Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 23 août 2013

Espionnage: l’arme de séduction massive


Les espionnes se font parfois pincées, comme la Russe Anna Chapman à New York, arrêtée en 2010 par le FBI avec neuf autres espions. DR


La chair est faible: les services secrets l’ont bien compris, mettant à profit les charmes de leurs plus belles recrues pour espionner l’ennemi. De Mata Hari à Anna Chapman, la tactique reste toujours aussi efficace.

On les nomme souvent «Mata Hari», en référence à l’espionne hollandaise fusillée par la France en 1917. Leurs armes, ce sont leurs charmes. Recrutées par les services secrets, elles séduisent les hommes politiques, les militaires ou les industriels. Elles les espionnent de l’intérieur, leur soutirent des informations secrètes, les influencent dans leurs décisions, nuisent si nécessaire à leur réputation et tentent parfois de les assassiner. Leur vieille tactique du «piège à miel», célébrée dans les polars et les James Bond, a peu évolué depuis la Première Guerre mondiale. Elle reste toujours aussi efficace. Petite plongée dans le monde interlope des espionnes.

Guerres mondiales «Si vous payez bien, je peux cuisiner sur l’oreiller des Allemands importants.» En grande croqueuse d’hommes, la danseuse Margaretha Geertruida Zelle ne craignait pas de mettre ses charmes au service de la France. Egérie flamboyante de la Belle Epoque à Paris, connue sous son nom d’artiste de Mata Hari, qui signifie «soleil» sur l’île de Java, où elle avait appris les danses exotiques, elle accepte contre forte rémunération d’aller espionner un haut commandant allemand. Mais alors qu’elle se trouve en Espagne, où elle est courtisée par de nombreux officiers alliés, les services du contre-espionnage découvrent qu’elle a reçu 20'000 francs du consul allemand aux Pays-Bas. Condamnée pour intelligence avec l’ennemi, elle est fusillée en octobre 1917.

Si ses talents d’espionne restent incertains, une autre espionne de la Grande Guerre se montre beaucoup plus efficace. Marthe Richard, née en Lorraine, avait connu une jeunesse difficile, devant s’adonner à la prostitution avant de pouvoir épouser un riche industriel et devenir aviatrice. Envoyée comme espionne en Espagne, elle réussit à séduire l’attaché naval de l’ambassade allemande à Madrid, Hans von Krohn. Ensorcelé, le vieil homme borgne lui révèle d’importantes informations sur les déplacements des sous-marins germaniques et sur l’utilisation de l’encre sympathique. Il lui donne même l’identité d’un agent infiltré en France.

«L’Alouette» – c’était son nom de code en 1916 – reprendra du service pendant la Seconde Guerre mondiale, cette fois dans les Forces françaises de l’intérieur, faisant profiter la Résistance de son expérience.

Guerre froide Au lendemain du conflit mondial, les services secrets des deux blocs n’abandonnent pas l’espionnage «horizontal». Les pays de l’Est le professionnalisent même davantage, développant toutes sortes d’options, y compris les rencontres homosexuelles. La République démocratique allemande (RDA) crée un service d’«espions Roméo», à l’initiative du dirigeant du service des renseignements extérieurs, Markus Wolf. Leur tâche est de séduire les femmes célibataires qui font carrière en Allemagne de l’Ouest. «La RDA était plutôt douée pour cela», commente Claude Moniquet, ancien agent de la DGSE, le service de renseignement extérieur de la France, cité par «Libération». C’est ainsi que des femmes ont été séduites dans des Cabinets ministériels, dans de grandes entreprises de la Ruhr et même à l’OTAN. Mais le stratagème n’a pas fonctionné longtemps: avec leur coupe de cheveux dégagée sur la nuque, les agents étaient vite repérés!

Divers scandales ont éclaté à cette époque. Le plus connu est peut-être celui qui a conduit le ministre de la Guerre britannique John Profumo à démissionner en 1963, après avoir eu une liaison avec une call-girl nommée Christine Keeler, qui se trouvait être également la maîtresse d’Yevgeny Ivanov, l’attaché principal de la marine à l’ambassade soviétique. L’affaire a eu des conséquences fâcheuses pour le gouvernement conservateur: il a perdu les élections l’année suivante.

Agences américaines Les charmes féminins ont également fait des ravages outre-Atlantique. Fidel Castro, grand amateur de femmes – certaines groupies le surnommaient «Le Lapin» – a d’ailleurs failli laisser sa peau en 1959, après une liaison orageuse avec la jeune Marita Lorenz, d’origine allemande. Econduite après avoir été mise enceinte, elle s’est laissé approcher par la CIA, qui lui a fourni un poison mortel pour tuer le Lider Maximo, raconte Diane Ducret, dans «Femmes de dictateur» (Ed. Perrin, 2011). Mais au dernier moment, le Commandante a su à nouveau la séduire…

Combattantes de l’ombre, les espionnes restent très discrètes. Mais il arrive parfois qu’elles se fassent pincer, comme la Russe Anna Chapman à New York, arrêtée en 2010 par le FBI avec neuf autres espions. Echangée contre d’autres barbouzes, elle a profité de la lumière faite sur elle par les médias pour décrocher des contrats de mannequinat. Elle garde les yeux froids, l’espionne! I



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Le «piège à miel» fonctionne toujours

La séduction reste une arme puissante aujourd’hui. Elle peut même s’avérer dévastatrice. D’éminents représentants du monde politique ou militaire en ont fait la cuisante expérience ces dernières années. Tombés dans le «piège à miel» de femmes «fatales», ils se sont retrouvés empêtrés dans la mélasse de scandales médiatiques retentissants, et parfois même contraints de démissionner.

Ainsi, en 2010, une Mata Hari des temps modernes a séduit plusieurs opposants au Kremlin, en Russie. Parmi eux, le présentateur radio Victor Shenderovich, qui est l’un des premiers signataires de l’appel «Poutine doit partir», le chef du Parti national-bolchévique Edouard Limonov, le leader du mouvement d’extrême-droite contre l’immigration illégale Alexandre Belov-Potkine ou encore le rédacteur en chef de l’édition russe de «Newsweek», Mikhaïl Fishman. Invités dans l’appartement de leur tentatrice – une jeune mannequin brune nommée Katya Gerasimova –, ils ont été filmés à leur insu en pleine action, et parfois sniffant de la cocaïne. Les vidéos de leurs ébats ont été diffusées sur internet.

Victor Shenderovich a aussitôt accusé l’entourage du premier ministre Vladimir Poutine et les services secrets du FSB (ex-KGB) d'être derrière cette machination. Comme le note «Le Figaro», ces situations compromettantes rappellent les opérations «piège à miel» dont était coutumier le KGB à l’époque de l’URSS, lorsque de jolies filles étaient appelées à jouer de leurs charmes pour soutirer des renseignements. Le Gouvernement russe a nié catégoriquement toute responsabilité.

En novembre 2012, c’est l’ancien général américain David Petraeus, qui a dû démissionner de son poste de directeur de la CIA, en raison d’une liaison extraconjugale avec sa «biographe» Paula Broadwell. Son infidélité a été découverte fortuitement par le FBI, qui enquêtait sur la correspondance électronique «inappropriée» d’un autre général, John Allen, à l’époque commandant des forces alliées en Afghanistan, avec une jeune et jolie femme mariée de plus de vingt ans sa cadette, Jill Kelly, hôtesse de fêtes fameuses en Floride. Ce «scandale des généraux» a fait couler beaucoup d’encre, les médias se demandant si les hauts gradés, emportés par la passion, avaient pu trahir des informations «secret défense». Le général John Allen a finalement été innocenté par le Pentagone, mais il a renoncé à briguer le poste de commandant suprême des forces alliées en Europe.

Le Vieux-Continent n’est pas épargné. En février dernier, on apprenait que la Catalogne était touchée par une vaste affaire d’espionnage politique. Tout est parti de confidences de l’ex-maîtresse éconduite d’un fils de l’ancien président de la Généralité de Catalogne, Jordi Pujol. Enquêtant sur une possible évasion fiscale de l’amant, la police judiciaire espagnole a mis la main sur plus de 20'000 fiches touchant toute l’élite politique, économique, culturelle et sportive de la région. Ces renseignements étaient collectés par une agence de détectives barcelonaise, spécialisée dans les filatures et les micros cachés. Les séparatistes n’ont pas manqué d’agiter la théorie du complot, affirmant qu’il s’agissait de manœuvres du Gouvernement espagnol pour ôter la crédibilité au processus indépendantiste catalan.

Cet été encore, c’est la République tchèque qui a été secouée par un scandale de sexe et de corruption. Avec, au cœur de la crise, la plantureuse blonde Jana Nagyova, «femme fatale» à l’origine de la chute du premier ministre Petr Necas, dont elle était la cheffe de Cabinet mais aussi, selon la presse nationale, la maîtresse très influente. «Sa force était directement proportionnelle à la faiblesse de Petr Necas», résume l’hebdomadaire tchèque «Reflex». Soupçonnée d’abus de pouvoir, trafic d’influence, corruption de hauts fonctionnaires et espionnage de citoyens – dont l’ancienne femme du premier ministre –, elle a été interpellée en juin en même temps que plusieurs officiers du renseignement militaire et d’anciens députés, les «parrains de Prague». Pour crever l’abcès de pareil drame politique, le parlement tchèque a finalement décidé sa dissolution, mardi dernier.

Pascal Fleury 

jeudi 22 août 2013

La NSA reconnaît avoir violé la vie privée de citoyens américains


L’Agence nationale de sécurité (NSA) a violé la loi encadrant la surveillance des communications électroniques entre Américains entre 2008 et 2011, ont reconnu mercredi des responsables américains.

Il s’agirait « d’un problème technologique » (SIC). L’Agence nationale de sécurité (NSA) a violé la loi encadrant la surveillance des communications électroniques entre Américains entre 2008 et 2011, ont reconnu mercredi des responsables américains.

La surveillance excessive était « la conséquence d’un problème technologique (…) et non d’un excès de la NSA », a expliqué un responsable sous couvert d’anonymat. La justice a secrètement mis fin en 2011 au programme, jugé illégal au regard des protections constitutionnelles garanties aux Américains.

Stéphane Gaudin

Gaz sarin en Syrie : nouvelle opération de propagande


Selon l’Armée syrienne libre, les autorités syriennes ont bombardé au gaz sarin la ghoutta, en banlieue de Damas, le mercredi 21 août 2013, faisant au total 1 700 morts. Cette annonce a immédiatement été commentée par les autorités allemandes, britanniques et françaises qui ont appelé à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité afin que les observateurs des Nations Unies soient autorisés à enquêter sur place. L’ensemble de ces informations est reprise par la presse atlantiste comme une certitude, le conditionnel n’étant de rigueur que pour laisser aux enquêteurs le temps de rapporter des preuves en Occident.

Cette opération de propagande est pourtant grossière : comme chacun peut l’observer sur YouTube, les vidéos attestant du massacre du 21 août ont été mises en ligne par le compte « Majles Rif »… la veille, le 20 août. Sur ces vidéos, choquantes à première vue, on décèle rapidement une mise en scène : les enfants blessés, qui paraissent hagards ou drogués, n’ont pas de parents qui les accompagnent. Les garçons sont souvent nus, tandis que les filles sont toutes habillées. On ne voit aucune structure hospitalière, même clandestine, hormis des paravents et des poches de sérum.








Certaines photographies diffusées par la presse atlantiste ont déjà été utilisées pour accuser l’Armée égyptienne d’avoir massacré un campement des Frères musulmans au Caire.

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Depuis l’aube et durant toute la journée du mercredi 21 août, l’Armée arabe syrienne a bombardé les positions de l’Armée syrienne libre qui s’étaient regroupée au Sud-Est de la ghoutta (la bande d’agriculture vivrière qui entoure la capitale). Cette zone de combat avait été évacuée par la population civile depuis plusieurs mois. Il semble que les pertes des groupes jihadistes soient considérables. Il n’a pas été fait usage de gaz qui ne s’emploie que dans des guerres de tranchées.

Les autorités russes ont dénoncé une campagne de propagande planifiée à l’avance comme le montre l’unanimisme des médias atlantiques qui ont tous repris à l’unisson la version de l’Armée syrienne libre, sans aucune vérification. Les autorités iraniennes ont souligné que le recours de la Syrie à des armes chimiques dans ce type de guerre était absurde et injustifié au vu de ses succès militaires actuels.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a exprimé son inquiétude.

En 2003, les États-Unis avaient utilisé l’accusation de détention et d’usage de gaz de combats par l’Irak pour l’attaquer. Le secrétaire d’État Colin Powell avait ainsi brandi une fiole de gaz liquéfié au Conseil de sécurité et infligé la projection d’un montage PowerPoint pour étayer ses allégations. En définitive, il a reconnu, après la destruction de l’Irak, que toutes ces preuves étaient des faux et qu’il avait menti à l’ensemble de la communauté internationale.

mercredi 21 août 2013

Un responsable sahraoui accuse le Maroc d’être derrière le groupe djihadiste Mujao


Le Maroc serait derrière le groupe terroriste Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest). C’est ce qui semble être la conviction des responsables du Sahara Occidental.

Hier, à Boumerdes, à l’occasion d’une conférence animée lors des travaux de l’université d’été des cadres de la République arabe sahraouie démocratique  (RASD), le président du Conseil national sahraoui et chef de la délégation chargé des négociations, M. Khatri Aduh, a déclaré que «les autorités marocaines sont derrière la formation du groupe terroriste Mujao, pour affaiblir les positions de l’Etat sahraoui». Selon lui, dont les propos ont été rapportés par l’APS, «l’opération d’enlèvement des ressortissants occidentaux dans les camps des réfugiés et l’atteinte aux intérêts de certains pays de la région dont l’Algérie» ne font qu’accréditer cette thèse.

Pour ce responsable sahraoui, d’une manière générale, le Maroc «soutient le terrorisme» en vue de déstabiliser toute la région afin d’entraver le processus de règlement de la question sahraouie. «Le Maroc abrite des terroristes et des groupes criminels qui activaient au nord du Mali et certaines régions d’Afrique, des terroristes qu’il prépare pour l’exécution d’attaques terroristes visant à déstabiliser la région et entraver le processus de règlement de la question sahraouie conformément à la légalité  internationale», a déclaré Khatri Aduh. Des propos qui ne vont sûrement pas plaire aux responsables marocains, en proie, ces derniers temps à une contestation populaire assez importante. A noter que plusieurs groupes terroristes sont très présents dans la région d’Afrique du Nord et du Sahel, à savoir Aqmi et Ansar Eddine, en plus du Mujao,

Elyas Nour   

Un nouveau directeur de la stratégie à la DGSE





Le diplomate Christophe Bigot a été nommé, ce 21 août, en Conseil des ministre, directeur de la stratégie au sein de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Il remplacera, à compter du 1er septembre, Rémi Maréchaux.

Ce polytechnicien de 48 ans, passé par l’Ecole nationale d’administration (ENA, promotion Condorcet), a entamé sa carrière au Quai d’Orsay à la direction Afrique du Nord et Moyen-Orient, avant d’être nommé Premier secrétaire à Beyrouth, en 1994.

Par la suite, et jusqu’en 2001, Christophe Bigot a été en poste à la Mission permanente de la France auprès des Nations unies, à New York. De retour à Paris, il a occupé les fonctions de sous-directeur de la division Afrique australe et Océan Indien, puis celles de Premier conseille à Tel Aviv.

Après un passage au cabinet du ministre des Affaires étrangères, entre 2007 et 2009, il a été nommé ambassadeur de France en Israël, pays qu’il aurait dû quitter l’année passée.

La DGSE compte 5 directions, dont deux ont changé de patron en 2012, avec les nominations de François Sénémaud (Renseignement) et du général Éric Bucquet (Opérations).

Selon l’arrêté du 21 décembre 2012 portant sur l’organisation de la DGSE, “la direction de la stratégie est chargée de la transmission et du suivi des orientations recueillies auprès des interlocuteurs officiels de la direction générale de la sécurité extérieure ainsi que de l’animation et de l’évaluation de la production de renseignements. Le directeur de la stratégie est systèmatiquement désigné parmi les membres du corps diplomatique.

L'affaire du juge Borrel



Le juge Bernard Borrel est retrouvé mort calciné aux environs de Djibouti ville en octobre 1995. Sur place, les autorités concluent vite à un suicide, mais la veuve du magistrat n’y croit pas. Elisabeth Borrel entame donc un long parcours judiciaire pour faire la lumière sur la mort de son mari.

L’assassinat a aujourd’hui été reconnu mais les commanditaires et le mobile restent une énigme, puisque la raison d’Etat semble avoir provoqué non seulement la mort d’un homme, mais toute une série de dysfonctionnements de la justice. Cette affaire traite des relations entre Djibouti et la France, entre Jacques Chirac et Ismael Omar Guelleh, des intérêts militaires français en Afrique, de la cellule Afrique du gouvernement et de son chef, Michel de Bonnecorse.

Installé depuis moins d’un an à Djibouti, Bernard Borrel est en 1995 un magistrat mandaté par la France en tant que conseiller du ministre de la Justice djiboutien pour l’aider à réformer le code pénal. Marié à Elisabeth qui est elle aussi juge d’instruction, il est père de 2 fils, Louis-Alexandre et François-Xavier.

Le 18 octobre 1995, le juge Borrel quitte son domicile vers 17h pour se rendre d’abord à son bureau puis à une réunion. Sa femme commence à s’inquiéter quand elle apprend que personne ne l’a vu à cette réunion. Elle prévient alors les hôpitaux et les commissariats, en vain.

Officiellement, le corps de Bernard Borrel est retrouvé à 7h20 le 19 octobre par la police de l’armée française à Djibouti. Il est à moitié calciné, au pied d’un ravin dans la région du Goubet-Al Karab à 80 km de la capitale. C’est le consul de France qui informe Elisabeth que son mari s’est «immolé» par le feu. Pour lui c’est un suicide, c’est d’ailleurs déjà ce que colporte la rumeur. Dans la même journée, un conseiller juridique français auprès du président de la République de Djibouti de l’époque, Hassan Gouled Aptidon, lui demande de rechercher un document de la plus haute importance. Elle cherche mais n’arrive pas à mettre la main dessus.

L’ «enquête-éclair» djiboutienne conclut au suicide dès le 2 novembre. Le juge aurait enlevé son short, se serait aspergé d'essence, aurait jeté le jerrican, puis se serait immolé avant de dévaler une pente à pic. Il aurait ensuite titubé sur quelques mètres entre les rochers pour finalement s’écrouler. La plante de ses pieds est pourtant intacte.

Le corps est rapatrié dès le lendemain vers Toulouse, puisque la justice djiboutienne n’estime pas nécessaire de faire une autopsie. Elisabeth Borrel demande donc une autopsie du corps de son mari en arrivant en France. Débutée en février 1996, cette démarche ne fera connaître ses résultats qu’un an plus tard et les conclusions sont contradictoires car elles vont dans le sens du suicide malgré l’absence de suie dans les poumons.

Désormais convaincue par la thèse de l’assassinat, Elisabeth Borrel poursuit ses recherches dans ce sens. Elle trouve dans les papiers de son mari des documents relatifs à l’affaire de l’attentat du Café de Paris. Bernard Borrel avait été sollicité pour faire le lien entre le juge Le Loire et le magistrat djiboutien chargé de ce dossier, dans lequel Ismaël Omar Guelleh (IOG), le président de Djibouti était suspecté d’être le commanditaire.

En novembre 1997, le dossier Borrel est transféré à Paris et atterrit entre les mains des juges Roger Le Loire et Marie-Paule Morrachini. Ils abondent  vers la thèse du suicide, les relations entre le clan de la veuve et les juges sont d’ailleurs teintées de suspicion. Les 2 magistrats partent pour la 1ère fois sur le terrain en  1999 et à l’instar de la brigade criminelle qui affirme que l’on ne peut pas sérieusement retenir la piste du meurtre pour le moment, les juges tentent une reconstitution des faits d’après les conclusions auxquelles ils sont arrivés en 2000. Filmée pour être transmise à Elisabeth Borrel et à ses avocats qui n’ont pas eu le droit d’aller sur place, cette reconstitution ne fait que confirmer leur impression, il y a un grand dysfonctionnement de la justice dans cette affaire. Les partisans de la thèse du suicide nient des incohérences majeures, écartent des preuves et orientent le débat vers des détails insignifiants.

Le rapport médico-légal français qui accompagne cette reconstitution conclut au suicide en mars 2000.  Un an plus tôt, une enquête avait été lancée sur la personnalité du juge. On le dit au bord du divorce au moment de sa mort, trafiquant, pédophile… Mais l’absence totale de preuve force à clore le chapitre.

On parle aujourd’hui d’une évidente tentative de désinformation, des services secrets à la brigade criminelle.


Un nouveau souffle 

À la même période, un témoin important sort de l’ombre et délivre des informations capitales. Il s’agit de Mohamed Saleh Alhoumekani, un ancien lieutenant et ex-membre de la garde présidentielle djiboutienne réfugié à Bruxelles.
Mohammed Saleh Alhoumekani
Mohammed Saleh Alhoumekani


Il affirme avoir vu et entendu le jour du meurtre, 5 hommes dire à Ismaël Omar Guelleh, à l’époque directeur de cabinet du président: «le juge fouineur est mort et il n’y a pas de trace». Cette phrase fait basculer toute l’affaire vers un assassinat mais la justice refuse encore de l’admettre. Alhoumekani affirme que Bernard Borrel a été assassiné et cite Ismaël Omar Guelleh, désormais président, comme commanditaire. On apprendra d’ailleurs en 2002 que le juge a été vu le 18 octobre en train de faire le plein d’essence dans son véhicule à l’entrée du désert. Il n’était pas seul dans sa voiture et un autre véhicule le suivait. L’homme qui accompagnait Bernard Borrel était blanc de type caucasien tandis que les passagers du 2ème véhicule étaient djiboutiens. D’après les descriptions, il y aurait eu 2 terroristes censés être en prison, Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan Adouani, le chef des services secrets Hassan Saïd et au autre homme.


Ismael Omar Guelleh
Ismaël Omar Guelleh


Alhoumekani est entendu par la juge Morrachini mais tandis qu’il est accusé d’affabulation côté djiboutien, il se plaint d’avoir subi des pressions de la part de la juge pour qu’il retire son témoignage.

Des structures veillant au respect des droits de l’homme à Djibouti dénoncent l’existence d’une organisation mafieuse appelée la nébuleuse GHA, nom de code de Guelleh-Haïd et Associés. On attribue un grand pouvoir à la nébuleuse, qui aurait infiltré tous les échelons du pouvoir officiel, tous les trafics, jusqu’au trafic d’enfants depuis la Somalie. La nébuleuse tiendrait également des positions clairement racistes et feraient de grands «nettoyages» ethniques régulièrement, comme avec les Gadabourcis après les attentats du Café de Paris, que certains lui imputent directement. Cette piste pourrait bien être sérieuse mais n’a pas encore été pleinement explorée car manifestement le risque est grand de s’attaquer à la mafia djiboutienne.

Finalement, les juges Lenoire et Morrachini sont dessaisis de l’affaire qui est remise au juge Jean-Baptise Palos. En 2002 , il part avec Elisabeth Borrel et ses avocats à Djibouti. C’est la 1ère fois que la veuve se rend sur les lieux du drame. Elle s’isole et laisse les professionnels de l’investigation faire leur travail. Dès leur arrivée, les experts en médecine légale ont le sentiment clair que l’on s’est moqué d’eux. Aucune théorie de suicide n’est réaliste au vu du lieu, de l’inclinaison des pentes, de la forme des rochers. Le juge Palos ordonne une 2nd exhumation du corps de Bernard Borrel en juin 2002, la conclusion s’impose, «le suicide est peu plausible».

Cette avancée capitale de l’enquête délie la langue d’Ali Itfin, l’ancien supérieur d’Alhoumekani qui témoigne des pressions qu’il a subies pour témoigner contre ce dernier par les services secrets djiboutiens et plus spécifiquement par leur chef Hassan Saïd. Elisabeth Borrel porte plainte contre lui pour subordination de témoin.  En 2006 un mandat d’arrêt international est lancé contre le procureur de la République Djama Souleiman et Hassan Saïd, le chef des services secrets de Djibouti, pour subordination de témoin.


Hassan Saïd  
Hassan Saïd, le chef des services secrets Djiboutiens  


Dès la plainte de la veuve, l’Etat de Djibouti demande la communication du dossier juridique de l’affaire Borrel. Les juges s’opposent formellement à la transmission de ce dossier mais le ministère des Affaires Etrangères et l’Elysée veulent croire au suicide et assurent aux djiboutiens qu’ils recevront une copie du dossier. L’intérêt de la France est énorme à sauvegarder ses relations avec Djibouti. La base militaire française qui compte plus de  2000 hommes à Djibouti est d’une importance stratégique capitale.

Non seulement cette transmission d’informations pouvait ruiner le travail d’investigation qui avait été fait depuis 9 ans, mais en plus, compte tenu du droit international, il aurait permis aux djiboutiens de faire condamner n’importe qui dans leur pays et d’obliger par la même la France à clore l’affaire. La justice refuse finalement de communiquer quoi que ce soit.

Dans cette affaire, de nombreuses demandes de déclassification des documents secrets concernant par exemple les mouvements de troupes ont été adressées à l’Etat, très peu ont abouties ce qui a considérablement ralenti les avancées de la partie civile. En 2005, l’affaire est remise entre les mains de la juge Sophie Clément. On évoque comme mobile du crime un trafic d’uranium enrichi et autres substances chimiques rares.
La piste est à exlorer.

Le combat continue

En 2007, de nombreux rebondissements secouent l’affaire Borrel.
Le livre de sa veuve sorti l’année précédente fait beaucoup de bruit. Les juges continuent d’essayer d’entendre Ismaël Omar Guelleh comme témoin, en vain.


Un juge assassiné, le livre d'Elizabeth Borrel
Un juge assassiné, le livre d'Elizabeth Borrel, sortit en 2006


Des perquisitions effectuées aux ministères des affaires étrangères et de la justice suggèrent l’implication de Jacques Chirac dans la transmission de certaines pièces du dossier à Djibouti. Les juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia qui sont responsables de la 2ème instruction ouverte par la plainte de Mme Borrel contre l’Etat français, sont arrêtées dans leur élan par la garde républicaine au moment de perquisitionner le palais de l’Elysée et plus spécifiquement la cellule Afrique et le bureau de son chef Michel Bonnecorse, conseiller «Afrique» de Mr Chirac.


le palais de justice de paris
Le palais de l'Elysée


Elles réussiront finalement en juillet. Après son élection, Elisabeth Borrel écrit à Nicolas Sarkozy pour obtenir son soutien quant à l’indépendance et au bon fonctionnement de la justice dans cette affaire. Dans les heures qui suivent le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin confirme dans un communiqué l'origine criminelle de la mort du juge Bernard Borrel. C’est une 1ère reconnaissance légale. D’ailleurs la pension de la veuve du magistrat est réévaluée car le décès de son mari change de catégorie.

En mars 2008, Djama Souleiman, procureur de Djibouti, et Hassan Saïd, chef des services secrets, sont condamnés par le tribunal correctionnel de Versailles à dix-huit mois et un an de prison ferme pour «subornation de témoin». C'est la première fois depuis le début de l'enquête que de hauts dignitaires djiboutiens sont condamnés dans le cadre de l'affaire. Dès 2009, la cour d’appel de Versailles annonce la relaxe des 2 hommes et fait annuler le mandat d’arrêt international lancé en 2006.

Enfin en janvier 2010 l’Etat donne raison à Elisabeth Borrel et reconnaît les pressions politiques qu’ont entraînées les paroles de Michel Bonnecorse affirmant en septembre 2007: «Contrairement à ceux qui préjugent de l’assassinat de Bernard Borrel sur ordre des autorités djiboutiennes, je préjuge, moi, qu’il s’est suicidé».

Contacté par France-Soir, Maître Olivier Morice, l’avocat d’Elizabeth Borrel déclare: «Ce sont des pressions politiques caractérisées alors même que la justice a fourni aux responsables politiques des éléments montrant que le mari de ma cliente a bien été tué.»


 Pour la sortie du livre Un juge assassiné
 Elizabeth Borrel, Bernard Nicolas et Maître Olivier Morice, à la sortie du livre


Les investigations se poursuivent sur les 3 fronts judiciaires ouverts par Elisabeth Borrel. La déclassification des documents pourraient faire progresser l’instruction rapidement. La veuve du magistrat reste persuadée que c’est la raison d’Etat qui a légitimé aux yeux de certains la mort de son mari.


Jacques Chirac et le président Djiboutien
Jacques Chirac en compagnie du Président Djiboutien


En quelques dates

27 septembre 1990: Une bombe explose devant le Café de Paris, un lieu de rendez-vous de nombreux Français à Djibouti. L’attentat fait 1 mort et 11 blessés.
  
Mercredi 18 octobre 1995: Bernard Borrel quitte son domicile vers 17h00. Il doit se rendre à son bureau puis à une réunion. 
  
Jeudi 19 octobre 1995: Une patrouille de police de l’armée française à Djibouti découvre au petit matin, au pied d’un ravin, le corps à demi calciné du juge.
  
22 octobre 1995: Élisabeth Borrel et ses deux fils quittent Djibouti pour Paris
  
3 novembre 1995: La dépouille de Bernard Borrel est rapatriée et enterrée près de Toulouse. Élisabeth Borrel décide de demander une autopsie du corps de son mari. Une information est ouverte au parquet de Toulouse pour « recherche des causes de la mort ».
  
15 février 1996: L’autopsie a lieu mais il faudra attendre un an avant que les résultats ne soient livrés. Pourtant les conclusions sont importantes. Elles établissent notamment qu’aucune trace de suie n’a été décelée dans les poumons
  
Novembre 1997: Le dossier quitte Toulouse et l’enquête est confiée à Paris, aux juges Roger Le Loire et Marie-Paule Morrachini
  
Mars 1999: Les magistrats vont une première fois à Djibouti. Une enquête sur la personnalité du juge Borrel est lancée
  
Janvier 2000: Mohamed Saleh Alhoumékani, officier dans la garde présidentielle au moment des faits, affirme que le juge Borrel a été assassiné et que l’actuel président, Ismaël Omar Guelleh, est le commanditaire du meurtre. 
  
Mars 2000: Les juges Le Loire et Moracchini se rendent une deuxième fois à Djibouti. Une reconstitution est organisée.
  
Juin 2000: Les juges Moracchini et Le Loire sont dessaisis du dossier par un arrêt de la chambre d’accusation. C’est le juge Jean-Baptiste Parlos qui prend désormais en charge le dossier Borrel.
  
Février 2002 : Le juge Parlos va à Djibouti avec Mme Borrel, ses avocat et trois experts en médecine légale. Au retour de ce voyage, le juge Parlos ordonne une nouvelle exhumation du corps.
  
27 juin 2002: Le corps de Bernard Borrel est à nouveau exhumé. Les expertises jugent en novembre 2002 le suicide «peu plausible»
Septembre 2002: Ali Iftin témoigne contre les services secrets djiboutiens
  
Mai 2004 : Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hervé Ladsous, annonce qu’une copie du dossier Borrel sera prochainement remise à la justice djiboutienne. 
  
20 octobre 2004: La justice de Djibouti réclame la communication du dossier français. Premier refus le 8 février 2005.
  
Mars 2006 : Ouverture d'une information judiciaire contre un diplomate du ministère des Affaires étrangères, pour « pressions sur la justice » : il avait promis de transmettre le dossier à Djibouti.
  
Août 2006: Plainte d’Elisabeth Borrel contre l’Etat français pour avoir communiqué des éléments du dossier relatif à la mort de son mari
  
1er octobre 2006: Mandats d'arrêt contre le procureur de la République Djama Souleiman et Hassan Saïd, pour une éventuelle «subornation de témoin».
  
19 octobre 2006: Emission de mandats d'arrêt français visant Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan Adouani, deux repris de justice soupçonnés d'être les exécutants
  
2 mai 2007: Les juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia  tentent une perquisition au palais de l'Élysée mais les gendarmes leur en interdisent l’accès
  
13 juin 2007: Madame Borrel en appelle au nouveau Président de la République pour faire respecter l'indépendance de la justice
  
19 juin 2007: L'origine criminelle de la mort du juge Borrel est confirmée par le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin
  
Mars 2008: La cour d’appel de Versailles condamne Hassan Saïd et Djema Souleyman à des peines de prison ferme pour «subornation de témoins»
4 juin 2008: Arrêt de la Cour internationale de justice, Djibouti accuse la France dans le cadre de la transmission du dossier juridique
  
Mai 2009: La cour d’appel de Versailles prononce la relaxe de Saïd et Souleyman
  
Janvier 2010: Le Conseil d’Etat donne raison à Elisabeth Borrel en annulant une décision de l’ex-ministre de la Justice refusant la protection statutaire à la veuve du juge Borrel dans une instruction visant Michel de Bonnecorse pour «pression sur la justice».


Bibliographie et Filmographie

Bibliographie
  • Un juge assassiné
    Élisabeth Borrel,
    Bernard Nicolas
    Flammarion
    Paris 2006
  • Aux Portes de l'Enfer: L'inavouable vérité de l'affaire Borrel
    Chris Laffaille
    Scali
    2008 
Filmographie
Egger Ph.

mardi 20 août 2013

Selon le journal allemand Bild, Al-Qaïda prévoirait des attentats en Europe


Le réseau extrémiste Al-Qaïda projette des attentats contre des trains à grande vitesse dans toute l'Europe, affirmait lundi le quotidien allemand Bild, citant des sources proches des services secrets.

Réagissant à cet article, qui intervient au moment où le gouvernement allemand est critiqué pour sa collaboration supposée avec l'Agence nationale américaine de sécurité (NSA), plusieurs sources en Allemagne, France, Grande-Bretagne e tAutriche se gardaient de tout alarmisme.

D'après Bild, l'information sur ces projets d'attentats provient de la NSA, qui a capté une conversation téléphonique il y a quelques semaines entre de hauts responsables d'Al Qaida.

Selon le tabloïd, ces attentats pourraient prendre la forme d'actes de sabotage sur les voies de chemin de fer, dans les tunnels, ainsi que des bombes dans les trains.

Il y a naturellement toujours ce genre d'indications et nous menons l'enquête, a dit lundi un porte-parole du ministère allemand de l'Intérieur, Jens Teschke, lors d'un point presse régulier du gouvernement allemand.

On sait que l'Allemagne, comme les autres pays occidentaux, est dans le collimateur de groupes islamistes radicaux, a-t-il ajouté. Nos mesures de sécurité sont à un haut niveau. Nous n'avons pas prévu pour le moment de les relever, a-t-il dit.

«Aucun élément précis»

De sources proches des services antiterroristes français, on indiquait n'avoir pas été informé de l'interception d'une conversation téléphonique ou d'une menace d'attentat contre des trains semblables à celles rapportées par Bild. «Aucun élément provenant de nos services ne peut accréditer les informations du Bild. Mais notre vigilance est totale, les Francais doivent le savoir», selon Manuel Valls.

On relevait que depuis les attentats de Londres, en juillet 2005, le plan Vigipirate --dispositif de sécurité français destiné à prévenir les menaces ou à réagir face aux actions terroristes--, était au niveau rouge, soit quasiment le niveau le plus haut et on ajoutait: On ne va pas passer à niveau Ecarlate.

Jamais déclenché au niveau national, le niveau Ecarlate est prévu en cas de menace d'attentat imminente et certaine. Les mesures prévues par le niveau Rouge peuvent être encore renforcées en fonction d'événements divers: cela a été le cas en janvier au moment du déclenchement de l'opération française au Mali ou en avril des attentats de Boston (Etats-Unis).

Dans le cadre du plan Vigipirate rouge, les gares et les trains font déjà partie des cibles potentielles bénéficiant d'une surveillance soutenue en France, avec notamment des patrouilles militaires.

La SNCF, chemins de fer français, s'est refusée de son côté à tout commentaire.

Interrogé par l'AFP, le ministère britannique de l'Intérieur a refusé de commenter cet article.

Un porte-parole du ministère autrichien de l'Intérieur a de son côté déclaré qu'il n'y avait pas de raisons de s'inquiéter. Les autorités autrichiennes sont en contact avec leurs homologues des pays voisins, a-t-il dit, précisant qu'aucune mesure supplémentaire de sécurité n'avait été prise dans les trains et les gares.

Seuls les chemins des fers tchèques ont indiqué avoir augmenté leurs mesures de sécurité, à la suite de la parution de l'article de Bild.


Affaire Snowden : le gouvernement britannique a forcé le "Guardian" à détruire des dossiers


Le gouvernement britannique fait pression sur le Guardian, qui a publié des documents transmis par l’ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden, afin qu’il détruise l’ensemble des dossiers mis à la disposition du journal, ont annoncé mardi les médias internationaux, citant l’éditeur du Guardian, Alan Rusbridger.

Selon M. Rusbridger, il a reçu un coup de téléphone de la part d’un « haut responsable gouvernemental affirmant qu’il représentait la position du premier ministre ». L’éditeur a ensuite rencontré à deux reprises son interlocuteur téléphonique qui lui a demandé de remettre aux autorités ou de détruire tous les documents confiés par le lanceur d’alerte.

D’après M. Rusbridger cité par les médias européens, le « gouvernement a menacé d’engager une procédure judiciaire » s’il refusait de rendre ou de détruire lui-même les dossiers secrets.

Lundi dernier, un contact de Snowden, le journaliste du Guardian Glenn Greenwald, a annoncé son intention d’adopter une position « plus agressive » sur la publication de nouveaux documents en réponse à l’interpellation de son partenaire David Miranda à l’aéroport de Londres.

M. Greenwald a fait savoir qu’il détenait un grand nombre de documents dévoilant les programmes de surveillance des services secrets britanniques et qu’il envisageait de les publier.


La CIA reconnaît avoir orchestré un coup d'État en Iran en 1953


Le rôle de l'agence américaine de renseignement était un secret de polichinelle depuis des années et hante toujours les relations entre les deux pays.

La CIA reconnaît avoir orchestré le coup d'État qui a renversé le Premier ministre iranien Mohamed Mossadegh le 18 août 1953, après qu'il eut nationalisé le pétrole du pays, selon des documents récemment déclassifiés. Le rôle de l'agence américaine de renseignement était un secret de polichinelle depuis des années et hante toujours les relations entre les États-Unis et l'Iran.

Mais des documents internes à l'agence datant des années 1970, récemment déclassifiés et publiés lundi, montrent clairement son rôle. "Le coup d'État militaire qui a renversé Mossadegh et son cabinet de Front national a été mené sous la direction de la CIA dans un acte de politique étrangère", affirme l'agence dans l'un des documents. Le Premier ministre iranien avait nationalisé en 1951 l'Anglo-Iranian Oil Company, l'ancêtre de BP, provoquant l'ire de Londres, pour qui le pétrole iranien était jugé vital pour le redressement de l'économie britannique après la Seconde Guerre mondiale.

"Rôle significatif"

Or, début 1953, le président Dwight Eisenhower arrive au pouvoir aux États-Unis et se montre plus compréhensif vis-à-vis des doléances britanniques que son prédécesseur Harry Truman. Les documents déclassifiés de la CIA montrent que l'agence comprenait les raisons du positionnement de Mossadegh, loin de l'image de "fou" sénile véhiculée par les médias occidentaux. Les hommes politiques et responsables d'entreprises britanniques manquaient de respect pour les Iraniens, perçus comme "inefficaces, corrompus et servant leurs propres intérêts", affirme même la CIA.

Mais l'agence justifie son action par les contingences de la guerre froide et la peur que les Soviétiques n'envahissent et ne prennent le pouvoir à Téhéran si Londres envoyait ses navires de guerre, ce que fit la Grande-Bretagne trois ans plus tard après la nationalisation du canal de Suez. "Alors, non seulement le pétrole iranien aurait été irrémédiablement perdu pour l'Ouest, mais la chaîne de défense autour de l'Union soviétique, une composante de la politique étrangère américaine, aurait été rompue", justifient les auteurs.

Le chah Mohammad Reza Pahlavi fut mis sur le trône et devint un proche allié de Washington jusqu'à son renversement lors de la révolution islamique de 1979. En 2000, la secrétaire d'État américaine Madeleine Albright, pour tenter d'améliorer les relations avec Téhéran, avait déclaré que les États-Unis avaient "joué un rôle significatif" dans le renversement de Mossadegh et jugé que le coup d'État avait constitué un "revers pour le développement politique de l'Iran". Le président Barack Obama avait lui aussi exprimé une position similaire après sa prise de fonctions.


Kate Middleton : les SAS l'ont préparée à un kidnapping


Kate est entraînée à réagir à un rapt par les experts des forces spéciales britanniques


Kate Middleton est dans les petits papiers de Son Altesse et objet de toutes les attentions des SAS. Le "Special Air Service", autrement dit les forces spéciales britanniques, la préparent au pire, et notamment à un enlèvement.

De l'admiration à l'envie, il n'y a qu'un pas et Kate Middleton pourrait en faire les frais. Forts de ce principe, les gars du SAS ont appelé la jeune mariée à rejoindre leur programme de protection des personnalités. Une obligation familiale, en quelque sorte, puisque son nouveau statut princier l'expose à des actes terroristes. Or, c'est justement le terrain de jeu préféré des descendants de David Stirling et Jock Lewes, les deux fondateurs de cette unité d'élite.

D'après le "Sun", le cours - décrit comme "très dur, physiquement et mentalement" - a été suivi par d'autre membres de la famille royale (la Reine, la Princesse Diana, le Prince William et le Prince Charles ont déjà été des élèves de ce club très fermé) aussi bien que des politiciens et des expatriés travaillant dans des pays à risque."

Au programme : acquisition de réflexes de de survie, comme remarquer quoi que ce soit d'inhabituel dans l'environnement ordinaire, savoir réagir en cas d'agression ou encore apprendre à nouer une relation avec des preneurs d'otages.

Selon une source de la Perfide Albion, "le Palais veut s'assurer que le nouveau statut de Kate ne la rende pas vulnérable. Elle a été bien formée si l'impensable devait se produire. Cette formation à la prévention contre le kidnapping pour VIP apprend à régir tant mentalement que physiquement. L'élément mental implique la réaction aux situations inhabituelles, comme quand il y a eu un étranger dans la chambre à coucher de la Reine: elle a juste commencé à lui parler."

Egalement dispensé par des officiers du MI5 (pour Military Intelligence, section 5, service de renseignement intérieur anglais), cet entraînement peut prendre plusieurs mois. Cependant, impossible de savoir si Kate Middleton a choisi la formule accélérée. Maintenant, ces hommes d'action doivent avoir une hâte : que Pippa fasse elle aussi sa rentrée des classes.

Jean-Frédéric Tronche 

Urgent: recherche prof de tamachek pour le Pentagone


Le Pentagone, via le Partner Language Training Center Europe (PLTCE) du George C. Marshall European Center for Security Studies (à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne) recherche un enseignant (d'origine touarègue) disponible pour dispenser un cours de 12 semaines de tamachek (la langue des touaregs).

Trente heures de cours par semaine, à un étudiant (mais l'appel d'offres précise que le nombre pourrait aller jusqu'à 8). Possibilité de séjour d'immersion "in country" (donc probablement au Mali).

Pour tous les détails et la procédure de candidature, cliquer ici.

Femen - Amina : "Et si c'était Israël qui finançait ?"




La militante tunisienne Amina Sboui, libérée début août après deux mois et demi de détention, a annoncé mardi quitter le groupe féministe Femen, qu'elle accuse d'islamophobie et d'avoir un système de financement opaque. "Je ne veux pas que mon nom soit associé à une organisation islamophobe. Je n'ai pas apprécié l'action où les filles criaient Amina Akbar, Femen Akbar (une parodie de prière, NDLR) devant l'ambassade de Tunisie en France ou quand elles ont brûlé le drapeau du Tawhid (dogme fondamental de l'islam) devant la mosquée de Paris", a-t-elle dit à l'édition maghrébine du site d'information Huffington Post. "Cela a touché beaucoup de musulmans et beaucoup de mes proches. Il faut respecter la religion de chacun", a-t-elle ajouté.

Amina fait référence à deux actions menées par Femen en France pour la soutenir alors qu'elle était en détention provisoire pour avoir peint mi-mai le mot "Femen" sur le muret d'un cimetière de Kairouan (150 km au sud de Tunis) dans le but de dénoncer un rassemblement d'un mouvement salafiste interdit par les autorités.

"Je veux savoir"

La jeune fille de 18 ans a par ailleurs critiqué l'opacité du financement de Femen, une organisation féministe fondée en Ukraine et désormais basée à Paris, connue pour ses actions seins nus en soutien aux droits des femmes et contre les dictatures. "Je ne connais pas les sources de financement du mouvement. Je l'ai demandé à plusieurs reprises à Inna (Shevchenko, chef de Femen, ndlr) mais je n'ai pas eu de réponses claires. Je ne veux pas être dans un mouvement où il y a de l'argent douteux. Et si c'était Israël qui finançait ? Je veux savoir", a expliqué Amina, qui se dit désormais "anarchiste".

La lycéenne s'était rendue célèbre en mars sous le pseudonyme d'Amina Tyler en publiant sur Internet des photos seins nus et en se revendiquant de Femen, ce qui lui avait valu des menaces de la mouvance salafiste. Elle a par ailleurs publié sur Internet la semaine passée un nouveau cliché seins nus où on la voit allumant un cocktail Molotov avec une cigarette au moment où la Tunisie est plongée dans une profonde crise politique. L'opposition réclame la démission du gouvernement dirigé par les islamistes à la suite de l'assassinat, le 25 juillet, du député Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance djihadiste.

Les FEMEN, agents du sionisme ?
L’organisation dont le but est soi-disant de « défendre » les droits des femmes et dont le nom est FEMEN prouve une fois de plus par ses actions que leur « lutte » n’a rien à voir avec les droits des femmes qu’elles sont censées défendre.

La longue litanie de leurs attaques violentes contre des lieux sacrés chrétiens et musulmans, indique plutôt un mouvement anticlérical extrémiste mais également orienté... petit et énième retour sur un mouvement emblématique de l’état d’esprit ambiant de certains milieux.

Dernière action en date : l’attaque à l’encontre de l’Archevêque de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, André-Joseph Léonard, lors d’une conférence à l’Université Libre de Bruxelles, l’aspergeant d’eau bénite avec des statuettes en plastique en forme de Vierge Marie, accompagnés de cris vulgaires dont les FEMEN seules connaissent le secret. Malgré cette attaque dans un style propre aux FEMEN, Mgr André Léonard est resté impassible face aux « sextremistes » et après évacuation de ces dernières, s’est saisi d’une des statuettes représentant la Vierge Marie pour l’embrasser. Un exemple d’humilité, de sagesse et de dignité.

D’ailleurs probablement la meilleure réponse qui soit face à de tels actes.
Alors que l’Assemblée nationale en France vient d’adopter la très controversée loi du « mariage pour tous », ce qui est indéniablement un nouveau coup pour les valeurs traditionnelles et culturelles non seulement européennes, mais probablement au niveau de toute l’Humanité, il est intéressant de se pencher sur ce que représente véritablement cette organisation.

Comme nous le savons déjà, le groupe FEMEN a été fondé à Kiev, en Ukraine. Après maintes « actions », dont certaines honteuses, notamment lorsqu’elles ont scié une croix au centre de Kiev en mémoire des victimes de répressions religieuses et politiques durant la dictature stalinienne, elles ont « déménagé » leur siège à Paris. En réalité ces « demoiselles » ne font qu’adopter un style primitif pour se médiatiser au maximum et ne font qu’accroître la désapprobation, y compris au sein de nombreux milieux féministes.

Helmut GeierMais ce qui importe vraiment dans tout cela, c’est de savoir qui sont derrières ces ultras sexistes et qui les manipulent comme de vraies petites marionnettes. On dit qu’elles sont financées par des milieux d’affaires européens et américains. Intéressant… mais à part cela ?

Georges SorosQui se trouve tout en haut de la pyramide ?

Quelques noms circulent : le milliardaire allemand Helmut Geier, la femme d’affaires allemande Beat Schober, ainsi que l’homme d’affaires américain et patron de presse Jed Sunden. George Soros est également mentionné.

Jed SundenLe mot d’ordre aujourd’hui des FEMEN : combattre les religions par tous les moyens. Le christianisme, aussi bien catholique qu’orthodoxe, a été le premier visé. Puis, ce fut au tour de l’islam de devenir également la cible des « filles » aux seins nus. Bien que géographiquement leurs actions antimusulmanes se soient déroulées dans des endroits où elles ne risquaient de toute façon pas grande chose : en Allemagne, en France. Il aurait été intéressant de les voir s’essayer à faire de même en Arabie saoudite ou au Qatar, en Turquie l’accueil fut déjà tout autre.

Mais si le christianisme et plus récemment l’islam sont ouvertement visés par FEMEN, et que les églises ainsi que les mosquées sont des cibles privilégiées du mouvement « féministe », on a jamais entendu parler ne serait-ce qu’une fois d’une de leur action en Israël ou ailleurs, dans une synagogue ou pourquoi pas devant la Knesset. Étonnant ? Oui car connaissant le débat qui existe dans la société israélienne sur la place de la femme et les nombreuses actions organisées à ce titre par les féministes israéliennes, il est très étonnant d’observer le silence assourdissant des FEMEN à ce sujet.

On ne s’attaque pas aux sponsors ? Ou alors c’est BHL, un autre grand admirateur et inspirateur des FEMEN qui sera déçu ?

N’ayant reçu aucune réponse officielle de leur part à ce sujet, nous posons cette question ici. Personnellement, je ne soutiendrais en aucun cas une « action » dans une synagogue, au même titre que dans une église ou une mosquée car je pense que le respect de chaque personne et de ses convictions doit prévaloir dans un monde où la violence et l’intolérance règnent constamment.

Mais pour revenir à nos militantes du FEMEN, il est très surprenant de voir que dans cette « lutte contre les religions », il y a des bons et des mauvais. Ceux sur lesquels il est possible de s’acharner d’un côté et les intouchables de l’autre. Ceux dont les valeurs ne sont pas à respecter et ceux qu’il faut éviter de blesser. Les FEMEN cachent tant bien que mal que leur « lutte » est ouvertement raciste et discriminatoire. En ce qui concerne les chrétiens et les musulmans, ainsi que leurs relations mutuelles, la seule chose à souhaiter c’est de ne pas céder à la provocation, y compris lorsque cela les concerne réciproquement, et de rester digne et sage en toutes circonstances.









lundi 19 août 2013

Abubakar Shekau a été neutralisé


Abubakar Shekau a été blessé par balle dans un affrontement avec des soldats, a déclaré l'armée nigériane lundi. 

«Selon un rapport des services de renseignements, Abubakar Shekau, le chef des terroristes de Boko Haram le plus redouté et le plus recherché, serait mort», a déclaré l'armée dans un communiqué. «Il est très probable que Shekau soit mort entre le 25 juillet et le 3 août».

Diana, assassinée par l'armée britannique ?


Spécial Air Service


De nouvelles informations sur la mort de la princesse Diana et de Dodi Al-Fayed sont actuellement étudiées par Scotland Yard et révéleraient, selon les médias anglais, que le couple pourrait avoir été assassiné par les troupes d'élite de l'armée britannique. Samedi en fin d'après-midi, la police britannique a indiqué dans un communiqué "examiner des informations qui lui ont été récemment communiquées concernant ces décès et évaluer leur pertinence et leur crédibilité". "L'évaluation sera effectuée par des enquêteurs spécialisés de la police criminelle", a ajouté Scotland Yard, dans un communiqué, sans révéler le moindre élément sur la nature de ces informations. Selon les médias britanniques, citant une source militaire, ces informations auraient été transmises à Scotland Yard par la police militaire royale.

Selon le Daily Telegraph, elles auraient fait surface à l'occasion du récent procès de Danny Nightingale, un tireur des SAS (Special Air Services), les troupes d'élite de l'armée britannique, reconnu coupable de possession illégale d'armes. L'une des informations affirmerait, selon le journal, que cette unité d'élite de l'armée "est responsable de la mort de la princesse Diana". Ces informations ont été fournies par les beaux-parents d'un soldat du SAS, baptisé "soldat N", qui a été un témoin-clé dans le procès de son camarade. Il a été également reconnu coupable de possession illégale d'armes. Ses beaux-parents ont écrit au commandant du SAS en affirmant que le militaire avait confié à son ex-femme que son unité avait "organisé" la mort de la princesse, affirme le quotidien. L'opération aurait ensuite été "dissimulée", aurait-il dit.

L'enquête n'est pas rouverte

La police, qui ne s'exprime pas sur la nature de ces informations, a insisté sur le fait qu'il n'y avait pas pour l'heure "de réouverture de l'enquête", soulignant également que ces informations ne relevaient pas de "l'opération Paget". Celle-ci était le nom donné à l'enquête de la police sur les théories du complot qui s'étaient multipliées à propos de cet accident de voiture. L'enquête avait conclu que toutes ces théories étaient sans fondement. Les princes William et Harry, fils de Diana, ainsi que Clarence House, les services du Prince Charles, n'ont aucun commentaire, a indiqué un porte-parole de la famille royale. Même réponse du ministère britannique de la Défense. Un porte-parole de Mohamed Al-Fayed a également dit que celui-ci n'avait pas de déclaration à faire, mais sera "intéressé de voir les résultats" de l'étude de ces informations.

Ce rebondissement intervient à quelques jours du 16e anniversaire de la mort de la princesse, de Dodi Al-Fayed et de leur chauffeur Henri Paul, tués le 31 août 1997 dans un accident de voiture dans le tunnel, sous le pont de l'Alma à Paris. Le garde du corps du couple, Trevor Rees-Jones, est le seul à avoir survécu à l'accident. Les enquêtes menées par les polices française et britannique avaient conclu que l'accident de voiture était dû à l'état d'ivresse du chauffeur, Henri Paul, qui conduisait trop vite, afin d'échapper à des paparazzi dans les rues de Paris. Après une enquête judiciaire de six mois, les jurés de la Haute Cour de Londres chargés de se prononcer sur les causes de la mort du couple avaient également conclu en avril 2008 à un accident dû à la conduite "extrêmement négligente" de leur chauffeur Henri Paul.

Mohamed Al-Fayed, le père milliardaire de Dodi et ancien propriétaire du magasin de luxe Harrods, a soutenu pendant des années que le couple avait été tué dans le cadre d'un complot ourdi par le prince Philip, époux de la reine Elizabeth, et mis en oeuvre par les services secrets britanniques, pour éviter que Diana, mère d'un futur roi d'Angleterre, n'épouse un musulman. Diana, décédée à 36 ans, avait épousé le prince Charles en 1981. Il se sont séparés en 1992 avant de divorcer en 1996.

La mort de Lady Diana : complot ou simple accident? 

Belle et adulée, elle deviendra une icône pour des millions de personnes de par le monde. Des millions qui, au matin du 1er septembre 1997, seront frappés de consternation lorsqu’elles apprendront que celle qui fut princesse de Galles, Lady Diana Spencer, est décédée dans un accident de voiture en compagnie de son amant Dodi al-Fayed. De Londres à New York, en passant par Paris et Sydney, on a peine à croire que cette jeune femme qui paraissait immortelle est morte dans un «banal» accident de voiture. Ainsi, quatre ans avant les événements du 11 septembre 2001, la mort de Lady Diana suscitera le scepticisme, entraînant dans son sillage une thèse conspirationniste qui, elle, ne mourra jamais.

Pourtant, les conclusions des enquêtes française et britannique sur l’accident attribuent la cause à l’état d’ébriété du chauffeur Henri Paul. Mais rien n’y fait : le millionnaire Mohammed al-Fayed, le père de Dodi, clame sur toutes les tribunes qu’il ne croit pas à cette thèse. Selon lui, les services secrets du Royaume-Uni auraient déguisé un meurtre en accident. Et afin de camoufler ce geste, les autorités françaises et britanniques, de connivence, auraient falsifié les résultats des enquêtes. Or, voilà que le père de Dodi al-Fayed n’est pas le seul à tirer cette conclusion. Pourquoi donc la thèse du complot est-elle si populaire? Voyons voir.

Les témoignages

À la lumière des témoignages recueillis par les autorités françaises et britanniques, une première évidence s’impose : une voiture blanche de marque Fiat précédait la Mercedes du couple avant l’accident. Deuxième évidence : une motocyclette roulait à gauche de la Mercedes et l’aurait même doublée avant qu’un éclair n’illumine le tunnel. Preuve, toutefois, que les témoins s’empêtrent dans les contradictions, deux piétons qui se trouvaient près de la scène de l’accident ont déclaré que la motocyclette roulait plutôt à trente ou à quarante mètres de la Mercedes avant l’impact. Ce ne seront pas les seules divergences d’interprétation constatées par les enquêteurs.

Car certains témoins n’auraient pu faire mieux pour alimenter la conspiration. Un de ceux-là, Eric Pétel, a prétendu qu‘il avait entendu une détonation venant de l'intérieur de la voiture, sans fournir de précision. S’étant arrêté le premier sur les lieux de l’accident, il constate ce qui vient de se produire et décide alors de se rendre au plus proche commissariat, selon ses dires. Mais Pétel, parmi les témoins, a été le seul à écarter la présence d’une voiture et d’une motocyclette dans les environs du tunnel de l’Alma. Et curieusement, il attendra cinq mois avant de transmettre son témoignage aux autorités, témoignage que celles-ci rejetteront d'ailleurs sans crier gare. La raison? Personne n’a entendu parler d’un Eric Pétel dans aucun commissariat de Paris en cette nuit du 31 août au 1er septembre. Un autre témoin, François Levistre, connu pour ses démêlés avec la justice, dira qu’il avait cru être témoin d’un règlement de compte. Selon lui, deux hommes sur une motocyclette étaient descendus jeter un coup d’œil à la voiture accidentée avant de repartir prestement. Le problème est que sa femme, qui l’accompagnait ce soir-là, contredira son témoignage.

Reste une hypothèse qui sera explorée par les enquêteurs dans les minutes suivant la mort de Lady Di : l’accident aurait-il été causé par la présence envahissante de paparazzis à motocyclette? Puisqu’il est question d’éclairs, certains ont cru qu’ils avaient été dardés par des appareils-photo. Des photographies ultérieurement publiées dans les médias montreront d’ailleurs Henri Paul, le chauffeur de la Mercedes, et Trevor Rees-Jones, le garde du corps d’al-Fayed, éblouis par un éclair. Or, les enquêteurs français en déduiront que les paparazzis ne sont aucunement en cause, une conclusion partagée par la dernière enquête britannique, celle de l’Opération Paget, de Lord Stevens.

L’étrange James Andanson

Une voiture avait été vue côtoyant la Mercedes, une Fiat Uno, sur laquelle les autorités françaises tenteront de mettre la main. Première conclusion avant de passer à un autre acte : elle n’aurait pas heurté la voiture du couple, comme certains l’avaient prétendu. Dixit les enquêteurs, qui n’ont trouvé aucune trace de peinture sur la Mercedes. Mais on finira par trouver une Fiat Uno qui appartenait à un photographe proche de lady Diana. Son nom : James Andanson. Photographe de profession, Andanson suivait Diana de temps à autre dans ses déplacements. Quelques mois après l’accident, il avait eu l’idée saugrenue de vendre des pièces de sa Fiat Uno blanche, ce qui éveilla les soupçons de quelques observateurs «émérites» qui crurent que le photographe était l’assassin de service. Mais notre homme avait un alibi : le soir du 31 août 1997, il se trouvait aux côtés de sa femme à plus de 275 kilomètres au sud de Paris. En outre, Andanson n’utilisait plus son illustre Fiat qui n’était d’ailleurs plus en condition de rouler, elle qui avait parcouru 370 000 kilomètres. Mais alors que le paparazzi se faisait oublier d’un peu tout le monde, le 4 mai 2000 il fut retrouvé calciné dans la carcasse de sa voiture à Liquisses, sur le plateau du Larzac. Les autorités ont conclu à un suicide par le feu. Mais l’histoire continue…

James Andanson et sa femme devant la fameuse Fiat Uno blanche

Christophe Pelat, le pompier qui a découvert le corps d’Andanson, a dit avoir aperçu deux trous de balle sur le crâne du cadavre. Voilà une déclaration qui déclenchera la jubilation, entre autres sur Internet, où ils seront des milliers à tirer une conclusion nette et définitive : le photographe a été assassiné. Nos enquêteurs à distance croiront donc le pompier de village sur parole, sans avoir aucun fait pour vérifier et confirmer cette assertion. Mais la police française avait fait ses devoirs : les trous dans le crâne, selon elle, se seraient formés au contact de la chaleur intense provoquée par le feu. Autre événement qui a suscité l’intérêt des conspirationnistes : dans la nuit du 16 juin 2000, soit plus d’un mois et demi après la mort d’Andanson, l’agence de presse pour laquelle travaillait le défunt paparazzi, Sipa-Press, a reçu la visite de trois hommes cagoulés qui ont emporté ordinateurs, disquettes et photographies diverses. Certains ont propagé quelques sombres rumeurs à ce sujet, mais selon l’émission 48 Hours, du réseau américain CBS, les cambrioleurs n’auraient touché à aucune photographie ou objet appartenant à Andanson. Ils étaient plutôt à la recherche de photos compromettantes impliquant une célébrité et un politicien français.

Les confidences d’un ancien du MI6

Richard Tomlinson parle beaucoup, ce qui lui a valu quelques accrochages avec ses anciens patrons. Ex-officier du Secret Intelligence Service britannique (MI6), Tomlinson, à l’instar de Mohammed al-Fayed, n’écarte pas la possibilité que les services de renseignements aient fomenté un complot à l’endroit de lady Diana. Tomlinson soutient que lorsqu’il était affecté au département du Eastern European Controllerate du MI6, on lui assigna la tâche d’enquêter sur un trafic d’armes de pointe provenant de l’ancienne Union soviétique. Tandis que des rencontres se tenaient à l’hôtel Ritz de Paris (qui appartient en partie à Mohammed al-Fayed) où des figures importantes du trafic d’armes s'étaient donné rendez-vous, des agents du MI6 avaient installé des microphones dans les chambres où se tenaient les réunions secrètes. Or, l’accès au Ritz ne pouvait être autorisé que par une personne haut placée du service de sécurité de l’hôtel, et cette personne n'était autre qu’Henri Paul, le chauffeur de la Mercedes le soir du 31 août 1997.

L’ex-officier du MI6 se sert d’une anecdote pour conforter son opinion sur l’accident. En 1992, il fut affecté au dossier Serbie, ce qui le mit en contact avec Nicholas Fishwick, à l’époque chargé de la planification des opérations dans les Balkans au sein du MI6. Fishwick lui avait montré un document contenant un plan d’assassinat envers l’ancien président de la Serbie, Slobodan Milosevic, assassinat qui, selon un des scénarios envisagés, devait être commis à l’aide d’un fusil à éclairs permettant de désorienter le chauffeur de Milosevic, provoquant ainsi un accident de voiture. On le devine, Tomlinson croit que ce petit gadget a été utilisé dans le tunnel de l’Alma. L’ex-officier du renseignement britannique est par ailleurs persuadé que l'un des photographes qui suivaient lady Diana dans ses nombreux déplacements était un membre de la section UKN, composée d’agents du MI6, qui se consacre notamment à l’expertise photographique. Il prend soin d’affirmer cependant qu’il ne connaît pas l’identité de ce photographe pas plus qu’il ne sait s’il était présent sur les lieux de l’accident. Autant dire que cette piste ne mène nulle part.

Doit-on croire Tomlinson? Non, si l’on se fie aux conclusions de l’enquête britannique de lord Stevens, dont le rapport a été publié en décembre 2006. Stevens a pu avoir accès à des documents du MI5 et du MI6 qui démontrent qu’il n’avait jamais été question d’assassiner Slobodan Milosevic. En outre, les documents auxquels Tomlinson fait référence ne font aucunement mention d’un scénario sur un accident provoqué par un fusil à éclairs. Stevens croit que Tomlinson semble avoir inventé de toutes pièces cette histoire autour de l'assassinat de Diana pour, peut-être, mousser les ventes de son livre The Big Breach: From Top Secret to Maximum Security.

Entre en scène le «mystique» Oswald LeWinter

Toute cette histoire est truffée de présupposées et garnie de phénomènes pour le moins étranges, voire ésotériques. Et cette série de bizarreries nous offre un autre épisode quasi romanesque où l’un des personnages les plus mystérieux que le monde a portés a refait surface avec un scénario fort déroutant. Il s’agit du très obscur Oswald LeWinter, qui prétend (faussement) être un ex-informateur de la CIA. Le récit débute le 22 avril 1998. Sur une terrasse à l’extérieur d’un luxueux hôtel de Vienne, un homme du nom de George Mearah rencontre John McNamara, directeur de la sécurité au magasin Harrod’s, qui appartient à Mohammed al-Fayed. Mearah déclare à son interlocuteur que ce sont les services secrets de la Grande-Bretagne qui ont assassiné lady Diana et son amant Dodi al-Fayed. Pour 15 millions de dollars, il est prêt à remettre à al-Fayed des documents appartenant au renseignement et qui prouvent ses dires. On découvrira plus tard que le George Mearah en question est un nom d’emprunt qu’utilisait Oswald LeWinter. Les deux hommes conviennent de se rencontrer de nouveau au cours de la soirée. Mais ce qu’ignore LeWinter, c’est que McNamara, certain d’être en présence d’un arnaqueur, avait au préalable alerté le FBI, la CIA et les autorités autrichiennes.

LeWinter a été arrêté à Vienne le soir du 22 avril sous des accusations d’usage de faux. Ce qui peut paraître surprenant, c’est que, hormis LeWinter, personne d’autre n’a été incarcéré relativement à cette affaire. Pourtant, un mois avant cette rencontre entre LeWinter et McNamara, Keith Fleer, un avocat de Hollywood et associé de LeWinter dans cette machination burlesque, lâcha un coup de fil à l’avocat d’al-Fayed. Fleer prétendait qu’il était en contact avec des informateurs possédant des documents prouvant l’assassinat de lady Diana, commandé par le Palais de Buckingham s’il vous plaît. Après diverses négociations entre Fleer, son associé George Williamson, McNamara et l’avocat d'al-Fayed, tous se sont mis d’accord pour que les informateurs rencontrent les hommes de Fayed à Vienne, en contrepartie d’un transfert électronique de 25 000 $. C’est à ce moment que McNamara alerta le FBI et la CIA. LeWinter raconta à McNamara que le directeur du MI6 avait demandé l’aide de la CIA pour assassiner la princesse Diana et son amant. La CIA aurait alors dirigé le MI6 vers une unité du Mossad israélien, l’Équipe K (K-Team), qui se serait chargée du meurtre.

Pas de surprise, la thèse décrite ci-dessus sera jugée peu crédible par les enquêteurs, sans doute parce que l’homme qui la soutient ne l’est pas davantage. Dès 1953, Oswald LeWinter entre dans les annales judiciaires américaines en se faisant prendre par le FBI au moment où il porte illégalement un uniforme du Corps des Marines, alors qu’il n’en était aucunement membre. Poète de la première heure, il remportera plusieurs prix littéraires et deviendra plus tard professeur de psychologie à l’Université du Maryland. Mais avant cet épisode, il sera arrêté à Londres pour s’être fait passer pour un diplomate américain. En 1984, il sera appréhendé par les autorités allemandes et extradé vers les États-Unis pour avoir fait parti d’un réseau de trafic de méthamphétamine. En prison, il fera la rencontre du Tchèque Karl Koecher, que le côtoiera une décennie plus tard dans la tentative d’extorsion à l’endroit de Mohammed al-Fayed. Un an avant cette combine, LeWinter surgit de nulle part en prétendant posséder de nouvelles preuves sur l’assassinat de John F. Kennedy; personne ne le prit au sérieux.

Pour ce qui est de l’arnaque à l’endroit d’al-Fayed, LeWinter a toujours plaidé l’innocence. Persuadé de posséder la vérité, il s’appuya même sur des sources, parmi lesquelles figurait, si l’on s’en tient à ses propos, un ancien sénateur italien, un ex-ministre allemand ainsi que d’ex-officiers des services de renseignements de la France et de la Grande-Bretagne. Mohammed al-Fayed, bien qu’ayant gardé un goût amer de cette histoire, croit que LeWinter disait peut-être la vérité. Pourtant, depuis la libération du présumé arnaqueur, personne n’a tenté de lui arracher une quelconque déclaration sur ce dossier.

Mohammed al-Fayed

On sait aujourd’hui que la National Security Agency (NSA) des États-Unis possède plus de 800 dossiers sur lady Diana, 1056 pages de documents obtenus à partir, surtout, de l’écoute électronique. D’aucuns ont alors cru (et croient encore) que les services de renseignements se sont acharnés sur lady Diana dans le seul but de l’assassiner. Mais la vérité se trouve ailleurs. Car en s’acoquinant avec Dodi al-Fayed, la princesse de Galles ne pouvait qu’attirer les regards des autorités britanniques et américaines, ne serait-ce que parce que le paternel a une feuille de route assez compromettante. Égyptien d’origine, Mohammed al-Fayed amorça sa carrière en vendant du coca-cola à Alexandrie. En 1954, il maria la sœur du trafiquant d’armes Adnan Khashoggi, qui fut impliqué notamment dans les activités frauduleuses de la Bank of Credit and Commerce International. Le mariage ne dura que quelques années, mais les relations obscures d’al-Fayed se poursuivront avec un autre trafiquant d’armes, Bozo Dabinovic. C’est par l’entremise de celui-ci que Fayed rencontrera le dictateur d’Haïti, François Duvalier. Ayant concocté une biographie qui le met en valeur, Fayed entrera vite dans les grâces de Duvalier. Il obtiendra entre autres le monopole de l’exploitation pétrolière sur l’île, jusque-là sous autorité publique.

C’est à ce moment que la CIA fait la connaissance d’al-Fayed. Elle découvrira qu’il était inconnu des milieux d’affaires du Koweït, au contraire de ce qu’il avait déclaré à Duvalier. En outre, un mémo de l’agence faisait référence à une compagnie pour laquelle Fayed oeuvrait en coulisse, al-Nasr Trading Company, fondée par Adnan Khashoggi et suspectée d’être à la solde des services secrets d’Égypte. Entretemps, Fayed obtint la citoyenneté haïtienne et reçut même un passeport diplomatique des mains de Duvalier, qu’il utilisa pour un voyage en Europe et au Moyen-Orient où il fut étroitement surveillé par la CIA. Mais les tribulations d’al-Fayed en Haïti connaîtront une fin désastreuse. Une chicane avec les transporteurs maritimes haïtiens et la piètre qualité du pétrole mettront Fayed dans l’embarras. Un conflit avec Duvalier pointant à l’horizon, il préféra quitter l’île.

Ce furent là les débuts d’une carrière qui placèrent Mohammed al-Fayed sur la liste des hommes aux comportements fort discutables. En somme, la vie de cet homme d’affaires est arrosée de mensonges et de manœuvres plus ou moins frauduleuses; il saura se faire des amis, mais aussi, et surtout, des ennemis. Son acquisition du prestigieux magasin londonien Harrod’s trempe dans la catégorie des appropriations par manigances que l'on pourrait qualifier de peu orthodoxes. Enfin, l’Égyptien d’origine a récemment été impliqué dans le scandale «cash for questions» en Grande-Bretagne, où il fut question de pots-de-vin versés à deux députés conservateurs de la Grande-Bretagne par un lobbyiste à la solde de l’homme d’affaires.

Une femme marquée au fer rouge

La théorie du complot à l’endroit de lady Diana et de Dodi al-Fayed fut relancée au moment où l’ancien majordome de la princesse a publié avec fracas un livre sur sa carrière au sein de la monarchie anglaise. Dans ce livre, Paul Burrell prétend qu’en 1996 Diana avait exprimé dans une lettre sa peur d’être victime d’un attentat déguisé en accident. Dans cette lettre, elle fit état d’une hypothèse qui a refait surface un an plus tard, celle d’être assassinée en vue de permettre au prince Charles de se marier avec Camilla Parker-Bowles. Les craintes de la princesse d’être victime d’un complot furent d’ailleurs attestées par son ex-confident, le designer Roberto Devorik. Celui-ci affirma que durant un voyage en avion Diana lui avait confié qu’elle craignait d'être la cible des hommes de main de la Cour royale. Et selon l’auteur Nicholas Davies, Diana se savait menacée depuis 1984. Mais c’était là des craintes qui n’étaient toutefois guère fondées si l’on se fie à la dernière enquête britannique. À ce sujet, Hasnat Khan, qui fréquentait Diana avant qu’elle ne rencontre al-Fayed, a déclaré que le prince Charles approuvait sa relation avec l’ex-princesse de Galles. Jamais, dit-il, il n’a ressenti quelque opposition provenant de la famille royale.

Diana était-elle enceinte? C’est ce que prétend Mohammed al-Fayed, qui ajoute qu’elle et Dodi étaient sur le point de se marier. Une rumeur circulait selon laquelle des échantillons prélevés sur le corps de Diana auraient démontré un taux élevé de HCG, une hormone dont la quantité augmente chez les femmes enceintes. La rumeur s’est cependant révélée totalement inexacte, si l’on se fie encore à l’enquête de lord Stevens. Quant à un possible mariage, Mohammed al-Fayed semble avoir pris ses rêves pour des réalités. Les proches de l’ex-princesse sont unanimes à affirmer qu’elle n’a jamais fait allusion à un tel mariage, encore moins à une supposée grossesse.

Henri Paul

Henri Paul aurait collaboré avec les services de renseignements britanniques. C’est du moins, comme on l’a vu, ce qu’affirme l’ex-officier du MI6, Richard Tomlinson, qui n’est pas le seul à évoquer des liens entre Paul et les services de renseignements. Selon le journaliste d’enquête Gerald Posner, Paul était en contact régulier avec la DST et la DGSE françaises. Il aurait même rencontré un officier de la DGSE quelques heures avant l’accident. Et ce qui tend à consolider cette hypothèse, c’est que Paul détenait treize comptes bancaires, dont trois à la Barclays Bank et quatre dans une caisse d’épargne. Même Claude Garrec, un de ses proches amis, est persuadé que l’ancien adjoint à la sécurité du Ritz travaillait pour les services de renseignements dans le cadre de son travail. Il reste que des fouilles effectuées au domicile de Paul et des analyses détaillées de ses derniers appels téléphoniques n’ont apporté aucun indice en ce sens. En outre, l’enquête de lord Stevens n’a pas réussi à établir des liens entre l’ex-employé du Ritz et des agences de renseignements, hormis quelques contacts épisodiques non rémunérés.

Curieusement, le MI6 et les services de renseignements français n’ont pas été pas les seules organisations à solliciter les services d’Henri Paul, selon le journaliste et auteur Gordon Thomas. Le Mossad israélien, selon lui, aurait aussi souhaité bénéficier d’un accès au Ritz, d’où son intérêt pour Paul. Un agent opérationnel du Mossad s’était rendu à Paris afin de recruter le défunt chauffeur, non sans en avoir au préalable établi un «psychoprofil». Mais la tentative de recrutement se révélera un échec. Et la raison des insuccès du Mossad dans ce dossier nous fait revenir aux conclusions des enquêtes françaises et britanniques. Car après avoir pris quelques jours à observer les comportements d’Henri Paul, l’agent du Mossad put remarquer une particularité chez le personnage. Dans un rapport qu’il adressa à ses patrons à Tel-Aviv, il précisa que celui qui fut aux commandes de la Mercedes du couple Fayed-Spencer pouvait absorber une forte quantité d’alcool avec une aisance remarquable.

Cette dernière remarque nous amène à poser une question qui fut au cœur de l’enquête sur le tragique accident : Henri Paul était-il réellement ivre le soir du 31 août 1997, comme les autorités françaises l’attestent? Les réponses divergent, comme s’il pouvait y avoir plusieurs interprétations du phénomène. A priori, l’autopsie a démontré que durant les dernières heures de sa vie, Paul avait un taux d’alcool trois fois supérieur à la limite légale. Mais de nombreuses connaissances de Paul, dont son ami Claude Garrec, ont affirmé qu’il n’avait jamais montré de signes d’alcoolisme. On sait par contre que des médecins lui avaient prescrit des médicaments qui, jumelés à l’alcool, ont pu lui causer des désordres physiques qui se sont avérés fatals. Les dernières prescriptions dataient de juin 1997. Les parents du défunt chauffeur croient malgré tout que les échantillons sanguins utilisés pour tester son taux d’alcoolémie n’étaient pas les siens, ce qu'ont nié les médecins légistes. Des tests d’ADN ont d'ailleurs donné raison à ces derniers en confirmant que les échantillons appartenaient bel et bien à Henri Paul.

On a beaucoup parlé du fait que l’ambulance qui transportait lady Diana s’était rendu à l’hôpital Pitié-Salpêtrière en un peu plus d’une heure trente. Certains avaient vu là l’un des éléments clés du complot. Or, la réalité est plus complexe. L’accident a eu lieu aux environs de 12h26, mais ce n’est que vers 1h00 que les sapeurs-pompiers ont réussi à retirer Diana de la carcasse de la voiture, au moment où elle subissait un premier arrêt cardiaque. Et ce n’est qu’à 1h42 que l’ambulance a pu quitter la scène de l’accident pour se diriger à l’hôpital La Pitié-Salpêtrière, et non l’Hôtel-Dieu de Paris, plus près des lieux de l’accident, mais moins bien équipé pour traiter les traumatismes. En outre, le docteur Jean-Marc Martino avait enjoint au chauffeur de l’ambulance de conduire lentement parce qu’il craignait que les arrêts brusques et les accélérations fassent monter la pression sanguine de Diana.

James Anderson : l'homme qui en savait trop

James Andanson est né Jean-Paul Gonin en 1946. Il a adopté le nom «Andanson» de sa femme quand il s'est marié.

Vie publique, vie privée… Voilà qui siérait à merveille à James Andanson, photographe des stars. Dans la lumière aux côtés de la princesse Diana, Lionel Jospin ou Gilbert Bécaud. Dans l'ombre avec les services secrets ou les marchands d'armes…

Flash-back sur le jeudi 4 mai 2000, au fin fond du Larzac. Vers 22 heures, un automobiliste repère des flammes, à l'écart de la route. C'est une BMW, immatriculée dans le Cher, qui flambe. A bord, les restes calcinés d'un homme…

S'agit-il du propriétaire de la voiture, James Andanson, domicilié à Lignières dans le Cher ? Difficile à dire… Il ne reste pas grand-chose de cet homme plutôt corpulent. Et puis surtout, il ne s'agit pas de n'importe qui : James Andanson est un photographe très connu, ami des princes et des ministres, et surtout de Lady Diana, morte deux ans plus tôt au Pont de l'Alma…

Et dès que l'on examine un peu mieux la vie d'Andanson, les mystères s'enfilent comme de troublantes perles.

Première énigme. La voiture a été retrouvée au cœur du Larzac, mais… à quelques kilomètres de la maison de José Bové. Le porte-parole de la Confédération connaissait bien ce professionnel chevronné, mais aucun rendez-vous n'était programmé : en principe, Andanson aurait dû se trouver à Lille, pour suivre Martine Aubry !

Deuxième énigme. Andanson était assez proche de Diana et son fiancé Dodi. Et chose étonnante, il a possédé une Fiat Uno blanche… du même genre que celle que les enquêteurs ont traquée pendant des mois, pour demander des comptes au chauffeur… Les policiers ont blanchi Andanson dans cette affaire.

Troisième énigme. Andanson habite le Cher, à Lignières. Et il a pour voisin un certain Jacques M... Personnage pour le moins intrigant. Marchand d'armes, il travaille avec Téhéran et l'ancienne Yougoslavie, où il sera plus tard « retenu » pendant deux ans. Et il sera condamné à Bourges à de la prison avec sursis en 2008… Qui est passé dans la maison de cet ancien « barbouze » belge ? Andanson a-t-il pris des photos?

Quatrième énigme : quelques jours après la disparition d'Andanson, son agence de presse est braquée : quatre hommes cagoulés « perquisitionnent » dans les archives photos et s'intéressent tout particulièrement… aux photos sur l'ex-Yougoslavie !

Cinquième énigme : Andanson était un ami de Pierre Bérégovoy. Et il semble bien que ce soit lui qui lui ait fait découvrir ce petit coin tranquille de canal de la Nièvre, où l'ancien Premier ministre s'est donné la mort…

C'est ce que l'on appelle des liaisons dangereuses…

Reste donc à savoir si Andanson s'est vraiment donné la mort .

La thèse du suicide ? D'aucuns disent qu'il aurait souffert d'avoir été accusé de la mort indirecte de Diana. D'autres, qu'il aurait découvert que sa femme avait une liaison. Enfin, un pompiste aveyronnais l'a vu faire le plein et remplir un jerrican.

Mais personne, parmi ses proches, ne s'attendait à un suicide. Ni à son agence, ni parmi ses proches. Et si liaison il y avait, elle n'aurait été ni ignorée, ni mal vécue par Andanson. Enfin, si l'on veut vraiment en finir, il y a plus confortable que de s'immoler par le feu…

Et puis, vraiment, on a retrouvé très peu de chose, dans cette voiture. Il a fallu beaucoup de temps pour s'assurer de l'identité du défunt dont il ne restait que quelques cendres…

Pour la justice française, l'affaire est close : les empreintes dentaires et les tests ADN désignent bien le photographe. Et aucun élément dans la scène de crime ne laisse supposer qu'il puisse s'agir d'une exécution.

Mais la personnalité d'Andanson, et surtout sa proximité avec l'affaire Diana ont déclenché bien des rumeurs, notamment de l'autre côté de la Manche.

On a même envisagé que le mort ne soit pas Andanson, et que celui-ci avait voulu faire croire à un suicide pour échapper aux barbouzes, aux victimes de photos volées ou aux fans de la princesse défunte... En Angleterre, la thèse du grand complot autour de Diana s'est alimentée de toutes les bizarreries, proches ou lointaines, autour du dossier. Et pour alimenter rumeurs et phantasmes, quoi de mieux que ce personnage étrange, dans l'ombre des grands, et traquant avec son objectif, des faux-semblants de la vérité ?

Jacques Monsieur : trafiquant d'armes 

Il a été l’un des plus importants trafiquants d’armes européens des deux dernières décennies. Voici Jacques Monsieur, dit le «Maréchal», dont la carrière, qui a pris fin aux États-Unis le 28 août 2009, a été pour le moins prolifique, ayant a fait fortune dans le commerce de guerre. Ses clients, qui lui ont permis d’être ce qu’il est devenu, ne sont pas les derniers venus en la matière : l’Iran, le Congo de Lissouba et de Sassou-NGuesso, la Croatie, la Chine. Monsieur a trempé dans les affaires légitimes certes, mais, surtout, illégitimes, appuyées en sous-main par des États «qui regardaient de l’autre côté». De la France à l’Afrique, en passant par les pays de l’Est, Jacques Monsieur représente l’archétype du parfait trafiquant d’armes.

Le Tribunal pénal international de La Haye a demandé à la Belgique de lui transmettre trois dossiers judiciaires, datant de 1984-1985, sur le marchand d’armes belge Jacques Monsieur. La défense de Radovan Karadzic le considère comme un témoin potentiel. Les conseillers légaux de Radovan Karadzic veulent prouver que les membres de l’ONU violaient l’embargo sur les armes pendant la guerre de Bosnie et les résolutions de l’ONU.



Ses débuts

Son histoire n’est pas banale. Né en Belgique, ses premières armes il les a faits au sein du SGR, les services secrets militaires belges. De cette période, c’est le «blackout total». Certains ont laissé entendre qu’il aurait dès ce moment été approché par la CIA et qu’il aurait participé à l’affaire Iran-Contra, mais rien n’est moins sûr. Durant la même période toutefois (1985-1986), il a vendu au gouvernement chinois des lance-grenades de fabrication belge en compagnie d’un certain David Benelie. Arrêtons-nous un instant sur cet homme, d’une grande importance pour la suite de l’histoire. Né David Azoulay, Benelie détient la double nationalité israélienne et sud-africaine. Ex-officier de l’armée israélienne, il a également travaillé pour la compagnie aérienne El Al à titre de chef de sécurité en Afrique. En 1986, les douanes belges avaient intercepté une valise à l’origine des premiers soupçons entretenus à l’endroit de Jacques Monsieur. C’est que la valise en question contenait des documents concernant l’achat et la vente d’armements, des papiers de la société de Jacques Monsieur ainsi qu’un faux certificat de destination finale. L’enquête mena jusqu’au trafiquant belge et révéla l’appartenance de Benelie au Mossad israélien. Les deux hommes n’ont toutefois jamais été inculpés en rapport avec cette affaire, mais Monsieur resta dans la mire des services belges.

Ses affaires avec l’Iran

Jacques Monsieur aurait prêté son concours aux Américains durant l’affaire Iran-Contra, selon certains. Vrai ou faux, il reste que le trafiquant belge a fait des affaires d’or avec la république iranienne. En fait, en Iran, Monsieur est carrément devenu un agent d’import-export au service de l’armée iranienne. En 1992, année où il déménage en France, Monsieur transmet à l’armée de l’air de l’État iranien rien de moins que des plans d’un avion de chasse construit par une entreprise française, et proposera plus tard des hélicoptères Bell-Agusta, des systèmes de radar et même des missiles. En 1996, les autorités françaises enquêtent sur la vente à l’Iran de missiles Stingers FIM-92A, avec Monsieur en première ligne. Notre homme réside alors en France et se fait passer pour un dresseur de chevaux. Il fait appel aux services de l’un de ses nombreux contacts, Patrice Bourges, à qui il demandera de trouver un vendeur de boîtes de vitesses et de tourelles destinées à équiper les chars de l'armée iranienne. Marché qui lui rapportera des millions de francs, qu’il déposera, comme il se doit, dans des comptes «offshores».

Toujours en 1996, Monsieur propose au gouvernement iranien de fournir des armes et des munitions au Burundi de Pierre Buyoya en violation de l’embargo décrété par l’ONU. Selon des documents obtenus de la police belge, la vente concernait des mortiers, des fusils d’assaut, des munitions et de l’artillerie légère. Durant la même période, notre homme s’adressera à la République islamique cette fois-là pour qu'elle livre 5 000 obus de 105 millimètres à l'Argentine. En 2000, retournement de situation : le gouvernement iranien laisse tomber le trafiquant belge et l'arrête pour espionnage. Peut-être s’est-il trop vanté d’avoir collaboré avec les services de renseignements occidentaux, dont la CIA et la DST française. Toujours est-il qu’il écope de dix ans de prison ferme, mais il s’en tirera avec une amende équivalente à 400 000 dollars. Les enquêteurs français croiront un instant à une mise en scène de Monsieur et de ses amis iraniens dans la mesure où notre homme devait témoigner en France fin 2000 relativement à ses activités clandestines. Un an plus tôt, il avait agi comme intermédiaire dans un marché impliquant la république islamique et le Congo, la première ayant fourni au second du cobalt, de l’uranium, du cuivre et d’autres matériaux divers.

Ses affaires en Croatie

Jacques Monsieur prétend avoir collaboré avec la DST, laquelle non seulement était au courant de ses activités, mais aurait même consenti à ce qu’il organise l'une des principales filières de ravitaillement en armes lourdes des forces bosniaques et croates en violation de l’embargo contre les belligérants de l’ex-Yougoslavie. Pour cette «cause», une agence emblématique, la CIA, était aux premières loges des «appuis politiques» de Monsieur. De celle-ci, il obtint d'ouvrir la couverture radar servant au blocus réalisé par la marine américaine en mer Adriatique. En Croatie donc, Monsieur fournira pour des dizaines de millions de dollars en armement provenant en grande partie de la Chine et de l’Iran. Lors d’une perquisition à son domaine près de Bourges, la gendarmerie française mettra la main sur une lettre compromettante que le trafiquant avait fait parvenir aux Iraniens et qui va comme suit : «Nous voudrions acheter auprès de vous des munitions étrangères de 203 mm. J’en cherche 3 000 pièces. Paiement par lettre de crédit d’une banque ouest-européenne. La destination finale est la République fédérale de Bosnie-Herzégovine, musulmane-croate. Nous assurons le transport. Dans l’attente de votre réponse».

Le réseau qu’opère Jacques Monsieur dans l’ex-Yougoslavie est vaste et il comprend, entre autres, un dur à cuire, ex-légionnaire et tueur à gages qui y sera son principal associé : James Marty Cappiau. Certaines sources affirment que les deux hommes contrôlaient la société Joy Slovakia, par l’entremise de laquelle Cappiau conclura un marché avec les rebelles tchétchènes. Mais d’autres sources assurent que c’est plutôt un certain Peter Jusko, un autre trafiquant d’armes dont Liste Noire n’a trouvé, étrangement, aucun lien direct avec le réseau Monsieur, qui dirigeait cette entreprise. Il reste que les Tchétchènes déposeront un million de dollars dans un compte en Suisse sous propriété, semble-t-il, de Joy Slovakia, ce qui reste à confirmer. Chose certaine, c’est à travers les frères Bernard et Nicolas Courcelle, deux hommes aux curriculums assez impressionnants, que Cappiau entrera en contact avec les Tchétchènes. Dans les années 80, Bernard Courcelle travaillait pour la société Luchaire, celle-là même qui avait organisé, via de faux certificats de destination finale, des livraisons d'armes à l'Iran, et qui avait versé des commissions occultes à des partis politiques français. En 1989, il obtient un emploi aux musées nationaux où il s’occupe de la sécurité. Entre autres tâches, il doit assurer la protection de la conservatrice du musée d’Orsay, Anne Pingeot, ex-maîtresse de François Mitterrand. Ironiquement, Courcelle héritera, en 1994, du poste de directeur du Département Protection Sécurité, la milice du Front National de Jean-Marie Le Pen. Avec son frère Nicolas, il entretient d’excellentes relations avec le rebelle tchétchène Djokhar Doudaïev. Les deux comparses utiliseront même les lignes téléphoniques du Front national pour recruter des mercenaires prêts à aller combattre en Tchétchénie.

Les Tchétchènes aiment bien Bernard Courcelle; c’est pourquoi ils lui achèteront pour un million de dollars d’armes. Le million sera déposé dans un compte bancaire en Suisse appartenant, semble-t-il, à Joy Slovakia. Seul problème : pour des raisons obscures, aucune arme des Courcelles ne sera finalement acheminée en Tchétchénie. Mais revenons en Croatie, cette fois en 2001. Cette année-là, le procureur de Zagreb, Verna Abramovic, se passionne pour trois individus, Mario Abulina, Sanko Luik et Marco Ivanovic, qui trempent apparemment dans le joyeux trafic d’armes. Des écoutes téléphoniques ont permis aux autorités croates de découvrir que les trois hommes étaient en étroite relation avec International Consulting Services, de Zagreb, une société-écran fondée par nul autre que James Marty Cappiau. Notre homme a donc décidé de poursuivre ses fréquentations avec le milieu croate et d’habiter là où il avait fait fortune durant le conflit de 1991 à 1995. Ce sera malheureusement pour lui son dernier refuge.

Cela nous amène d’abord à évoquer un autre personnage nébuleux : Ante Roso, protecteur de facto de Cappiau. C’est lui qui avait amené ce dernier à Zagreb en 1991; et c’est aussi lui qui l’avait recommandé à Miroslav Tudjman, le chef des services secrets de la Croatie. Mais c’est aussi lui qui l’a sorti des griffes de la justice après qu’il eut assassiné Ratko Zrna, un politicien, à Cepin, en 1996. Peut-être notre général a-t-il récidivé deux ans plus tard alors que deux autres hommes étaient assassinés, toujours à Cepin, décidément un lieu de malédiction pour certains. L’enquête sur ces meurtres piétinait quand deux témoins ont été interrogés par la police. On ne sait pas grand-chose de ces témoignages, mais on sait au moins une chose : nos deux témoins ont été supprimés quelque temps plus tard. Or, des sources de Zagreb croient que Cappiau était derrière ces quatre assassinats. Ante Roso était également impliqué, en compagnie de Cappiau, dans le trafic d’armes. Il s’était en parallèle compromis dans le trafic de drogue avec d’éminents personnages politiques de la Croatie. L’enquête, pour cette raison, a vite été bâclée. Des personnages aux mains sales donc, mais que l’on ne touchera jamais, protégé en haut lieu. Protégé, notre ami Cappiau ne le sera toutefois pas en cette journée du 22 mars 2001 alors qu’il sera tué après qu’il aura lui-même assassiné Vjekslav Slisko, un chef de la mafia locale. Deux assassinats qui évoquent les conflits entre diverses factions dans une Croatie qui se relève difficilement des années de guerre.

Enfin, avant de fermer la parenthèse croate, l’on se doit d’évoquer un autre personnage rocambolesque : Marin Tomulic. C’est par lui que la république croate avait acheté les armes fournies par le réseau Monsieur. Tomulic avait reçu la visite de gens de la DST accompagnés de deux autres intermédiaires dans le trafic d’armes : Pierre Ferrario et Jean-Claude Uthurry-Borde, qui travaillaient pour MATIMCO, la société de nul autre que Jacques Monsieur. Les armes, que Monsieur avait acquises de la Russie via André Izdebtsky, étaient acheminées par bateaux, et de nombreuses destinations avaient été sollicitées afin, évidemment, d’éloigner la curiosité des agences portuaires. Rotterdam, Lomé, Haïfa, on multipliait les escales jusque dans l’Adriatique où, selon Tomulic, «les armes passent sans encombre entre les mailles du filet au moment où la marine française assure sa rotation devant les ports slovènes et croates». Un marché qui représentait entre 1991 et 1994 plus de deux milliards de dollars l’an. En avril 2000, Tomulic est arrêté et accusé de corruption. Il sera libéré le 27 juillet de la même année, mais ses problèmes ne seront pas réglés pour autant. En 2002, il aide le gouvernement croate à traquer les criminels impliqués dans des malversations, dont le trafic d’armes, au cours des années de guerre. Tomulic balance quelques noms, et c’est à partir de ce moment qu’il sera victime de règlements de compte, d’abord en 2002, puis en 2004. Selon lui, la DST serait mêlée à ces tentatives de meurtres, ce qu’ont démenti les porte-paroles de l’agence française.

Ses affaires avec ELF

Jacques Monsieur a des contacts bien placés qui lui auront permis de brasser des affaires sur le continent africain, en Angola entre autres, mais également au Congo de Lissouba. En première ligne de ces marchés : l’entreprise TotalFinaElf, autrefois Elf Aquitaine. Quand on scrute l’historique de cette société française, on se rend vite compte qu’elle est née sous une étoile nébuleuse. En effet, dès sa fondation on lui impose des agents secrets qui joueront les durs afin de faire croître l’entreprise en Afrique. C’est en grande partie pourquoi un dictateur comme Omar Bongo, du Gabon, était dans les bonnes grâces d’Elf et du gouvernement français. À l’occasion, l’entreprise jouera des deux côtés de la clôture. Par exemple, en Angola elle appuiera Jonas Savimbi en même temps qu’elle tentera de s’introduire dans la cour du gouvernement Dos Santos. L’homme de main d’Elf en Afrique sera Jack Sigolet. Celui-ci se joindra en 1962 au département des finances de la Régie Autonome des Pétroles – qui deviendra plus tard Elf Aquitaine – après avoir servi en Algérie. Après quelques années passées à Téhéran, Sigolet revient dans le décor afin de diriger les finances de l’entreprise, et en 1978 il est nommé, toujours au sein d'ELF, à la tête des finances pour l’Afrique. Il y restera plus de vingt ans. Sur le grand continent, Sigolet devient influent, à telle enseigne qu’il sera impliqué dans la diplomatie, conseillera des dirigeants africains et, surtout, se compromettra dans le trafic d’armes. C’est ce dernier point qui nous intéresse.

Fin septembre 1997, Pascal Lissouba n’en a plus pour longtemps à la présidence de la république du Congo. Mais cela ne l'empêchera pas, dès juin, de commander pas moins de douze livraisons d’armes, qui comprenaient six hélicoptères de combat Puma de fabrication russe, des roquettes, des missiles, des bombes et deux avions Antonov, pour une valeur de 61 435 426 dollars exactement. C’est le colonel Yves-Marcel Ibala qui devait se charger des factures, lesquelles devaient être acquittées via un compte bancaire appelé MinFin-Congo, établi à la FIBA, une banque détenue en partenariat par Omar Bongo, Elf et des investisseurs privés du Gabon. Or, lesdites factures ne seront jamais acquittées, ou presque. Le successeur hyperactif de Lissouba, Denis Sassou-Nguesso, n’en aura cure du marché de son prédécesseur, malgré les protestations du trafiquant à l’origine dudit marché : Jacques Monsieur. Finalement, avec Jack Sigolet, alors conseiller financier du nouveau président congolais, et Pierre-Yves Gilleron, ex-conseiller de Lissouba et membre de la DST, des négociations seront entreprises et déboucheront sur un accord désavantageux pour Monsieur, qui recevra un maigre pactole par rapport à ce qui lui est dû : cinq millions de dollars. En réalité, il en obtiendra finalement quatre. De retour en Europe, Jack Sigolet recevra des menaces pendant plusieurs années, à tel point qu’il devra se cacher. Victime d’attentats, dans le milieu on accuse Monsieur d’en vouloir à son ancien associé en Afrique.

Ses démêlés avec la justice

Jacques Monsieur sera traqué dès le milieu des années 90 par les justices française et belge. On découvrira ses activités en Croatie, mais également en Iran. On constate aussi qu’il a vendu en 1996 des munitions au régime du général Eyadéma du Togo ainsi qu’à l’Équateur. Inculpé de trafic d’armes en France en 1999, il disparaît en novembre 2000 au moment où il doit comparaître. Il s’envolera de nouveau pour l’Iran où il sera arrêté en 2000 pour espionnage. Libéré début 2002, il profite de la clémence des Iraniens qui, après tout, avaient profité largement de son réseau planétaire. Pas de chance, en 2002 Monsieur est arrêté cette fois-là à Istanbul; la Belgique réclame son extradition, ce qu’elle obtient. De la Belgique, notre homme est extradé vers la France en vertu d’un mandat d’arrêt européen. Mais Monsieur ne reste pas longtemps au même endroit, à une époque où il est pourchassé sans cesse par les autorités européennes. On le retrouve donc en 2009 aux États-Unis, où, une fois n’est pas coutume, il est arrêté en Alabama à la descente d’un avion. Notre trafiquant ne se trouvait pas aux États-Unis par pur hasard : il cherchait à y organiser la vente de moteurs d’avions fabriqués aux États-Unis à destination de l’Iran, un pays sous embargo fédéral. Pour l’occasion, il s’était procuré un faux certificat d’usage final pour la Colombie. Monsieur est passible de 20 à 60 ans de prison, s’il est déclaré coupable. Son associé dans ce marché, Dara Fotouhi, n’a pas encore été arrêté.


Egger Ph.