du Center for International & Strategic Studies de Dick Cheney, elle a co-présidé avec Zbigniew Brzezinski un groupe de travail qui a supervisé les privatisations en Pologne. Elle a organisé un intense lobbying pour le compte de Lockheed Martin contre les avions français Dassault.

Nouvelle escapade durant l’été. Nicolas, Cécilia, leur maîtresse commune et leurs enfants se font offrir des vacances états-uniennes à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président Bush. La facture, cette fois, est payée par Robert F. Agostinelli, un banquier d’affaires italo-new-yorkais, sioniste et néo-conservateur ardent qui s’exprime dans Commentary, la revue de l’American Jewish Committee.

Le 27 février 2003, Jean-Luc Lagardère, proche de Jacques Chirac, 75 ans, patron du groupe Lagardère présent dans plus de 40 pays, ayant un quasi monopole en France sur les médias (radio, diffusion audiovisuelle, presse écrite), est opéré de la hanche à la clinique du Sport à Paris. Huit jours après, il dîne avec sa femme Bethy et des amis, le couturier Emanuel Ungaro et Marie-Laure de Villepin, l'épouse de Dominique de Villepin, à l'époque ministre des Affaires étrangères… Le lendemain, il est retrouvé dans le coma par sa femme, sur le sol de sa chambre à coucher. Après quelques jours en réanimation, il meurt à l'hôpital Lariboisière à Paris. Le diagnostic annoncé par le chef de service, le Pr. Didier Payen, est une encéphalomyélite aiguë auto-immune…

Pour Jean-Louis Gergorin et Michel Bassi, il s'agit d'un assassinat. Selon le journaliste Denis Robert, cette maladie fulgurante lui a été inoculé au moyen d'un aérosol, arme très souvent utilisé par les services secrets français.

Son fils Arnaud Lagardère, ami intime de Nicolas Sarkozy, lui succède…

La réussite de Nicolas ( déjà 7 cadavres !) rejaillit sur son demi-frère Pierre-Olivier. Sous le nom américanisé « d’Oliver », il est nommé par Frank Carlucci (qui fut le n°2 de la CIA après avoir été recruté par Frank Wisner Sr., dont le fils Frank Wisner Jr., je le rappelle ici, est le mari de Christine de Ganay, la seconde femme de Pal Sarkozy, père de Nicolas Sarkozy,…) directeur d’un nouveau fonds de placement du Carlyle Group (la société commune de gestion de portefeuille des Bush et des Ben Laden,…).

On comprend ici les liens de Nicolas Sarkozy avec le président Bush et l’Etat d’Israël, ainsi que l’escroquerie de l’attentat du World Trade Center, Oussama Ben Laden, agent de la CIA, et sa famille étant des proches de Bush et de la famille Sarkozy… Chirac, lucide encore une fois, a refusé l’entrée de la France dans la guerre contre l’Irak car il n’était pas dupe de la supercherie, prévenu à l’époque par les services secrets français et par le FSB, service secret de Russie, ainsi que par le général russe Leonid Ivashov qui était le chef d’état-major des armées russes au moment des attentats du 11 septembre 2001. Les américains ont orchestré cet attentat pour le pétrole en Irak sous couvert de « guerre contre le terrorisme », alors que le dictateur Saddam Hussein lui-même persécutait les islamistes et n’avait donc aucun rapport avec les fous de Dieu.

En décembre 2002, le secrétaire US à la Défense Donald Rumsfeld a signé la directive 3600.1 visant à discréditer ou à éliminer des personnalités françaises qui s’opposaient à la Guerre globale au terrorisme. Cette liste comprenait en premier chef Jacques Chirac, de grands industriels ainsi que des écrivains et autres journalistes. On était trois mois avant l’invasion de l’Irak. C’était l’époque de l’hystérie anti-française à Washington. Les services secrets français ont été informés que des assassinats avaient été sous-traités par le Pentagone au Mossad et ont mis en garde Jacques Chirac, afin d’éviter, je cite,  « un assassinat Kennedy version française »...C'est Maxime Brunerie, militant d'extrême-droite néo-nazi qui s'en chargera en tentant d'assassiner le 14 juillet 2002, durant le défilé sur les Champs-Elysées, le Président de la République française Jacques Chirac. D'une santé mentale fragile, il est sélectionné par la CIA sur une liste de personnes d'extrême-droite française, car il est le candidat idéale. Des agents de la CIA utiliseront sur lui une méthode d'hypnose couplé à des substances psychotropes, cette technique d'assassinat fut développer durant la guerre froide par les russes, et copié par la suite par les américains sous le nom de projet MK-ultra. D'ailleurs bien plus tard Maxime Brunerie ne comprendra toujours pas ce qu'il lui est arrivé. Il sera libéré le lundi 3 août 2009, du centre de détention du Val-de-Reuil (Eure), à l’issue de sept ans de réclusion. Il donnera ensuite une interview à Europe 1 en septembre 2009, déclarant avoir « complètement pété les plombs » … Les Etats-Unis voulait mettre un terme à l'influence jugée négative de la France dans le monde, suite à sa position sur la guerre en Irak, car cela remettait en cause indirectement la crédibilité des attentats du World Trade Center.

L’État a alors réagi. Le président Chirac a joint par téléphone le Premier ministre israélien et l’a prévenu que toute action entreprise non seulement sur le territoire français, mais n’importe où dans l’Union européenne, serait considérée comme un acte hostile envers la France. Pendant ce temps, les époux Kouchner-Ockrent licencient à RFI et France24 tous ceux qui résistent à l’influence US. Après Richard Labévière, un rédacteur en chef réputé qui avait le défaut de donner la parole aux anti-atlantistes, et le dernier en date fut Grégoire Deniau pour avoir organisé un débat sur le 11-Septembre.

Le maxi traité européen présenté par Nicolas Sarkozy visait en premier lieu à poursuivre la transformation de l’Union européenne en une zone de libre échange toujours plus vaste, tout en la diluant politiquement. Puis, à rendre ses institutions compatibles avec celles de l’Accord de libre-échange nord-américain, [l’ALENA], en vue d’une fusion ultérieure au sein d’un vaste marché transatlantique, politiquement dominé par Washington.

Même si ce projet est pour le moment interrompu, des institutions transatlantiques fonctionnent déjà, hors traité. Ainsi en est-il des centaines d’enlèvements perpétrés par la CIA dans l’Union européenne au cours des dernières années avec l’assentiment du Conseil européen et parfois la complicité active des gouvernements européens. Washington ordonne, les gouvernements européens obéissent au mépris de leurs lois nationales. La France de Chirac a résisté à cet asservissement, aucun cas d’assassinats ou d’enlèvements n’est connu durant ses mandats. Il n’en est pas de même avec la France de Sarkozy : ces actes se sont multipliés, par exemple nous pouvons citer l’enlèvement en plein Paris de Mohammed As-Siddik en mars dernier, sans aucune réaction du gouvernement français. De même, l’Assemblée transatlantique, qui n’a aucune base juridique, a commencé ses travaux. À titre expérimental des députés délégués par le Parlement européen ont siégé l’an dernier avec des membres du Congrès états-unien dans un simulacre d’assemblée.

Depuis le rapport Wolfowitz de 1991, les États-Unis considèrent comme une priorité d’empêcher l’Union européenne d’entrer en compétition avec eux. Plus l’Europe s’écroulera comme l’Afrique, plus cela fera d’argent pour les américains, mais aussi pour les russes ou les chinois. Ils veulent la tailler pour en faire d’abord et avant tout un nain politique et militaire afin que personne en Europe ne puisse s’opposer à leurs décisions comme Jacques Chirac ou avant lui le général De Gaulle…

Rappelons ici qu’ « Oliver » Sarkozy est devenu le 5e noueur de deals dans le monde et gère les principaux avoirs des fonds souverains du Koweit et de Singapour.

A l’époque, la côte de popularité du président est en chute libre dans les sondages. L’un de ses conseillers en communication, Jacques Séguéla, préconise de détourner l’attention du public avec de nouvelles « people stories ». L’annonce du divorce avec Cécilia est publiée par Libération, le journal de son ami Edouard de Rothschild dont l’actionnaire majoritaire n’est autre que le « philosophe » milliardaire Bernard-Henri Levy, pour couvrir les slogans des manifestants un jour de grève générale, le même Bernard-Henri Levy qui a déclaré dans son livre « Ce grand cadavre à la renverse » que « l’anti-américanisme est une métaphore pour l’antisémitisme… »

Plus fort encore, le communiquant organise une rencontre avec l’artiste et ex-mannequin, Carla Bruni. Quelques jours plus tard, sa liaison avec le président est officialisée et le battage médiatique couvre à nouveau les critiques politiques. Quelques semaines encore et c’est le troisième mariage de Nicolas. Cette fois, il choisit comme témoins Mathilde Agostinelli (l’épouse de Robert) et Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur devenu associé-gérant chez Rothschild.


Revenons à présent sur les conditions de son élection qui étonnamment n’ont créent aucune polémique en France. Pour comprendre notre inquiétude face à ce silence, il faut remonter un an avant les élections françaises.  En septembre 2006, le département informatique de la prestigieuse université de Princeton a, par exemple, rendu publique une étude sur la sécurité des machines à voter.

D’après le professeur Felten, membre du  laboratoire, les défis techniques nécessaires pour rendre fiable le vote électronique sont « très difficiles voire impossibles à relever ». L’étude stipule : « À la lumière des procédures réelles d’élection, l’analyse de la machine montre qu’elle est vulnérable à de très graves attaques. Par exemple, une personne qui obtient un accès physique ne serait-ce que pendant une minute à la machine ou à sa carte mémoire, peut y installer un programme pirate ; un tel programme peut voler des voix de manière indétectable, modifier les enregistrements, journaux et compteurs de sorte qu’ils soient en accord avec les faux résultats qu’il vient de créer. Une telle personne mal intentionnée peut également créer un programme qui se répand silencieusement et automatiquement durant le cours normal des activités électorales – un virus de vote. Nous avons procédé à des démonstrations de ces attaques dans notre laboratoire. »

Le logiciel pirate peut être installé aussi bien par un employé du fabricant, du vendeur ou loueur, que par le transporteur ou toute personne ayant accès au lieu de stockage des machines ou à ces même machines le jour du vote.

Une étrange société du nom de VoteHere joua d’ailleurs un rôle prépondérant dans l’installation systématique des ordinateurs de vote aux États-Unis. Malgré sa taille réduite, elle dépensa plus d’argent que les trois fabricants d’ordinateurs de vote réunis, ES&S, Diebold et Sequoia, pour promouvoir le vote électronique. Le fait que Robert Gates, ancien agent de la CIA, remplaçant de Donald Rumsfeld au poste de secrétaire à la Defense, ait été l’un des directeurs de VoteHere accroît la suspicion légitime contre les ordinateurs de vote.

Mais ce qui accroit d’autant plus la suspicion, c’est que Walden O'Dell, directeur général de Diebold,  soutenait Bush, collectant des fonds pour sa campagne électoral pour financer ce dernier. Les présidents du conseil d’adminitration de ES&S et Sequoia étaient également pro-bush…

En France, le ministère de l’Intérieur – alors dirigé par Nicolas Sarkozy – a autorisé l’utilisation des ordinateurs de vote par l’arrêté du 17 novembre 2003. Les modèles agréés sont le modèle « ESF1 » de la société Nedap-France élection, le modèle « iVotronic » de la société ES&S Datamatique et le modèle « Point & Vote » de la société Indra Sistemas SA. Ils ont été utilisés à partir de 2004. Lors des élections européennes, une quarantaine de villes les ont utilisées dont Marseille, Nice, Dijon, Rennes et Grenoble. Lors de l’élection présidentielle de 2007, 82 villes, dont la grande majorité était des fiefs de la gauche, ont eu recours aux ordinateurs de vote, ce qui représente 1,7 millions d’électeurs...

Aucun journaliste en France n’en a fait mention, hormis deux journalistes intègres et indépendants qui se sont mystérieusement suicidés à trois heures d’intervalle…Nous sommes devenus un pays qui n’ose pas dire son nom : une dictature… 

Quand les Français auront-ils des yeux pour voir à qui ils ont à faire ?

La démocratie étant une illusion, j’ai déjà fait ma fortune en produisant des mines anti-personnel et en investissant dans des prothèses… Je connais le métier !


   Joseph Kirchner